Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 septembre 2015

Hillary Clinton Campaigns In New Hampshire

Hillary Clinton, la candidate attendue pour représenter le parti démocrate, et qui était donnée gagnante à la présidentielle américaine de 2016, s’écroule dans les sondages.

L’explication tient en un mot : email.

Ses emails, y compris des emails top secret du Département d’Etat et d’autres administrations, ont été laissés à la merci de hackers sur le serveur privé qu’elle a fait illégalement installer, parce qu’elle voulait entourer son activité publique d’une opacité totale et empêcher les américains de savoir comment elle occupait ses fonctions.

Ses insolents mensonges pour couvrir ses actes et sa catastrophique gestion dédaigneuse du dossier ont fait le reste.

Bernie Sanders, le candidat socialiste auto-déclaré, qui n’est même pas membre du parti démocrate, et n’a aucune chance d’être élu (il est à peu près le seul à y croire), est largement devant elle dans les deux Etats qui doivent choisir le candidat qui représentera le parti démocrate à l’élection présidentielle. Il la dépasse de 22 points dans le New Hampshire, par 52% contre 30, et de 10 points dans l’Iowa, à 43% contre 33, selon le dernier sondage CBS/YouGov. Si les électeurs confirment, elle est out.

Arriérés, les républicains ?

Le parti républicain présente 15 candidats déclarés, les démocrates 2. Doit-on en déduire que ces derniers manquent de personnel politique de la stature d’un futur président, ou que Barack Obama a fait le vide autour de lui ? Le débat est ouvert, mais il ne plaide pas en faveur des démocrates.

Les poids lourds du parti démocrate et les riches donateurs sont très nerveux : si Hillary Clinton fait l’objet de poursuites pénales, ils n’ont pas de candidat de rechange, le vice président Joe Biden étant très hésitant en raison des terribles drames familiaux que Robinette (c’est son second prénom) a traversé : il a perdu sa première femme et leur fille dans un accident de voiture en 1972, puis son fils ainé, Beau, d’un cancer du cerveau le 30 mai dernier)

Le scandale des emails en cache un autre

Les démocrates, après avoir nié en vain la faute grave de Clinton dans sa gestion irresponsable d’email classés secret défense, après l’avoir minimisée sans succès, en sont réduits à affirmer qu’il s’agit d’une chasse aux sorcières.

Je pense qu’ils ont raison. Cela a commencé comme une banale chasse aux sorcières politique dès que le scandale a été connu.

Mais il englobe un scandale bien plus grand : l’attentat du 11 septembre 2012 contre l’ambassade des Etats Unis de Benghazi qui a fait 4 morts, dont l’ambassadeur Stevens, cache peut-être une mauvaise gestion de crise de la part du Secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton.

Tout a commencé comme une chasse aux sorcières, mais exactement la même chasse a été menée par les démocrates contre le gouverneur du New Jersey Chris Christie, à propos de la fermeture par malveillance d’un file de circulation sur le pont George Washington, dont les médias ont fabriqué de toutes pièces un scandale national, pendant des semaines, et qui est retombé comme un flop lorsqu’une commission d’enquête a innocenté le gouverneur.

La faute

Hillary Clinton, alors qu’elle était Secrétaire d’Etat, a fait héberger chez elle son serveur de mail officiel, en contravention avec le règlement de sécurité du Département d’Etat, mettant à la portée des hackers de pays hostiles des informations classées.

Pour cacher la vérité, qui a fini par la rattraper, elle n’a pas hésité à mentir au point que menteuse et malhonnête, sont les mots qui viennent le plus souvent à l’esprit des américains pour la désigner, d’après le sondage Quinnipiac paru fin août dernier.

Désormais, l’affaire a pris une dimension criminelle, elle est entre les mains du FBI, qui s’est fait remettre le serveur au disque dur soi-disant totalement nettoyé, mais sur lequel la totalité des emails semble pouvoir être reconstituée.

N’importe qui d’autre qu’Hillary Clinton serait certaine, pour les mêmes fautes, de passer quelques années en prison. Une autre personne, le général David Petraeus, ex directeur de la CIA, a écopé de 2 ans de prison avec sursis en novembre 2012 pour une affaire similaire mais moins grave : par négligeance, une journaliste, sa maîtresse, a pu accéder à des informations confidentielles concernant la sécurité intérieure du pays.

Hillary Clinton a enfreint plusieurs articles de la loi en demandant à une société informatique d’installer un serveur privé pour tous ses comptes emails, personnel et officiel, alors qu’ils doivent être hébergés et encryptés par le Département d’Etat pour des raisons de sécurité évidentes.

Clinton a juré devant une commission du Congrès qu’aucun email classé top secret n’avait transité par ce serveur. Elle mentait.

Le Département d’Etat et le FBI ont démontré que pour l’instant, au moins 4 emails secret défense, dont certains contenant des données sur les satellites américains espions qui surveillent les installations nucléaires nord coréennes, étaient passés par ce serveur.

Elle a affirmé avoir effacé tous ses emails personnels et remis les autres au Département d’Etat. Elle mentait encore.

La commission d’enquête sur le dossier Benghazi a montré qu’aucun des 30 000 emails qu’elle a remis aux autorités ne concernent les jours précédent et suivant l’attentat, ce qui n’est bien entendu pas possible.

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Pendant plusieurs mois, elle a déclaré que le disque dur de son serveur d’email avait été “nettoyé”, et qu’elle refusait de le remettre à la justice.

Le 15 août, elle acceptait sous les pressions de le remettre au FBI, qui découvrait que le serveur n’avait pas été nettoyé, mais que seuls les emails avaient été effacés.

D’ailleurs… pourquoi a-t-elle effacé tout ce qui se trouvait sur le disque dur de son serveur, si elle n’avait rien à cacher, si rien de compromettant dans l’affaire Benghazi, ou le dossier puant de la fondation Clinton qui a reçu des sommes considérables de pays douteux, ne s’y trouvait ?

Pourquoi Bryan Pagliano, l’ancien employé du Département d’Etat qui a installé son serveur d’email, a-t-il refusé, le 10 septembre dernier, de répondre aux questions du comité d’enquête du Congrès sur Benghazi ?

Pagliano a décidé de se réfugier derrière la protection du 5e amendement, qui stipule qu’on ne peut être contraint de témoigner contre soi-même dans une affaire criminelle. Pourquoi, s’il n’a commis aucun acte qui accuse directement Hillary Clinton, s’est-il placé dans cette position qui l’accuse et va déclencher une enquête criminelle approfondie ?

Lorsque j’évoquais le sujet avec mes amis démocrates début juillet, alors que Clinton était encore largement en tête dans les sondages, certains me disaient que “les politiques sont tous comme ça”, d’autres qu’elle “n’est pas responsable de ces erreurs, car toute son équipe est responsable”. Tous mes amis sont revenus sur leur position.

Etant beaucoup plus informé que mon entourage, je ne m’étais pas rendu compte que le public n’a qu’une connaissance vague et lointaine des sujets, ce qui fait d’eux une proie facile pour des médias militants.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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