Publié par Dreuz Info le 26 novembre 2014

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Michel Garroté réd chef  —  En France, dans les années 1970, le Président Giscard et le Premier ministre Chirac décident de dépénaliser l’avortement. La mission est confiée à une femme, ministre de la Santé : Simone Veil. Au départ, la mission devait être confiée au ministre de la Justice, puisqu’il s’agissait d’une dépénalisation. Mais Giscard décida de la confier au ministre de la Santé.

Et pour ce faire, il nomma une femme, Simone Veil. La stratégie de Giscard était « habile ». Mais elle n’était pas sans risque pour Simone Veil. En effet, certains adversaires de l’avortement ont comparé Simone Veil aux nationaux-socialistes. Or, Simone Veil est juive, et, de surcroît, elle est une rescapée d’Auschwitz.

En envoyant Simone Veil « au casse-pipe » de l’Assemblée nationale, Giscard a-t-il tenté de se couvrir et de couvrir Chirac, en faisant « porter le chapeau » à Simone Veil ? Dans le sillage de la dépénalisation de l’avortement, celui-ci prit le nom d’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Là, les adversaires de l’avortement  —  et je suis d’accord avec eux sur ce point  —  ont vu rouge. Car en effet, il ne s’agit pas d’une « interruption » mais une « cessation » de grossesse. On interrompt quelque chose pour le reprendre plus tard. Or, on ne peut pas « interrompre » une grossesse.

Le mot « volontaire », lui non plus, n’est pas très honnête. Car en France, les activistes pro-avortement interfèrent de façon parfois fanatique dans le « planning familial », encore un mot pas très honnête, puisque ce « planning familial » fait, entre autre, la promotion de ce qu’il nomme une « interruption » « volontaire » de grossesse. Ce mot « grossesse », lui non plus, n’est pas très honnête.

Car ce n’est pas seulement la grossesse « interrompue » qui prend fin ; c’est aussi la vie « interrompue » de l’enfant à naître qui prend fin. Il y a quelques années, Simone Veil a déclaré que les avancées de la science permettent aujourd’hui d’établir que le « fœtus », « l’embryon », est un enfant. Du reste, une femme qui décide de ne pas avorter dit qu’elle va garder son enfant et non pas garder son « fœtus » ou garder son « embryon ».

Certains catholiques assimilent l’avortement à un « crime abominable ». En 2014, au 21ème siècle, au troisième millénaire, la formule « crime abominable » semble « moyenâgeuse » aux défenseurs de l’avortement. Pourtant, au vu des progrès scientifiques (écographies etc.), il faut bien se poser la question : l’enfant à naître n’est-il pas un enfant ? Et s’il est un enfant, peut-on mettre fin à sa vie dans le sein de sa mère ?

Dans le film « 2001 L’Odyssée de l’espace » réalisé par Stanley Kubrick  —  film ayant fait l’objet d’innombrables interprétations essentiellement évolutionnistes  —  l’image du « fœtus » est troublante. Ce film est sorti sur les écrans en 1968. J’avais douze ans. J’étais athée. Mais je me souviens encore aujourd’hui d’avoir trouvé, à l’époque, que l’image virtuelle du « fœtus » ressemblait, malgré tout, furieusement, à un enfant…

Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, signe une tribune dans Le Figarovox, contre la résolution sur l’avortement qui est débattue, en France, aujourd’hui, mercredi 26 novembre 2014, à l’Assemblée nationale qui « fête », aussi, par la même occasion, les quarante ans de la loi sur la dépénalisation de l’avortement (1974 – 2014).

Jean-Marie Le Méné dans Le Figarovox (extraits) : Les premiers mots du projet de résolution affirment que « le droit à l’avortement, souvent contesté, reste fragile ». Or, le fait de parler de l’avortement comme d’un droit montre au contraire une évolution, jamais démentie, dans le sens d’un renforcement. En 1974, il n’a jamais été question de donner un droit à l’avortement, ni de le banaliser. Il s’agissait de dépénaliser l’acte, dans certains cas, pour la femme et pour le médecin. La loi Veil de 1974 reposait sur la détresse et l’exception. Considéré comme la réponse à une situation de détresse, l’avortement ne devait être permis qu’exceptionnellement et dans des délais contraints.

C’est pourquoi la loi commence par rappeler le principe garantissant « le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie », avant d’accepter la dérogation de l’avortement sur le fondement d’une détresse dont la femme n’avait d’ailleurs pas à apporter la preuve. Il s’agissait donc d’une exception à une règle d’ordre public. Mais la loi sur l’IVG (ndmg – Interruption Volontaire de Grossesse) n’a cessé d’évoluer. De provisoire, elle est devenue définitive (loi Pelletier de 1979). Le remboursement de l’IVG et sa prise en charge par l’État ont été autorisés (loi Roudy de 1982). Un délit d’entrave à l’IVG a été créé (loi Neiertz de 1993). Les délais ont été étendus (loi Aubry de 2001). La notion de détresse a été supprimée et le délit d’entrave élargi (loi Vallaud-Belkacem de 2014).

C’est maintenant le délai de réflexion et la clause de conscience qui sont visés par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Si la résolution soumise à l’Assemblée (ndmg – le mercredi 26 novembre 2014) semble s’inscrire dans la ligne de ces changements, elle n’est pas conforme au droit français. Ni au droit international, ni au droit européen, qui ne reconnaissent pas de « droit à l’avortement », mais considèrent que cet acte doit être évité autant que possible et ne devrait pas être une méthode de planification familiale – ce que propose la résolution, conclut Jean-Marie Le Méné dans Le Figarovox.

Jean-Marie Le Méné publie une autre tribune sur le même thème dans Valeurs actuelles (extraits) : Comment peut-on accepter de mettre aux voix la vie humaine ? Il n’y a qu’une façon de le faire : en trompant le peuple par un mensonge, en lui faisant croire que l’avortement ne tue personne et que celui qui ose émettre des doutes menace la République. C’est ce que l’historien Pierre Chaunu appelait « le mensonge qui tue ». Perpétré depuis quarante ans, ce mensonge tache la démocratie en apportant la preuve que le risque existe toujours de faire voter le pire. On rétorquera que, selon les sondages, une écrasante majorité de citoyens est favorable à l’avortement. Il faudrait voir … L’Etat en fait une promotion éhontée, la Sécurité sociale assimile l’enfant avorté à une maladie guérie, les médecins sont traduits devant le conseil de l’ordre s’ils ont le malheur de suggérer qu’une femme peut garder son enfant, les associations pro-life font l’objet d’une chasse aux sorcières et les autorités morales sont tétanisées à l’idée de prendre la parole publiquement sur le sujet.

La démocratie est aussi rongée de l’intérieur par le mécanisme des « illégalités fécondes ». Le juge amorce le mouvement en ne punissant plus certaines infractions et une spirale libertaire s’enclenche. A l’image de l’avortement, l’interdit devient une tolérance, puis une exception légalisée, puis un droit commun, puis un droit fondamental, puis une obligation. Rappelons l’oukase du CSA enjoignant aux chaînes TV de ne pas passer une vidéo donnant la parole à des jeunes trisomiques pour ne pas culpabiliser les femmes ayant avorté. Le droit à l’avortement est supérieur à la liberté d’expression de ses rescapés ! Citons aussi ce qui s’est passé pour la recherche scientifique qui utilise et détruit des embryons humains. En quelques années, ce qui était considéré comme une horreur est devenue un droit pour les chercheurs. L’exception devient la règle. Il devient impossible de défendre les embryons humains qui sont moins bien protégés que les animaux ou que certaines espèces végétales.

Et le dire conduit à être censuré par un gouvernement des juges. C’est ce qui ne manquera pas d’arriver avec l’euthanasie. Puisque de nombreux médecins délivrent déjà la mort par compassion et ne sont plus punis depuis longtemps, alors légalisons l’euthanasie. Il deviendra peu à peu interdit de s’y opposer, voire de s’y soustraire. Il suffit de voir les parents de Vincent Lambert déjà condamnés par une justice médiatique qui leur conteste le droit de résister à ceux qui attentent à la vie de leur fils. Enfin c’est surtout le « déclin du courage » qui anémie la démocratie. Quand la quasi-unanimité du personnel politique accepte d’être complice d’une désinformation massive qui nous ressert des slogans éculés sur la réticence du corps médical, les délais, l’exil à l’étranger, de qui se moque-t-on ? Ou plutôt qui a-t-on peur de contrarier ? Il n’est pas un jour où notre société ne déplore la perte des valeurs, l’effacement des repères et la dépression collective.

Et la classe politique ne trouve rien de mieux que se prononcer sur un droit fondamental à faire mourir l’enfant avant sa naissance ? Au-delà du monde politique, on aurait envie de dire : où sont les hommes ? Ont-ils conscience que leur démission depuis quarante ans a précipité les femmes dans un piège, qu’elles mettent une vie entière à tenter d’oublier, à « lui » pardonner et à se pardonner ? Les sites, les blogs, les forums de discussion de femmes débordent de témoignages glaçants et bouleversants. Les hommes politiques qui vont voter (ndmg – en novembre 2014) comprennent-ils que les femmes restent toujours mères de l’enfant avorté et que le deuil n’est plus jamais possible quand il y a « un droit à » ? Toujours, jamais ! Ce ne sont pas les femmes qui avortent qu’il faut condamner, mais les hommes qui, en détournant le regard, les enferment par leur vote entre le ‘toujours’ et le ‘jamais’, conclut Jean-Marie Le Méné dans Valeurs actuelles.

De son côté, le Père Matthieu Villemot, du Diocèse de Paris, écrit, sur le même sujet, une tribune, publiée également dans le Figaro Vox (extraits) : Une résolution va être présentée à l’Assemblée nationale réaffirmant plus que jamais l’IVG comme un droit fondamental et inconditionnel des femmes, indispensable à leur liberté et leur égalité. Encore une fois nous voulons redire ici combien ce raisonnement est déséquilibré. L’accueil de la vie ne peut pas être instrumentalisé ni réduit à la question de la condition féminine, c’est une question centrale de toute civilisation juste. La « civilisation de la mort », dénoncée par Paul VI, aboutit à une société inquiète, une fraternité blessée.

Le projet affirme que « le droit universel des femmes à disposer librement de leurs corps est une condition indispensable pour la construction de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes ». Dans la logique du texte, qui ne parle jamais de naissance, de maternité, d’amour, ce « droit universel des femmes » est entièrement réduit à l’élargissement du droit à l’IVG, comme si la femme qui donne la vie avait un rapport moins libre à son corps. Comme si donner la vie était une contrainte, une inégalité, comme si laisser naître l’enfant n’était pas vraiment un droit. Certains psychologues parlent du premier IVG comme d’une ‘initiation à la féminité’, conclut le Père Matthieu Villemot dans le Figaro Vox.

Reproduction autorisée avec mention

M. Garroté réd chef www.dreuz.info

Et sources citées

   

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