Publié par Jean-Patrick Grumberg le 4 juillet 2015

NAI ou OXI (oui ou non) : la majorité des Grecs n’a pas le commencement d’idée de ce pour quoi ils vont vraiment voter, demain dimanche 5 juillet.

Ah c’est beau la démocratie directe, les référendums, où l’avis de la population, directement concernée par les décisions prises, est sollicité !

Je ricane mais ne me comprenez pas de travers : j’approuve tout procédé qui retire des mains d’une élite qui est loin d’avoir fait ses preuves la concentration des pouvoirs.

Mais il serait malhonnête de cacher que dans le cas présent, les Grecs n’ont pas capacité à décider ce qui pourrait entrainer toute l’Europe : le vote vaudra peau de balle.

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La question posée :

« Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l’Eurogroupe du 25 juin, qui est composé de deux parties: Réformes pour l’achèvement du programme en cours et au-delà et analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette ? ».

L’électeur aura le choix entre deux cases à cocher: « N’est pas accepté/NON »et « Accepté/OUI »

Bien malin celui qui peut répondre : on n’y comprend goutte. Vous ne pouvez pas. Je ne peux pas. Ils ne pourront pas.

Le premier ministre Alexis Tsipras encourage les Grecs à voter non. Sa conviction est si forte qu’il sait que le oui le fera sauter, lui et son gouvernement.

La gauche internationale communiste en est tétanisée. Que le dirigeant d’extrême gauche puisse encourager à voter contre l’Europe, c’est un peu comme si les communistes se mettaient à approuver la religion pour s’allier aux islamistes – je retire : mauvaise comparaison.

Les dirigeants européens ont été scandalisés qu’un responsable européen ose demander l’avis du peuple : ce n’est pas prévu dans l’idée européenne. L’Europe est supposée fonctionner à marche forcée. Tout est fait pour que le peuple n’ait pas son mot à dire. Et il n’a pas son mot à dire.

Guy Millière l’a récemment encore clairement expliqué, la Grèce a adopté l’euro en juin 2000 sur la base de chiffres truqués qui masquaient un déficit supérieur de 0.7 à 1% au critère de 3% admis.

La crise économique de la Grèce a explosé au grand jour fin 2009, et il fut révélé peu de temps après que le gouvernement avait demandé à Goldman Sachs, JPMorgan Chase et plusieurs autres banques internationales de dissimuler l’endettement derrière des dérivatifs financiers que l’Eurostat ne prenait pas en compte à l’époque.

Des instruments financiers furent développés qui permettaient au gouvernement grec de cacher son endettement et de continuer à dépenser sans compter, tout en respectant – sur le papier – le déficit autorisé par l’Europe. Ainsi, l’élite grec continua d’enfoncer le pays toujours plus profond dans les dettes.

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Voyant que la Grèce n’avait pas les reins assez solides pour éponger, les financiers internationaux prirent peur.

Le FMI et les pays de l’Eurozone furent contraints de faire un prêt de 45 milliards en 2010, puis un autre, puis encore un autre, pour atteindre 110 milliards d’euros.

En échange, la Grèce devait se serrer la ceinture et réduire ses dépenses. Ce qu’elle ne fit pas.

En 2012, voyant que rien ne fonctionnait, les créanciers firent un nouveau prêt de 130 milliards en échange de plus de réformes et moins de gaspillage.

Pour mémoire, la Grèce produit pour 242 milliards de services et biens par an – essentiellement des services : 85% par le tourisme.

En 2014, la Grèce sortait lentement de l’ornière, et son économie reprenait du rose aux joues. Fin 2014, elle devenait même l’économie à la plus forte croissance de la zone euro.

Trop peu trop tard. Elle n’a pas été capable de rembourser une échéance de 1,5 milliard d’euros qui était dûe mardi dernier au Fond monétaire international.

Comme je ne suis pas grec, que je ne vis pas en Grèce, que je ne parle pas grec, et que je ne vais pas me faire voir chez les Grecs, et que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, je m’abstiendrai de dire si je voterais OXI ou NAI.

Je dirais ceci en revanche et en conclusion : les Grecs vivent beaucoup au noir. L’économie souterraine est énorme. Les touristes arrivent, comme d’habitude, et vont dépenser quelques dizaines de milliards d’euros, et tout le monde n’est pas à plaindre.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de vrais drames : dans certaines régions, l’immobilier a été divisé par 5 et a ruiné des familles entières. Même si 85% du pays vit du tourisme et que les touristes sont là.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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