Publié par Laurent Brayard le 23 septembre 2015
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Svetlana Kozïr victime civile des bataillons ukrainiens de massacreurs

Des milliers de civils tués, certainement plus de 10 000 en comprenant toutes les victimes tombées dans la zone ukrainienne, celles des répressions et massacres de Kiev dans les différentes villes au moment de l’Euromaïdan, mais aussi au commencement des tueries en Ukraine et dans le Donbass orchestrées par le régime de Porochenko.

Les morts sont une chose, mais il y aussi les blessés, très nombreux parmi les civils, peut-être le double des morts.

Les chiffres donnés sont manipulés, notamment par les régimes qui soutiennent Kiev et les comptages toujours difficiles. Une partie des victimes sont estropiés, ils ont perdu bras, jambes, ou la vue et se retrouvent dans des situations infernales.

La blessure grave, l’amputation, Svetlana Kozïr l’a connu l’an dernier.

C’était le 16 août 2014, dans une offensive terrible menée par les forces ukrainiennes, quand la poussée des bataillons de massacreurs fut bien proche d’enfoncer un coin mortel dans la Novorossia.

L’objectif des Ukrainiens était de couper en deux les deux républiques autoproclamées du Donbass. Dans ce mouvement, les Ukrainiens s’engouffrèrent dans ce qui devait être plus tard le chaudron et la fournaise de Debaltsevo et Gorlovka. Dans leurs progressions, ils rencontrèrent de fortes résistances dans chaque localité.

Le 16 août, ils arrivèrent devant Jdanovka, petite ville au Nord-Est de Donetsk qu’ils emportèrent d’assaut dans un chaos indescriptible. Peuplée d’environ 12 000 habitants avant la guerre, la ville paisible subit un bombardement incohérent qui ne vise pas forcément les forces insurgées mais plutôt les populations civiles.

Svetlana et sa famille, qui habitent un appartement au premier étage d’un petit bâtiment, se réfugient immédiatement à l’intérieur. Alors qu’ils prévoyaient de se protéger avec leurs matelas et quelques meubles, l’obus assassin frappa alors de plein fouet leur logement.

Dans leur maison, c’est le carnage.

Le mari de Svetlana gît tué sur le coup dans les décombres avec son petit garçon à peine âgé de six ans. Lui aussi est mort. Mais l’obus n’a pas fait que tuer mari et fils : son bras gauche a été arraché par le projectile.

Elle sera sauvée par les secours, qui l’emporteront vers un poste de secours où elle subira l’amputation de son bras mutilé très haut sur l’avant-bras.

La jeune femme nous raconte, presque sans expression, cette scène d’horreur. Elle ne versera pas une larme. A côté d’elle se trouve Sacha (Alexandra), sa plus jeune fille de bientôt 11 ans ayant survécu à l’explosion sans blessure. L’orpheline écoute sa mère avec attention, mais bientôt les désirs de jeu de l’enfant reprennent leurs droits.

Elena Pavlenko, jeune députée du Conseil de Donetsk
Elena Pavlenko, jeune députée du Conseil de Donetsk

A leur rencontre sont venus notre équipe de tournage de Novorossia.TV mais aussi Elena Pavlenko, une jeune députée du Conseil de Donetsk.

La jeune politicienne enserre à plus reprise la jeune enfant. Sur les lieux du drame, les deux survivantes resteront d’un courage rare et exemplaire.

Je ne sais pas, au récit des événements de cette tuerie, s’ils avaient touché les miens, si j’aurais pu rester stoïque. Il est toutefois certain qu’à l’intérieur, le désarroi et une profonde tristesse habitent son âme.

Elena est venue à leur rencontre car elle organise avec d’autres responsables de Donetsk et avec un important financement d’un donateur allemand (25 000 euros) des vacances pour les enfants du Donbass.

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Ce n’est pas le premier voyage. D’autres enfants, grâce à l’aide d’activistes slovaques, ont déjà été conduits en colonie de vacances en Crimée.

Pour son départ, Elena est venue régler elle-même chez un notaire les papiers nécessaires pour le départ de la toute jeune fille. En mon nom personnel et sur les fonds collectés auprès de centaines de gens que j’ai rencontré entre mai et juillet dernier, je remets à sa maman la somme de 5 000 roubles. Je m’excuse presque de la modeste somme, mais les regards de Svetlana sont brillants.

J’apprendrai bientôt qu’il s’agit pour elle de 2,5 fois sa pension d’invalidité pour un mois…

C’est le cœur à la fois léger et lourd que nous repartirons d’ici. J’aurais eu le temps d’interroger Sacha et de lui confier aussi l’un des christs que je portais au cou, une croix en argent orthodoxe cerclée de petits rubis, « que Dieu te garde Sacha ». C’est la première fois de sa vie qu’elle part en vacances aussi loin, elle sera avec d’autres enfants, certains de ses amis. Trois semaines de bonheur, pour une orpheline, quel cadeau infime pour elle qui a perdu son père.

C’est égal, elle paraît heureuse et s’amuse de la caméra de Vyacheslav, notre cameramen.

[quote]Jamais avec les Ukrainiens, plus jamais ! »[/quote]

Sa mère est très modeste et simple. Timide et intimidée, elle n’ose pas dans sa pudeur étaler son malheur. Admirable femme.

Je la questionne toutefois, évoque l’avenir du pays, de la Novorossia : «c’est égal que nous soyons dans la Russie ou indépendants, ce sera bien, mais jamais avec les Ukrainiens, plus jamais ! ». Elle n’ajoutera aucune autre parole, cette femme digne, honnête et émouvante, durant les heures que nous passerons avec elle. Elle ne prononcera aucune parole de haine envers les Ukrainiens, aucune invective, aucun reproche, seulement l’impossibilité de vivre avec ceux qui ont tué son petit garçon et son mari.

Continuera-t-on à les tuer pour avoir choisi de reprendre leur liberté et indépendance ?

Et nous en France continuera-t-on à verser de l’argent pour financer les obus qui les tueront ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Laurent Brayard pour Dreuz.info.

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