Publié par Guy Millière le 9 novembre 2015

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Guy Millière – J’ai écrit récemment, sur le territoire américain, un article en anglais, publié par l’Institut pour lequel je travaille, et il a donc été publié aux États-Unis.

Je note ces détails, car il est des sujets dont je préfère traiter lorsque je ne suis pas sur le sol français.

Il existe, en effet, aux États-Unis une déclaration des droits, dont le premier article garantit la liberté de parole. Il n’y a rien d’équivalent en France, où la parole est muselée, et où certains propos peuvent conduire au tribunal.

Je peux ainsi publier certains articles en anglais que je ne pourrais pas publier en France, car quiconque les publierait pourrait se retrouver aussi au tribunal. En France, l’auteur principal d’un « délit de presse » est le directeur de publication d’un magazine, d’un journal ou d’un site, et l’auteur d’un article publié n’est que complice.

L’article que j’ai écrit en anglais et publié aux États-Unis inclut (comme tous les articles que j’écris en anglais) des informations qui ne sont diffusées nulle part sur le territoire français, et quasiment nulle part en langue française (sinon par dreuz.info), mais qui circulent sur le reste de la planète. Je les reprends et me contente de les analyser.

J’ai renoncé depuis longtemps à me demander pourquoi certaines informations ne pénètrent jamais le territoire français et sont si peu reprises en langue française.

Je ne connais que trop la réponse. Outre les lois en vigueur qui incitent à la censure et à l’autocensure, il existe en France une conformation culturelle mise en place tout au long de la scolarité, et qui ancre dans les esprits certaines façons de voir, certaines cécités.

Il y a aussi – et cela s’ajoute à cette conformation culturelle – ce que j’ai décrit dans un petit livre publié il y a un peu plus d’un an : à savoir la constitution d’une hégémonie faisant qu’une seule façon de penser sur quasiment tous les sujets a la possibilité d’exister et de s’énoncer.

Cette hégémonie, il y a une vingtaine d’années, n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Depuis, les interstices qui pouvaient subsister ont été quasiment tous obturés. Aujourd’hui, l’hégémonie est quasiment complète.

Ceux qui ne vont pas chercher leurs informations ailleurs que sur le territoire français, ou dans d’autres langues que le français, ne peuvent s’en apercevoir.

Ceux qui, comme moi, prennent la quasi-totalité de leurs informations hors du territoire français et dans d’autres langues que le français s’en aperçoivent immédiatement, mais se trouvent dans une situation étrange quand ils sont en contexte français et francophone : ils ont le sentiment d’entrer dans une réalité parallèle.

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Lorsque j’écris en France que tous les partis politiques sont, à un degré ou à un autre, socialistes, on trouve cela étrange

Lorsque j’écris en France que tous les partis politiques sont, à un degré ou à un autre, socialistes, on trouve cela étrange en France et en contexte francophone, alors que c’est un fait évident dès qu’on sort de France et du contexte francophone.

Lorsque j’écris, hors de France, que la France et l’Europe en général sont dans un déclin sans doute irrémédiable et que les flux migratoires actuels vont sans doute accélérer, ce que j’écris semble largement irrecevable en France et en contexte francophone, alors que des li­vres entiers sont consacrés au sujet hors de France et du contexte francophone.

Lorsque, comme c’est le cas pour le plus récent article que j’ai publié aux États-Unis, je traite de ces flux migratoires en donnant de multiples détails requis pour comprendre, je préfère le faire hors de France et pas en langue française.

J’en suis triste et révolté.

La France est un pays sous anesthésie et sous lavage de cerveau.

La liberté d’informer et de s’informer, et la liberté de savoir et de faire savoir, sont des libertés essentielles, car d’elles dépendent toutes les autres libertés, et ces libertés-là sont, en Fran­ce, peu à peu asphyxiées.

Grâce à l’anesthésie et au lavage de cerveau, l’asphyxie se fait sans protestations majeures.

J’aimerais me dire qu’il y aura des protestations, mais j’en vois peu, et en dehors de cette publication et de quelques autres, qui font que la nuit n’est pas tout à fait tombée, je ne verrai bientôt plus de motifs pour écrire en France et en langue française, alors que je suis Français et que le français est ma langue maternelle…

© Guy Millière. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

Adapté d’un article publié sur les4vérités.com

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