Publié par Mireille Vallette le 21 décembre 2015

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Ce n’est pas seulement au Moyen-Orient que les chrétiens font face à des persécutions. Dans l’immense Indonésie, le plus grand pays musulman, l’intégrisme poursuit inexorablement son œuvre. En octobre, deux églises ont été brûlées dans la province d’Aceh. Et en Malaisie, les vexations se multiplient.

A l’approche de Noël, ayons une pensée pour ces populations qu’ignore une actualité plus sanglante, mais qui vivent dans une insécurité croissante.

Des églises flambent, d’autres sont détruites

Les groupes islamistes sont à la fois très minoritaires et très puissants

En Indonésie, les chrétiens représentent plus de 10% de la population, soit 26 millions. Les groupes islamistes sont à la fois très minoritaires et très puissants. Ils harcèlent et attaquent les membres de minorités religieuses et leurs lieux de cultes.

Lorsque des églises sont fermées, c’est la plupart du temps une décision du gouvernement local ou régional qui cède aux pressions des radicaux.

Certaines églises ne réussissent pas à se faire enregistrer officiellement auprès des autorités, alors même qu’elles remplissent les critères. C’est surtout le cas dans les régions où l’islam est très présent. Même quand une église est en règle, les autorités locales peuvent facilement lui retirer son autorisation.

  • Le 8 décembre 2013, une foule de 150 musulmans radicaux a fermé de force quatre églises évangéliques sur l’île de Java et les fidèles ont été expulsés. Non seulement la police n’est pas intervenue, mais elle a même aidé à apposer le sceau de fermeture sur les entrées.
  • Aceh (98% de musulmans), province de la pointe nord de l’île de Sumatra, avait des velléités séparatistes. Une sanglante guerre civile a opposé les guérilleros au gouvernement, mais le tsunami de 2004 a calmé les ardeurs, de même que l’octroi par le gouvernement d’un statut d’autonomie qui permet aux islamistes d’implanter la charia. Pratiquer l’homosexualité, le jeu ou boire de l’alcool sont sanctionnés par des coups de bâtons. Les femmes sont obligées de porter la tenue islamique. Le harcèlement des chrétiens est forcément au programme.

Depuis toujours, les permis de construire ou de gérer des églises ne sont jamais accordés aux quelques milliers de chrétiens qui habitent la province. Les demandes restent sans réponses. Les chrétiens se sont débrouillés en s’installant dans des locaux précaires et illégaux.

  • Le 13 octobre, dans la région de Singkil, plusieurs centaines de jeunes musulmans répondant à l’appel de l’Association des étudiants musulmans d’Indonésie (PPI) mettent le feu à une chapelle protestante. Ils tentent d’incendier un deuxième lieu de culte, mais les chrétiens résistent. Au cours de l’assaut, des coups de feu sont tirés, et l’un des assaillants, 21 ans, est tué et d’autres personnes blessées. Dans la panique, des milliers d’habitants fuient dans la province voisine.
    «Nous ne cesserons pas de chasser les chrétiens et de brûler les églises. Les chrétiens sont les ennemis d’Allah!», criaient les extrémistes.

Un accord avait été conclu entre responsables chrétiens et musulmans, sous la pression des fous d’Allah, qui prévoyait la destruction de dix lieux de culte chrétiens dans la région de Singkil. Celle qui a été la cible des extrémistes n’y figurait pas. Les opérations devaient commencer quelques jours après, le 19 octobre.

Et effectivement, le lundi 19 octobre, les chrétiens assistent en silence à la démolition de trois chapelles

Et effectivement, le lundi 19 octobre, les chrétiens assistent en silence à la démolition de trois chapelles, une catholique et deux protestantes.

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Le nouveau président du pays, Joko Widodo, appelle à la tolérance religieuse, de nombreux mouvements tentent de contrer les islamistes, mais leur capacité de nuisance reste intacte.

Interdiction d’utiliser le mot «Allah»

Chez la voisine malaise, 30 millions d’habitants, les choses ne vont pas mieux.

Quoique que les non-musulmans aient en théorie droit à la liberté de croyance, ils sont victimes au quotidien de sévères restrictions dans la pratique de leurs cultes et interdits de prosélytisme. Les musulmans ne sont pas libres non plus, ils n’ont pas le droit de changer de religion. Le crime d’apostasie est très sévèrement puni, la sanction allant selon les Etats de séjours en prison à la peine de mort.

Le fait le plus exemplaire de ces dernières années est la longue procédure qui a opposé The Herald, principal journal catholique du pays, sur le droit d’utiliser le mot Allah dans ses colonnes en malais. La Cour fédérale a confirmé l’interdiction de cet usage en juin 2014.

Le 25 juin de la même année, le Conseil des Affaires islamiques de Selangor a affirmé qu’il était en droit de saisir toute bible portant le mot Allah et qu’il n’hésiterait pas à faire arrêter toute personne distribuant une telle bible.

Les deux péripéties qui suivent, parmi d’autres, sont plus révélatrices de l’intolérance qui s’étend que l’incendie d’églises.

  • En janvier 2014, plus de 300 exemplaires d’une Bible éditée en malais et en langue iban ont été saisies et restituées après de houleuses péripéties le 14 novembre. Les responsables chrétiens découvrent que tous les volumes sont tamponnés sur les pages intérieures de la mention :
    «Strictement et uniquement réservé à l’usage de non-musulmans. Ne peut être ni publié ni utilisé où que ce soit dans l’État du Selangor conformément à la section 9 (1) de la promulgation de 1988 sur Les religions non musulmanes (Du contrôle de la diffusion parmi les musulmans)».
  • Le 5 décembre 2014, le Père Cyril Mannayagam fait porter un recueil de chants à un service de reprographie de Tangkak dans l’Etat de Johor, pour le faire photocopier à une trentaine d’exemplaires en vue de la célébration de Noël. Il est arrêté «pour avoir fomenté des troubles et incité à la haine religieuse» au titre de l’article 298A du Code pénal.
    «Quand je leur ai demandé pourquoi ils m’arrêtaient, ils m’ont répondu que le mot Allah ne pouvait être utilisé que par les musulmans », rapporte le religieux au Malaysian Insider.

Les défenseurs du Herald perdent la dernière bataille du mot «Allah» en 2015. Le 21 janvier, les cinq juges de la Cour fédérale n’examinent pas la question de fond, mais se limitent à examiner l’existence ou non de vices de forme dans les précédentes procédures. Les magistrats estiment à l’unanimité qu’il n’y a pas de vices de procédure.

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Le gouvernement d’une ville indonésienne a démoli une église sous le regard impuissant de sa congrégation

La liberté religieuse est assurée par la constitution, mais de moins en moins respectée.

les Droits de l’Homme ne doivent s’exercer que « dans les limites de ce qui est permis par l’islam»

«A d’innombrables reprises, le premier Ministre Najib Razak a publiquement affirmé que la religion, en l’occurrence l’islam, l’emporterait toujours sur la politique et il a rappelé que la population devait défendre l’islam, que le pluralisme, et le libéralisme, entre autres, sont ennemis de l’islam et que les Droits de l’Homme ne doivent s’exercer que « dans les limites de ce qui est permis par l’islam».

Dans les deux pays, l’excision est très répandue. La lutte est au point mort, notamment parce que les oulémas refusent farouchement l’abandon de cette pratique. Faire du prosélytisme pour d’autres religions est interdit et quitter l’islam impossible.

Jusqu’à quand les mensonges ?

Quand les musulmans se radicalisent, la présence de chrétiens et d’autres minorités est systématiquement menacée, jusqu’à l’épuration. C’est la règle et elle s’explique.

L’islam est apparu trois millénaires après le judaïsme et six siècles après le christianisme, il n’est donc pas mentionné dans leurs textes.

Le Coran et son prophète en revanche peuvent tomber à bras raccourcis sur ceux qui étaient là avant lui. Le «livre saint» ne s’en prive pas, qui les condamne dans des dizaines et des dizaines de versets. Associer une autre divinité à Dieu -Jésus- est un péché majeur, qui ne peut être pardonné.

Les hadiths renforcent cette insondable intolérance. Mais ici comme ailleurs, il est impossible aux religieux de reconnaitre cette réalité.

Ce déni, comme le refus d’affirmer qu’ils renoncent à ces injonctions, les rendent eux aussi responsables des innombrables tragédies qui s’étendent dans la sphère musulmane.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

Pour en savoir plus : portesouvertes.fr et eglasie.mepasie.org

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