Publié par Gaia - Dreuz le 27 mai 2015

Le solde migratoire a bondi de 14% au premier trimestre, à plus de 22’000 personnes. Un chiffre qui donne des ailes à l’UDC.

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La statistique a l’effet d’un pavé dans la mare: de janvier à mars de cette année, le solde migratoire des étrangers établis en Suisse – on parle en majorité de travailleurs européens et de leur famille – s’est élevé à 22’942 personnes, en hausse de 14% par rapport au premier trimestre 2014. «Si l’évolution se poursuit, nous arriverons à un solde migratoire annuel de 90’000 personnes», s’agace le conseiller national Guy Parmelin (UDC/VD), soit bien au-delà de la barre des 80 000 personnes qui avait enflammé le débat en 2014 avant le scrutin sur l’«immigration de masse».

Pour l’UDC, pas de doute, «les règles actuelles de l’immigration ont totalement échoué», a affirmé mardi à Berne le président du parti, Toni Brunner. Pis encore: «L’économie suisse stagne avec le franc fort. Et même pendant cette période, l’immigration se renforce!» lance le Saint-Gallois. Ces statistiques prouvent, aux yeux de l’UDC, que personne à part elle ne veut vraiment réduire l’immigration.

Dans les faits, la consultation sur le projet d’application de l’initiative «Contre l’immigration de masse» se termine demain. Le parlement et le gouvernement ont donc jusqu’en 2017 pour introduire quotas et plafonds d’étrangers. Mais la diatribe de l’UDC vise aussi l’économie. Les employeurs sont sur le devant de la scène depuis le vote du 9 février 2014. Plusieurs conseillers fédéraux, dont la ministre PDC Doris Leuthard, ont poussé un coup de gueule pour qu’ils puisent moins dans la main-d’œuvre étrangère.

Il faut dire que l’enjeu stratégique est de taille: dans la perspective d’un scrutin où les Suisses devraient choisir entre les relations avec l’UE ou les contingents d’étrangers, seule la preuve d’une prise de conscience des milieux économiques, par une baisse du solde migratoire, permettrait de convaincre, estiment les stratèges proeuropéens. Sous pression, des associations patronales ont ainsi lancé des projets pour davantage intégrer les forces de travail helvétiques. Mais le solde migratoire du 1er trimestre amène de l’eau au moulin de l’UDC. «On fait comme si rien ne s’était passé», estime Guy Parmelin. «Les déclarations patronales n’étaient destinées qu’à la galerie», lance le parti.

«Non, c’est du sérieux!» rétorque Marco Taddei, responsable romand de l’Union patronale suisse. Il rappelle qu’un programme axé sur les travailleurs seniors a été dévoilé en janvier, dont les premiers résultats seront communiqués cet automne. Ensuite, un programme pour mieux mobiliser le potentiel des femmes sera lancé. «Mais cela prend du temps. Il faut être patient», plaide Marco Taddei, pour qui les engagements à l’étranger répondent uniquement aux besoins de l’économie: «Lorsqu’un employeur trouve la personne qualifiée qu’il recherche sur le marché du travail suisse, il l’engage. Mais lorsque cela n’est pas le cas, il doit puiser à l’étranger.»

Côté syndical, on apprécie aussi peu la démonstration du parti de Blocher. «L’UDC est de mauvaise foi. Le problème n’a jamais été la substitution de la main-d’œuvre indigène par celle immigrée, estime Alessandro Pelizzari, secrétaire régional du syndicat Unia et sociologue. Aujourd’hui, les postes occupés par la main-d’œuvre immigrée sont des postes où il n’y a pas de main-d’œuvre locale.» Donc les employeurs jouent le jeu? «Non, les employeurs ne jouent pas le jeu de la protection salariale. Mais l’UDC est hypocrite: elle-même fait campagne pour affaiblir les mesures d’accompagnement, alors que le vrai problème se situe à ce niveau-là.»

http://www.tdg.ch/suisse/immigration-faiblit-suisse/story/22919371

© Gaïa pour www.Dreuz.info

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