Publié par Guy Millière le 24 février 2016

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Les élections primaires en train de se dérouler aux Etats-Unis sont le contrecoup et la conséquence directe des années Obama.

On le discerne peu en Europe, mais les années Obama ont été abominables pour les Etats-Unis et le peuple américain. J’en trace un premier bilan dans une chronique à paraître dans le prochain numéro du mensuel Israël Magazine.

Je me contenterai de dire ici qu’elles n’ont pas simplement marqué un recul des Etats-Unis sur la planète et un ébranlement de la pax americana mise en place après la Deuxième Guerre Mondiale, mais aussi un ébranlement profond de la société américaine elle-même.

Le nombre des pauvres aux Etats-Unis s’est considérablement accru depuis janvier 2009. Les chiffres du chômage réel sont très nettement supérieurs au chiffre de cinq pour cent partout affiché. Les classes moyennes sont en train de s’effriter. Des petites et moyennes entreprises sont condamnées à fermer par des réglementations proliférantes. De plus grandes entreprises ferment des sites aux Etats-Unis, pour en ouvrir ailleurs : les taxes sur les entreprises aux Etats-Unis sont aujourd’hui les plus élevées du monde développé. La police, sans cesse incriminée par l’administration Obama, est démoralisée. La criminalité remonte dans la plupart des grandes villes, et des municipalités de gauche sont « villes sanctuaires » où des immigrants illégaux peuvent vivre sans risquer de contrôles ou d’arrestations, même parfois s’ils sont accusés de crimes. Les tensions raciales sont exacerbées. Les anciens combattants et les militaires se sentent maltraités et constatent le gâchis qu’ont été les guerres en Irak et en Afghanistan. Des Américains sont morts pour une cause, et les soldats survivants constatent que la cause a été abandonnée en chemin. Ce dont on accuse souvent les Républicains s’est opéré sous le Président le plus à gauche des Etats-Unis : les pauvres sont non seulement plus nombreux, mais plus pauvres, et une minorité très riche est devenue beaucoup plus riche, parce que la création de monnaie par le Federal Reserve Board a mis en circulation des liquidités qui, ne s’investissant pas dans un secteur productif étranglé par les taxes, se sont retrouvées en bourse. Une bulle boursière s’est formée qui menace d’éclater. Le système Obamacare se révèle très onéreux et conduit à des hausses parfois vertigineuses du prix des assurances maladie.

Nombre d’électeurs démocrates se sentent floués par Obama, et sont tentés par une politique plus radicalement de gauche.

Bernie Sanders promet de démultiplier la redistribution dans tous les domaines et de faire payer Wall Street. Il séduit. Et il séduit particulièrement dans les milieux étudiants : on voit là les ravages qui résultent de la dissémination des idées socialistes dans l’enseignement supérieur aux Etats-Unis. Quand bien même les Etats-Unis sont bien moins touchés qu’un pays tel que la France, ils sont très touchés cependant. A un degré alarmant.

Sanders est dogmatique et marxiste, mais il n’est ni corrompu ni criminel comme Hillary

Hillary Clinton tient un discours à peine moins à gauche que Bernie Sanders. La gauche américaine perdant ses valeurs éthiques les plus élémentaires, peut encore voter pour elle, bien qu’elle soit corrompue et criminelle. Les gens de gauche qui gardent quelques valeurs éthiques contribuent au succès de Sanders : il est dogmatique, et marxiste, mais il n’est ni corrompu ni criminel. Hillary peut compter sur les cadres du parti pour la soutenir quand même, et elle peut compter aussi sur un électorat fidèle aux Clinton : les noirs assistés. Comme le disait Herman Cain il y a quatre ans, certains ont les clés de la plantation. Et la plantation aujourd’hui n’est plus le lieu où des esclaves travaillent dans les champs de coton : elle est le lieu où des noirs assistés attendent ce que le maître d’esclaves des temps modernes, le politicien promettant des allocations, va leur donner. Les électeurs démocrates étaient esclavagistes avant la Guerre de Sécession : ils le sont restés. Hillary sera sans doute candidate. Parce que tous les électeurs démocrates ne sont pas dans la plantation, et parce qu’ils n’ont pas tous perdu toutes valeurs éthiques, Hillary sera néanmoins une candidate très endommagée quand viendront les élections, en novembre. Elle devrait être en prison, mais sous Obama, la justice américaine n’est plus la justice. Dès lors…

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Nombre d’électeurs républicains, eux, se sentent floués par le Parti républicain. Le Parti républicain, pendant le premier mandat d’Obama, a étouffé le soulèvement des tea parties. Il a obtenu la majorité à la Chambre des représentants, puis au Sénat, et il n’a, pour autant, pas fait preuve d’une combativité digne de ce nom face à Obama, qui n’a cessé de contourner le pouvoir législatif sans que celui-ci ne proteste de manière déterminée. John McCain a été un candidat faible en 2008. Mitt Romney s’est montré lui aussi, au fil de sa campagne, un candidat faible. Le Parti républicain donne l’image d’une complicité inavouée avec Obama. Il en résulte une grande colère que l’establishment républicain a profondément sous estimée et qui explique le succès de Donald Trump.

Le candidat choisi par l’establishment, Jeb Bush, n’a attiré que des nombres faibles d’électeurs, malgré des millions de dollars dépensés. Il a quitté la compétition. L’establishment a choisi un candidat de rechange, qui est désormais Marco Rubio. L’establishment fera tout pour que Marco Rubio soit le candidat.

Il a face à lui deux candidats anti establishment, Ted Cruz et Donald Trump.

Ted Cruz incarne les valeurs du conservatisme : il n’est pas du tout certain que les valeurs du conservatisme soient à même de l’emporter cette année. Elles risquent fort de ne pas attirer un électorat assez large. Elles risquent d’apparaître comme n’étant pas à même de répondre à la colère des électeurs. Ted Cruz a, en supplément, choisi un directeur de communication, Rick Tyler, qui a eu recours au mensonge : cela risque de coûter cher à la campagne Cruz, même si Rick Tyler a été licencié.

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Donald Trump, lui, n’incarne que partiellement les valeurs du conservatisme, et incarne plutôt un nationalisme populiste. Et c’est ce nationalisme populiste qui vient fonctionner présentement comme une lame de fond.

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Donald Trump incarne la colère. Il bouscule le parti républicain et le mouvement conservateur, qui, à l’évidence, le déteste, à quelques exceptions près, dont Rush Limbaugh, qui est présentement le meilleur analyste de ce qui se passe.

Il vient tout à la fois réaffirmer l’identité américaine, qu’Obama s’est efforcé de lacérer et de piétiner, une volonté de retrouver le dynamisme économique et de voir l’économie créer à nouveau des emplois, une volonté de mettre fin à l’immigration clandestine et aux « villes sanctuaires », un désir d’en finir avec le politiquement correct dans tous les domaines, un soutien aux forces de police et à l’armée.

Ses critiques vis-à-vis de George W. Bush ont été excessives et très injustes : elles viennent néanmoins, c’est un fait, répondre au sentiment de gâchis qu’ont les anciens combattants et les militaires. Ses propositions de baisser les impôts sur les entreprises, mais d’augmenter les impôts sur les profits financiers viennent répondre au sentiment, très répandu, que les petites et moyennes entreprises sont écrasées et que l’enrichissement par la bourse qui s’est opéré dans les années Obama est une insulte à ceux qui perdent leur emploi. Ses propositions de renégocier les accords commerciaux internationaux viennent répondre aux fermetures de sites aux Etats-Unis.

Il va devenir très difficile d’arrêter Donald Trump. C’est d’ores et déjà presque impossible.

Je doute que Ted Cruz puisse se relever aisément de l’échec qu’il vient de connaître en Caroline du Sud, car c’est un double échec. D’une part, Cruz comptait sur les voix des Chrétiens évangéliques. Elles se sont en majorité portées sur Trump, qui a bénéficié de son altercation à distance avec le pape, qui aurait dû s’abstenir de parler de murs, alors que le Vatican est entouré de murs, et qui n’aurait pas dû donner l’impression qu’il soutient l’immigration clandestine. D’autre part, il a l’effet Rick Tyler.

Je suis sceptique quant aux chances de Marco Rubio : être désormais le candidat de l’establishment risque de ne pas lui porter chance. Le soutien de trois poids lourds du parti républicain en Caroline du Sud l’a hissé à peine au dessus des vingt pour cent.

Jamais un candidat qui l’a emporté dans le New Hampshire et la Caroline du Sud n’a perdu la course à la candidature. Et Donald Trump va sans doute l’emporter dans le Nevada.

L’establishment républicain et nombre d’auteurs conservateurs s’évertuent à imaginer des moyens d‘arrêter Trump. Plutôt que s’en prendre à Hillary Clinton ou Bernie Sanders, certains auteurs conservateurs semblent prêts à tout pour salir Trump.

Je crains qu’en faisant ce qu’ils font, ils ne risquent de faire élire Hillary. Ce serait impardonnable. Cela ne sauverait ni le parti républicain ni le conservatisme, mais signifierait la cataclysmique continuation du désastre Obama.

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Si Trump était élu quand même, cela signifierait effectivement la mort, par suicide, du Parti républicain tel qu’il a été, et celle du mouvement conservateur tel qu’il a été lui aussi.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

PS. Je ne relève même pas le mépris de tant de journalistes français vis-à-vis de Donald Trump. Je vois dans ce mépris un mépris pour tous les Américains qui votent Trump, et un aveuglement consternant sur les ravages provoqués par Obama, qu’ils continuent à traiter avec égards. Je vois là aussi un mépris très français vis-à-vis de l’Amérique profonde. Nombre de journalistes français n’aiment les Etats Unis que lorsqu’ils ont un Président anti-américain.

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