Publié par Guy Millière le 10 décembre 2015

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Je m’attendais à ce que le premier tour des élections régionales confirment une réalité, déjà émergente au fil des précédents scrutins : le Front National est le premier parti de France en termes de suffrages exprimés. Cette situation est le résultat logique de l’évolution du pays au cours des dernières années.

Economiquement, la France est en déclin. La croissance est nulle ou quasiment nulle depuis plusieurs années. La population se paupérise. Le nombre de chômeurs, comme celui des pauvres ne cessent d’augmenter. Les systèmes de redistribution sont à bout de souffle et au bord du dépôt de bilan. Les déficits publics s’accroissent. L’endettement aussi. La réussite de quelques entreprises et de quelques secteurs, pour l’essentiel internationalisés ou tournés vers l’exportation, ne peut dissimuler un naufrage lent.

Socialement, la France est clivée entre une petite minorité qui, parce qu’elle travaille dans les entreprises et secteurs qui fonctionnent encore, vit correctement, et une majorité croissante qui vit très mal et a des difficultés à boucler ses fins de mois. Les incitations au travail sont détruites dès lors qu’il peut être plus avantageux de vivre sans travailler en touchant diverses allocations qu’en travaillant et en percevant un salaire. Les impôts et charges sont vite écrasants. Les jeunes les plus dynamiques et les plus entreprenants, souvent, choisissent de partir vers des terres plus dynamiques. Le logement dans le secteur privé dans les grandes villes est très cher en raison d’une pénurie créée par les réglementations qui s’ajoutent aux impôts et charges : le nombre de gens qui, faute d’un logement « social » s’entassent dans des endroits où ils vivent en colocation, vivent chez leurs parent, ou dorment dans leur voiture s’accroit.

S’ajoute l’existence de minorités non intégrées, et que rien n’incite à s’intégrer, celle de zones de non droit et d’économie parallèle, celle d’une petite délinquance qui rend la vie insupportable dans un nombre croissant de périphéries des grandes villes.

S’ajoute le fait que les membres de ces minorités sont plus volontiers au chômage, plus volontiers bénéficiaires d’allocations, et qui, parce que le travail n’est pas là, vivent dans une culture autre, qui est souvent celle des zones de non droit et d’économie parallèle : et cette culture autre est désormais très souvent l’islam.

S’ajoute un vieillissement de la population « de souche », une natalité plus importante des populations plus volontiers au chômage, plus volontiers bénéficiaires d’allocations, et vivant dans la culture autre qu’est l’islam.

S’ajoute que le système scolaire est dans un état de dysfonctionnement croissant et ne transmet quasiment plus les savoirs élémentaires.

S’ajoute enfin l’existence en ce pays d’une forme de nomenklatura qui tient la culture, les médias, et, pour l’essentiel, la politique.

Dans le secteur culturel, la nomenklatura diffuse une pensée quasiment uniforme qui ne donne en rien les moyens d’analyser ce que je viens d’énoncer. L’idée de nation est jetée aux orties, la culture occidentale considérée comme suspecte, le multiculturalisme est souvent prôné, l’économie d’entreprise et de marché est vouée aux gémonies, l’écologisme est omniprésent. La « culture de gauche » domine. La « culture de droite » française est un mélange étrange de nationalisme nostalgique de la Troisième République, d’un Etat fort, du gaullisme, d’un rejet de la mondialisation et des multinationales qui prend parfois des accents marxistes : elle regarde l’avenir dans un rétroviseur et s’écrase sans s’en rendre compte contre le mur de la réalité du vingt-et-unième siècle.

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Dans le secteur des médias, on retrouve ce qu’on trouve dans le domaine de la culture. Je pense que quiconque se contente de s’informer en France et en langue française n’a aucun moyen de comprendre quoi que ce soit à l’évolution du monde ou à celle de la France.

Dans le secteur politique, on retrouve ce qu’on trouve dans le domaine des médias. Le Parti socialiste est un conglomérat où se mêlent socialistes d’il y a un siècle, qui croient encore au lubies auxquelles on croyait au temps de Jean Jaurès, bourgeois bohèmes qui, parce qu’ils travaillent dans les secteurs internationalisés et tournés vers l’exportation, sont dans une sorte d’univers parallèle, adeptes de la redistribution qui discernant qu’il n’y a plus rien à redistribuer s’essaient à trouver des subterfuges.

Les Républicains sont un autre conglomérat où on trouve des gens qui pourraient être au Parti Socialiste, des gens qui comprennent un peu mieux le monde mais qui doivent coexister avec les premiers et tempèrent leur discours, et des adeptes de la « culture de droite » française.

L’UMP, avant 2012, a visiblement échoué à tirer le pays de l’ornière : sans compréhension de la réalité du vingt-et-unième siècle, et sans le courage d’assumer cette compréhension, il ne peut y avoir que l’échec.

Le Parti socialiste a échoué depuis pour les mêmes raisons, et comprend moins encore la réalité du vingt-et-unième siècle, même s’il inclut dans ses rangs des bourgeois bohèmes mondialisés. Il était condamné à l‘échec.

Le Front National doit son succès relatif à n’avoir jamais exercé le pouvoir, et à être le seul à assumer clairement depuis des années l’idée de nation, le seul à pointer l’essentiel des composants du naufrage. Il propose des réponses économiques venues pour l’essentiel de l’attirail de la gauche. Il propose dans d’autres domaines des réponses partielles à tout un ensemble de gens qui sont en détresse et qui espèrent un redressement, tout en glissant, malgré tout, vers le désespoir. Je pense que ses scores électoraux reposent essentiellement sur trois facteurs : une population musulmane non intégrée, l’insécurité, l’implosion économique du pays. Ni les socialistes ni les Républicains n’apparaissent crédibles sur ces dossiers, c’est un fait.

L’attitude des socialistes appelant à voter pour les Républicains devrait renforcer le sentiment des électeurs du Front National qu’il existe une collusion, que Marine Le Pen appelait UMPS.

L’attitude de Nicolas Sarkozy est plus digne. Le score des Républicains, tout comme son discours, et le programme actuel des Républicains, montrent qu’il n’est pas sorti de l’échec.

Pour ce qui me concerne, j’appartiens au premier parti de France en termes de suffrages non exprimés : celui des abstentionnistes.

Je m’attends à ce que la décomposition se poursuive quel que soit le résultat du deuxième tour

Comme je l’ai écrit dans Voici revenu le temps des imposteurs*, nous passons de l’hégémonie à l’anomie. Je m’attends à ce que la décomposition se poursuive quel que soit le résultat du deuxième tour.

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La décomposition ne signifie pas qu’il y aura une guerre civile, mais des soubresauts. Marine Le Pen, je pense, ne sera pas élue en 2017. Mais elle ne serait pas pire que ses concurrents. Pour redresser le pays, il faudrait tout changer, ou quasiment tout. Il n’y a pas en France de Ted Cruz ou même de Marco Rubio. Il n’y a pas de Donald Trump. Il y a d’innombrables clones de Barack Obama, Hillary Clinton, Bernie Sanders.

Ceux qui voient en Marine Le Pen l’antichambre du fascisme, en tout cas, se trompent, ils ont un logiciel périmé et agitent un épouvantail fané. Mais qui en France n’a pas un logiciel périmé et un épouvantail fané ? Je ne voterai pas dimanche, et je ne voterai pas Marine Le Pen, mais je vois plus de fascisme chez Jean Luc Mélenchon que chez Marine Le Pen.

Si je devais voter dimanche, tiens, je voterais pour un homme que j’estime hautement : Alain Madelin. Il s’est retiré de la vie politique ? Je le comprends. Quand nous parlons ensemble, nous préférons parler de l’Ouest américain. C’est moins désolant.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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