Publié par François Sweydan le 18 janvier 2015

“C’est au moment précis où les tueurs ouvraient le feu dans les bureaux de Charlie Hebdo qu’était mis en vente le livre de Michel Houellebecq qui imagine une France, en 2022, dirigée par… les Musulmans

L’avant et l’après

Le 7 janvier, Michel Houellebecq était l’invité de Patrick Cohen (la matinale 7-9 sur France Inter) pour la présentation de son nouveau roman, Soumission*.

Par soumission, faut-il sous-entendre la soumission française à l’islam, comme le proposent de nombreux critiques ? Pas seulement, à mon sens.

C’est de fait « une satire des journalistes politiques tout au plus, un petit peu des hommes politiques aussi à vrai dire (entretien de M. Houellebecq à Médiapart) ».

Coïncidence tragique et prémonitoire, c’est au moment précis où les tueurs ouvraient le feu dans les bureaux de Charlie Hebdo qu’était mis en vente dans toutes les librairies le livre de Michel Houellebecq qui imagine une France, en 2022, dirigée par… les Musulmans.

Dans la France de 2022, au terme du second mandat de François Hollande, les élections amènent au pouvoir, dans une atmosphère de préguerre civile, un certain Mohammed Ben Abbes, leader de la Fraternité musulmane (FM), un parti (imaginaire) « au positionnement modéré ». L’homme religieux est soucieux de « présenter l’islam comme la forme achevée d’un humanisme nouveau, réunificateur ». Il est parvenu à rallier le soutien des partis traditionnels opportunistes islamophiles, droite classique (UMP), centre et Parti socialiste (PS), unis pour repousser la progression de l’extrême droite (FN) et de la mouvance identitaire. C’est vers l’islam qu’on se tourne donc face au désenchantement du monde occidental.

La FM (Fraternité musulmane ou les Frères musulmans de France, l’UOIF ?) contre le FN ?

À court terme, le scénario de Soumission est improbable ; Houellebecq reconnaît la fiction forcée. Car, le FN serait le seul parti à s’opposer à l’islamisation de la France qui se soumet en 2022 sans résistance à l’islam politique. Rappelons tout de même que les musulmans de France représentent 5 % de l’électorat seulement. Mais le romancier fonde le scénario de son roman sur la validation électorale par le peuple, un ensemble de collabos, de la soumission prônée par l’élite : plutôt l’islamisation que Marine Le Pen présentée comme la dernière représentante de la tradition « républicaine ».

Le 8 janvier, le premier ministre Manuel Valls déclare sur RTL : « La France, ça n’est pas Michel Houellebecq, ça n’est pas l’intolérance, la haine et la peur », une interprétation du roman assez superficielle et au premier degré.

À vrai dire, on peut faire plusieurs lectures du roman Soumission, mais je ne m’attarderai ici qu’à un aspect, celui de la première partie. Cette première partie du roman annonce et détermine en effet la possibilité de la seconde comme conséquence. Houellebecq lui-même donne une piste :

« les Lumières sont mortes, il n’en reste presque plus rien, les hommes politiques ne sont pas à la hauteur, ce sont des personnages comiques, ridicules et méprisés, les juges, sont méprisés, les journalistes le sont aussi, la démocratie est ridiculisée, la France est aujourd’hui à droite, clairement à droite… et gouvernée par la Gauche. Si cette société devait disparaître “je n’aurais rien à regretter” ».

[quote]On voit mal un peuple français historiquement iconoclaste, rebelle et révolutionnaire laisser le pays devenir totalement “halal”[/quote]

Même si Soumission « est le roman de la démission des élites, de leur propension à la collaboration, de leur soumission à tout pouvoir, pourvu qu’ils soient apparemment légal” (Bruno Roger-Petit, L’Obs, 06/01/2015), l’idée de l’invasion, de servitude, est une vieille idée anxiogène française qui mobilisa les résistances. Tout au long de son histoire, la France a été parfois occupée, envahie et sait ce que cela représente. Lorsqu’on lui pose la question sur le roman, le Président de la République François Hollande répond : « Qu’est-ce qui fait qu’à un moment on a été capable de résister, de nous dépasser ? » Effectivement, avec d’autres, il n’aurait pas tort. Car, on voit mal un peuple français historiquement iconoclaste, rebelle et révolutionnaire laisser le pays devenir totalement “halal”, c’est-à-dire soumis à la dictature de la charia, la loi islamique de nature totalitaire.

Chahdortt Djavann martèle (lefigaro.fr, 07/01/2015) : « est-ce par misogynie qu’il [Houellebecq] soumet toutes les femmes, sans leur attribuer la moindre velléité de résistance, au voile, à la polygamie et à l’expulsion de l’espace public, ou pense-t-il vraiment que les femmes françaises seront moins courageuses que les femmes égyptiennes et tunisiennes ? »

La fable politique, conte moderne, se joue des peurs françaises avec subtilité. Mais c’est aussi la description précise, réaliste, minutieuse d’un avenir hypothétique et inquiétant où l’islam, religion simple et attirante, conquiert sans violence la prédominance dans le vieux pays républicain comme dans l’Union européenne.

Manifester « Pour la liberté d’expression et contre l’islamophobie » ? Le paradoxe !

Pour les uns, la politique-fiction de Michel Houellebecq est tout juste une succession de fausses provocations sur l’islam et l’accusent de faire le jeu du Front national, en alimentant les peurs et l’islamophobie (lorsque, a contrario, on peut déceler également de l’islamophilie).

[quote]L’islamophobie est un néologisme creux de sens mais qui se remplit de censure[/quote]

Répétons-le encore une fois, « l’« islamophobie », [est] un néologisme creux de sens mais qui se remplit de censure(s) ». En réalité la dite « islamophobie », chère aux fréristes de l’UOIF et de Tariq Ramadan (qui l’a remplacé par « racisme structurel », vu la faiblesse conceptuelle de nature raciale d’un terme qui désigne une religion et non une race) a pour but de lobotomiser les esprits libres et de bâillonner la liberté d’expression par la « dissuasion intellectuelle » et l’accusation xénophobique…

On en arrive à l’autre bout de la chaîne de ces manipulations perverses, à coup de notions frelatées du jihad idéologique, à ce que des esprits endoctrinés et déséquilibrés sautent ensuite le pas. Ils intériorisent ce terrorisme de la pensée, et passent en définitive à l’action de la terreur meurtrière et de la barbarie réelle. Quelle France acceptera sans broncher cette barbarie et cette haine séculaire au nom d’Allah et de son Prophète dont les noms sont inscrits sur toutes les bannières du jihad armé dévastateur, depuis les origines des conquêtes de l’islam à nos jours ?

Là où Houellebecq se trompe sévèrement est lorsqu’il déclare en conclusion de sa lecture du Coran :

« c’est que les djihadistes sont de mauvais musulmans. Evidemment, comme dans tout texte religieux, il y a des marges d’interprétation, mais une lecture honnête conclut que la guerre sainte d’agression n’est en principe pas autorisée, la prédication est seule valide. Donc on peut dire que j’ai un peu changé d’avis. C’est pour cela que je n’ai pas l’impression d’être dans la situation de la peur. J’ai plutôt l’impression qu’on peut s’arranger (entretien de M. Houellebecq à Médiapart) ».

Dans la matinale 7-9 de France Inter, Patrick Cohen lui pose la question : « et l’islam, vous considérez toujours que c’est la religion la plus con ? »

« Non, tout compte fait, après lecture approfondie du Coran, je suis sûr qu’on peut négocier, en fait ».

Houellebecq démonte la thèse de Huntington : le choc des civilisations n’aura pas lieu, la nôtre va se coucher ?

Pas si sûr… Car, si cela reste une infime possibilité théorique à moyen terme au-delà de plusieurs générations, se dessine l’option très probable que l’islam et le monde arabe qu’on connait implosent et se décomposent bien avant.

[quote]En Orient des millions de musulmans quittent déjà l’islam ![/quote]

Armageddon apocalyptique menace plutôt l’islam et le monde arabe. En Orient des millions de musulmans quittent déjà l’islam ! Cela semble le prélude d’une fin annoncée.

[quote style=”boxed” float=”left”]Quoi qu’il en soit, le romancier n’est pas clair et se contredit à plusieurs reprises dans son roman et dans ses déclarations, de plus se trompe sur la guerre sainte.[/quote]

La guerre sainte, le jihad, fut plutôt un devoir lors des conquêtes islamiques. Et puis, les arrangements du romancier avec l’islam sont une fiction, car historiquement parlant dar al-harb (la « Maison de la guerre »), la guerre d’agression s’est toujours imposée, contrairement à ce que Houellebecq déclare.

[quote]les jihadistes ne sont pas de mauvais musulmans. Ils appliquent la Loi du Coran à la lettre[/quote]

Ensuite, l’islam n’a jamais négocié (sauf en position de faiblesse) et reculé uniquement face à la force ou la fermeté.

Enfin, les jihadistes ne sont pas de mauvais musulmans, comme il le prétend. Ils appliquent la Loi du Coran à la lettre.

Dire ces vérités taboues ne sont pas du registre des « amalgames » ni de la dite « islamophobie » mais des réalités historiques, dès les origines.

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L’écrivain Emmanuel Carrère s’est livré à une opération de défense de Houellebecq. Dans une tribune au Monde, l’auteur du Royaume voit en Soumission un « livre sublime, d’une extraordinaire consistance romanesque ». Pour Carrère, « les anticipations de Michel Houellebecq appartiennent à la même famille » que les romans prophétiques du XXe siècle : 1984 de George Orwell et Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Donc, « plausible » et « crédible ». Et pour d’autres encore (fdesouche.com), Soumission n’est pas un brûlot antimusulman. Il est pire que cela : une théorie convaincante et inspirée sur la fin de notre civilisation européenne, de sa culture et de sa démocratie.

Là où Houellebecq a raison est dans la possibilité de la soumission plus en avant du pouvoir politique et de la société à la dictature de la bannière noire du jihad idéologique, celle de l’« islamophobie ».

La notion est improprement racialisée et essentialisée par les associations islamistes de France, mantra endoctrineur martelé au quotidien par les médias, afin de détourner le peuple par un “lavage de cerveau” idéologique. Pourtant les Français sont sorti dans les rues plutôt en mémoire des innocents assassinés, dans le but de clamer la liberté d’expression et dire non à la terreur.

Les politiques et les médias dans le rôle de l’avocat du diable, quant à eux, ont abandonné d’une manière démagogique et cynique le vrai problème de la relation historique, séculaire, factuelle du Coran à la violence, pour agiter paradoxalement le spectre de l’« islamophobie » liberticide. Une première rupture sociétale, et la satire des hommes politiques est le premier diagnostic cruel de Houellebecq.

Le déni généralisé : la schizophrénie sociale

Perplexe, la grande majorité des non-musulmans originaires d’Orient constate un divorce en islam de France, une sorte de rupture, de schizophrénie sociale et d’amnésie historique, un décalage dramatique entre le réel du jihad islamique barbare, séculaire en Orient – de leurs pays d’origines – et l’imaginaire d’un islam européen idéalisé et fantasmé, tels que nos Romantiques occidentaux du XIXe siècle. Ces derniers optèrent pour un exotisme oriental et une superbe civilisationnelle hyperbolique perdant de vue les réalités douloureuses des déchéances reliées à une religion d’interdits (de harâm), de violence et de fanatisme, de conversions forcées par la terreur, de persécutions des non-musulmans plus que millénaire, de châtiments et de diverses soumissions extrêmes, dont « islam », la « soumission » ultime à la Loi, la charia d’Allah.

« En adhérant à la charia, on adhère à des lois inhumaines », dénonce une twitteuse saoudienne. « Il n’y a pas un seul exemple positif où la charia contribuerait à la justice et à l’égalité », renchérit un autre twitteur. De plus en plus de jeunes des pays arabes délaissant l’islam ou se revendiquant comme agnostiques ou athées en arrivent à ce constat cruel : « la loi de la charia ne peut pas être appliquée dans un monde civilisé ».

Nos musulmans de France sont, par ailleurs, dans le déni total qualifié de quasi pathologique par l’ethnopsychiatrie.

De plus, « les musulmans connus pour leur état d’altération intellectuelle et leur absence de discernement ont l’art de se déculpabiliser en imputant à leurs victimes la cause de leur propre mort” (salembenammar.wordpress.com, 8 janv. 2015).

Oui, nos musulmans d’Europe sont face à ce triple paradoxe qu’ils appréhendent, mais ils refusent de voir ce réel car les politiques lâches ou trop consensuels ne leur disent pas certaines vérités douloureuses en train de s’imposer d’elles-mêmes.

À entendre parler la France « officielle », on a la triste et désagréable impression qu’elle vit sur une autre planète.

À force de langue de bois, du « vivre ensemble » à n’importe quel prix – au prix de perdre son âme – le discours est des plus hypocrites et rate délibérément le parler vrai ; tant de lâcheté, de cynisme, de démagogie et d’aveuglement…

Le plus surprenant et inquiétant à la fois est que presque tous les médias unanimement, les intellectuels ou les dignitaires religieux musulmans et même des évêques ou archevêques, ainsi que les politiques de tous bords, ne répondent toujours pas aux vraies questions vitales et problématiques que le peuple français se pose sur l’islam politique inquiétant qui sévit et tente de s’imposer en France.

Seconde rupture sociétale, l’islamonausée risque de se substituer à l’islamophobie.

J’ai refusé d’être Charlie parce que la classe politique française et de nombreux dignitaires religieux tout en manifestant contre le terrorisme jihadiste sont restés dans le déni total. Ils sont venus soutenir encore et encore que l’islam n’est pas l’islam. Ils ont permis à des dirigeants politiques étrangers qui financent ou soutiennent le jihad de défiler dans cette manifestation. Ils ont laissé l’UOIF y participer malgré les discours fanatiques et d’une intolérance inquiétante (que j’ai entendu de mes propres oreilles, parfois en arabe), en dépit de son antijudaïsme viscéral et du projet tacite, actif et conquérant d’islamisation à outrance.

« Que restera-t-il de ce grand élan progressiste sur la liberté d’expression ? » se demandait Luz (dans les Inrocks, 10 janvier) alors que Charlie Hebdo a toujours cherché à « détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes (…) Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire n’importe quoi ».

Et l’abbé Alain Arbez de nous poser la question ultime : « liberté d’expression, est-ce synonyme de liberté d’insulter et d’humilier ?” (Dreuz.Info, 13 janv. 2015).

J’ai été de cœur et d’esprit avec les victimes de ce fanatisme aveugle barbare mais, personnellement, dimanche 11 janvier je le confesse, je ne suis pas allé à la messe. J’ai refusé d’être Charlie pour une énième simple raison que la liberté d’expression qu’on est venu clamer et défendre est bien sélective et dévoyée dans les faits. Outre tout ce qui précède, le 28 décembre 2014, un discours historique courageux et critique du président égyptien Al-Sissi fut ignoré et délibérément passé sous silence par les médias français.

[quote]Le terrorisme islamique est lié au « corpus de textes [islamiques][/quote]

Il s’était exprimé publiquement à l’université religieuse d’Al-Azhar au Caire et a clairement déclaré que le terrorisme islamique est lié au « corpus de textes [islamiques] et des idées que nous avons sacralisés au cours des siècles », que les musulmans ont besoin d’une révolution religieuse. Une énième leçon que donne Al-Sissi aux dirigeants occidentaux aveuglés et sourds d’oreilles qui ont soutenu les Frères musulmans qui menaient pourtant l’Égypte à une guerre civile.

Et face à un islam de France dont la stratégie politique est la Taqiya, nos politiques se voilent encore et toujours la face. Ils sont dans le déni. Ils soutiennent encore dans une sorte de soumission inquiétante la dhimmitude rampante.

Michel Houellebecq est assurément un visionnaire !

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde” (Albert Camus).

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Sweydan pour Dreuz.info.

http://www.europe-israel.org/2015/01/president-egyptien-al-sissi-al-azhar-nous-devons-revolutionner-notre-religion/

(1) La dissimulation active (art de la guerre idéologique islamique), le mensonge, la ruse, et le discours biaisé par omission et par désinformation, stratégie que pratiquent les islamistes, chez les sunnites comme les autres écoles de l’islam, contrairement à ce qui est écrit dans l’article de Wikipedia, d’ailleurs très incomplet. Cette stratégie est permise par la charia afin de tromper ou amadouer les non-musulmans (ou en terre non-musulmane). Lire : Raymond Ibrahim, “La Taqiyya et les règles de la guerre islamique” :

http://www.meforum.org/2577/taqiyya-regles-guerre-islamique ; Sami Mukaram (ancien professeur d’études islamiques à l’université américaine de Beyrouth et auteur de quelque vingt-cinq livres sur l’islam), montre très clairement que la taqiyya n’est pas limitée à la dissimulation des chiites, et que « la taqiyya est très majoritaire dans l’islam » (Sami Mukaram, At-Taqiyya fi ‘l-Islam (London: Mu’assisat at-Turath ad-Druzi, 2004), p. 7) ; elle concerne les quatre écoles de jurisprudence de l’islam.

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