Publié par Guy Millière le 12 août 2015

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Guy Millière – J’ai déjà noté ici ce qui m’attachait à mes chats. Ils sont, pour moi, une part de ma famille. Ils sont, pour moi, souvent, des exemples de dignité, de courage et de constance.

J’ai, depuis le mois de mars, des difficultés à écrire de façon aussi régulière et soutenue que je le fais depuis des années. Cela tient, ou, plus exactement, cela a tenu jusque voici peu, à ce que la chatte qui était ma plus proche compagne d’écriture depuis treize ans était très malade, atteinte d’un cancer de la bouche, ce qui impliquait de ma part des soins constants. Cela tient, ou plus exactement, cela a tenu jusque voici peu, à ce que lorsque je levais les yeux de mon ordinateur, je trouvais une présence dont je discernais qu’elle allait bientôt s’éteindre.

Ma chatte est décédée, le 6 aout. Quand elle est tombée malade, la médecine ne lui donnait que quelques jours à survivre. Elle a survécu cinq mois.

Je sais que des êtres humains souffrent et meurent chaque jour. Mais pendant treize ans, cette chatte a été là, juste à côté de moi, a accompagné chaque ligne, chaque mot, chaque paragraphe.

L’écriture, surtout celle de livres, est un travail solitaire. Ma chatte faisait que j’étais seul en écrivant, et que je ne l’étais jamais vraiment. Elle savait ne pas me déranger, être silencieuse, être tendre quand elle sentait que c’était nécessaire, être attentive à mes gestes et à mes sentiments. Comme les chiens, les chats ont une aptitude à percevoir les émotions que les êtres humains n’ont pas, ou ont perdu.

Comme nombre des chats dans ma vie, elle venait de la rue, abandonnée. Je lui ai donné une famille. Elle m’a rendu au centuple ce que je lui ai donné. Je veux penser que ce que j’ai écrit depuis treize ans l’a été un peu grâce à elle.

Comme pour nombre de mes chats, je n’ai pas choisi son nom. Mon épouse et ma fille l’ont appelée Titoune. J’ai gardé ce nom.

Je viens de la mettre en terre, avec respect. Avec amour. Mon épouse et ma fille étaient à mon côté.

Je vais faire une pause dans mon écriture. Et puis, je surmonterai l’épreuve.

Je sais que certains de ceux qui me lisent ne comprendront pas, et se diront qu’il y a bien plus important. Je n’en disconviens pas.

Je n’en pense pas moins plus que jamais qu’un être humain ne peut vraiment aimer et respecter les êtres humains s’il n’aime pas et ne respecte pas les animaux.

Je n’en pense pas moins plus que jamais qu’une société où l’on n’aime pas et où l’on ne respecte pas les animaux est une société où l’on ne peut aimer et respecter les êtres humains.

Les deux pays que j’aime le plus au monde, les Etats-Unis et Israël, sont des pays où on aime et respecte les animaux, et où les chats sont respectés.

La perte de Titoune est d’autant plus rude pour moi que j’ai, en deux ans, perdu quatre de mes chats.

Mon père est chez moi, agonisant, avec la maladie d’Alzheimer. La compagnie des chats lui a beaucoup apporté à lui aussi, avant que son esprit s’éteigne.

Il est, parfois, des périodes difficiles. Je le dis à ceux qui me lisent : c’est pour moi une période difficile.

Je ne veux pas douter que je connaitrai des périodes moins difficiles dans le futur proche.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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