Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 juin 2015
Façade du sanatorium

Mise en garde : vous vous apprêtez à plonger au cœur d’une sordide affaire antijuive. Au 21e siècle, des personnes trouvent acceptable de refuser de vendre un bien immobilier, même abandonné, à un acheteur parce qu’il est juif.

Ces personnes sont les religieux du Patriarcat latin de Jérusalem. Plus précisément, il s’agit de l’évêque auxiliaire de Jérusalem, William Shomali, vicaire dudit Patriarcat.

Et il a trouvé des soutiens dans la presse, nommément La Croix, que l’immoralité de l’histoire a moins que perturbé.

En 2008, le physicien et philanthrope américain Irving Moskowitz (2) décide d’acheter un terrain à vendre. 4 hectares, sur lesquels ont été bâtis en 1947 un sanatorium, et sept autres bâtiments abandonnés et désaffectés, construits par Thomas A. Lambie (4), un missionnaire américain, qui installa le Sanatorium pour soigner les tuberculeux.

Certains des bâtiments sont en ruine, et l’un deux est un ancien presbytère. L’ensemble est situé le long de la nationale 60 qui va de Hebron à Bethlehem en Judée Samarie, entre des terres appartenant au Kibboutz Migdal Oz, et d’autres, appartenant à la Jordanie, où se trouve une école d’agriculture.

[quote]La propriété est abandonnée, plusieurs bâtiments sont en ruine[/quote]

Notez que la propriété est abandonnée, et que plusieurs bâtiments sont en ruine, car le journaliste de La Croix s’est bien gardé de le préciser.

Notez aussi que l’ancien propriétaire, une église presbytérienne de Pennsylvanie, aux Etats Unis, avait converti les lieux en Maison d’hôtes, il y a 20 ans. Faute de clients, elle l’avait fermée, puis elle avait quitté et laissé les lieux aux caprices de la nature. La Croix et Mgr William Shomali ont sans doute raté cette information importante aussi, donnant à croire qu’il s’agissait d’un lieu de culte.

Notez enfin que Joan Davenport, la bonne sœur qui gérait le presbytère, avait quitté Israël en expliquant : “nous avons décidé de terminer notre mission en Israël parce qu’on nous a dit à Bethlehem qu’il y avait assez de chrétiens locaux, et qu’ils n’ont pas besoin de nous.” (1)

Voilà le bien dont l’acquisition par un juif a rendu fou l’évêque Shomali. Il serait difficile de soupçonner d’antisémitisme un homme qui a consacré sa vie à l’amour de juifs : Marie la mère de Jésus, son fils, les 12 apôtres, et qui pourtant n’a pas peur d’avouer préférer la propriété vide, abandonnée, livrée aux quatre vents, qu’occupée par des juifs.

Cette dernière indication met en lumière la somme des mensonges et des non dits qu’entourent cette affligeante affaire.

Mgr William Shomali a affirmé, chafouin, qu’ «il aurait été certainement préférable de réaliser la vente au profit d’une autre Église».

J’ai écrit chafouin ?

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  • L’Eglise n’a-t-elle pas encouragé les Presbytériens à quitter les lieux parce qu’il y avait « assez de chrétiens locaux » ?
  • Ne servaient-ils plus au culte depuis plusieurs décénnies ?
  • L’Eglise a-t-elle jamais, depuis 20 ans que les lieux sont abandonnés, cherché à les acheter ?
  • Et Shomali trouve soudain de l’importance aux lieux quand ils sont vendus aux juifs ?
  • Shomali, aux juifs préfère les ruines ?

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Mais ce n’est pas tout, cela devient plus sordide encore…

Pour réaliser son achat, craignant peut-être que le propriétaire refuse de vendre à un juif (la réaction de l’évêque prouve que ses craintes pouvaient avoir quelques fondements), Moskowitz avait acheté le bien par l’intermédiaire d’une Société Civile Immobilière suédoise, Scandinavian Seamen Holy Land Enterprises créée en 2007.

(Pour la bonne compréhension, il est intéressant de noter que la SCI suédoise est dirigée par un couple dont l’épouse, Gro Faye-Hansen Wenske, a reçu le titre de Juste parmi les Nations pour son père Per-Faye Hansen, qui a sauvé la vie de juifs de Norvège pendant l’Holocauste. Et Wenske dirige une ONG qui organise des voyages en Terre Sainte.)

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Quand les travaux commencèrent, il y a deux mois, le Patriarcat latin de Jérusalem découvrit que les occupants seront une vingtaine de familles juives.

William Shomali, qui est pourtant né en Israël à Bait-Sahour en 1950, a alors perdu son sang-froid et a violemment condamné la vente, et mis en garde contre les « graves répercussions pour le patrimoine chrétien et pour la vie de la communauté chrétienne locale. »

Il a déclaré ensuite à l’agence d’information Fides (3) « c’est un incident qui n’aide pas à la paix ». J’ignorais que pour le Patriarcat, il ne peut y avoir la paix que si les juifs quittent la région. Je ne l’oublierais pas.

Vous lisez bien : tout mais pas des juifs. Et vous n’avez pas tout lu…

Pour désigner les propriétaires, l’évêque et La Croix ne disent pas « israéliens » ou « juifs », mais « colons »…

Shomali, sur le site du Patriarcat, dénonce « les colons qui cherchent à s’étendre toujours davantage ». Entendons-nous bien. Pour Shomali, deux des trois communautés sont légitimes : les chrétiens, et les arabes palestiniens. Pas les juifs. Ce sont des colonisateurs. Ils n’ont pas le droit d’être là.

Si je me laisse aller à dire que ce sont les propos les plus ségrégationnistes que j’ai entendu depuis la fin de l’Apartheid en Afrique du sud, corrigez-moi : l’Apartheid en Afrique du sud était dénoncé par le monde entier. Qui réprouve l’Apartheid contre les juifs en Judée Samarie ? Je suis la sœur Anne, je n’entend rien venir.

Et le Patriarcat, renouant avec une tradition qui réveille le bien funeste souvenir de la culpabilité des juifs quoi qu’ils fassent, reproche aux juifs d’acheter les biens à vendre « au prix fort » !

« American Friends of the Everest Foundation », accuse Shomali, est « insidieusement active » à Jérusalem-Est pour acheter maisons et propriétés palestiniennes au prix fort. »

On s’attendrait, s’ils profitaient de la crédulité des vendeurs pour acheter à bas prix, qu’ils soient dénoncés pour cela. Mais au prix fort ? Quelle faute est-ce là (à part d’être juif évidemment) ? Je vous la révèle : le Patriarcat reproche aux juifs la « cupidité » des vendeurs ! Ca vous rappelle des épisodes de l’histoire ? A moi aussi.

Le Patriarcat latin de Jérusalem ajoute avec un aplomb que seule des médias anti-israéliens tolèreront, « être surpris et consterné par ces révélations, condamne avec grande fermeté un tel acte [de vente] ».

Tout mais pas les juifs monsieur l’évêque Shomali ?

Dreuz info est un site chrétien et pro-israélien. Lorsqu’un juif, par son comportement ou ses propos, offense les chrétiens, Dreuz le dénonce. Symétriquement, lorsqu’un chrétien, par son comportement ou ses propos, offense les juifs, Dreuz est encore là pour le pointer d’un doigt accusateur.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) Timesofisrael.com

(2) Moskowitz Foundation.org

(3) Fides

(4) dacb.org

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