Les causes du départ vers l’E.I. de jeunes élevés en Occident font l’objet d’innombrables spéculations. L’une d’elles invoque «le manque de repères» de ces jeunes dans nos sociétés. L’autre notre absence de spiritualité.
Quelques illustrations des défenseurs du “manque de repères” :
- Un responsable d’organisme de jeunes : «Autrefois, les jeunes se rapprochaient de la Légion étrangère, des Brigades internationales, des blousons noirs ou des skinheads. En manque de repères, ils s’accrochent aujourd’hui à un autre type de famille.»
- Un psychiatre: «Il leur manque une culture, un lien avec leurs racines, des repères, ce qui crée un terreau propice à l’idéologie portée par la radicalisation religieuse, la seule qui offre un modèle d’appartenance aujourd’hui en Occident.»
Des experts :
- «Qui sont les djihadiste français? Souvent fragiles psychologiquement, ces jeunes sont en manque de repères et trouvent dans ce conflit un engagement total.
- «Les connaisseurs des groupes djihadistes évoquent, eux, une «montée crescendo» de l’attirance des jeunes Français, en manque de repères, pour ce pèlerinage djihadiste.»
Notons que ce qui plait aussi dans cette explication, c’est qu’elle conduit, comme tant d’autres, à un glissement jouissif vers la culpabilité de nos sociétés. Elle me suggère deux constats dont on me pardonnera la trivialité :
- Ceux qui sont en manque de repères dans les démocraties, ce sont les non-musulmans.
- Ceux qui possèdent des repères à profusion sont les adeptes de l’islam. Il n’existe aucune idéologie ou religion au monde qui en comprenne autant.
Les fraîchement convertis tombent eux aussi dans ce monde de repères.
Que les explicateurs m’expliquent donc ceci :
- L’islam saturé de repères produit de sauvages criminels qui tuent, se font sauter et épurent au nom de leur religion.
- Les Occidentaux sans repères ne produisent ni sauvages criminels, ni kamikazes, ni épurateurs religieux.
Abdennour Bidar et la spiritualité

Le philosophe Abdennour Bidar propose une explication plus originale. Il estime que le grand problème, ce n’est pas l’extrémisme musulman, mais l’Occident qui par son absence de spiritualité menace toute sa population : «L’islamisme est un danger, mais le vide spirituel de l’Occident est un danger plus grand encore».
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« Donner à chaque être humain les moyens de cultiver sa propre part d’infini : tel est aujourd’hui ce qu’aucune de nos civilisations ne sait plus prendre en charge mais qu’elle laisse à l’abandon, livrant les uns à une terrible solitude dans leur quête, et tous à une inculture spirituelle qui expose les plus fragiles aux séductions du djihadisme ! »
On notera à nouveau que ni la terrible solitude des non-musulmans, ni leur inculture spirituelle ne conduisent aux tueries, alors que l’inculture spirituelle de musulmans fait surgir ces vocations. Et nos démocraties empêchent-elles quiconque de «cultiver sa propre part d’infini» ? Devraient-elles inscrire cette obligation dans leurs constitutions ?
« (…) nous sommes engagés avec la civilisation islamique dans le même défi crucial : trouver une vie spirituelle qui fonde l’univers éthique et politique des droits de l’homme. »
J’avoue que là, Bidar vole un peu haut pour moi. Je ne comprends pas. Mais il me souvient que le christianisme a fondé en bonne partie cet univers des droits de l’homme. Qui perdure malgré cette perte de spiritualité.
En résumé:
- Les droits de l’homme dans les démocraties ne sont pas (assez) fondés spirituellement, mais ils sont respectés.
- Les droits de l’homme dans les pays fondés sur la spiritualité musulmane ou son inculture spirituelle ne sont pas respectés.
Le monde serait infiniment meilleur avec une planète musulmane sans spiritualité
Oserai-je dire que le monde serait infiniment meilleur avec une planète musulmane sans spiritualité, et même aussi matérialiste que la nôtre, mais qui respecterait les droits humains ?
Les autres raisons que nous proposent les innombrables experts pour expliquer le djihadisme ne valent pas mieux : décrochage scolaire, ruptures familiales, manque d’avenir, discriminations, stigmatisation, etc. Comme le remarque l’essayiste Paul Berman dans un texte intitulé «Il n’y a pas de causes sociales au djihadisme» :
« … la doctrine des causes profondes nous induit à penser que la rage insensée, étant le résultat prévisible d’une cause, ne saurait être vraiment insensée. Pire : la doctrine des causes profondes nous conduit au soupçon que nous pourrions nous-mêmes en être la cause. »
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