Publié par François Préval le 21 janvier 2015

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En ce début d’année 2015, avec l’actualité récente nationale et internationale, l’évocation du sort des chrétiens d’Orient est particulièrement douloureuse.

L’année 2014 fut très éprouvante : massacres de masse et exils forcés provoqués par l’Etat islamique en Irak et en Syrie (renommé Daesh en Occident pour ne pas nommer le problème). Enlèvements massifs au Nigeria par la secte islamique Boko Haram. Massacres et attentats en Centrafrique, Somalie et Libye.

Ces évènements furent médiatisés, commentés, condamnés (sans être suivis d’acte). Pourtant, les persécutions anti-chrétiennes dans les pays musulmans sont le fruit d’une longue tradition, y compris dans des Etats alliés de la coalition occidentale.

Turquie

La Turquie, souvent présentée comme Etat laïc et démocratique, connait un processus d’islamisation et de persécution des chrétiens qui remonte à loin :

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  • Dès 1934, une loi interdit l’exercice de certaines professions aux chrétiens.
  • En 1942, est mis en place le varlik vergisi, impôt spécial inique sur la fortune. De là débuta l’exil des chrétiens grecs du pays.
  • En septembre 1955, suite à une rumeur d’incendie de la maison natale d’Ataturk, un violent pogrom est déclenché à Istanbul contre les minorités chrétiennes et juives, faisant une dizaine de morts, des centaines de blessés et détruisant nombre de demeures chrétiennes. L’exode des chrétiens s’accentua encore.
  • En 1965, le parlement vota une loi qui interdit aux détenteurs d’un passeport grec de rester en Turquie. La communauté grecque-chrétienne est alors considérablement amoindrie.
  • Le coup de grâce viendra d’une nouvelle série de spoliations du gouvernement des biens grecs en 1974, année de l’intervention turque à Chypre (dont la moitié est toujours occupée par les troupes turques dans l’indifférence de l’UE qui condamne en Israël une occupation plus que discutable).
  • Actuellement, les chrétiens ne sont plus que 100 000 âmes, soit 0,2% de la population. Le processus d’islamisation et d’éradication du christianisme en Turquie remonte donc à loin et se poursuit actuellement.
  • Une série d’assassinats de religieux et croyants turcs et étrangers se produit en 2006-2007, suite à des campagnes christianophobes virulentes des médias turcs.
  • La Turquie se fait fort de se présenter comme un état laic et démocratique, notamment dans la perspective d’adhérer à l’Union européenne. Pourtant, sa constitution de 1937 prévoit clairement que l’enseignement religieux soit géré par le gouvernement, et que les imams soient fonctionnarisés par ce dernier. On est très loin de la séparation de la religion et de l’Etat telle que revendiquée par les partisans de la laïcité occidentale. De plus, le traitement des minorités chrétiennes a toujours été basé sur la discrimination et la persécution.

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Néanmoins, la Turquie est surpassée dans ce triste domaine par l’Arabie Saoudite, alliée incontournable de la coalition, et pays musulman le plus dur vis-à-vis des non-musulmans.

Arabie Soudite

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  • Le royaume pratique l’islam Wahhabite qui interdit purement et simplement toute autre religion que l’islam sunnite (christianisme, judaïsme, hindouisme, bouddhisme, chiisme).
  • La conversion et la construction de lieux de culte chrétiens y est strictement interdite, le prosélytisme vaut l’expulsion pour un étranger et la mort pour un saoudien.
  • Cette situation n’a rien d’étonnant puisqu’en fait l’Arabie Saoudite est un Etat théocratique et totalitaire, fondé notamment sur l’alliance entre le prince Mohamed Ibn Saoud (Saoud Ier) et le prédicateur Mohamed Ibn Abdel Wahhab (créateur du wahhabisme, doctrine théologique inspirée du hanbalisme). Il s’agit de l’application stricte de la charia, dans sa version la plus dure et ce depuis la création du royaume en 1932.
  • Rappelons que ce pays qui ne tolère aucune manifestation d’une religion non musulmane ne se gêne pas pour dénoncer une prétendue « islamophobie » en Occident.
  • Et qu’il finance très officiellement plusieurs mosquées et centres islamiques dans le monde.
  • N’oublions pas non plus que ce royaume soutient généreusement diverses organisations islamistes, voire terroristes, et que plusieurs dirigeants du réseau islamiste sunnite Al-Qaida furent saoudiens.

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Ces pays musulmans sont sunnites. Qu’en est-il des nations chiites ?

Iran

L’Iran est devenue une république islamique avec la révolution de janvier 1979 qui vit le renversement du Shah, et il applique le chiisme duodécimain comme religion d’état.

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  • Le pays compte 200 000 chrétiens, soit environ 0,3 % de la population.
  • Depuis 1979, la moitié de cette population a fui le pays en exil.
  • Aussitôt après la révolution, un bureau des minorités religieuses a été créé, dans le but avoué d’augmenter la surveillance et la répression.
  • A l’instar des juifs, les chrétiens sont “gens du livre” et soumis au statut de dhimmi : ils sont protégés, mais s’ils ne sortent pas de leurs quartiers réservés, se font discrets, n’effectuent aucun prosélytisme.
  • Ils sont représentés au parlement, mais de manière illusoire car ils ne peuvent exercer aucun pouvoir sur les musulmans.
  • Ils subissent de nombreuses discriminations : interdiction de certaines professions libérales, inégalité devant un tribunal en cas de litige, obligation de se conformer aux traditions de l’islam.
  • Bien sûr, la conversion de l’islam à une autre religion est punie par la loi.
  • Arrestations, emprisonnements, tortures, assassinats de pasteurs chrétiens se poursuivent depuis plus de vingt ans.
  • Importation et impression de bibles sont formellement interdites.
  • Les persécutions se sont encore aggravées après l’élection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence du pays en 2005 avec notamment une vague d’assassinats de prêtres et de pasteurs en 2005-2007 (rappelant une précédente vague en 1994-96).
  • En 2010, suite à un discours de l’ayatollah Ali Khamenei contre le danger de christianisation de l’Iran, une vague de perquisitions et d’arrestations a visé les religieux chrétiens du pays.

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C’est le grand et beau modèle politique iranien vanté par Soral et Dieudonné.

Syrie

Autre grand pays arabe chiite, la Syrie de Bachar el-Assad est souvent présentée en Occident comme une exception notoire et un havre de paix pour les chrétiens.

Il est vrai que le régime y est moins dur qu’en Turquie ou en Arabie Saoudite, les chrétiens peuvent construire des églises et pratiquer leur culte.

Mais ils subissent un grand nombre de discriminations et tracasseries administratives :

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  • Les sermons sont surveillés.
  • Le prosélytisme est interdit.
  • Les hautes charges de l’administration sont interdites aux chrétiens.
  • Il faut signaler que, contrairement à son image de régime laic, Damas a connu une période de relative réislamisation : Hafez el Assad, père de l’actuel chef de l’état, a réinstallé lui-même la charia en 1973 et multiplié les manifestations de piété islamique, essentiellement pour contrer le mouvement des Frères musulmans.
  • N’oublions pas également que c’est la Syrie des Assad qui a financé et promu des mouvements terroristes islamistes, aussi bien chiites (Hezbollah) que sunnites (Hamas).

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Liban

On pourrait penser que le Liban multiculturel constituerait un refuge providentiel pour les chrétiens maronites, mais c’était sans compter sur la montée en puissance du Hezbollah chiite, organisme terroriste allié de Téhéran et Damas, et les rivalités entre sunnites et chiites.

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  • La Guerre civile du Liban (1975-1990) fut très éprouvante pour les chrétiens et donna lieu à de nombreux massacres.
  • Bien peu connaissent les massacres de Damour en janvier 1976 (500 morts),
  • ou d’El Kaa en juillet 1975 (1 000 morts).
  • D’autres massacres de chrétiens auront également lieu en septembre et octobre 1983.
  • En revanche, le massacre de Sabra et Chatila de septembre 1982 (entre 500 et 900 morts) commis par des milices chrétiennes sur des militants palestiniens est mondialement cité…
  • Il ne faut pas oublier que les milices palestiniennes, contrairement à leurs homologues libanais chrétiens, constituaient des troupes armées étrangères et invasives, et qu’elles avaient lancé les hostilités en commettant les premières violences.
  • Actuellement, la vision du conflit présentée par les médias occidentaux ne retient que les fautes des chrétiens, les accablant en épargnant leurs ennemis. Le fait qu’à cette époque, les chrétiens maronites aient été souvent alliés d’Israel y est sûrement pour quelque chose.[/unordered_list]

On le constate, les persécutions contre les chrétiens dans les pays musulmans sont systématiques et remontent à loin dans le temps.

On pourrait également parler de pays musulmans africains (Nigeria, Somalie) ou asiatiques (Pakistan, Indonésie).

Rappelons qu’en ce qui concerne le monde arabo-musulman (soit Proche-Orient et Afrique du Nord), les peuples et sociétés chrétiens étaient présents plusieurs siècles avant les invasions arabo-musulmanes, depuis l’antiquité romaine, à une époque où cette partie du monde était indo-européenne.

Depuis l’instauration de sociétés musulmanes par la colonisation et le génocide culturel, les peuples précédents ont été traités en dhimmis, voire persécutés violemment et exterminés. Leur disparition semble donc préparée et programmée. Il s’agirait non seulement d’un crime contre l’humanité mais aussi d’une attaque frontale contre l’Occident et le christianisme.

Israël

Le seul pays du Proche-Orent où les chrétiens ne sont pas discriminés, persécutés ou menacés de disparition demeure Israël, ce même Etat seul à être tant attaqué par l’Union Européenne, l’ONU et les organismes tiermondistes et droitdel’hommistes.

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Rester passif revient à commettre un crime aussi grand que ces actes de persécution. Dénoncer et réagir est un impératif moral. Et pas après que les crimes de l’Etat islamique aient été commis.

Quelle est la situation du côté des pays du Maghreb, géographiquement et historiquement plus proche de l’Europe ?

Algérie

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  • Le prosélytisme chrétien est strictement interdit.
  • En février 2006, une ordonnance prévoit une peine de deux à cinq ans de prison pour toute tentative de conversion d’un musulman à une autre religion.
  • Cette législation est appuyée par des campagnes de presse virulentes et parfois par des actions de force publique comme en août 2010 en Kabylie contre les ouvriers d’un chantier coupables d’avoir déjeuné durant le Ramadan.
  • Catholiques comme protestants sont tout autant visés par cette répression qui perdure depuis les années 1990.
  • Il est vrai que le FLN, parti unique au pouvoir depuis 1962, a toujours mêlé à sa doctrine marxiste et tiermondiste des éléments islamiques vus comme constitutifs de l’identité algérienne.
  • Ajoutons à cela la politique de réintégration des éléments terroristes du GIA depuis 2005 sous couvert de réconciliation nationale.

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Maroc

Le Maroc voisin, présenté comme un modèle libéral du monde arabe, ne vaut cependant guère mieux.

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  • En effet, l’islam y est religion d’état et le système juridique repose en partie sur la charia.
  • Les sujets marocains ne peuvent être que de confession juive ou musulmane.
  • Toute apostasie et tout prosélytisme non-islamique de l’islam est sévèrement réprimée par la loi : de six mois à trois ans de prison.
  • Les chrétiens n’ont aucune reconnaissance légale et doivent suivre les rites musulmans.
  • Depuis 2009, de nombreux missionnaires chrétiens sont régulièrement expulsés du royaume.

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Egypte

On ne saurait oublier le sort des coptes d’Egypte qui subissent actuellement le contrecoup du printemps arabe et du renversement du régime de Moubarak, avec notamment les attentats et pogroms des Frères Musulmans.

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  • Mais dès la prise de pouvoir de Nasser en 1952, les coptes furent mis à l’écart de la vie politique égyptienne et leur apport à la vie du pays fut effacé de l’enseignement, tandis que les différents médias professent des messages de haine antichrétiens et antisémites.
  • La loi contient des directives explicitement discriminatoires : conditions draconiennes pour construire un lieu de culte chrétien et statut personnel différent, sans oublier l’impossibilité d’accéder aux hautes fonctions dans l’administration et l’armée.
  • De plus, le régime de Moubarak avait toujours été très laxiste vis-à-vis des agressions et pogroms visant la communauté copte qui ont cours depuis les années 1980 et qui ont vu leur point d’orgue après la chute du Rais.

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Les persécutions contre les chrétiens remontent à loin en Perse, débutant dès le Xe siècle, leur nombre décroissant incessamment et leur place dans la société se marginalisant.

Jordanie

En fait, le pays le plus favorable (c’est-à-dire le moins dur) pour les chrétiens demeure une monarchie conservatrice sunnite, la Jordanie hachémite. Là-bas, les églises sont reconnues, peuvent célébrer pleinement leurs offices et ouvrir leurs écoles. Néanmoins, comme partout ailleurs dans le monde musulman, le prosélytisme et l’apostasie sont interdits.

[quote]Entre l’extermination à petit feu (Daech, EIL, Turquie) et les discriminations ponctuelles[/quote]

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Il apparait donc clairement que les persécutions contre les chrétiens dans les pays musulmans sont pratiquement généralisées, oscillant entre l’extermination à petit feu (Daech, EIL, Turquie) et, dans le meilleur des cas, les discriminations ponctuelles non violentes (Syrie, Jordanie). Elles remontent également à loin dans le temps et sont souvent profondément ancrées dans la culture de ces pays.

En ces temps de Noël et de naissance du Christ, il est impossible de ne pas penser à nos frères dans le Christ qui s’efforcent de survivre au Proche-Orient.

L’année 2014 a vu également la montée en puissance d’une rébellion islamiste en Syrie et l’irruption de l’Etat islamique avec son cortège d’exactions : massacres collectifs, razzias d’esclaves, statut de dhimmis parmi les plus durs, exils déchirants.

Il en fut de même avec la secte islamique Boko Haram au Nigeria qui se distingua tristement par des enlèvements massifs de jeunes filles chrétiennes.

Ces évènements ont frappé l’esprit et suscité l’indignation, en Occident et ailleurs (sans d’ailleurs qu’aucune action concrète n’ait été encore tentée).

Pourtant, de telles exactions n’ont rien d’étonnant et ne font en fait que poursuivre un long processus en place depuis plusieurs décennies dans le monde musulman, y compris dans des pays qui actuellement, sont intégrés dans la coalition anti-Daesh, comme l’Arabie Saoudite ou la Turquie.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Préval pour Dreuz.info.

Sources :

Alexandre Del Valle, « Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd’hui ? – la nouvelle christianophobie* », Edition Maxima Laurent Du Mesnil, 2011.

portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens/

www.indignations.org/turquie-la-situation-des-chretiens-dans-la-turquie-dite-laique

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