Guy Millière. Nous n’en sommes pas encore au point le plus extrême. Nul ne nie présentement qu’un homme appelé Ronald Reagan a existé et a été Président des Etats Unis. Mais au train où vont les choses, une affirmation semblable pourra fort bien se trouver énoncée. D’ores et déjà, Ronald Reagan est absent ou presque des livres d’histoire. Si on le cite, c’est pour le définir comme un abruti et un odieux réactionnaire. Cela avait commencé lorsqu’il était au pouvoir, je sais.

Quiconque oserait rappeler que c’est sous sa présidence et par sa volonté qu’une immense vague de déréglementation économique s’est mise en place qui a révolutionné les Etats Unis, puis le monde, se verrait aussitôt rabrouer. Ce n’en est pas moins le cas, et c’est sous sa présidence que les Etats Unis ont pris le virage vers une économie post-industrielle. Ce doit être dit. Je le dis.

Quiconque soulignerait que c’était un homme de réflexion, un lecteur de Friedrich Hayek et de Ludwig von Mises en économie et de grands soviétologues tels que Richard Pipes en politique étrangère serait immédiatement traité de menteur. Ce n’en est pas moins le cas aussi. Ce doit être dit. Je le dis.

Quiconque ajouterait qu’il écrivait beaucoup ferait l’objet de moqueries. Ce n’en est pas moins le cas encore.

Et je suis très bien placé pour le savoir, puisque j’ai traduit en français et annoté des centaines de pages d’écrits signés de sa main (parus sous le titre Ecrits personnels*), et rédigés directement sur des blocs de papier jaune tels ceux qui se vendent en grande surface dans toute l’Amérique du Nord.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Quiconque rappellerait que c’était un ami d’Israël qui avait tout compris à la situation du Proche Orient se verrait ignoré. Il n’en reste pas moins que dans les textes que j’ai traduit figure un article absolument lumineux sur ce point.

Quiconque écrirait qu’il n’est pour rien dans la chute du mur de Berlin et du communisme soviétique se verrait invité à parler de lui à la télévision et à falsifier l’histoire. Il n’en reste pas moins que la vérité est très exactement l’inverse.

Dés son investiture en janvier 1981, Ronald Reagan a déclaré que les dernières lignes de l’histoire du communisme soviétique étaient en train de s’écrire et que dans une décennie, la page serait tournée. L’Union Soviétique s’est, de fait, effondrée en 1991.

Ronald Reagan avait une stratégie pour susciter cet effondrement. Réarmer les Etats Unis, faire que l’armée soviétique ne fasse plus peur et que l’Union Soviétique ne puisse plus s’emparer de nouveaux territoires sur la surface de la terre, conduire depuis là l’Union Soviétique vers la faillite. Cette stratégie a été mise en oeuvre, et elle a fonctionné.

Mikhail Gorbatchev a été placé à la tête de l’Union Soviétique alors que celle-ci était exsangue et il était chargé de trouver des appuis financiers en Occident pour sauver un régime en train de sombrer. Mikhail Gorbatchev n’a rien sauvé du tout. Il a échoué et a été le gestionnaire d’un effondrement qu’il avait pour tâche d’éviter.

Mikhail Gorbatchev n’est pour rien dans la chute du mur de Berlin et dans ce qui a suivi celle-ci. Il n’a cessé de parler de « maison commune », et d’une Europe unie où l’Europe occidentale fournirait les biens de consommation et l’armée rouge la structure de défense et de « protection ». Il a parlé de
glasnost(transparence) et de perestroika (marche en avant), mots vides pour attirer les idiots utiles, mais jamais de libérer l’économie et l’esprit d’entreprise. Ce qui est logique, puisqu’il n’a jamais cessé d’être communiste.

Jean Paul II a incarné des valeurs éthiques, ce qui est très bien, mais il n’est lui- même pour rien dans la chute du mur de Berlin.

Quand Ronald Reagan s’est rendu à Berlin et a dit, « monsieur Gorbatchev, faites tomber ce mur », il savait que le mur allait tomber, et il savait pourquoi.

Ronald Reagan a été le plus grand Président américain de la deuxième moitié du vingtième siècle. Non seulement il a fait tomber le mur de Berlin et l’empire soviétique. Il a gagné la « guerre froide » mais il a fait entrer l’humanité dans une nouvelle ère.

Lors des cérémonies de commémoration du vingt cinquième anniversaire de la chute du mur qui viennent d’avoir lieu à Berlin, son nom n’a pourtant pas été prononcé une seule fois. Dans les articles publiés sur le sujet, il en a été de même.

C’est, bien sûr, une honte. Mais c’est bien plus qu’une honte.

C’est une reconstruction de l’histoire destinée à suggérer que le retour de l’Europe centrale vers la liberté s’est fait toute seule, grâce à l’attitude d’apaisement des dirigeants d’Europe occidentale et à la bienveillance d’un communiste russe à « visage humain ».

C’est une façon d’occulter que le totalitarisme ne tombe que s’il se trouve confronté à la force d’une détermination et à une clarté morale.

C’est une démonstration de la déchéance européenne.

Vingt cinq ans après l’époque où ils courtisaient le communisme soviétique et tentaient de l’apaiser en pratiquant la « gorbymania » et en méprisant Ronald Reagan, les dirigeants européens courtisent l’islam radical, tentent de l’apaiser, tressent des louanges à Gorbatchev, méprisent Ronald Reagan.

Il y a vingt cinq ans, il y avait encore un Président américain pour les sauver.

Aujourd’hui, il y a à la Maison Blanche un gauchiste islamophile minable qui leur ressemble.

Y aura t il quelqu’un encore pour sauver le monde occidental? Je me pose la question.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

* En achetant le livre avec ce lien, vous soutenez Dreuz qui reçoit une commission de 5%. Cette information est fournie suivant la recommandation 16 CFR § 255.5 de la Federal Trade Commission.