Michel Garroté réd chef — Récemment, l’analyste américain Benny Huang a écrit, à propos des ADM en Irak (extraits adaptés ; voir liens vers source originale et vers traduction française en bas de page) : En octobre 2014 le New York Times (voir lien vers l’article du NYT en bas de page) révéla que les troupes US avaient bien trouvé des armes chimiques en Irak après tout. Cinq mille munitions chargées d’agents neurotoxiques furent découvertes entre 2004 et 2011. La révélation fit les titres pendant un jour ou deux avant de s’évanouir à nouveau. Il se trouve en fin de compte que l’Administration Bush était au courant de ces armes et choisit, de façon contre-intuitive, de garder leur existence secrète. On se perd en conjectures sur les raisons qui amenèrent l’équipe Bush à décider de s’abstenir de revendiquer ces preuves. Certains ont suggéré que personne ne voulait raviver des controverses du passé (Note de Michel Garroté – Sur dreuz.info, nous avons démontré, preuves à l’appui, dès 2007, l’existence d’ADM en Irak. Nous avons entre autre effectué une interview avec l’experte américaine en défense Laurie Mylroie).
L’information n’était pourtant pas réellement révolutionnaire. En 2006, un rapport du Congrès fut publié sur la découverte d’à peine cinq cents de ces armes chimiques, un dixième du total actuel. Quelques élus républicains claironnèrent la nouvelle mais, de manière prévisible, les médias se contentèrent de l’ignorer complètement. Les munitions étaient vieilles, voyez-vous, et les vieilles munitions ne “comptaient pas” parce qu’elles étaient dégradées au point d’être devenues inutilisables et parce qu’elles n’étaient pas celles que nous recherchions. Après tout, elles avaient été fabriquées avant l’accord de cessez-le-feu signé avec Saddam en 1991. Nous n’avions pas envoyé nos fils et nos filles en danger pour dénicher de vieilles douilles poussiéreuses, dirent-ils.
Avec la découverte de dix fois plus d’engins que les cinq cents rapportés en 2006, les médias ont changé leur fusil d’épaule, mais d’un rien. Ils ne prétendent plus que les armes sont inoffensives parce qu’on sait qu’elles ont blessé au moins six soldats américains et un nombre indéterminé d’Irakiens, mais continuent à proclamer que les armes pré-1991 “ne comptent pas”. “La découverte de ces armes chimiques ne donne pas plus de poids au raisonnement gouvernemental pour une invasion”, écrit CJ Chivers, lauréat du prix Pulitzer. Chivers est-il un escroc ou un banal journaliste paresseux ? Je ne parviens pas à trancher. En fait, ces armes sont exactement celles que nous étions venu chercher. En novembre 2002, le Président Bush demanda à l’ONU et obtint la résolution 1441, qui dénonçait la violation patente de la résolution 667 par l’Irak, c’est-à-dire l’accord de cessez-le-feu qui mit fin à la Guerre du Golfe.
La Résolution 667 exigeait que Saddam détruise toutes ses armes chimiques et documente le processus en satisfaisant l’attention des inspecteurs en armement de l’ONU. Il n’en fit rien. Si Chivers s’était donné la peine de lire la résolution il aurait su qu’elle disait : “[Le Conseil de Sécurité décide] d’accorder à l’Iraq par la présente résolution une dernière possibilité de s’acquitter des obligations en matière de désarmement qui lui incombent en vertu des résolutions pertinentes du Conseil, et décide en conséquence d’instituer un régime d’inspection renforcé dans le but de parachever de façon complète et vérifiée le processus de désarmement établi par la résolution 687 (1991) et les résolutions ultérieures du Conseil.” L’offensive diplomatique de 2002 était le dernier avertissement du monde à un dictateur pour qu’il renonce à des armes connues pour être en sa possession en 1991.
La résolution est limpide. Maintes et maintes fois elle fait référence à l’échec de Saddam à se débarrasser de son armement d’avant la guerre du Golfe. CJ Chivers ne se contente pas d’avoir un point de vue biaisé, il réécrit carrément l’histoire. L’idée que Saddam ne dispose d’aucune arme de destruction massive était quelque peu farfelue, et pourtant ceux d’entre nous qui insistaient là-dessus étaient dépeints comme des types un peu dérangés, adeptes de la théorie du complot et accrochés au moindre soupçon. Il avait utilisé ces armes contre les Iraniens et les Kurdes. Nous savions qu’elles existaient en 1991. S’étaient-elles simplement volatilisées ? Nous savons maintenant qu’elles étaient toujours sur place. Dans l’histoire de Chivers fut cité Jarod Taylor, un ancien sergent de l’armée qui traita certaines de ces armes. Il fit remarquer, “J’adore entendre des gens dire qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. Il y en avait plein.”
J’ai pourtant accueilli le récit du New York Times avec une certaine indifférence. Pendant cinq années j’ai passé la plus grande partie de mon temps à discuter de l’impopulaire Guerre d’Irak, nageant à contre-courant la plupart du temps. Les débats avaient tendance à commencer et se terminer avec des slogans bas de gamme sur Bush-le-menteur et les soldats mourant pour ses mensonges. Cela m’usa au point de ne plus vouloir aborder le sujet. La pagaille de l’Irak s’observe (en quelque sorte) dans le rétroviseur désormais et j’en suis content. Je ne m’attendais certainement pas à ce qu’il faille huit ans et le coût de 4’806 vies de braves soldats pour atteindre quelque chose qui ressemblerait à une victoire, fragile qui plus est. L’Amérique a déplacé son attention vers d’autres sujets de discorde et c’est aussi bien ainsi.
Aussi, lorsque le New York Times révéla que les armes de destruction massive de Saddam n’étaient en fait pas des fantasmes comme nous avions été amenés à le croire, je me suis demandé si cela valait la peine déterrer un vieux débat. Je décidai que oui. Parce que la vérité a de l’importance. Le grand public mérite de savoir ce qui s’est réellement passé, mais il pourrait ne jamais parvenir à l’entendre maintenant que le récit guerre en Irak a été tellement répété qu’il est devenu résistant à toute remise en question. Les livres d’histoire de demain raconteront probablement une histoire simpliste et fondamentalement inexacte sur un méchant pétrolier texan envoyant ses troupes dans une mission impossible à accomplir. Ce n’est pas le cas et il est important que le mensonge ne devienne pas la “vérité” simplement parce qu’on le répète continuellement.
Les effets du mensonge pernicieux “pas d’ADM en Irak” ont prélevé leur tribut sur nombre de vétérans. Je connais personnellement des gens avec qui j’ai servi sous les drapeaux et qui considèrent leur temps passé en service comme fondamentalement sans valeur parce que fondé sur le prétendu mensonge des armes de destruction massive irakiennes. Je me demande souvent quelle proportion de l’épidémie actuelle de suicides chez les anciens combattants est attribuable à des gens brisés dans leurs corps et leur esprit, mais incapables de citer une seule raison valable pour laquelle ils ont été envoyés à la guerre en premier lieu. Une petite dose de vérité pourrait les apaiser. D’autres virent leur réputation professionnelle traînée dans la fange. Tony Blair, par exemple, était l’un des Premiers Ministres les plus populaires de Grande-Bretagne jusqu’à ce qu’il décide de prendre le parti de l’Amérique contre Saddam.
Il est maintenant rejeté comme un criminel de guerre sans honneur. George Tenet, ancien directeur de la CIA, est aujourd’hui la risée de Washington parce qu’il avait dit au président Bush que les armes de destruction massive de l’Irak étaient un “slam dunk” [Une évidence frappante]. Tenet avait raison. Où peut-il aller pour qu’on lui rende sa réputation ? La piste menant à l’invasion de l’Irak peut sembler de l’histoire ancienne aujourd’hui. A vrai dire, la plupart des enfants maintenant à l’école secondaire ne peuvent même pas s’en rappeler. Il n’est pas trop tard cependant pour insister sur la vérité, parce que la vérité a une valeur propre, conclut Benny Huang.
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et avec mention sources :
http://patriotupdate.com/articles/iraqs-wmd-truth-still-matters/
Excellente mise au point sur la lassitude, j’ai moi-même eu du mal à me replonger dans ce sujet. Fallait-il même le prétexte des ADM pour renverser un dictateur sanguinaire?
Je voulais rajouter ceci: d’où venait l’armement chimique du tyran Bachar, frère politique de S Hussein?