Publié par Magali Marc le 24 janvier 2016

Alors qu’il l’appelait pour offrir ses condoléances, le premier ministre Justin Trudeau s’est fait raccrocher la ligne au nez par le conjoint de Maude Carrier, l’une des six victimes québécoises tuées au Burkina Faso la semaine dernière.

Cet incident a eu des échos au Forum économique de Davos, auquel participait le premier ministre.

Malgré l’attentat de Ouagadougou au Burkina Faso, au cours duquel six Québécois ont été tués dans l’attaque d’un hôtel et un restaurant par un commando jihadiste qui a fait 29 morts, le premier ministre canadien a de nouveau affirmé qu’il n’avait pas l’intention de revenir sur sa décision de retirer les six avions de combat CF-18 dans le cadre des frappes aériennes contre le groupe armé État islamique en Syrie et en Irak.

Le ministre de la Défense nationale, Harjit Singh, a fait ce qu’il a pu pour minimiser l’absence du Canada à une rencontre de la coalition pour lutter contre le groupe armé État islamique qui s’est tenu à Paris mercredi le 20 janvier.

Le fait que le Canada n’était pas invité à cette rencontre a fait couler beaucoup d’encre au pays.

Le gouvernement Trudeau s’est retrouvé sur la défensive depuis l’attentat de Ouagadougou alors que la mère d’une des victimes a lancé un cri du cœur pour que le Canada maintienne ses CF-18 en Irak et Syrie.

Le Parti conservateur maintenant dans l’opposition, a déploré l’absence du Canada à cette rencontre de la coalition à Paris, y voyant la preuve que la décision du gouvernement libéral de cesser les frappes aériennes était perçue comme «un pas en arrière par nos alliés, et non pas comme la détermination à rester à leurs côtés».

Le forum économique de Davos

Le 22 janvier, Andrez Coyne, chroniqueur au National Post, n’a pas raté Justin Trudeau pour son discours prononcé au sommet de Davos dans lequel il critique Stephen Harper comme si lui (Justin) était encore dans l’opposition.

Il est très mal vu au Canada de laver son linge sale devant la communauté internationale. C’est pourtant ce qu’a fait Justin Trudeau en reprenant la critique faite à Harper durant la campagne électorale selon laquelle il aurait eu le tort de baser l’économie canadienne sur l’exploitation des ressources naturelles dont le pétrole albertain alors que le prix du pétrole a chuté.

Il faut reconnaître qu’Andrew Coyne n’a pas pipé mot sur cette critique durant la campagne électorale (la plupart des médias canadiens étant favorables aux Libéraux) et a attendu le 22 janvier 2016 pour finalement dire que cette critique est sans fondement et que Stephen Harper n’a pas du tout fait cela :

« Dans le cas de Trudeau, il émerge de ce refrain fastidieux que le gouvernement Harper aurait bêtement mis tous nos «œufs dans le même panier», aurait misé toute l’économie canadienne sur le pétrole et le gaz, et nous aurait donc laissé exposés lorsque le prix du pétrole s’est effondré. Encore une fois, il n’y a pas une once de vérité dans cette déclaration.

En fait, l’ensemble du secteur énergétique – le pétrole, le gaz, l’hydroélectricité, le nucléaire, les travaux – apporte aujourd’hui un peu plus de 9 pour cent du PIB. Il était de 10 pour cent lorsque Harper a pris ses fonctions.»

Le maire de Calgary, Naheed Nenshi, ne l’a pas trouvé drôle non plus et s’est empressé de déclarer que :

« Nous (le Canada) sommes une économie de ressources. Notre principal produit d’exportation est encore l’énergie et je ne vois pas une voie conduisant à un changement de cela …»

La question de l’Austérité

Alors que la plupart des gouvernements européens misent sur l’élimination du déficit public grâce à des mesures d’austérité, les ministres canadiens présents à Davos proposent à qui mieux mieux une tout autre stratégie : investir massivement dans l’économie, par l’entremise des infrastructures, quitte à alourdir le déficit.

Justin Trudeau plaide à Davos en faveur de dépenses accrues de l’État.

Le premier ministre canadien a repris un de ses messages de la dernière campagne électorale à l’effet que les gouvernements devraient dépenser plutôt que d’imposer des mesures d’austérité pour générer de la croissance.

Les libéraux avaient promis en campagne électorale un nouveau programme d’investissements dans les infrastructures, afin de relancer l’économie canadienne. Ces injections de fonds publics obligeraient le gouvernement fédéral à afficher des déficits maximaux de 10 milliards de dollars cette année et l’an prochain.

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Toujours désireux de se montrer fidèle à ses promesses électorales, Justin Trudeau est en porte-à-faux par rapport à ses homologues européens.
Mais il devrait bien s’entendre avec Tsipras …

Pendant ce temps, les réfugiés …

Les organismes d’aide au réfugiés à travers le Canada découvrent que ces braves gens ne parlent que l’arabe, ont beaucoup d’enfants et ont des problèmes de santé imprévus.

Des cours de langue et l’embauche d’interprètes s’avèrent donc nécessaires, il faut trouver des logements plus spacieux pour les familles nombreuses et les frais de santé vont exploser.

Alors que le ministre McCallum se vante que le Canada a déjà atteint la moitié de sa cible et a accueilli 10,000 réfugiés, il s’empresse d’ajouter que ces réfugiés ont été soigneusement sélectionnés et que le Canada ne risque pas de vivre des évènements semblables aux viols de Cologne lors des festivités du Nouvel An.

Selon le ministre, le Canada n’accueille que des familles triées sur le volet et aucun célibataire désoeuvré susceptible de causer des problèmes.

Radio Canada a découvert que plusieurs familles de réfugiés syriens établies à Toronto avant le 4 novembre (assermentation des Libéraux) ont reçu une facture de 8892 $ d’Ottawa pour couvir les coûts des examens médicaux et des vols du Liban vers le Canada.

Selon le ministre McCallum, les 25 000 réfugiés syriens accueillis ou attendus sous le gouvernement de Justin Trudeau devraient être exemptés des frais de transport.

Ce ne sera pas le cas de ceux qui sont arrivés avant le jour de l’assermentation des Libéraux.

Comme la majorité des réfugiés arrivés au Canada sous le gouvernement Harper sont des Chrétiens, ils devront rembourser les frais de leur voyage et les soins de santé.

Le ministre McCallum a indiqué mardi que le gouvernement allait examiner «très bientôt» le « cas particulier » des réfugiés syriens dans cette situation, mais aussi tout le système de prêts aux réfugiés.

Les réfugiés en provenance d’autres pays arrivés après le 4 novembre doivent toujours payer leur billet d’avion, la plupart en contractant un prêt.

Même avec les Libéraux au pouvoir, la générosité canadienne a ses limites.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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