Publié par Alain Rubin le 4 novembre 2015

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Dans un article publié en 2014, j’évoquais une soirée de Canal-plus, modifiée de fond en comble pour offrir au téléspectateur trois heures dix de délires et de diffamations destinés à délégitimer la renaissance nationale d’Israël et lui contester tout droit à se défendre, en le faisant passer pour un ignoble et perpétuel agresseur de gens sans défense victimes du vol de leurs terre, du viol et du vol de Leur domaine ancestral.

Le lendemain de cette mémorable soirée, l’émission religieuse de France 2, consacrée aux chrétiens orientaux, posera cette innocente question : quelle langue parlait Jésus ?

Intéressante question, en effet, que de savoir en quoi s’exprimaient Jésus et par là, comment s’exprimait le Peuple dont il était, mais question pas si innocente, on le verra.

Pendant trois-quarts d’heure, deux universitaires, éminents spécialistes des langues orientales, nous parleront de l’araméen, parce que la langue de Jésus aurait précisément été cette langue.

L’araméen pourquoi pas ?

Nos deux « espécialistes » ne nous diront, à aucun moment, si c’était cette langue que Jésus utilisait pour parler à sa mère, à son père et à ses frères, ou si, comme mon fils aîné, c’était seulement sa seconde langue parce que, comme l’anglais, la langue du petit groupe de Sémites du nord-ouest de la Syrie actuelle devint langue d’empire depuis l’Égypte jusqu’aux confins pachtounes de l’actuelle république indienne.

Nos deux universitaires mentionneront bien l’acquisition du statut de langue d’empire, par le dialecte sémite araméen, un parler proche de l’hébreu et du phénicien. Ils nous expliqueront même qu’il deviendra le syriaque, etc. etc.

Que devient l’araméen ?

Quelles traces en trouve-t-on, demanderont nos deux universitaires ?

Ce qui m’a frappé dans leurs explications, c’est la volonté délibérée d’occulter la vie persistante de cette langue, au travers l’existence quotidienne, religieuse et profane, des Juifs.

Que ce soient ceux qui parvinrent à s’accrocher contre vents et marées au pays des aïeux – malgré les conquêtes qu’il eurent à subir, les tueries et les expulsions successives dont ils furent l’objet – ou ceux qui se maintinrent, partout ailleurs, comme Israël en exil (la Diaspora).

Revenons sur Jésus : que savons-nous de la langue « qu’il parlait » ?

L’information des deux universitaires ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà, si l’on a fait le tout petit effort d’ouvrir les quatre évangiles canoniques.

Que nous restituent-elles de l’araméen parlé par Jésus :

« Eloï, Eloï, lama sabachtani », fait dire à Jésus sur la croix l’évangéliste Marc.

Matthieu place les mêmes mots, dans le même ordre, sur les lèvres de Jésus, avec une cependant infime variante : Eloï devient Eli.

« Eli, Eli, lama sabba chtani », lui fait également dire Luc, qui rajoute que des gens qui étaient aux pieds de la croix crurent qu’il invoquait Eli, (le prophète juif), pour qu’il lui vienne en aide.

Entend-on dans la bouche de Jésus d’autres paroles en araméen, en ce judéo-araméen de Judée non encore affublée du nom provenant de celui des Peuples de la mer, les Philistins (Filistine en arabe, Palestine en français) ? Non.

Les quatre évangélistes témoignent contre Mahmoud Abbas

Par contre, les quatre évangélistes témoignent contre Mahmoud Abbas et ses « historiens », qui nous content des histoires à dormir debout en faisant de Jésus un « Shahid palestinien », un résistant et un « martyr » palestinien et de Marie une douce vierge palestinienne.

En effet, Jean nous dit : que l’on a pris le corps de Jésus et qu’on l’a enveloppé de bandes, selon la coutume des Juifs (évangile de Jean 19-40) et, un peu plus avant, que Pilate a fait poser une inscription sur la croix. Pilate, ce méchant agent sioniste a ainsi fait écrire : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs (évangile de Jean 19-19).

Toujours donnant dans sa propagande sioniste, Jean nous apprend, ou veut nous faire croire, dirait l’Autorité palestinienne, le Hamas et le cortège de leurs courtisans : « que Jésus dit : « Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabboni ! C’est à dire Maître ».

On sait ainsi, toujours par l’évangéliste Jean, que Jésus utilisait l’hébreu dans ses relations familiales ou avec ses proches, puisque, selon ce disciple et témoin direct, que c’est en hébreu que Marie s’adressera à Jésus.

Répondit-il en hébreu ou en araméen ? Jean ne nous le dit pas. Mais on apprend ici que la langue de Marie et de Jésus, c’était au moins autant l’hébreu que l’araméen. On sait aussi, par l’Histoire, que seuls les Juifs, en tant que portion du peuple d’Israël (les tribus de Juda et Benjamin), et les autres tribus hébreues parlaient hébreu.

C’était quoi, un « palestinien » parlant hébreu avec ses intimes ?

Posons la question autrement : c’était quoi, ces « palestiniens » parlant hébreu entre eux ?

C’étaient, en tout cas, de bien curieux arabes, – si c’étaient des « Arabes » ; ils portaient déjà le nom d’un pays qui n’existera qu’administrativement, sur le papier et non dans les consciences, qu’après 135 de l’ère actuelle-, voyageurs arabes se déplaçant en remontant dans le temps, faut-il croire.

On sait aussi par Luc, que Pilate fit apposer l’inscription : « celui-ci est le roi des Juifs »

Encore un ultra-sioniste, un individu peu fréquentable appartenant à la bande colonialiste du lobby sioniste, que ce Luc, on en a la preuve, elle est là. Lisons-le :

Luc rajoute, que Jésus « s’écria alors d’une voix forte : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » et, en disant ces paroles, il expira ». (Luc, évangile : 23-46).

L’évangéliste Matthieu, – autre faux-témoin sioniste voulant priver la Palestine et les Palestiniens de leur exclusive légitimité- fait lui aussi apposer par Pilate une pancarte, sur la croix de Jésus, où il est écrit : « celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » (évangile de Matthieu 27-37).

Quant à Marc, il en rajoute, comme s’il avait deviné, il y a deux millénaires, les intentions des « historiens » de l’Autorité palestinienne, celles du Hamas et de leurs comparses de l’I.M.A. (l’Institut du Monde Arabe).

En effet, ne voilà-t-il pas qu’il nous dit, ce bougre de sioniste : « que (des moqueurs ou des sceptiques adressent ces paroles à Jésus) (…) roi d’Israël, descends maintenant de la croix », et que c’est alors que Jésus, dans quelle langue, Marc ne le dit pas, exprime une souffrance : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ». (Évangile de Marc 15-32).

« Jésus de Nazareth, roi des Juifs » (évangile de Marc 19-19) et non pas: Jésus de Nazareth roi des Palestiniens

Marc fait aussi ce témoignage contredisant si fort notre brave Mahmoud Abbas et son ex ennemi-associé (le Calife de Gaza, Haniyyeh) : (Pilate à fait placarder au-dessus de la tête de Jésus) « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » (évangile de Marc 19-19) et non pas: Jésus de Nazareth roi des Palestiniens.

Quatre témoins, quatre évangélistes, quatre faux-témoins, quatre sionistes : tous démentent les prétentions de Mahmoud Abbas et de ses « historiens » palestinisant sans vergogne Jésus, pour nier au Peuple juif toute légitimité territoriale et morale, sur le territoire qu’il s’obstine à ne pas vouloir appeler « Palestine » et sur son centre spirituel et politique, qu’il persiste à désigner comme (Jérusalem) Iroushalaïm ha koddesh.

Madame Debiè, l’une des deux universitaires invités par l’émission des « chrétiens orientaux », nous affirmera, que : “nous ne possédons pas de textes en araméen-palestinien » ; mentant effrontément au téléspectateur elle utilisera, à cette fin, ce que l’on appelle un anachronisme qui lui fera dire, dire, dire encore et encore, et répéter jusqu’à plus soif : Palestine, Palestine, Palestine, Palestine, araméen de Palestine…. à tel point qu’on aurait pu se croire dans une assemblée du Fatah, de l’Autorité palestinienne ou du Hamas.

Question et réponse à cette dame : comment pourrait-on disposer d’un texte de Jésus, dans une langue qui n’existait pas (l’araméo-palestinien) ?

Vous auriez demandé : s’il existait un texte ou des propos de Jésus, relevés par ses disciples, dans le dialecte araméen parlé en Judée, -par Israël en tant que peuple ou par les Grecs de Judée-, votre question eut alors un sens scientifique ; elle aurait eu, une ou plusieurs réponses possibles.

Mais là, -avec votre question-, c’était comme de dire et demander, en 2014 : c’est gênant pour la recherche historique, nous n’avons pas de textes de Jules César ou de Remus et Romulus qui soient écrits en italien, ou aucun texte de Charlemagne écrits en français ou en allemand.

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La Palestine, faut-il encore le rappeler, n’aura d’existence, et seulement comme entité administrative romaine, qu’après 135 de l’ère actuelle.

L’Empereur romain ne donnera à la Palestine une existence nominale qu’en tant que représailles impériales faisant suite à la seconde révolte des Juifs menée par le « Messie » Bar Ko’hba (le fils de l’étoile, en araméen de Judée) ; une révolte écrasée au prix d’une quasi disparition de la gente masculine judéenne (juive), tuée ou massivement déportée dans l’empire pour y subir l’esclavage (ce qui détermina alors les rabbins à changer le critère de transmission de l’hébraité/judéité, le faisant passer du père à la mère).

Cet anachronisme (dire la Palestine) nous a été servi plusieurs fois au cours de l’émission, et de façon répétitive, presque lancinante, psalmodique, comme pour nous faire la leçon, peut-être pour être certain que nous pensions, avec nos deux spécialistes, qu’il existait, en ces temps-là, déjà, un pays appelé Palestine et une population palestinienne dont était Jésus.

Comme traces et comme survivances araméennes de la « langue de Jésus », que serviront nos deux spécialistes ? Rien ! Rien, en dehors de quelques pauvres propos creux, concernant les dialectes araméens maintenus dans la liturgie des chrétiens Assyro-Chaldéens et dans le syriaque de certains des chrétiens orientaux.

Nous n’eûmes droit qu’à une ou deux épigraphies comparées, montrant : que si les locuteurs des araméens pouvaient « peut-être », « mais ce n’est pas certain », se comprendre « par le son de la langue », « et on n’en était pas sûr », ils ne pouvaient pas se lire, selon qu’ils parlaient tel ou tel dialecte de cette lingua franca sans écriture et prononciation communes.

Bref, nous n’avons pas appris grand-chose, et pour cause…

Parce qu’il y avait un gros, un très gros cadavre dans le placard de l’araméen, ou plutôt il y avait manifestement un interdit, un tabou politique n’autorisant pas de parler de l’araméen vivant, ou plutôt des araméens vivants et de leur outil écrit commun.

L’araméen vit toujours…

En effet, ce qu’apparemment ne savaient pas ou ne voulaient pas savoir nos deux savants, directeurs de recherche au CNRS, c’est qu’il existe toujours un araméen écrit et parlé, ou plutôt deux araméens écrits et parlés, à savoir : le judéo-araméen employé dans la rédaction du « talmud yeroushalmi » (talmud de Jérusalem) écrit en Galilée entre -300 et +200 à partir des textes de discussions, d’interprétations et de décisions rassemblés dans la Michna et employant cet hébreu que l’on appelle justement « l’hébreu mishnique », et dans la rédaction du Talmud Babli ou Talmud de Babylone avec l’importante participation intelligente de l’araméen utilisé dans ce centre politique du pays qui plus tard deviendra l’Irak (pays qui se disloque actuellement en ces composants tribaux et religieux -chiisme, sunnisme, « hérésies » sunnites et « hérésies » chiites- depuis la destruction militaire américaine de la dictature baathiste).

L’araméen vit aussi, encore, et pas seulement, dans les milliers de pages de commentaires et de décisions des deux Talmuds.

Il ne vit pas seulement dans le Zohar, fondant la Kabbale lourianique, écrit au 13éme siècle.

Il ne vit pas que dans la Haggadah de Pessa’h, avec la prière « Ha-la’hma anya di-akhalou avhatana be-ara’a demitsraïm. Kol dikhfine yété ve-yekhol, kol ditsrikh yété véyifsakh. Hachata be-akha, ha-chata akha, lechana habaa, be-ar’a de-Israël, ha-chata ‘avdei, le-chana ha-baa, benei horine. ».

En français : voici le pain de misère que mangèrent nos pères au pays d’Égypte. Que celui qui a faim vienne et mange ; que celui qui est dans le besoin vienne et célèbre Pessa’h. A présent nous sommes ici ; l’an prochain, en terre d’Israël. A présent nous sommes esclaves, mais l’an prochain libres.

On le retrouve encore, écrit, lu dans le Kaddish – depuis qu’il y a des Juifs morts auxquels songent leurs fils et d’autres Juifs-, et dit par au moins par dix hommes (un minyan).

On le retrouve, vigoureux, bien vivant, dans les 20 à 25 % de sémitismes (araméismes, hébraïsmes) parsemant le lexique du yiddish, la pittoresque et trop longtemps méprisée langue vernaculaire de 80 % des douze millions de Juifs vivant avant la Shoah ; dans cette langue riche et pleine d’humour, – dans laquelle on a traduit la Bible, Hegel, Shakespeare, Victor Hugo, Marx, Tolstoï et des centaines d’autres auteurs de tous pays vit toujours l’araméen; dans cette langue que la majorité des Juifs pratiquaient à chaque instant de leur existence, l’araméen pouvait être pris pour de l’hébreu, son si proche voisin linguistique, avec le Phénicien et son rejeton le punique (carthaginois qui se poursuit dans les langues des Berbères sahariens).

On pourrait en effet utilement rechercher des cousinages, nous mettant sur la voie de l’araméen, dans l’arabe dialectal de Tunisie, dans les dialectes berbères ayant côtoyé le Punique (la langue carthaginoise d’origine phénicienne).

C’était, dans le yiddish, un araméen encore vigoureux, écrit, lu, parlé. Ce n’était pas qu’un fossile d’araméen réduit à l’usage ponctuel de la synagogue et du seder de Pessa’h. En outre, et c’eut été très certainement un scandale que de le mentionner à la télévision française : l’hébreu moderne doit beaucoup à l’araméen du Talmud de Babylone.

Mais évoquer ainsi le destin de la « langue de Jésus », c’était encore rappeler la fidélité obstinée de la descendance des frères et cousins de Jésus ; frères et cousins par les liens familiaux, frères et cousins par la langue – l’hébreu, le judéo-araméen- frères et cousins par la Loi, que Jésus n’était pas venu abolir… déclara-t-il.

C’était aussi rappeler : le lien vivant, par-delà l’abîme du temps entre Israël, même dispersé, et le tout petit coin de planète auquel toutes les fibres de son être physique et spirituel le rattachaient et le rattachent.

Cela, manifestement, était absolument au-dessus des forces de nos deux spécialistes et, très probablement, hors sujet, du point de vue des recommandations de responsables d’une télévision française devenue un puissant haut-parleur du discours cherchant à délégitimer la vie juive libre sur la terre d’Israël.

Le programme de cette émission sur l’araméen nous ramène par conséquent à cet autre locuteur de ce parler. Je pense ici à Laban, le beau-père de Jacob, dont la tradition talmudique nous dit qu’il ne voulait pas du bien à Jacob/Israël et à toute sa descendance.

On a donc préféré ne nous parler brièvement que d’Edesse, et très succinctement de son araméen langue des églises syriaques et matrice du syriaque, un avatar de l’araméen et langue liturgique dans la région.

Nous eûmes cependant droit, en contre-point, à une courte question non développée : « l’araméen des Juifs était-il celui encore parlé par les communautés chrétiennes d’Edesse » ?

Autre question induite par la précédente : qu’étaient réellement ces Chrétiens d’Edesse, sinon de ces Juifs qui crurent que Jésus était le Messie d’Israël ; des Juifs dont la langue, les langues étaient celles d’Israël ?

L’intimité juive avec l’araméen peut-être positive, de par son rôle dans la résurrection de l’hébreu comme langue vernaculaire de la renaissance nationale sur une portion (30%) du territoire national, positive encore avec sa présence lexicale enrichissante dans le yiddish, marquant intimement la continuité entre les Juifs yiddishophones et leurs ancêtres hébreux dispersés ; elle peut également exprimer un sentiment négatif, une angoisse de la tuerie qui menace en permanence Israël.

N’est-ce pas ce qui fait écrire, dans la Haggadah de Pessa’h : « a oulmad mah bikèsh Laban Ha Harami laassot le-yaakov avinou. ». Ce qui se traduit et s’interprète ainsi : « mon père qui était un Araméen aurait pu se perdre » (Adin Steinsaltz).

La suite du texte haggadique est interprétée, par les « sages d’Israël », comme signifiant que : si Pharaon ne voulait tuer « que » les enfants mâles d’Israël, Laban l’Araméen voulait tout détruire, lorsqu’il est écrit : « Sors et apprend ce que Laban l’Araméen voulait faire à notre père Jacob » (Adin Steinsaltz).

On le voit, l’araméen est un sujet passionnant, rempli d’enseignements, ouvrant des fenêtres sur le passé, mais aussi sur le présent et l’avenir, à condition pour cela, que l’esprit du chercheur soit libre, que sa recherche ne soit pas entravée par des tabous politiciens imposant censure et autocensure.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Alain Rubin pour Dreuz.info.

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