Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce texte d’Aaron David Miller qui a été publié sur le site de CNN, le 25 janvier dernier.
À écouter les débats présidentiels, en particulier dans le camp républicain, on aurait tendance à penser que c’est l’absence de leadership venant des États-Unis (lire de Barack Obama) qui est responsable des déboires actuels face à un Moyen-Orient fragmenté, en colère et dysfonctionnel.
« Obama n’a pas de stratégie au Moyen-Orient », a dit Jeb Bush. Le président n’a «fait qu’empirer les choses dans l’esprit de beaucoup d’Américains », accuse Marco Rubio.
Ted Cruz, pour sa part, prétend que le chaos en Syrie et en Irak est le résultat direct de l’échec des politiques d’Obama.
Même Hillary Clinton, qui a toujours appuyé les politiques du président, l’a implicitement critiqué en disant que le but des Américains ne devrait pas être de dissuader ou de contenir l’État Islamique, mais de le vaincre. Elle a aussi plaidé en faveur d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, une option que le président Obama a rejetée.
Rien de tout cela ne devrait surprendre.
Après tout, nous sommes dans une année d’élection présidentielle, et il serait carrément anti-américain de ne pas blâmer ou critiquer quelqu’un.
Mais qui ou quoi est en fait responsable de la situation malheureuse et de la confusion au Moyen-Orient ?
Je propose quelques possibilités. Vous pouvez faire votre choix. Quant à moi, je parie sur la troisième possibilité, comme étant la véritable origine des problèmes actuels.
Première possibilité: Blâmer Barack Obama
Ayant hérité des deux plus longues guerres – et des moins profitables – de l’histoire américaine, le président était déterminé à sortir les USA de ces conflits et de ne pas les impliquer dans d’autres.
Ses choix n’étaient pas très bons.
l’Amérique n’est ni crainte, ni respectée, ni admirée dans une région où elle devrait l’être
- En Irak, il s’est dirigé vers la sortie beaucoup trop tôt, a consenti aux politiques sectaires favorisant les chiites de l’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et a abandonné le champ, tant militairement que politiquement, laissant l’Irak à ses propres politiques dysfonctionnelles.
- En Syrie, le président s’est montré frileux. Il a fixé des lignes rouges sur l’utilisation par Bachar al-Assad d’armes chimiques qu’il n’a pas appliquées. Il a permis à sa rhétorique («Assad doit partir») de dépasser sa capacité à la réaliser, il a sous-estimé la montée de l’ÉI, et il n’a pas répliqué de façon assez agressive sur le plan militaire.
- En Libye, le président n’a pas donné suite à des efforts de huit mois pour se débarrasser de Mouammar Kadhafi avec un effort international qui aurait pu être mené par les États-Unis afin de stabiliser le pays.
- Enfin, ses politiques lors du printemps arabe et de l’accord nucléaire avec l’Iran ont aliéné les alliés traditionnels des américains tels qu’Israël, l’Arabie Saoudite et l’Egypte, laissant les États-Unis sans les relations dont ils ont besoin afin de défendre leurs intérêts.
Alors qu’il commence la dernière année de sa présidence, l’Amérique n’est ni crainte, ni respectée, ni admirée dans une région où elle devrait l’être.
Deuxième possibilité: Blâmer George W. Bush
Le prédécesseur d’Obama a mis en place la situation que le président actuel doit gérer.
Bien que le président Obama ait mal joué sont rôle, Bush a grandement facilité la dysfonction du Moyen-Orient.
À tous égards, l’invasion de l’Irak était mal préparée. C’était une entreprise désastreuse et mal conçue.
L’invasion de l’Irak a ouvert la voie à une bonne partie de la crise que nous voyons en Irak et même en Syrie aujourd’hui.
Même si le but de la guerre pouvait paraître défendable (la prétendue possession par Saddam d’armes de destruction massive), l’objectif final (essayer de transformer l’Irak en un régime démocratique pro-occidental) ne pouvait pas l’être.
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Nous avons envahi le pays avec une incompréhension déplorable de la dynamique sectaire entre sunnites et chiites
Nous avons envahi le pays avec des forces insuffisantes, une incompréhension déplorable de la dynamique sectaire entre sunnites et chiites, et des objectifs fantaisistes qui n’avaient aucune chance d’être atteints.
En fait, la véritable norme pour juger de la victoire n’était jamais si nous pouvions gagner, mais quand pourrions-nous partir.
Ce que nous avons laissé derrière, c’était le déclenchement d’une insurrection sunnite qui s’est transformée en État Islamique et une volonté d’accepter un pouvoir chiite exclusif qui allait rendre impossible une gouvernance fonctionnelle et une réconciliation entre chiites et sunnites.
Si l’aversion au risque de Barack Obama fait partie de la catastrophe actuelle, la volonté de prendre des risques de George W. Bush en fait aussi partie.
Troisième possibilité : Ce n’était pas à nous qu’il appartenait de «perdre» le Moyen-Orient.
C’est à leurs propres risques que les grandes puissances se mêlent des affaires des petites tribus comme nous en a averti l’historien libanais Kamal Salibi.
Le fait est que les néo-conservateurs et les interventionnistes libéraux ne sont que trop prêts à culpabiliser l’Amérique pour « avoir perdu » ici ou là – que ce soit en Ukraine,en Irak ou en Syrie – des pays où la responsabilité première de nos échecs et revers revient à leurs habitants et aux circonstances que nous ne pouvions pas contrôler.
Le problème fondamental du Moyen-Orient est l’absence de leadership et vouloir faire porter le blâme aux États-Unis, à la CIA, à Moscou ou à Israël
Malheureusement, cette réalité n’empêche pas l’Amérique de continuer à infantiliser les Arabes et leurs problèmes, en prenant pour acquis que l’Occident a toutes les réponses.
Le problème fondamental du Moyen-Orient est l’absence de leadership, d’institutions représentatives, de bonne gouvernance, d’égalité des sexes, de responsabilisation et surtout une volonté de la part des gens qui vivent dans le voisinage d’assumer la responsabilité de leurs dysfonctions et de cesser de faire porter le blâme aux États-Unis, à la CIA, à Moscou ou à Israël.
Bien sûr, nous faisons partie du problème, mais en aucun cas ne méritons-nous de porter la part du lion dans la responsabilité de tout ce qui a mal tourné.
La vérité est qu’aucune quantité de leadership américain ne peut stabiliser une région qui est en grande partie composée de tribus avec leurs drapeaux, leurs dirigeants profiteurs, leurs arabes et dirigeants musulmans qui refusent de délégitimer leurs propres extrémistes, et de grands espaces déserts mal gouvernés ou pas gouvernés du tout.
Cela signifie que vous pouvez cogner sur Obama et Bush tant que vous voulez – et sur le prochain président aussi si ça vous soulage, mais vous devez garder à l’esprit qu’il n’y a jamais de victoire permanente dans une région où les solutions à la plupart des problèmes sont entre les mains de la population locale.
Michael Jackson avait raison, si vous voulez faire des changements, commencez par vous regarder dans un miroir.
Tandis que les dirigeants américains doivent porter sur eux-mêmes un regard honnête, les dirigeants putatifs dans les pays arabes auraient dû depuis longtemps se livrer à un auto-examen beaucoup plus approfondi et critique, parce que s’ils le faisaient, ce qu’ils en concluraient c’est : « nous avons vu le problème, et le problème c’est nous ».
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.
Excellent article, merci d’avoir fait l’effort de le traduire. Je suis d’accord avec la derniere possibilite. La situation au MO depend essentiellement des populations autochtones et de leurs dirigeants. L’incapacite des populations musulmanes et de leurs dirigeants bien evidemment, a se soumettre a une negotiation quelle qu’elle soit est le premier obstacle. Ensuite bien sur viendront les interventions intempestives des dirigeants occidentaux imbus d’eux memes et ignorants des manieres de penser
locales. On voit bien l’effet qu’a fait la declaration de Fabius .
Article médiocre…
Ne tenant pas en compte qu’obama est antisémite, islamophile, communiste, raciste et anti-occidental. (Excusez les pléonasmes)
Et que depuis sept ans, toutes ses décisions ont été prises avec ces idéologies mortifères.
Ce n’est pas un article à charge d’Obama effectivement. Cherchez, sur le site vous en trouverez…
Bof… Géo paquet avait-il besoin que vous lui indiquiez qu’il existait d’autres articles Obamaphages à l’interieur du site? J’ai ressenti de votre part une lueur d’agacement. Qu’a dit Géo d’inexact, ou bien qui vous déplait à ce point, pour le tancer comme ça sans tendresse aucune? Vous avez le droit d’etre Obamaniaque et Obamacompatible, et meme les deux a la fois si ça vous fait du bien, ou meme pas du tout, mais alors dites moi : pourquoi faire le fort avec le faible, ou si vous preferez plutot, pourquoi etre cruel avec les bienveillants? n’est ce pas une attitude hautaine que vous lui avez exprmée? je n”aime pas Obama. Et aloooors! il faudra vous y faire.que ça vous plaise ou non.
D’accord avec cet article. Ni Bush, ni Obama totalement responsable de ce marasme.
Mouais…. Louvoiement caracteristique dont Mr Miller est coutumier mais je dis cela avec respect et amusement. En effet c’est dur de trancher parfois.Je peux le comprendre .Il me semble evident que la volonté de Mr Miller est de ne pas trop charger le triste sieur Obama en nous versant une bonne louche d’anti-Bushisme… C’est plus pratique de ne se mettre personne à dos, ça peut servir… pourquoi insulter l’avenir!! C’est quand meme vachement bien d’etre centriste.. Quand bien meme Mr Miller est un middle-man qui oscille entre reps et dems, à la manière des médias “mainstream” qui mettent dos a dos israeliens et jordaniens “neo palestiniens” de maniere a minimiser,voire tenter d’effacer la soif de sang des seconds envers les premiers….et surtout pour ne pas reconnaitre ses torts d’avoir nourri la bete immonde..
Sinon pour la 3eme partie de l’article, evidement que le monde arabe est responsable de son délire… Pas besoin de sortir de St Cyr.
On va dire que ca fait du bien de le lire. Soit…
C’est bien d’etre centriste, façon François Bayrou: j’tranche jamais,c’est risqué, mais j’accuse tout le monde de trancher et comme c’est pas moi qui tranche, c’est d’la m… donc je récolte!c’est pas cher et ca rapporte!Yesss!
Bref, c’est dévoyer la voie du milieu . La voie du tsadik est la voie du milieu. Helas il y a confusion mentale et escroquerie intellectuelle en feintant de singer la voie du sage veritable , en ne prenant jamais aucune decison forte,risquant de mecontenter un grand nombre, meme si cette decision est la plus juste soit elle.
David Lamandier, prenez un peu la température de Dreuz info avant de parler… Et bienvenue!
Cher Jam Butty.. Je prends acte,bien que je ne saisisse pas totalement ce que vous entendez par”prenez un peu la température de Dreuz avant de parler”. Cela dit, puisque vous me souhaitez la bienvenue, et que nous sommes des gens de bonne compagnie,eh bien merci de m’avoir accepté! Mais vous ne me repondez pas sur le fond, ou si peu à mon gout.
J’en profite pour faire un coucou affectueux à Magali Marc pour avoir traduit l’article dont nous parlons.
Bonjour David, vous dites plus haut qu’il faudra que je m’y fasse au fait que vous n’aimez pas Obama. Je m’y fais, je m’y fait, d’autant mieux que je ne l’apprécie pas non plus et que je le rends responsable du marasme EI en IRAK, ayant retiré les troupes trop tôt alors que l’EI en Syrie menaçait. Bush a peut-être eu tort d’aller en Irak, mais avant le retrait des troupes américaines, cet état était en voie de démocratisation. C’est pour cela que je vous disais d’aller voir sur ce site, il n’y a aucun article qui défend Obama…
Je ne suis pas “centriste” et pourtant je suis d’accord avec l’article : la responsabilité PREMIÈRE du chaos moyen-oriental est celle de leurs habitants.
Pour autant, je n’apprécie pas du tout Obama, pour des tas de raisons régulièrement développées sur ce site.
Et les premiers dommages que cause Obama, il les cause à ses compatriotes américains : il est quand même Président des USA !
Cessons de toujours vouloir incriminer (ou à l’inverse, applaudir) les USA pour tout ce qui se passe dans le monde !
Exactement, lres pays occidentaux sont des pays colonialistes, ne l’oublions pas, et leur soif de pouvoir les a inciter a intervenir en catimini dans des pays ou ils n’auraient jamais du intervenir et au lieux d’arranger les choses, ils n’ont pas qu’empirer… et tout ca pourquoi ? pour etendre leur egemonie sur le plus de pays possibles !
C’est malheureux a dire mais les arabes ne reconnaissent que les dictatures, c’est ce qui convient a ce genre d’humains “non evolues en conscience”, si on supprime les dictatures qui les gouverne alors c’est l’anarchie et nous voyons apparaitres d’autres dictateurs encore plus feroces que les premiers, donc laissons chaque pays se debrouiller…..
Est ce que les nations sont intervenu pour defendre Israel face a 6 armes arabes ?
Pourquoi vouloir a tout prix inposer des choix a une nation qui plus est, democratique !
En fait, toutes les guerres, les massacres les pollutions, les revolutions sont les fait des pays occidentaux, on se serait bien passe de cet interventionisme a outrance ….
Il faut arrêter d’intervenir dans ces pays. Qu’ils se fassent la guerre s’ils le veulent. mais pas question d’accepter leur réfugiés. Les USA sont trop intervenus, mais l’Arabie et l’Iran et le Qatar ne sont pas innocents…
L’intervention en Irak de G.W. Bush est beaucoup plus complexe qu’on veut nous le faire entendre: 1) par qui et comment les avions à 800 Kmh ont été dirigées sur les tours ? 2) la longue attente des USA avant de déclencher l’invasion de l’Irak qui a permis le nettoyage des gaz de combat par les Russes, la Turquie. l:Iran et la Syrie… 3) le calme avant la tempête Obama etc.
Excellent article Magali !!
Mais celui qui a commencé à se “regarder” dans le miroir, ou plutôt à faire se regarder dans le miroir certaines “personnes”, est le président égyptien Abdel Fatah Al SISSI, lors de son discours au Caire devant les plus hauts “dignitaires” religieux musulmans, leur déclarant que les dogmes de l’ISLAM devaient évoluer…
Une partie des gouvernements américains sont responsables du “désordre” des pays musulmans….
L’invasion en Europe est financé par ces mêmes ORDURES…
si vous voulez des liens, je peux en mettre…
Ce qui ne m’empêche pas d’aimer le peuple américain, mais ce dernier doit être conscient qu’il a été trahi par ses politiques…exactement comme en France, et sans aucune doute comme dans d’autres pays d’Europe…