“Le fils de Saul,” un film hongrois de 2015, dirigé par László Nemes et co-écrit par Nemes et Clara Royer, a gagné un prix au Golden Globe dimanche soir au Beverly Hilton.
Le film montre un Sonderkommando juif-hongrois, brûlant des morts à Auschwitz, et qui un jour trouve le corps d’un enfant qu’il croit être son fils.
Nemes a fourni quelques commentaires public lors de la cérémonie :
“L’Holocauste (la Shoah) est devenu au fil des ans une abstraction. Pour moi, c’est plutôt un visage, le visage de ce qu’est l’humain. N’oublions pas cette facette de l’homme.”
Aux journalistes de JNi.Media, Nemes a dit dimanche :
“Nous voyons que des génocides sont encore perpétrés. Ils n’ont pas cessé. Je crois que nous devons plonger au tréfonds de l’âme humaine, et le cinéma peut faire cela d’une manière viscérale. C’est, je pense, ce que j’ai voulu faire dans ce film.”
Nemes, qui est juif, a dit au magazine Anthem l’an passé à Cannes :
“Nous en avions assez des représentations habituelles de l’Holocauste (Shoah). C’était pour nous, devenu insupportable. Nous avons essayé de concevoir une histoire, un film, qui ne fonctionne pas de la même façon et nous avons essayé de casser les codes. Le film trouve son origine dans notre frustration et le besoin d’en parler. Puis nous sommes tombés sur la trame avec les écrits du Sonderkommando qui en quelque sorte étaient la matière des pensées intimes de ces ouvriers. A partir de là, nous avions le fil conducteur pour écrire l’histoire. Ce type trouve un corps et se trouve face à un dilemme moral: Qu’est ce que je dois faire ? Voilà comment le projet a débuté.”
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Voici la vidéo de la remise de prix au Golden Globe – Le fils de Saul – Meilleur film étranger :
Question d’un journaliste dans l’assistance : “Pourquoi faire encore un film sur la Shoah? Il y a eu tellement de films sur ce sujet. Pensez-vous que ce soit encore d’actualité ?”
Réponse de Nemes : « Ce film montre les profondeurs de l’âme humaine. Il faut que la nouvelle génération continue d’apprendre à ce sujet. Regardez, il y a des génocides tous les jours. »
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Nancy Verdier pour Dreuz.info.
Image à la Une : Une scène du “Fils de Saul”
Photo Credit: Courtesy
La journaliste qui demande si ça vaut le coup de faire un énième film sur le sujet (quel sujet ?) puisque le tour de la question aurait été fait (comme si l’on pouvait faire le tour de cette question) a loupé une occasion de se taire.
La Shoah (le terme Holocauste ne convient pas, car il évoque un sacrifice religieux), ce que des hommes, les nazis, ont fait à d’autres hommes, notamment des juifs, est pour moi impensable.
Quoique l’on fasse, que le film dure 8, 10, 15 ou 30 heures, l’on arrivera jamais à représenter ce qui s’est passé. L’on ne peut que tenter de s’en approcher par la poésie, celle des mots, celle des images, celle de la musique.
Il est donc indispensable de faire d’autres films, et encore d’autres, et de la musique, pour “parler” cet impensable, le faire surgir, le laisser perler à la surface des mots afin que l’on sente qu’il y a en nous un ailleurs où Ca vit, que cet autre Monde en nous c’est aussi nous, et que l’on oublie jamais qu’il y a eu des hommes qui sont allés jusqu’à vouloir priver d’autres hommes de leur propre mort, comble de l’ignominie.