Publié par Eduardo Mackenzie le 17 juillet 2015

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Par Eduardo Mackenzie*

Les négociations de paix du président Santos avec les FARC doivent être regardées sous un angle nouveau : la dévastation semée par les FARC avec leurs attentats terroristes dans les couches les plus pauvres de la population est le résultat de l’impunité préventive que cette négociation a donné aux narcoterroristes.

Santos et les Farc ont réussi à estomper presque toute possibilité de critique et d’évaluation raisonnable de ces conversations. Tel est le point clé du «processus de paix».

Les FARC sont en train d’asséner des coups terribles à la Colombie, à la population, aux plus pauvres, à la nature, à l’économie, aux institutions, à l’intelligentsia, au journalisme, à la justice et, surtout, à la force publique, dans le terrain militaire et judiciaire.

Cependant, les Colombiens n’arrivent pas à réaliser que ce mal global ne vient pas seulement de la barbarie des FARC mais aussi du processus de paix lui-même, qui, dès le premier jour, a garanti l’immunité aux agresseurs. Ces garanties ont augmenté à mesure que les violences de la narco guérilla augmentaient. Et à chaque fois qu’est perpétré un nouvel attentat, le mécanisme psychologique de l’espérance, de l’espoir en un «règlement pacifique du conflit », annule les efforts visant à freiner la terreur.

Cette dynamique absurde contribue à la réussite de la stratégie de la subversion castriste du continent. On le voit dans l’incapacité des forces de défense de la Colombie à freiner le sursaut criminel des FARC et de l’ELN de ces derniers mois. Dès le début, cette dynamique a reçu l’approbation du gouvernement de Juan Manuel Santos, contribuant ainsi à transformer les FARC, une organisation armée dévertébrée et acculée, en une organisation arrogante, ambitieuse et entourée d’un soutien international certain.

Par contre, qui tient à se solidariser avec la Colombie ? Personne.

Qui demande à lutter efficacement contre le terrorisme ? Personne.

Qui exige que la démocratie ne soit pas démantelée ? Personne.

Qui a osé demander que les chefs des FARC soient jugés pour leurs crimes ? Personne.

Qui dénonce les attaques des FARC portées contre les brigades qui essayent de stopper la progression de la nappe géante de pétrole vers l’océan Pacifique ? Qui est choqué par la démolition de 50 pylônes électriques ? Personne.

Même le pape François, qui vient de publier l’encyclique Laudato Si, où il parle de « conversion écologique » et d’«attention particulière aux pauvres ». Le Vatican n’a pas dit un seul mot au sujet des nouveaux crimes des FARC contre l’écologie. De quoi nous faire redouter que, comme tous les autres, le pape applaudirait ce que ses conseillers lui montrent comme « un processus de paix ».

[quote]La tuerie des civils, des militaires et des policiers, les mines antipersonnel, la destruction des hélicoptères et le déversement massif de pétrole au sud du pays n’ont pas ému Manuel Valls, lors de sa récente visite à Bogota[/quote]

Qu’est-ce que le Premier ministre français, Manuel Valls, a déclaré lors de sa récente visite à Bogota ? Que tout va bien. Car les «négociations de paix vont bien ». La tuerie des civils, des militaires et des policiers, les mines antipersonnel, la destruction des hélicoptères et le déversement massif de pétrole au sud du pays ne l’ont pas ému.

Que disait-il quelques heures à peine après la destruction du poste de police d’El Mango ? Que les entreprises françaises doivent continuer à investir car le président Santos lui avait dit que la Colombie était sur le point de signer un «accord sur les victimes et sur la vérité.

Qu’a dit le premier ministre français sur l’action de la justice vis-à-vis des terroristes en Colombie alors qu’au même moment il lutte contre le terrorisme islamique en France ? Rien.

Santos a évacué ce point avec une phrase sibylline : « C’est en suspens ».

Ainsi, la barbarie peut continuer sa tâche de déprédation en Colombie sous les applaudissements des autres.

[quote]La Colombie vit dans un climat de peur, de méfiance, de colère enfouie[/quote]

Ces quatre années d’obscurs contacts à La Havane ont été du temps perdu pour la Colombie. Depuis quatre ans, tout est provisoire et incertain. Tout est en suspens. Car tout dépend de ce que les FARC imposeront à Santos depuis Cuba.

La Colombie vit dans un climat de peur, de méfiance, de colère enfouie. L’avenir est opaque. Si les FARC signent un document qui sera présenté comme un « accord de paix », l’Etat colombien se consacrera à défendre les FARC, a expliqué, sans rougir, Luis Carlos Villegas, le nouveau ministre de la Défense de Colombie : «La sécurité des FARC doit être un engagement national. » Juan Carlos Pinzon, l’ancien ministre de la Défense, avait dit le contraire au moment de quitter ses fonctions : « Les forces armées continueront de protéger les Colombiens ». Où va la Colombie ?

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Comme pour achever la démoralisation du pays et, surtout, celle des militaires et des policiers, Luis Carlos Villegas a déclaré que le gouvernement ne peut pas vaincre les FARC et que, par conséquent, la solution doit être politique (comprendre : par la voie de la négociation du profil constitutionnel du pays).

La fausse théorie de «l’invincibilité» des FARC, inventée de toute pièce par alias Tirofijo, et démentie militairement par les forces armées entre 2002 et 2010, est à présent le credo du ministre Villegas. Et pas seulement de lui. Il y a quelques mois, le Conseil d’Etat choquait le pays en disant que les FARC ne sont pas un mouvement terroriste. La situation est donc monstrueuse et sans précédent : jamais la Colombie n’avait eu un bloc de pouvoir aussi étrange, qui joue cyniquement avec les équilibres stratégiques de la Colombie et avec les rêves de paix des Colombiens.

Santos donne l’impression d’être convaincu qu’il n’y a pas de danger car tout est hypothétique jusqu’à ce qu’on parvienne à un accord final. A chaque nouvelle atrocité perpétrée par les FARC, Santos ressort son refrain conformiste : «Nous devons accélérer le processus de paix. » Et ce qu’il obtient est de banaliser l’agression narcoterroriste, sans que lui, ni aucun autre responsable politique, veuillent tenir compte des morts, des blessés et des mutilés engendrés par ce scénario. Ainsi va la Colombie. Tous les sondages montrent que l’opinion publique est fatiguée de ce jeu macabre.

[quote style=”boxed” float=”left”]Santos est celui qui a lancé la Colombie dans l’aventure de céder devant les FARC. Toutefois, le rythme et le contenu de ce processus lui a échappé des mains[/quote]

Santos est celui qui a lancé la Colombie dans l’aventure de céder devant les FARC. Toutefois, le rythme et le contenu de ce processus lui a échappé des mains. Avec leurs coups violents, les FARC lui ont imposé ce qu’elles veulent, en particulier un système scandaleux d’impunité générale pour leurs chefs et un programme collectiviste.

Ce qui reste inexplicable, c’est que tout cela se passe dans une situation relativement défavorable, car l’utopie révolutionnaire est épuisée en Colombie. La preuve : le programme des FARC est rejeté par 99,9% des Colombiens. Les FARC ont le soutien uniquement des dictatures du continent, et non pas des Colombiens. Qui plus est, la faible acceptation du processus de paix est due davantage au fait que l’opinion veut la fin de la violence, et pas parce qu’elle sympathise avec les idées toxiques des FARC-ELN. L’utopie révolutionnaire a vécu en Amérique latine : devant sa faillite, Cuba accepte d’ouvrir des négociations avec les Etats-Unis ; la dictature de Maduro est dans ses dernières convulsions ; en Equateur les gens se dressent contre la tyrannie de Rafael Correa. La secte du Forum de Sao Paulo est en difficulté. Donc, les FARC font appel uniquement à ce qu’elles savent faire : le crime et l’ultra-violence.

Le temps joue contre elles.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Eduardo Mackenzie pour Dreuz.info.

*Eduardo Mackenzie est journaliste. Il est l’auteur de Les FARC ou l’échec d’un communisme de combat (Publiboock, Paris, 2005, 589 pages).

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