Publié par Gaia - Dreuz le 10 mai 2015

Deux familles toulousaines, dont des membres étaient suivis par la DGSI, ont loué deux camping-cars pour se rendre en Syrie. Les véhicules n’ont pas été ramenés.

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L’affaire est aussi surprenante qu’inquiétante. Elle en dit long sur la motivation des candidats au jihad prêts à brouiller toutes les pistes pour éviter de se faire repérer par les radars du renseignement intérieur. Quitte à utiliser des moyens de transport des plus originaux comme des camping-cars.

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Selon nos informations, deux familles, l’une de Toulouse, une autre de Portet-sur-Garonne, sous couvert de périple touristique en Europe, auraient été repérées en Syrie après avoir loué deux camping-cars, à Muret et Montpellier, ces derniers jours. Des membres de ces deux familles faisaient l’objet de surveillance par les services de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ces véhicules tout équipés et grand confort à l’intérieur n’ont toujours pas été ramenés aux sociétés de location.

Le 23 avril, à Muret, près de Toulouse, un père de famille de 39 ans, loue un premier camping-car pour lui et ses deux enfants. Destination affichée : la Turquie. «Tous ses papiers étaient en règle et il devait restituer le véhicule le 2 mai à 10 heures», certifie la responsable de l’enseigne de location, entendue par les enquêteurs de la DGSI. Le camping-car loué et bénéficiant de toutes les options, n’est jamais réapparu. Ce père de famille, placé sous surveillance, aurait donc quitté le territoire. Un départ minutieusement préparé et qui ressemble fort à un exode définitif. «Sa maison a été vidée et ses affaires embarquées», ajoute une source proche de l’enquête.

À Montpellier, au même moment, un homme et une femme domiciliés quartier Reynerie à Toulouse, louent un modèle de camping-car identique. «Cet autre modèle ne se trouvait que dans notre seconde agence basée dans l’Hérault, c’est pourquoi ils ont été le louer là-bas», ajoute la présidente de l’agence de location. Sur le contrat établi en bonne et due forme par les deux familles, l’itinéraire précise : voyage en Turquie par l’Italie et la Grèce. A priori rien d’anormal… À Muret, une caution de plus de 3 000 € est déposée et le père de famille règle la facture en carte bancaire, soit 1 200 € pour 10 jours de location. L’homme, ancien dirigeant de société, ne lésine pas sur les moyens : il loue le top du camping-car, un véhicule suréquipé mis en service en mars 2015 avec lits superposés pour les enfants. Valeur du petit bijou : 60 000 €! Idem à Montpellier, où le couple de Toulousains dont la femme fait elle aussi l’objet d’une surveillance par la DGSI, s’équipe avec du haut de gamme. Mais à Muret comme à Montpellier, ce qui apparaissait comme une banale location à visée touristique prend d’abord des allures d’escroquerie. L’alerte est donnée lorsque les deux véhicules censés être ramenés le 2 mai ne reviennent pas. Le signalement des clients indélicats parvient dans un premier à la gendarmerie où une plainte est déposée pour «non-restitution de véhicule.» La même procédure est engagée à Montpellier où le commissariat de police prend à son tour connaissance des mêmes faits. Les services de la DGSI prennent le relais car deux noms figurant sur les contrats de location sont connus des enquêteurs. En revanche, ces personnes ne feraient l’objet d’aucune mesure coercitive, judiciaire ou administrative, les obligeant à rester sur le territoire.

D’ordinaire, les candidats au jihad s’envolent vers la Turquie via Barcelone. «Depuis quelque temps, cet itinéraire est délaissé au profit d’autres trajets plus discrets pour ne pas attirer l’attention», explique un spécialiste des départs pour la Syrie. Reste à savoir quelles sont les motivations de ces familles désormais en possession de 2 camping-cars de luxe. À raison de 500 € de pénalités par jour de retard, l’argument financier reste un sérieux frein à un éventuel retour à Toulouse.

Toulouse, base arrière de recrutement

Depuis fin 2014, la loi antiterroriste permet aux autorités de confisquer les papiers d’identité d’un candidat au jihad. La loi antiterroriste votée en novembre, dont l’un des objectifs est de freiner les départs en Syrie permet aux autorités administratives d’agir en amont en interdisant la sortie du territoire.

À Toulouse et avant le vote de la nouvelle loi, plusieurs cas de départ ont été recensés. Parmi eux, Souad Merah et ses enfants, en mai 2014. La sœur de Mohammed Merah avait quitté le territoire avec ses enfants pour se rendre à Barcelone puis en Turquie. À ce jour, elle se trouverait toujours en Algérie.

Quelques semaines auparavant, Sabri Essid et sa famille ont également rejoint la Syrie. Evoluant dans le cercle rapproché de la famille Merah, Essid avait été condamné en 2009 pour sa participation à une filière d’acheminement de jihadistes vers l’Irak. Plus de 1 550 Français ou résidents français ont rejoint les rangs de Daech en Syrie et en Irak, un chiffre qui connaît donc une augmentation exponentielle. Depuis le 1er janvier 2014, ce chiffre a même quasiment triplé, a précisé Manuel Valls. Sept Français, dont six convertis sont morts en commettant des attentats-suicides. Un phénomène nouveau a indiqué le Premier ministre, ajoutant que cela doit retenir l’attention pour son risque de réplique en France.
434 Français se trouveraient actuellement en Syrie et en Irak, 96 y ont été tués.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/05/08/2101023-deux-familles-toulousaines-partent-au-jihad-en-camping-car.html#xtor=EPR-1

© Gaïa pour www.Dreuz.info

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