Publié par Gaia - Dreuz le 5 février 2015

Avec le projet de loi santé du gouvernement, les médecins libéraux craignent pour la pérennité de leur métier, pour leur liberté de prescription… Rencontre avec un médecin en milieu rural qui exerce dans le Puy-de-Dôme.

operation-open-your-door-auvergne-nouveau-monde_1938406

Vous aimez cet article ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Après avoir traversé le bourg, on aperçoit le cabinet médical au sortir d’un grand virage. Depuis plus de vingt ans, Bruno Follanfant et son épouse habitent ici et exercent la médecine générale. Cunlhat, 1.300 habitants, compte trois médecins généralistes.
Bruno est donc médecin de campagne. Mais on est loin du cliché. Une fois passée la porte du cabinet, point de salle d’attente bondée où il faut patienter parfois plus d’une heure. Les consultations se font sur rendez-vous. C’est un secrétariat à distance, à Cournon, et uniquement téléphonique, qui gère l’agenda électronique.

Des patients souvent assez âgés

De 8 heures à 19 heures, du lundi au vendredi, et le samedi matin, les rendez-vous sont pris chaque quart d’heure, avec quelques plages réservées aux urgences. Le couple alterne les consultations entre le matin et l’après-midi. Ainsi, lorsqu’il consulte au cabinet l’après-midi, le médecin réserve sa matinée aux visites à domicile ou à l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de la commune. Et vice-versa.

Ses patients, souvent assez âgés, souffrent majoritairement de diabète et de cholestérol. « Ce qui caractérise la patientèle de cette zone rurale, c’est la notion de maintien à domicile », souligne le médecin. Et l’accès aux soins en est la problématique essentielle. Pour consulter des spécialistes, il faut se déplacer ce qui n’est pas toujours évident pour cette population âgée. Le médecin prescrit donc beaucoup de transports. « On peut être ainsi contrôlé parce qu’on va trop prescrire tel ou tel médicament ou telle ou telle prestation, mais le législateur ne tient pas compte des spécificités de la patientèle », concède le médecin évoquant le « délit statistique ».

Liberté de prescription

Il n’est pas opposé au contrôle à condition que cela « soit effectué de manière cohérente ». Idem pour les prescriptions. Pour chacune d’elle, il doit se conformer à un logiciel vérifiant que le médicament est bien remboursé. « Je n’ai pas fait dix ans d’études, pour laisser un robot décider à ma place ! ». Sa liberté de prescription est, selon lui, de plus en plus malmenée.

Chaque jour, les tâches administratives se répètent et se multiplient. Gérer le cabinet, bien sûr, remplir les dossiers de prise en charge des patients. « C’est très lourd alors qu’il y aurait moyen de simplifier lorsqu’il s’agit de renouvellement… ». Au quotidien, il faut enregistrer les cartes Vitale et les télétransmettre en fin de journée. En théorie, c’est trois ou quatre clics, mais ça mouline, ça mouline sur son ordinateur. « Et lorsque le tiers payant sera généralisé, il faudra s’assurer que le patient a bien des droits ouverts, puis télétransmettre. À combien de mutuelles, sachant qu’il y en a plus de 600 ? Il doit y avoir plus simple. »

Une part administrative de plus en plus chronophage

Malgré tout, Bruno Follanfant assure aussi, durant la semaine, l’accueil d’internes. Jason se forme ainsi dans son cabinet un jour et demi par semaine. Il sera médecin généraliste dans un an et a toujours voulu exercer en milieu rural. Une vocation qu’il tempère un peu aujourd’hui. « C’est impressionnant cette charge administrative, on n’apprend pas ça à la fac ! C’est lourd. Du coup, je réfléchis à mon installation ».

Une part administrative de plus en plus chronophage. Pourtant, Bruno Follanfant aime ce métier relationnel. « On fait partie des familles ». Malgré tout, le praticien se dit inquiet. Aujourd’hui, les trois médecins de Cunlhat ont plus de 50 ans. « Qui aura encore envie d’exercer ce métier, ici, dans dix ans ? »

http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2015/02/05/un-medecin-de-campagne-auvergnat-temoigne_11318293.html

© Gaïa pour www.Dreuz.info

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous