Mohamed Kacimi* a publié sur sa page Facebook le témoignage suivant :
Je suis parti tôt de chez moi. Comme tous les auteurs dramatiques je n’ai pas de permis, j’ai donc pris un RER puis deux bus pour rejoindre un lycée professionnel dans le Val de Marne où je dois rencontrer deux classes de terminale pour leur parler de théâtre.
Comme à chaque fois je me suis perdu, et bien sûr comme à chaque fois les rues étaient désertes au moment de mon égarement. J’ai fini par trouver l’établissement en question, planté dans une zone pavillonnaire plutôt jolie. J’ai poireauté un moment devant le portail cadenassé en raison du plan Vigipirate avant d’être reçu par le proviseur. Celui-ci est habillé comme tous les proviseurs, il a un costume bleu pétrole et une cravate rouge. C’est à croire que tous les proviseurs se fournissent dans le même magasin. Il m’a introduit dans son bureau qui ressemble à tous les bureaux de tous les proviseurs, une table Conforama en agglo et une cafetière Moulinex. L’ambiance est tendue mais mon hôte est affable:
– Vous savez, c’est un peu tendu en ce moment, mais moi je m’en suis bien sorti. On a fait la minute de silence, j’ai baissé la tête, certains ont rigolé, mais tout le monde a applaudi. Je respire. A Bondy, il y a des profs qui ont refusé d’observer la minute de silence…. Vous allez rencontrer nos classe, ils sont très gentils, vous verrez, je crois qu’ils vont parler de ce qui s’est passé, des… évènements… Il faut juste faire attention au mot, il faut bien choisir les mots, ils sont gentils les élèves, mais il faut faire attention..
– C’est à dire ?
– N’utilisez pas le mot terroristes, terrorisme, ils ne comprennent pas..
– Pourquoi?
– C’est des ados, pour eux terroriste, c’est positif, c’est guerrier, dites plutôt attaquants….
– Je vois…
– Oui, il y a un autre mot qu’il ne faut pas utiliser c’est attentat
– Ah bon?
– Oui, c’est la même chose, c’est quelque chose de héroïque, vaut mieux dire opération….
– Je comprends
– Une dernière chose, monsieur Kacimi, j’ai lu ce que vous écrivez, ne parlez pas d’Islam, d’islamistes, ils trouvent ça stigmatisant..
– Qu’est ce que je dois dire?
– Religieux, fondamentaliste, et si vous parlez d’Islam n’oubliez pas de citer les deux autres religions, c’est ce que je fais à chaque fois, quand je parle de l’Islam je cite obligatoirement les deux autres religions, le christianisme et le judaïsme.
Je m’installe au CDI où je suis reçu par la prof de français qui ressemble à toutes les profs de français du public, car elle a des cernes qui tombent jusqu’aux chevilles.
Entre la première classe de terminale qui ressemble à toutes les classes de terminale des lycées professionnels, dans la mesure où elle compte 22 blacks et deux blancs que l’on dirait égarés. Les 22 blacks sont habillés comme tous les blacks, Nike, jeans et doudoune avec capuche. Et les deux blancs égarés sont habillés comme les blacks sauf qu’ils portent de lourdes chaînes en argent.
Entre la deuxième classe des filles, pareille à toutes les classes de lycée professionnels de France, car elle compte 16 blacks et 6 arabes, toutes habillées en Gap. La prof se lance dans de grandes questions sur Beckett, le théâtre de l’absurde et l’incarnation. Les garçons regardent leurs baskets et les filles leurs ongles. Comme dans tous les lycées de ce genre il n’ y a aucun contact entre les deux sexes et les deux “races. Les filles d’un côté les garçons de l’autre, les arabes d’un côté, les blacks de l’autre. . Il y a une thèse à rédiger sur ce phénomène ” Ce que cachent aux adultes les ongles des jeunes filles”. Il faudrait que je revende ce titre à Yasmina Khadra.
Sentant mon auditoire peu passionné par la dramaturgie, j’ai décidé de mettre les pieds dans le plat:
– Bon je vois que le théâtre ne vous passionne pas beaucoup, pouvez vous me dire comment vous avez vécu les…. évènements du journal… satirique
Un frisson parcourt les deux classes:
– Vous parlez de Charlie?
– Oui c’est ça.
– Vous l’avez vécu comment, vous monsieur
– Je dois vous avouer que j’ai eu beaucoup de peine
– Ah, s’esclaffent certains, pas nous
– Pourquoi?
– Ils l’ont bien cherché
– Ils l’ont voulu
– Ils ont eu ce qu’ils voulaient
– On n’insulte pas les gens comme ça
– Surtout notre Prophète, personne ne l’a vu, personne ne lui a serré la main, comment peuvent-ils le dessiner
J’essaye de calmer le jeu:
– Croyez vous que l’assassinat soit la meilleure réponse ? Ne vaut-il pas mieux répondre à la critique par la critique
– Vous rigolez, si on critique, ils risquent de recommencer
– Comme ça on en parle plus
Je calme un peu le brouhaha:
– Vous vous rendez compte que vous vivez dans un pays démocratique et qui a une longue tradition anticléricale qu’il faut connaître et respecter.
Le propos loin d’apaiser les élèves jette de l’huile sur le feu:
– Oui démocratique pour les uns pas pour les autres
– Tu fais une quenelle tu te retrouves en garde à vue
– Tu dis Allah Akbar tu te reçois une balle dans la tête
– Et Dieudonné lui n’a pas le droit de déconner comme vous dites
– Y que les juifs qui ont droit à l’humour?
– Oui, nous comme on a pas le droit de rigoler on tire dans le tas.
– On se marre comme on peut.
Au fond de la salle un grand black lève la main
– Monsieur, faut que je vous dise une chose, c’est la guerre, ça va être la guerre nous les musulmans et les autres, les juifs et les chrétiens, la guerre à mort
– Tu es musulman
– Non, je suis chrétien
– Pourquoi tu dis que tu es musulman
– Je dis ça parce que j’aime Anelka, il est musulman, tout le monde le déteste, lui déteste tout le monde, et nous on l’aime…Je vais me convertir juste pour Anelka, monsieur. Ce sera la guerre, monsieur, comme avec Anelka.
© Mohamed Kacimi
*Mohamed Kacimi est né en 1955 à El Hamel, ville des hauts plateaux d’Algérie dans une famille de théologiens.
Adolescent, il découvre Rimbaud et les surréalistes.
Après des études de littérature française à l’Université d’Alger, l’auteur quitte l’Algérie en 1982 pour s’installer à Paris. Là, il rencontre les poètes Bernard Noël et Eugène Guillevic avec qui il publie plusieurs traductions. En 1987, il publie son premier roman ” Le Mouchoir “. Deux années plus tard, il co-signe avec Chantal Dagron, ” Arabe vous avez dit arabe ? “un florilège des regards que les écrivains d’Occident ont posé sur le monde arabe et l’Islam.
Lauréat du prix Afaa-Beaumarchais ; il écrit ” la Confession d’Abraham ” éditions Gallimard. le spectacle est sélectionné pour la clôture des journées Beaumarchais au Studio de la Comédie française et programmé à l’ouverture du théâtre au Rond-Point en septembre 2002 . Il a conçu pour la Comédie Française, le spectacle » Présences de Kateb » mis en scène par Marcel Bozonnet en 2002, et assuré l’adaptation du roman Nedjma de Kateb Yacine mis en scène au studio de la Comédie française la même année. En 2003, il écrit Babel taxi, éditions Lansman, mis en scène par Alain Timar à Knoxville, Usa et à Avignon.
Lauréat en 2004 des missions Stendhal, l’auteur a reçu le prix de la Francophonie de la SACD en 2005 et obtenu la bourse année sabbatique du CNL. Sa dernière pièce « Terre sainte « a obtenu la mention du jury du grand prix de littérature dramatique. Elle s’est créée à Paris, Hambourg, Stokhlom, Vienne, Minsk, Jérusalem. Des créations sont en cours à New York, Rio de Janeiro et Helsinky.
PS: Je ne sais pas si Mohamed Kacimi est antisioniste et anti-israélien. Là n’est pas le propos. Son témoignage a une portée sociologique qui ne peut être ignorée.
Ce témoignage est révélateur de l’état d’esprit qui règne dans beaucoup de lycées de l’Education Nationale, dont Mme NVB s’échine à en modifier les régles simples : celles d’apprendre à lire, compter, apprendre l’histoire, la géo …. Non nous sommes passés au macramé, au théatre, au sport enfin toutes les disciplines qui feront que les élèves seront des veaux pire que ceux d’aujourd’hui.
Mr Kacimi, merci de votre témoignage, mais vous qu’en pensez-vous ? A mon sens, beaucoup de profs ont été confrontés à ce genre de réactions de jeunes dont les parents n’ont pas su les intégrer à notre société française ! Pour la plupart d’entre eux aucun ne sortira du lycée avec un diplome. La haine au coeur s’identifiant à un Anelka dont tout le monde connait la courtoisie et le respect qu’il a de La France, Bondy, St-Denis etc …. sont des poudrières, des graines de djiadistes en puissance.
Sachez tout de meme, que certains profs sont au bout du rouleau, ils tentent pour beaucoup de faire autre chose de leurs diplomes que de rester dans cette maison devenue folle. De ce que j’entends autour de moi, le pire se passe à l’école primaire, donc le mal, ou malaise est bien profond …..
Notre culture, notre éducation n’a pas de prise sur les musulmans.
A la limite elles sont perçues comme des “insultes” contre l’islam et son prophète..
Et concernant sa religion, le musulman est incapable d’accepter la moindre critique
sauf à la faire taire, même par le meurtre (de préférence).
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Comme vous pouvez le constater , l’endoctrinement est déjà très fort
chez les ado musulmans qui maintenant simulent des attaques..
Demain, ils ne simuleront plus rien, ils le feront.
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Ces conflits larvés vireront bien vite aux conflits ouverts.
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il faut armer les français !
aux armes citoyens, formez vos bataillons, marchons, marchons,
qu’un sang impure abreuve nos sillons.