Publié par Mireille Vallette le 14 décembre 2015

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Le foulard des filles à l’école ne pose pas de problème, soyons tolérants et respectons la liberté religieuse. Des valeurs invoqués par les juges, que dément avec force la famille concernée.

11 décembre, vendredi noir pour les droits des filles.

A 4 contre 1, la Cour suprême helvétique autorise le foulard des élèves. Elle s’est prononcée sur le cas d’une jeune fille qui le porte depuis l’âge de 12 ans et en a 14 aujourd’hui.

Le jugement fera jurisprudence, ce qui rend incertain le sort de l’initiative valaisanne, en cours de récolte de signatures, qui vise cette interdiction au niveau cantonal. Le seul juge fédéral à s’être s’opposé à cette décision est Hans Georg Seiler, membre de l’UDC.

L’audience était publique. Il parait que la salle a ri lorsque le juge Seiler a déclaré:

«Dans notre société chrétienne, le port du voile peut heurter des sensibilités. De même certains tiennent à se balader nus dans la nature, et c’est interdit.»

La salle n’a apparemment pas pleuré en entendant cet argument indécent du juge Vert libéral :

«Si aucune exception n’est tolérée, cela signifie-t-il qu’un enfant qui suit une chimiothérapie ne peut pas cacher la perte de cheveux sous un bandeau?»

Le juge dissident a vainement rappelé la hausse des revendications religieuses, les refus de participation d’enfant à des cours de natation ou d’éducation sexuelle ou encore de biologie sur l’évolutionnisme.

Genève illustre son propos. Des enseignants ont osé briser un secret généralement jalousement gardé par les autorités scolaires.

«Je vois davantage d’élèves voilées, témoigne une enseignante du postobligatoire. Après Charlie Hebdo, quelques garçons se sont laissé pousser la barbe façon djihad ; l’un d’eux a provoqué plusieurs fois une de ses professeures, poursuit-elle. Cet élève arrivait avec djellaba et capuchon en classe, en retard, car il était à la mosquée pour prier, disait-il.

Il a plusieurs fois agressé verbalement des filles de sa classe par des remarques sexistes sur leurs habits occidentaux.» (…) Ce sont surtout des différends avec des élèves musulmans et parfois juifs auxquels l’école est confrontée.»

(…)

A ma connaissance, nous n’avons aucun problème avec d’autres religions, pas plus qu’avec les athées.

(…)

D’une manière générale, on voit que de plus en plus d’élèves sont incapables d’intégrer appartenance religieuse et rationalité qui prévaut à l’école publique.”

(…)

‘la sphère religieuse apparaît parfois comme une autorité incontestable pour l’élève, et la dimension critique et analytique de l’enseignement comme un danger’, considère Christian Macherel, qui a lui même été confronté à des situations délicates avec de jeunes musulmans : l’un d’eux a notamment contesté l’un de ses cours de philosophie en disant que son ‘prof de la mosquée’ lui enseignait tout autre chose !»

Tolérance, tolérance, quand tu nous tiens…

Pour le juge, le rôle de l’école est d’encourager toutes les tolérances, y compris celles de la discrimination

Les juges ignorent cette réalité. Pour eux, le rôle de l’école est d’encourager la tolérance. Toutes les tolérances, y compris celles de la discrimination et du patriarcat archaïques. Les magistrats fédéraux invoquent aussi la liberté religieuse protégée par la Constitution, dès lors qu’aucune circonstance particulière ne justifie de la limiter. Or la présence en classe de la jeune fille voilée n’a soulevé aucun problème particulier.

«Porter un foulard ne rend ni impoli, ni indiscipliné», au contraire, les filles musulmanes sont soumises

Et puis, l’interdiction du port du voile n’est pas nécessaire pour apprendre, a relevé le juge rapporteur, lui aussi UDC. «Porter un foulard ne rend ni impoli, ni indiscipliné», a renchéri la Verte Florence Aubry Girardin. Non, c’est même tout le contraire. Un récent article de la Wochenzeitung le rappelle : les filles musulmanes sont soumises. Les enseignants en témoignent. En revanche, les mâles dominants se manifestent souvent par leur manque de respect et de discipline.

Le juge fédéral Yves Donzallaz a tenu à relever que la décision du Tribunal fédéral n’a trait qu’au foulard et ne concerne pas d’autres signes religieux tels qu’un «voile couvrant tout le corps». Mais une fille en foulard doit aussi couvrir son corps… A partir de quel harnachement islamique y a-t-il problème ?

«Il serait faux d’y voir un blanc-seing à toute revendication qui se heurterait aux principes du vivre ensemble», affirment les juges. La logique voudrait pourtant que le niqab ou les cinq prières journalières imposées dès l’âge de dix ans par la doxa musulmane, soient autorisés. En quoi seraient-ils contraire au vivre ensemble à la tolérance, à la liberté religieuse, à l’apprentissage ou à la politesse ?

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La commune qui avait interdit le couvre-chef campe sur ses positions. Elle estime que le foulard porté dans l’enfance déjà est «un symbole d’une interprétation fondamentaliste de l’islam et représente donc un obstacle à l’intégration».

Emir Tahirovic l’illustre magnifiquement. C’est le père de la jeune fille à l’origine de ce scandaleux jugement. On ne peut rêver meilleure illustration du lien entre foulard des filles et autres convictions coraniques fossilisées.

Ni cours de natation, ni camp scolaire, ni burkini

Originaire de Bosnie, Tahirovic vit avec sa famille dans une petite commune de Saint-Gall, Sankt Margrethen. Les préceptes islamiques et donc le corps de sa fille sont une obsession chez lui. Il met une grande énergie à cacher ce dernier aux yeux de tous ces prédateurs incapables de maîtriser leurs pulsions. Il refuse obstinément que ses filles participent aux cours de natation à l’école et s’oppose même au costume de bain «intégral», le burkini, car il ne cache pas suffisamment les formes féminines. Il a interdit en 2015 que sa fille participe à un camp de ski parce qu’une jeune musulmane n’a pas le droit de passer la nuit sans ses parents. Il exige de pouvoir faire ses prières durant son travail. Il ne trouve pas d’emploi stable, la famille vit donc de l’aide sociale. Elle est constamment en conflit avec les autorités qui lui ont infligé nombre d’amendes.

Une pétition de l’UDC a été déposée qui demande la non-reconduction du permis de séjour de ces rebelles à l’intégration, voire le retrait de ce permis.

Le salafiste Conseil central suisse islamique de Nicolas Blancho a soutenu les Tahirovic par ses déléguées en foulard tout au long de la procédure. Elles se sont félicité du jugement, tout comme les responsables «modérés» de ces communautés.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

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