Jean-Pierre Marongiu (chef d’entreprise au Qatar, ancien président de l’UFE (union des Français de l’étranger) à Doha, et écrivain ayant remporté un prix littéraire) est illégalement incarcéré au Qatar depuis plus d’un an dans l’indifférence de l’ambassade de France, qui cache son inaction sous le faux prétexte de « non ingérence », alors qu’elle intervient en Russie, en Indonésie et ailleurs pour ses ressortissants.

Cette lâche indifférence risque de coûter la vie à Jean-Pierre Marongiu, en grêve de la faim depuis 40 jours pour tenter de se faire entendre de la France – qui reste sourde.

S’il lui arrive malheur, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius en portera l’entière et totale responsabilité.

Car lui ne pourra pas se réfugier derrière le principe de non ingérence dans les affaires internes du Qatar : en décembre 2012, pour sauver un poète, il n’avait pas hésité à « s’ingérer », et avait déclaré que la France n’admettait pas que l’on s’en prenne à des poètes, en référence à la condamnation à perpétuité au Qatar de Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, auteur d’un poème jugé subversif.

Le cas de Jean-Pierre Marongiu est à la fois « banal » et atypique

• Banal, car d’autres ressortissants français ont été piégés au Qatar et ailleurs avant lui – leurs cas ont fait la une des journaux, et nous avons apporté notre humble concours à la libération d’Alain Combe, de Sacha Doligé et de Pascal Gaillères – quand leurs sponsors qataris refusèrent de tamponner leur autorisation de sortie du territoire (au Qatar, un étranger doit être sponsorisé pour venir travailler, et seul le sponsor peut autoriser l’étranger à quitter le pays, ce qui représente un instrument de chantage redoutable, toujours utilisé dès qu’un litige survient).

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Le sponsor de Jean-Pierre Marongiu est qatari, associé avec lui à 51%, et il a pris illégalement le contrôle de sa société et ruiné Marongiu. Il a en outre – et sans prévenir – vidé les comptes en banque de la société, et des chèques signé par Marongiu se sont présentés sans provision. De là son interdiction de sortie de territoire et son incarcération.

[quote]Le scandale…[/quote]

Là où l’affaire devient scandaleuse, c’est lorsque la vice consule Florence Terpant et la consule adjointe Muriel Poireault, ainsi que l’équipe consulaire de l’ambassade de France au Qatar, ont conseillé à Marongiu un homme, Mathieu Faupin, qu’elles ont clairement et à plusieurs reprises présenté comme alors qui ne l’est pas, comme l’a confirmé l’ordre des avocats de Paris dans un échange dont j’ai eu lecture. Résultat, le faux avocat n’a pas défendu son client – il n’en possédait pas les moyens légaux.

[quote]Dénoncé par l’ambassade de France alors qu’il tentait de fuir l’enfer qatari[/quote]

Profitant d’une sortie de prison, Jean-Pierre Marongiu décidé de fuir. Il achète un kayak pour se rendre au Bahreïn voisin – 45 km en mer.

Arrivé épuisé mais libre et le cœur plein d’espoir de retrouver sa famille (il est marié et père de deux enfants qu’il a réussi à faire quitter le Qatar quand il a senti les pressions monter contre lui), Jean-Pierre Marongiu se rend à l’ambassade de France au Bahreïn pour obtenir un passeport.

L’ambassadeur lui donne rendez vous à l’aéroport, au service d’immigration. Il ne viendra jamais. Au lieu de cela, la police du Bahreïn, prévenue, l’attendait, et l’a expulsé… vers le Qatar ou il croupit en prison depuis.

Jean-Pierre Marongiu a consigné son histoire dans un livre, Qaptif ! Un Français, otage du Qatar* publié en mai dernier.

Sans effet, Laurent Fabius est plus sensible au respect des Droits de l’homme des écrivains qataris que français.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hervé Roubaix pour Dreuz.info.

* En achetant le livre avec ce lien, vous soutenez Dreuz qui reçoit une commission de 5%. Cette information est fournie suivant la recommandation 16 CFR § 255.5 de la Federal Trade Commission.