Publié par Olivier Fabre le 13 novembre 2015

Clemenceau-Minc_2

A l’heure des commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale, l’idéologie pacifiste qui prévaut en Europe revisite cette partie de l’histoire pour en tirer des conclusions déconcertantes.

Ainsi, la France serait fautive d’avoir résisté, gagné et demandé réparation.

Allant même jusqu’à désigner la France (et Clemenceau en premier lieu) comme responsable du déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, les élites pacifistes nient la cause principale de ces conflits, l’impérialisme allemand.

Ces mêmes élites accablent la France et les Français d’aujourd’hui de ne pas suffisamment céder aux revendications d’un islam conquérant.

Le but de cet article est de présenter un débat entre Georges Clemenceau, homme de premier plan dans la conduite de la guerre et du traité de paix, et un pacifiste représentatif de l’idéologie dominante.

Alain Minc qui déclare mener un combat contre Georges Clemenceau et son héritage, et qui dans un même temps veut tout faire pour intégrer l’islam à la France, est tout indiqué pour représenter ce courant pacifiste.

Les citations de Georges Clemenceau seront principalement extraites de son dernier livre intitulé « Grandeurs et misère d’une victoire* » dans lequel il a laissé un témoignage passionnant et très détaillé de sa vision du conflit et de l’après-guerre, des grandeurs et des maux de la France de cette époque. Ces citations seront aussi accompagnées de remarques pour répondre à certains problèmes actuels. Bien qu’il soit mêlé de fiction, cet article a été rédigé en tentant d’être le plus cohérent possible avec la pensée de Georges Clemenceau.

Soldat inconnu


Georges Clemenceau
: Grand soldat inconnu de la France, la maîtresse vertu de ton poème est dans l’impersonnalité. C’est le peuple français lui-même, tel que l’a fait l’histoire, qui t’a compris, qui t’a voulu, qui t’a fait ainsi, qui t’a placé au plus haut de lui-même, au plus loin de toutes les vanités.

A l’appel du du soldat inconnu de ce jour, je voudrais échanger quelques signes de confiance avec le soldat inconnu de demain, de toujours, légataire universel de toutes les expériences triomphantes ou frustrées, dont le sort est suspendu aux surprises de l’existence. (1)

De 1871 à 1914, il nous est venu d’Allemagne une série de menaces de guerre au cours desquelles la reine Victoria aussi bien que le Tsar, durent intervenir directement auprès du Kaiser pour le maintien de la paix (2). La catastrophe de 1914 est d’origine allemande. Il n’y a qu’un menteur professionnel pour le nier. (3)

Il faudrait un livre pour parler des traitements indignes infligés aux non-combattants, pour compter les fusillés, les suppliciés, les déportés, les condamnés aux travaux forcés. (4)

Alain Minc : Je mène un vieux combat depuis longtemps contre vous. Le traité de Versailles fut une folie. (5)

G.C :Le Traité de Versailles, tant blâmé par les politiciens qui n’ont pas gagné la guerre n’en a pas moins la gloire, d’avoir conçu, et même partiellement réalisé, des rapports d’équité entre les peuples broyés les uns contre les autres par les successifs débordements de violences historiques (6). Il nous restait pour conquête supérieure le droit des peuples à se gouverner eux-mêmes, fondement de toute civilisation. (7)

A.M. : Clemenceau, vous êtes un imbécile intelligent qui n’avez pas compris qu’imposer une telle diminutio capitis à un pays dont le sol n’avait jamais été envahi, car aucun soldat allié n’a, de fait, franchi la frontière allemande, ne pouvait qu’entraîner à moyen terme un violent coup de balancier de l’Histoire. (5)

G.C. : De 136 milliards de marks or, on est tombé à 22 : soit le sixième du chiffre consenti au Traité de Versailles. (8)

La Ruhr a été évacuée et l’engagement a été pris de ne plus troubler le jeu économique allemand. Aristide Briand a été un artisan de cette trahison. C’était nous lier les mains à jamais et renoncer pour le coup à notre entière indépendance ainsi qu’à l’exercice des droits que nous conférait le Traité de Versailles. (9)

En 1928, la France dépense pour ses forces militaires 6 milliards. L’Allemagne 8. L’Allemagne ne cesse d’armer, la France ne cesse de désarmer. Pour quels résultats ? (10)

La véritable cause du conflit avec l’Allemagne depuis 1870, est le militarisme prussien.

Lisez plutôt la fameuse brochure, Notre avenir, de Bernhardi (général allemand), où il est allégué que l’Allemagne concentre en elle, conformément aux allégations de l’historien Treitschke, le plus haut essor de la suprématie humaine, et se voit condamnée, par sa grandeur même, à absorber tous les peuples en elle, ou à retourner au néant (11).

On parle de se réconcilier avec l’Allemagne : je ne demande pas mieux. Mais le peuple allemand est sans scrupule et le Français n’aime rien tant que d’oublier. Si l’un avance à tout moment, tandis que l’autre s’abandonne aux énervantes joies du recul, les deux personnages se rencontreront de guingois (12). L’Allemagne veut peut être la paix, mais cette sorte de paix effacera les dernières traces de sa défaite. Voilà pourquoi elle se prépare. (13)

Aujourd’hui que la France se trouve face à un islam conquérant, ces mêmes personnages qui ont failli perdre la 1ère Guerre Mondiale, qui ont perdu la paix, qui ont perdu la 2nde Guerre Mondiale proposent toujours aujourd’hui les mêmes recettes de pacifisme pour les mêmes résultats de défaite.

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Georges Clemenceau, le tigre
Georges Clemenceau, le tigre

A.M. : Le problème avec l’islam et les populations récemment immigrées, c’est que nous sommes confrontés en réalité à des difficultés que nous avons pour une part crées à l’intérieur du territoire français.

Notre modèle égalitariste traditionnel n’est plus adapté à la situation actuelle. (14)

G.C. : Le problème avec l’islam aujourd’hui, est comparable à notre confrontation avec l’Allemagne depuis le XIXème siècle.

Le péril est des foules qui s’offrent à la servitude pour que leur soit permis à leur tour de tyranniser les peuples conquis. (15)

Et le dogme islamique établit la servitude de ses adeptes envers leur divinité. Moyennant quoi ils pourront exécuter toutes les actions commandées par leurs instincts les plus primaires sur les peuples conquis ou en voie de l’être. Car d’après le Coran « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes » (Sourate 3 , Verset 110). La terre appartenant à Allah, les seuls hommes légitimes pour l’occuper sont ses fidèles qui pourront utiliser tous les moyens possibles pour se l’approprier dans son intégralité (guerre, vol, esclavage, mensonge…)

A.M. : Il y a, et c’est tout à fait scandaleux, une espèce d’assimilation inconsciente de risque après une action minoritaire terroriste, mais qu’on a aperçu comme être celle d’un islam conquérant. C’est évidemment quelque chose contre lequel nous serons tous d’accord pour dire qu’il faut lutter. (16)

Il faut donner à la communauté musulmane le sentiment qu’elle peut exercer sa religion dans des conditions correctes (17). Pour cela, il faut suspendre la loi de 1905, construire des mosquées avec des imams formés en France et salariés.

«Je voudrais qu’on pratique ce que les Américains appellent la discrimination positive. Le jour où il y aura une bourgeoisie d’origine immigrée… on aura un sentiment beaucoup plus fort d’une intégration heureuse. » (18)

G.C. : Cette Europe dont Aristide Briand est un des pères fondateurs, bâtie sur le pacifisme, avec tous les résultats négatifs qu’il a su montrer en temps de guerre comme en temps de paix, n’est pas apte à relever le défi lancé par l’islam. Les seules propositions que j’entends sont des reculs, des renoncements à notre civilisation sinon une capitulation.

Paix ou guerre, nous sommes au plus fort d’une lutte implacable de dominations. Malheur aux faibles ! Détournez-vous des endormeurs ! (19)

A.M. : La loi de 1905 est devenue aujourd’hui le support d’une laïcité combative pleine d’arrière-pensées.

Vous préférez des mosquées construites par la république ou des mosquées construites par les salafistes ? Vous préférez des imams formés dans des instituts contrôlés par la République ou des imams formés par on ne sait trop qui prêchant on ne sait quelle parole ambiguë ? (18)

Pour nous préserver de l’islam radical, vous nous proposez une république islamisée

G.C. : En somme, pour nous préserver de l’islam radical, vous nous proposez une république islamisée sinon islamique ? Ni la France, ni la République ne sont habilitées ou qualifiées pour représenter une autorité islamique reconnue. L’institutionnalisation de l’islam reviendrait à islamiser la France et la République plutôt qu’à franciser l’islam.

De plus votre projet contrevient aux principes fondamentaux de notre pays que sont la laïcité, le droit au mérite (attaqué par la discrimination fut-elle qualifiée de positive) et l’égalité.

Comme vous l’avez déclaré, ces nouvelles et nombreuses populations ne pourront pas être assimilées à notre pays alors vous proposez d’assimiler le pays à ces populations.

Nous devons rester fidèles à ceux du front de bataille qui nous ont fait la plus belle patrie que nous voulons léguer intacte et rayonnante aux générations issues de notre sang. (20)

La grande erreur des gouvernants qui se sont succédés en France depuis 1920, c’est d’avoir bercé notre peuple de concessions sans lui faire comprendre, d’abord, qu’une nation ayant un passé comme le notre ne pouvait accepter la paix à tout prix, c’est à dire au prix de toutes les capitulations d’honneur. (20)

La France ne doit céder à aucune capitulation devant l’islam pour continuer à exister en tant que peuple et civilisation.

A.M. : La pire des guerres est la guerre civile. En n’acceptant pas mes recommandations, vous seriez responsables de la guerre.

G.C. : C’est qu’il ne suffit pas en temps de paix, d’être une machine à parlementer. Il faudrait d’abord avoir assez de cœur pour regarder les responsabilités en face et bander les meilleurs de ses ressorts pour produire de l’action, tandis que nos gens ne trouvent, au plus profond d’eux-mêmes que des velléités. (22)

Si le simple fait d’affirmer nos lois et nos principes français est une atteinte à la paix civile, c’est que l’ennemi est déjà à l’intérieur de nos frontières

Si le simple fait d’affirmer nos lois et nos principes français est une atteinte à la paix civile, c’est que l’ennemi est déjà à l’intérieur de nos frontières. Venir massivement chez l’autre et lui imposer sa loi, ça n’est rien d’autre qu’une invasion. Et ça n’est pas parce qu’il n’y a pas d’armées organisées que le conflit n’est pas dans notre pays.

Hier comme aujourd’hui, ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien (23) ou le djihad islamique.

Il faudra un retour à la loi française et à la souveraineté du peuple français pour que notre civilisation continue à vivre. Si ce fait des plus légitimes implique des conflits, il faudra les assumer. Hier, j’étais prêt à voir la France couverte de ruines plutôt que déshonorée (24) par l’impérialisme germanique. je suis toujours aussi déterminé aujourd’hui contre toutes nouvelles tentatives d’invasion.

Les pacifistes tiennent la France responsable des guerres contre l’Allemagne et aujourd’hui du conflit avec l’islam.

Dans ces deux cas pourtant, la volonté d’hégémonie, l’organisation militaire en vue d’une domination internationale viennent des camps que vous défendez et pour lesquels vous accablez la France.

La France et le peuple français sont toutefois responsables d’un autre tort, la passivité. En effet, la France, demeure inerte aux mains des endormeurs. (25)

Ses dirigeants ont si bien chloroformé le peuple français, lui ont si souvent répété que personne ne voulait plus la guerre et que, par conséquent, il n’y en aurait plus, qu’il a fini par le croire. Notre peuple, d’ailleurs, s’y est trop bien prêté. (26)

L’histoire sera sévère pour le peuple français d’après-guerre, qui ne s’est pas montré à la hauteur de ses devoirs envers lui-même, aussi bien dans les champs de l’action que dans l’ordre de la sentimentalité…

Le peuple français portera dans l’histoire une responsabilité de ce qu’il a fait, de ce qu’il a laissé faire, et du sort que, de ses mains, il se sera composé. (27)

Il y a, sans doute, la France endormie qui se réveillera quelque jour. Mais comme je ne sais pas l’heure de ce miracle, je me contenterai d’un homme de bon sens qui aurait le courage, quand il pense non, de dire non.

C’est peut être chez nous et ailleurs le plus difficile à obtenir… Mais la France ne mourra pas parce que l’humanité a besoin d’elle pour des accomplissements de grandeur, pour des actes désintéressés. (28)

La France sera ce que les Français auront mérité. (29)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Olivier Fabre pour Dreuz.info.

Références :

Les principales références sont extraites du livre “Grandeurs et misères d’une victoire”, éditions librairie Plon de 1930 :

(1) P 341, 347

(2) p 236

(3) p 86

(4) p 234

(5) «La France a manqué son destin marchand» , le Figaro, 19/09/2008

(6) p 154

(7) p 158

(8) p 272

(9) p 269

(10) p 305

(11) p 232

(12) p 122

(13) p 305

(14) youtube.com 59:40

(15) p 247

(16) youtube.com 11:00

(17) youtube.com 01:05:10

(18) youtube.com

(19) p 91

(20) Discours de Clemenceau à Strasbourg le 04/11/1919

(21) p 305

(22) p 166-167

(23) Discours “Je fais la guerre”, le 8 mars 1918 à l’Assemblée Nationale

(24) Discours des Ardennes, le 03 août 1919

(25) p 138

(26) p 305

(27) p 90

(28) p 212

(29) p 248

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