Guy Millière – Il est une expression que je vois de moins en moins dans les journaux et magazines en Europe : monde libre. Cette expression est toujours employée aux Etats-Unis.
Elle a une signification : elle désigne les pays dans lesquels la liberté d’entreprendre, de parler, de choisir, de voir respectés ses droits de propriété prévaut et se trouve garantie par des institutions reposant sur le droit naturel des êtres humains. Elle n’est plus guère employée en Europe parce que la liberté, sous tous les aspects que je viens d’énoncer, y disparaît. Elle est toujours employée aux Etats-Unis, parce que la liberté, sous tous les aspects que je viens d’énoncer, y survit et reste chère à une large part de la population.
Je songeais à tout cela en regardant le deuxième débat entre candidats républicains à la présidence, diffusé sur CNN mercredi soir.
[quote]Ce à quoi j’assistais ne pourrait pas exister dans la plupart des pays d’Europe[/quote]
Quinze personnes (quatre, plus onze), toutes de qualité, ont été invitées à parler, échanger, énoncer leurs propositions, se confronter les unes aux autres, et en les écoutant, il m’est apparu que ce à quoi j’assistais ne pourrait pas exister dans la plupart des pays d’Europe.
Quel que soit le sujet abordé, et sans qu’aucun candidat ait besoin d’insister sur ce point, il était clair que la liberté, sous tous les aspects que j’énonce ici, était un fondement et un principe directeur, et que ce qui était en jeu était la survie du monde libre. Il était clair aussi, lorsqu’il s’agissait des démocrates, d’Obama, de Hillary Clinton, que le reproche majeur qui leur était adressé était qu’ils ébranlent gravement la liberté, et le monde libre.
Dans un débat tenu en France, comme dans un débat tenu dans d’autres pays d’Europe, il n’y a plus guère de fondement et de principe directeur. Plus personne ou presque ne parle de la liberté sous tous les aspects que j’énonce ici, et du monde libre. Cela explique à mes yeux pourquoi l’Europe va si mal, et si ce n’est pas la seule explication, c’est une explication essentielle.
Cela explique pourquoi je prête une vive attention aux débats aux Etats-Unis.
Je pense que s’il reste de la liberté, et s’il reste, un tant soit peu un monde libre, c’est parce que les Etats-Unis sont ce qu’ils sont.
Je pense que les Républicains ont la responsabilité de défendre la liberté, la survie des Etats-Unis en tant que pays de liberté, et le monde libre. Et je pense que les Républicains ont raison : les démocrates, Obama, Hillary Clinton représentent un danger absolu (que, pour la première fois dans l’histoire du pays, un socialiste, Bernie Sanders, remplisse les salles, et qu’Hillary Clinton, qui tiet un discours de plus en plus à gauche et de plus en plus irresponsable, et que, malgré les crimes et mensonges dont elle est accusée reste à un niveau élevé dans les sondages, est très préoccupant). Je pense, cela dit, que les Républicains n’ont pas été à la hauteur de leur responsabilité ces dernières années.
L’élection de novembre 2016, en ce sens, est une élection d’une importance historique, bien davantage encore que l’élection de novembre 2012.
Le candidat ou la candidate, qui affrontera le candidat ou la candidate démocrate, doit impérativement gagner, et être un candidat à la hauteur de la responsabilité qui, le cas échéant, reposera sur lui.
Sous cet angle, le débat diffusé sur CNN a permis de mettre au jour d’une manière un peu plus nette un certain nombre de points.
Le premier concerne, et c’est important pour être élu, le charisme, la force intérieure, le sens du commandement.
Le second concerne la cohérence et la solidité des convictions, la compréhension aussi de ce qui est en jeu.
Sous le premier angle, il est flagrant que certains candidats n’ont pas la carrure requise : c’est le cas, quelles que soient leurs qualités par alleurs, de plus de la moitié de ceux qui sont en course. C’est le cas, entre autres (et je le cite parce qu’il est en deuxième position dans les sondages) de Ben Carson, un grand médecin et un grand homme, mais pas un homme de l’étoffe d’un Président : débit monocorde, tonalité tiède, propos parfois erratiques. C’est le cas aussi de Jeb Bush (l’establishment républicain a vraiment fait un mauvais choix), et c’est, parmi les plus petits candidats, le cas aussi de John Kasich, de Mike Huckabee, de Rand Paul, de Scott Walker, de George Pataki, de Lindsay Graham.
Je m’attends à ce que Ben Carson baisse dans les sondages. Le seul dans cet ensemble à pouvoir rester beaucoup plus longtemps en course sera Jeb Bush, parce qu’il a l’appui de l’establishment du parti. Plus vite ces candidats sortiront de la course, plus vite il sera possible de passer aux choses sérieuses. Ces candidats ont pu se présenter : la grandeur de la démocratie américaine est que n’importe qui peut se présenter, mais une fois la présentation faite, le temps du jugement et du discernement doit venir. J’ajouterai à la liste Bobby Jindal, qui est un homme de conviction, mais n’a pas réussi à convaincre et en est réduit, pour exister, à cracher son venin de manière ridicule et obsessionnelle sur Donald Trump.
Il reste dans ces conditions : Donald Trump, précisément, puis Marco Rubio, Ted Cruz, Carly Fiorina. J’accorde un strapontin à Christie, mais je pense que sa candidature n’a pas décollé : une accolade donnée à Obama en 2012 lui a sans doute été fatale.
[quote]Les candidats qui restent se répartissent en deux groupes : Donald Trump d’une part, les autres d’autre part.[/quote]
Sous le second angle, certains des candidats qui n’ont pas la carrure requise, ont aussi montré leurs limites : Ben Carson a tenu des propos assez irrresponsables concernant le péril islamiste, et proches de l’isolationnisme qui caractérise Rand Paul, lui, clairement isolationniste (les libertariens n’ont jamais rien compris à l’existence du mal), John Kasich a montré qu’il avait des positions molles et socialisantes, proches de celles que la base républicaine ne supporte plus, Scott Walker a semblé mal assuré, Jeb Bush aussi, quand bien même il a défendu la politique étrangère de son frère. Passons sur les autres. Les candidats qui restent se répartissent en deux groupes : Donald Trump d’une part, les autres d’autre part.
Christie, Rubio, Cruz, Fiorina, montrent une connaissance des dossiers, cohérence, solidité, compréhension. Trump, lui, peut se montrer flou, et imprécis. Il ne semble pas toujours comprendre toute la complexité du Proche-Orient, ou le jeu de Poutine. Il lui faudrait d’urgence s’entouter de conseillers compétents en géopolitique pour remédier à ses lacunes. On pourra me dire que s’il est élu, il s’entourera bien. Le problème est que s’il ne s’entoure pas bien dans les semaines qui viennent, il risque fort de ne pas être élu.
[box type=”info” icon=”none”]
Promotion été 2015 :
Abonnez-vous pour 3 € par mois
et participez aux commentaires
[/box]
Dans ces conditions, Christie étant loin derrière, il reste Rubio, Cruz, Fiorina.
Trump peut se rattraper, mais il a montré ses points faibles, et cela peut lui coûter beaucoup.
L’establishment républicain ne l’aime pas, et pensait qu’il pouvait tomber en raison de ses faiblesses. A lui de montrer que l’establishment républicain avait tort. L’establishment républicain voulait se mobiliser contre lui : il serait navrant que l’establishment républicain n’ait pas même à se mobiliser pour parvenir à ses fins. J’ai dit ici que seul Trump pouvait faire tomber Trump : je persiste et je signe. Si Trump tombe, cela viendra de Trump.
Pur l’heure, Trump reste en tête dans les sondages, Carly Fiorina monte fortement, Rubio et Cruz montent un peu.
Rien n’est joué. Je ne doute pas que les semaines à venir seront passionnantes. Je doute que les médias français en parlent.
[quote]Les débats entre Républicains sont incompréhensibles pour ceux, en France, qui seraient chargés de les commenter[/quote]
En France, comme dans d’autres pays d’Europe, il n’y a plus guère de fondement et de principe directeur, non. Les débats entre Républicains sont dès lors incompréhensibles pour ceux, en France et dans d’autres pays d’Europe, qui seraient chargés de les commenter.
J’ai entendu, sur une chaîne de télévision française, tous les candidats républicains définis comme fascistes. George Orwell ne le savait pas en son temps, mais en parlant de la novlangue, il définissait le langage journalistique français et européen au début du vingt-et-unième siècle : la liberté, c’est le fascisme, et, sans doute, que le fascisme est la liberté. A un certain degré de n’importe quoi, je change vite de chaîne.
Je devrais, je sais, faire preuve de compassion : voir arriver en tête des sondages, chez les « fascistes », un homme d’affaires, une femme d’affaires, un grand médecin noir d’origine modeste, et deux fils d’immigrés cubains, eux aussi d’origine modeste, il y a de quoi en perdre ses repères lorsqu’on regarde les choses depuis ce côté de l’Atlantique.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
Le titre d’un reportage récent de BFM TV: “Les outrances de Donald Trump”
La seule émission que je regarde maintenant sur la télévision française: “Top Gear” (une émission de la BBC) ! 🙂
Tout le reste n’est que propagande….
Et d’autres émissions venant des USA sur RMC découverte, canal 24, sympa à regarder.
J’aime bien aussi. 🙂 Profitez en bien parce que que Jeremy Clarkson n’était pas assez politiquement correcte, la BBC l’a viré et du coup ils arrêtent Top Gear.
Oui Greg, je comprends maintenant pourquoi j’aime son émission.
C’est un présentateur libre….. :-))
Et voilà, on l’a viré !
Il faut se faire une raison, les hommes libres ne passent pas à la télé.
DJ
Lisez celà , mais depuis quelques heures le site n’est plus obtenable en gratuit
http://actu.orange.fr/societe/etats-unis-donald-trump-au-coeur-d-une-nouvelle-controverse-sur-les-musulmans-lexpress_CNT000000e0VdJ.html
Les francais ont toujours eu tendance a detruire ce qu’ils ne comprennent pas… Mon pere un soldat US qui est reste en France apres la guerre parce que sa femme ne voulait pas partir aux States s’est fait tabasser par des cgt-istes parce qu’il (mon pere) travaillait trop dur. C’etait l’epoque ou dans les mines de fer, les wagons etaient charges a la main et les mineurs ete payes au wagon.
http://www.bfmtv.com/international/grand-angle-etats-unis-les-outrances-de-donald-trump-915459.html
Article archivé M. Millière, et grand merci à vous.
C’est un plaisir de vous lire, M. Millière, merci.
J’ai voulu vous afficher sur mon mur FB, mais j’ai vu arriver le visage de Macron en illustration, et malgré ce qu’il a dit aux élèves israéliens – qu’ils n’avaient pas intérêt à revenir en France, vu l’état de celle-ci, non publié en France, sauf sur Dreuz –
je n’avais pas envie de l’afficher. Depuis qq semaines, j’ai vu fréquemment proposée une illustration discordante de l’article pour FB. Le webmestre de Dreuz pourrait-il avoir l’obligeance de s’en occuper ? Merci…
Et chana tova !
Trump s est fait magnifiquement remettre à sa place par Carly Fiorina.
Ce type ne respecte absolument pas la fonction suprême a laquelle il prétend avec ses attaques indignes au dessous de la ceinture, contre les journalistes, y compris du camp républicain, contre ses adversaires, contre les femmes en général.
De plus, même si le doute sur la religion d Obama est fort (pour de nombreux juifs américains de ma connaissance, y compris démocrates, c est une certitude), il aurait dû remettre à sa place le type qui l a affirmé en plein débat en précisant au moins que ce sont des rumeurs. Un président des États Unis ne doit accorder aucune foi aux rumeurs, c est une question de respect du droit, pilier de l Amérique qu il est censé incarner. Un peu d honnêteté intellectuelle : c est du même ordre que si un candidat démocrate très à gauche n avait pas remis à sa place un type qui parlait de complot sur le 9 11.
J espère que les électeurs vont le mettre à la poubelle, là où est sa vraie place.
Vu hors des US, j ai l impression qu il y a de la place, vu la gauchisation du camp d en face, pour un candidat “moderate” : ferme sur les questions de liberté, la sécurité et la politique étrangère, libéral en économie, et souple sur les questions de société, y compris l immigration mexicaine (qui, selon moi, et malgré les problèmes à court terme, peut être le salut de l Amérique à long terme, car immigration de chrétiens et non de musulmans).
Est-ce que vous avez lu l’article de Mr Milliere, surtout le passage ou il est dit que le plus grand ennemi de Trump est Trump lui-meme et qu’il devrait s’entourer de conseilles? Misere et dire que le francais n’est pas ma premiere langue.
PS; j’ai un clavier qwerty et donc ni accent ni cedille.. desole
Oui je l ai lu et je suis ravie de ce bémol
Son comportement lamentable montre que ce type ne respecte absolument pas la fonction. Présidentielle,. Il croit en Donald Trump et en lui seul. J espère que les américains, après avoir été dupés d Obama et de ses promesses messianiques, ne seront pas dupes de Trump et des siennes. “Avec moi l Amérique sera de nouveau grande” me rappelle beaucoup le “après moi les océans commenceront a baisser” d Obama …
ALLY: Intéressant que vous parliez de la « fonction suprême » présidentielle, alors même que l’on se tartine un président impérial qui bafoue sa fonction depuis 7 ans. Devrais-je vous rappeler en quoi ses actions ont bafoué le respect de cette « fonction suprême » ?
De plus, ce n’est pas le devoir d’un candidat présidentiel de défendre le président ! Un président qui par ailleurs ne s’est jamais senti obligé de corriger les absurdités émises à l’encontre de GW Bush – pire encore – il a souvent été l’auteur de ces accusations erronées.
L’individu dont vous parlez a accusé les musulmans d’être un problème (danger) pour l’Amérique, il a également accusé le président d’être lui-même musulman, et d’être né a l’étranger. Sur ces trois points, deux (au moins) sont correctes.
Il n’a fait qu’émettre ce que de nombreux américains pensent tout bas – ce qui est l’un des attraits principal de Donald Trump.
Ben Carson (autre candidat présidentiel) vient d’annoncer qu’un musulman ne devrait pas être président, car la religion musulmane est incompatible avec la constitution américaine. 60% des américains sont d’accord avec lui.
I concur.
Sauf erreur de ma part, ce qui est place au dessus du président et de l État aux us c est le droit. Or, à ma connaissance, il n est pas juridiquement établi qu Obama a menti sur son lieu de naissance ou sur sa religion. Ce ne sont que des rumeurs, peu importe qu elles soient fondées ou non. Relisez ce que j ai écris plus haut.
Celui qui aspire à être président doit respecter le droit sinon il n est pas digne de la fonction.
En rappelant que ce ne sont que des rumeurs, il aurait témoigne d un grand respect pour le droit, pas pour Obama …
De même, en quoi les insultes et les commentaires désobligeants sur le physique de Carly Fiorina, la féminité de megyn Kelly, la foi de Ben Carson, ou à l encontre de l épouse de Jeb Bush, ou sur l héroïsme de John McCain sont ils compatibles avec la dignité de la fonction présidentielle ?
L Amérique s est choisie depuis 7 ans un homme qui ne respecte ni droit ni fonction présidentielle. Nous sommes tous d accord là dessus. La question est : veut elle en prendre pour 8 ans de plus !
Concernant l islam, la position de Trump sur l immigration mexicaine, a même de submerger l islam aux us, est incompréhensible.
ALLY: Que l’islamisme et le lieu de naissance d’obama soient juridiquement établit ou non, Trump a le droit indéniable a la libre expression. Il a le droit d’accuser obama d’être homosexuel ou musulman ou etranger sans offenser « le droit » aucunement. Reportez-vous au 1er amendement de la Constitution. De plus ce n’est pas Trump qui accusa le président d’être muslim, mais un membre de l’audience.
En ce qui concerne la religion du président, un fils de musulman est automatiquement musulman jusqu’à sa majorité, âge auquel il choisit de le rester ou non. Les américains suspectent qu’obama l’est encore pour de nombreuses raisons trop longues a expliquer, mais une chose est certaine, c’est un homme peu imprégné de culture américaine, après avoir grandi en Indonésie et à Hawaii.
Les Indonesiens sont musulmans, et les hawaiiens n’ont rejoint l’union qu’en 1950, et leur identité est principalement « Hawaïenne ». Ils se considèrent culturellement étrangers au continent américain, d’ailleurs une tranche de la population revendique sa souveraineté http://hookele.com/non-hawaiians/chapter8.html et une autre tranche importante est asiatique. C’est un état peu intégré et peu représentatif de l’identité américaine. Il est donc normal qu’obama soit considéré comme étranger à l’Amérique, un pays pour lequel il exprime peu de respect et peu d’amour.
Trump défi les journalistes et l’establishment démocrate et républicain, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Nous avions besoin d’une « brute » pour ébranler le statuquo, il est fort possible qu’il ne restera pas à la cote très longtemps puisqu’il est tombé dans les sondages depuis le dernier débat.
Trump a été choisi non pas par la nomenclature, mais par le peuple – et c’est ça si je ne me TRUMP… la démocratie !
(Personnellement je prefere et de loin Ted Cruz.)