Publié par Mireille Vallette le 19 janvier 2016

Jean Raspail

Le Camp des Saints* est devenu un ouvrage culte des opposants à l’immigration. Il raconte l’épopée d’un million d’Indiens qui accostent en France dans la plus complète débandade des institutions et des habitants.

J’ai lu ce livre il y a quelques années. Son caractère prémonitoire s’affirme sans cesse depuis lors. «Le Camp des Saints» de Jean Raspail, publié en 1973, a été une révélation pour nombre de résistants à l’islam prosélyte, revendicateur et arriéré qui s’impose à nos sociétés.

Mais dans le livre, nul musulman à l’horizon : ce sont des centaines de milliers d’Indiens qui embarquent en un torrent irrésistible sur des rafiots. Une traversée dantesque s’ensuit –des morts, du sexe, de la merde, une odeur pestilentielle. La misère n’est pas belle à voir, et le statut de miséreux n’est jamais pour Raspail synonyme de vertu. La flotte, au but d’abord incertain, aborde la Côte d’Azur. Six semaines de traversée, 24 heures de dénouement.

Dilemme omniprésent : accueillir au risque de perdre sa civilisation ou combattre au risque de perdre sa part d’humanité

Formidable talent d’écriture, ton sardonique, cynique, suite de coups de poings à l’estomac caractérisent ce récit cru, glaçant, sidérant. Personne n’échappe à la plume féroce et jouissive de Raspail qui pointe les failles dramatiques de nos élites et de ceux qui les suivent. Le gouvernement et sa double conscience, privée et publique, les humanitaires, les syndicats, les mass media, les immigrés de l’intérieur. Et ce dilemme, omniprésent : accueillir au risque de perdre sa civilisation ou combattre au risque de perdre sa part d’humanité.

«C’est un livre inexplicable, écrit alors que le problème de l’immigration n’existait pas encore», dit Raspail. Il l’a publié il y a 43 ans !

La résonance est forte. En 2015, ce ne sont pas un million de réfugiés du delta du Gange qui ont débarqué en un jour, mais un million de leurs frères de misère en douze mois. D’autres millions se préparent, comme dans le livre, à aborder des sociétés qui pataugent dans la repentance, renient leur réussite humaine et célèbrent des cultures qui n’arrivent pas à leur cheville.

J’ai choisi de montrer la force de ce livre, pour ceux qui ne l’ont pas lu, par des citations, soit tout ce qui n’est pas en italique.

La parole obligée du gouvernement

Un ministre, alors que la flotte du Gange s’avance lentement :

Il en vient au fait un quart d’heure plus tard, après un cheminement de haut vol par la nuit du 4 août, la déclaration des droits de l’homme, l’abolition de l’esclavage, le suffrage universel, l’école républicaine, les conquêtes de 36, la libération de Paris, celle de l’Algérie, l’aide au tiers-monde et le socialisme à la française. «Messieurs», dit le ministre, «qu’importe que cette flotte qui s’avance vers les rivages occidentaux, comme un reproche moribond qui se fraie avec ses ultimes forces un chemin à travers nos consciences, aborde les rivages de la France, de l’Angleterre ou de l’Allemagne. Car c’est toutes ensemble, rassemblées, que les nations favorisées devront écouter, gravement, l’éternelle question, posée une dernière fois et de quelle tragique façon: Caïn, qu’as-tu fait de ton frère ? Ne croyez-vous pas, messieurs, que la France se doit de répondre clairement, fraternellement, en posant dès maintenant un plan d’accueil qui soit à la mesure de nos richesses matérielles et morales ?

Il faut raisonner, messieurs, en termes de solidarité mondiale. Et comme il s’agit là de cœur plus que de raison, vous l’admettrez, c’est plutôt «vibrer» que je devrais dire. Par le départ de cette flotte, un million d’êtres humains se sont volontairement séparés de leur pays d’origine. Nous nous garderons bien de les juger. Errant sans patrie, à la recherche d’une terre promise, ne peut-on les considérer plutôt comme des citoyens du monde ? (…) Quelle que soit l’opinion que l’on ait sur la conclusion d’une aventure aussi extraordinaire que désespérée, le devoir de la terre est de dire: ces hommes-là sont aussi mes frères !

Le gouvernement vient de proposer à ses partenaires occidentaux la création d’une commission internationale, chargée de l’acheminement vers cette flotte des secours et vivres de première urgence.

L’armada arrive:

Dans cinq heures, un million d’immigrants de race, de langue, de religion, de cultures et de traditions différentes des nôtres, mettront le pied pacifiquement sur le sol de notre pays. Ce sont principalement des femmes, des enfants, des paysans sans travail et sans ressources, chassés par la famine, la misère et le malheur, surplus dramatique et toujours croissant de cette surpopulation qui est le fléau de notre fin de siècle. Leur destin est tragique mais, par voie de conséquence, le nôtre ne l’est pas moins.

Les journalistes de la bienpensance

On se mit aussi à parler de vérité. Et qu’elle était douce à entendre ! On ne se gênait pas pour l’expliciter, on mettait les points sur les i, en contradiction avec 20 années de tir à boulets rouges sur l’ignoble paradis occidental. Le Paradis ? Mais comment donc ! Ce fut même le titre d’un brillant éditorial de Clément Dio. Un paradis pas ignoble du tout et qui nous faisait subitement honneur, à nous autres Occidentaux, un paradis immense, élastique, prospère et inépuisable, où nous allions pouvoir inviter enfin, dans l’ordre et la fraternité, ces pauvres errants si émouvants dans leur quête désespérée du bonheur.

Compte tenu de tout ce que les hommes du Gange nous avaient déjà apporté –musique sacrée, théâtre, chorégraphies, yoga, mysticisme, renouveau vestimentaire, bijoux, artisanat– on se demandait sincèrement, la dernière page tournée, comment il était possible que l’on pût plus longtemps se priver de ces gens-là ! Quant à nous, fils spirituel des Grecs, des Latins, des moines judéo-chrétiens et des Barbares de l’Est, peut-être pour achever l’œuvre d’art, fallait-il entrouvrir notre porte au Gange si profondément humain, ne serait-ce que pour équilibrer le matérialisme contemporain ! Certes, ce fut écrit prudemment, mais Clément Dio l’écrivit et personne n’y trouva rien d’anormal…

Un autre journaliste:

Il racontait des histoires simples et souvent vraies –c’était un homme à fiches– d’enfants du tiers-monde naguère adoptés et faisant vivre aujourd’hui leurs vieux parents français, ou d’immigrants de couleur devenus citoyens modèles et siégeant dans les conseils municipaux. Josiane et Marcel en pleuraient.

Un troisième :

… mais il est une chose qui me surprend prodigieusement, c’est que personne n’a souligné le risque essentiel, à savoir celui qui découle de l’extrême vulnérabilité de la race blanche et son caractère tragiquement minoritaire. Je suis Blanc. Blanc et occidental. Nous sommes Blancs. Que représentons-nous au total ? 700 millions d’individus principalement concentrés en Europe, et cela face à plusieurs milliards de non-Blancs, on n’arrive même plus à obtenir le compte à jour. (…) Cette flotte qui s’avance vers nous signifie, qu’on le veuille ou non, que le temps de l’aveuglement, face au tiers-monde, est révolu. (…) Car le tiers-monde est une multitude incontrôlable qui n’obéit qu’à des impulsions, lesquelles se forment quand se conjuguent, sous le poids de la misère, des millions de volontés désespérées (…) rien, vous le savez, ne pourra l’arrêter. Il va falloir composer. (…) Réticent ou généreux, nous les accueillerons. À moins de les tuer ou de les parquer dans des camps, nous ne pouvons agir autrement.

À Alger, à Tunis et à Casablanca, des foules immenses dirigent vers le port. À Conakry, en Afrique, Karachi, au Pakistan, les appels se multiplient, exhortant leurs frères de la flotte immigrante à gagner le nord de la Méditerranée, car c’est là seulement, je cite, que le lait coule à flots et que commence l’Occident…

Alors que la flotte s’approche de la France :

(…) Le gouvernement a arrêté un certain nombre de mesures propres à organiser l’accueil provisoire des immigrants. (…) Si les circonstances l’imposent, le gouvernement n’hésitera pas à proclamer l’état d’urgence. (…) Le gouvernement assure de la façon la plus solennelle qu’à ce problème tout à fait nouveau seront assorties des solutions humaines, imposées s’il le faut.

Les Français moyens formatés pour capituler

Marcel n’est pas un échappé du Gange, il travaille et porte des chaussures. C’est un homme à part entière, faudrait pas confondre ! En le poussant un peu, on lui ferait avouer qu’il appartient à un pays civilisé et même qu’il en est fier, pourquoi pas ? Coucou, revoilà le petit Blanc ! (…) Le moment venu, il laissera faire, comme si rien ne le concernait plus. Et quand il se retrouvera brusquement concerné, ce sera trop tard.

Il ne se résoudrait ni à faire sauter notre civilisation, ni à la défendre : «On ne défend pas l’injustice sociale, même si l’on y vit mieux que d’autres dans la justice. »

L’Indien de France met en garde

Vous n’imaginez pas ce qui vous attend si cette flotte de primitifs vous tombe sur le dos…Tout changera, dans votre pays

Hamadura, Indien français ou Français des Indes intervient à la radio : «Vous ne connaissez pas mon peuple, sa crasse, son fatalisme, ses superstitions idiotes et son immobilisme atavique. Vous n’imaginez pas ce qui vous attend si cette flotte de primitifs vous tombe sur le dos. Tout changera, dans votre pays qui est devenu le mien, en eux et avec eux vous perdrez, vous.» La radio coupe son discours.

«La France entière avalait goulûment la drogue anesthésiante : le moment venu de lui couper les deux jambes, elle serait fin prête pour l’opération.»

L’ONU et les organismes humanitaires

Le pape publia un petit communiqué larmoyant (…) la Commission de coopération internationale pour l’aide à la flotte du Gange tint sa première réunion à Paris. Les fonctionnaires internationaux qui la composaient, rats chevronnés des fromages de l’ONU, vieux routiers de la FAO, de l’UNESCO, de l’UNICEF, de l’UNWRA et de l’OMS connaissaient parfaitement leur métier et les impératifs de leur existence dorée : ils convinrent d’attendre.

À l’unanimité, l’ONU vote l’abolition des races, sous-entendu de la nôtre…

Certains gouvernements, les plus menacés comme ceux d’Espagne ou de France, s’affolaient en secret.

Ainsi, dans la merde et la luxure, et aussi l’espérance, s’avançait vers l’Occident l’armada de la dernière chance.

Deux camps se font face. L’un croit au miracle. L’autre n’y croit plus. Celui qui soulèvera les montagnes et celui qui a conservé la foi. Il vaincra. Chez l’autre, le doute mortel a détruit tout ressort. Il sera vaincu.

L’Occident veut venir en aide au peuple du Gange en approvisionnant les bateaux :

Le carrousel de la charité, 100 avions attendant leur tour d’atterrir sous le ciel plombé de l’Équateur. La curée ! Un morceau de choix de bons sentiments. Une pièce montée d’altruisme. Un chef-d’œuvre de pâtisserie humanitaire, fourrée d’antiracisme à la crème, nappé d’égalitarisme sucré, lardé de remords à la vanille, avec cette inscription gracieuse festonnée en guirlandes de caramel : mea culpa !

Raté, les victimes déclinent et pas de la manière la plus élégante.

L’abordage

En France, la population du Sud commence à fuir vers le nord. Inversement, un comité d’accueil hétéroclite descend vers le sud. Côté armée et police, c’est la débandade.

Le journaliste Clément Dio fait partie du comité d’accueil : Le sud de notre pays se vide de sa population et, au fond, cela ne m’étonne pas. L’opinion occidentale a des remords. Elle ne peut supporter le spectacle de la misère qui s’avance, alors elle préfère s’enfuir en silence plutôt que de faire face généreusement, en ouvrant ses bras.

Purs entre les purs, tous dehors par cette nuit exaltante ! Grèves sur le tas, grèves de la faim, séquestrations, sabotages, destruction de laboratoire, pogroms antiracistes, ratonnades d’antiratons, pillage de magasins, lutte contre toutes les formes d’oppression, disponibles pour toutes sortes d’actions, ne consomment que des motos, des filles, du tabac, des slogans, cassent tout quand ils sont en colère, souvent licenciés mais toujours réintégrés parce qu’ils ont fini par faire peur à tout le monde, délinquants politiques (…)

«PROLÉTAIRES, SOLDATS, PEUPLE DU GANGE, TOUS SOLIDAIRES CONTRE L’OPPRESSION»

Trente Prix Nobel militent en faveur de l’armada. (…) A Genève, grève de la faim du fondateur de Fraternité humaine, militant calviniste, (qui) entend se priver de toute nourriture tant que tous les immigrants du Gange ne seront pas installés en Europe occidentale pour y être soignés, nourris.

On frétille dans les cathédrales, les syndicats, les ligues, jusque dans l’école maternelle de Sarcelles où les mioches ont fait la grève des billes «par solidarité avec les petits-enfants du Gange qui n’ont plus le cœur à jouer».

Parlons plutôt des mass media, de l’utilisation scandaleusement faussée d’un instrument de communication de masse par ceux qui, sous le masque de la liberté, pratiquent le terrorisme intellectuel. En dépit des avertissements des survivants de la lucidité, nous avons laissé une frénésie masochiste, hors de toute mesure, nous emporter vers d’hallucinantes aventures…

Le président, en privé :

comme nous avons ouvert notre porte et démontré notre faiblesse, d’autres viendront, puis d’autres encore, le processus est déjà commencé…

– Il y aura cependant génocide, et c’est nous qui disparaîtrons.
– Je le sais, Monsieur le président. Mais c’est une conviction que vous ne pourrez communiquer à personne, car personne n’est plus en état de la recevoir. Nous mourrons lentement, rongés de l’intérieur par des millions de microbes introduits dans notre corps. (…) Il n’y aura pas de sang versé, là réside toute la différence. (…) Allez donc expliquer au peuple, à l’armée, sans compter l’opinion mondiale et la conscience universelle, qu’il faut le jour de Pâques, ou tout au moins le lundi, massacrer un million d’immigrants à peau noire si nous ne voulons pas mourir à notre tour, mais plus tard, beaucoup plus tard (…) Qu’on les interne dans des camps ou que l’on essaye de les assimiler, le résultat sera le même : ils resteront. Et comme nous avons ouvert notre porte et démontré notre faiblesse, d’autres viendront, puis d’autres encore, le processus est déjà commencé…

C’est ce que la Gauche n’a jamais compris et c’est pourquoi elle n’est que dérision haineuse. Quand elle crache sur le drapeau, pisse sur la flamme du souvenir, ricane au passage des vieux schnocks à béret, pour ne citer que des actions élémentaires, elle le fait d’une façon épouvantablement sérieuse, «conne» dirait-elle si elle pouvait se juger. La vraie Droite n’est pas sérieuse. C’est pourquoi la Gauche la hait, un peu comme un bourreau haïrait un supplicié qui rit et se moque avant de mourir. La Gauche est un incendie qui dévore et consume sombrement.

Il y avait eu, naguère, le jour le plus long. Celui-là fut le plus court. En cinq minutes, tout fut réglé. (…) Ce fut sans nul doute la guerre totale la moins meurtrière de toute l’histoire du monde. (…) Le tiers-monde dégoulinait et l’Occident lui servait d’égout.

Dio est étranglé, seul meurtre commis par les désespérés. Cela n’a pas de sens. Mais si l’on veut nager à hauteur des symboles, quelque chose d’exemplaire se dessine : la volonté du tiers-monde de ne rien devoir à personne, de ne pas affaiblir la signification radicale de sa victoire en la partageant avec des transfuges. Les remercier ou même les admettre, c’était encore perpétuer une forme de sujétion.

D’autres civilisations, sagement étiquetées dans les vitrines de nos musées, avaient déjà subi le même sort. Mais l’homme écoute rarement les leçons du passé…

Dans tout le tiers monde, des flottes appareillent pour l’Occident. La grande migration déroulait son tapis. Et si l’on veut bien se pencher sur le passé des hommes, ce n’était certes pas la première. D’autres civilisations, sagement étiquetées dans les vitrines de nos musées, avaient déjà subi le même sort. Mais l’homme écoute rarement les leçons du passé…

(Fin de citations)

Raspail a échappé de justesse à la première loi «antiraciste» (elles ne sont pas rétroactives). Il s’amuse à calculer le nombre de poursuites judiciaires que lui vaudrait son livre s’il était publié aujourd’hui : 87 au minimum, mais plus sûrement l’interdiction. Car avec les démissions successives de l’Occident reflue aussi la liberté d’expression.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

Le Camp des Saints ; précédé de Big Other*, 2011, 4ème éd., Robert Laffont

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