Publié par Jean-Patrick Grumberg le 28 février 2016

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Le 2 décembre 2015, les islamistes Syed Farook et Tashfeen Malik abattent 14 personnes lors d’une fête de Noël à San Bernardino en Californie.

Le 16 février, la juge Sheri Pym ordonnait à Apple de débloquer l’iPhone 5C de Syed Farook afin d’aider le FBI à lire les informations qui s’y trouvent, et sont protégées par un mot de passe. Le FBI souhaite découvrir dans l’historique des appels, les SMS, les sites fréquentées, les pseudos sur Facebook et ailleurs, d’éventuels complices afin de prévenir de futurs attentats.

Le PDG d’Apple, Tim Cook a refusé. Il affirme être prêt à se défendre jusqu’à la Cour suprême car, dit-il, le FBI va trop loin en demandant de créer une « backdoor » qui permette de contourner le mot de passe car cela met potentiellement en danger la vie privée de centaines de millions d’utilisateurs partout dans le monde.

Le cas est intéressant en ceci qu’il oppose clairement le respect de la vie privée au respect de la vie humaine.

L’aspect technique

  1. L’iphone 5C n’a pas de « Touch ID », ou capteur d’empreintes.
  2. Il s’active avec un mot de passe.
  3. Au 10e essai infructueux, tout le contenu s’efface.
  4. Après chaque essai infructueux, il faut attendre de plus en plus longtemps avant de pouvoir faire un nouvel essai.
  5. Le mot de passe ne peut être entré que sur le clavier, avec les doigts.
  6. La carte mémoire est directement intégrée sur la carte mère, donc impossible de la retirer et de la contrôler avec un ordinateur.
  7. Le FBI n’a pas le mot de passe de l’iPhone, Apple non plus.
  8. La dernière sauvegarde sur iCloud date du 19 octobre. Apple a aidé le FBI a la récupérer, mais elle ne donne pas tout le contenu du téléphone. De plus, il y a un écart d’un mois et demi sans sauvegarde jusqu’au 2 décembre, jour de l’attentat, et le FBI pense que Farook a pu intentionnellement éviter de sauvegarder pour que des informations ne tombent pas entre ses mains.

Le FBI a donc demandé à Apple – et le tribunal a suivi – de créer un « govOS » un système d’exploitation pour le gouvernement, qui permet de supprimer la limite de 10 essais, le temps d’attente, et l’accès par le clavier, pour le remplacer par un accès par un autre ordinateur, afin de trouver le mot de passe par la méthode de la « force brute », c’est à dire essayer plusieurs milliards de combinaisons.

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Apple a déclaré qu’il est capable de concevoir l’OS que réclame le FBI, que cela lui prendrait deux à quatre semaines pour 6 à 10 employés.

Tim Cook, PDG d'Apple
Tim Cook, PDG d’Apple

Mais Cook refuse. Il défend un principe. Le principe de la protection de la vie privée de ses utilisateurs, expliquant que s’il s’exécute, cela créerait un précédent juridique qui permettrait au gouvernement de forcer les sociétés informatiques à obéir à n’importe quelle demande.

Aujourd’hui, le FBI demande une backdoor pour connaître le contenu de l’iPhone d’un terroriste mort. Demain, il aura un argument encore plus fort s’il réclame d’accéder à un terroriste vivant qui s’apprête à commettre un attentat, etc…

De plus, qu’est ce qui, dans le futur, et avec l’autorité de la chose jugée, empêchera le gouvernement d’obliger Apple ou les autres marques, d’écrire un programme qui permette par exemple d’écouter et d’enregistrer les conversations – téléphonique ou pas, d’activer la vidéo pour voir les gens, et le GPS pour les suivre…

Voilà à quoi se résume le sujet.

D’un autre coté, le seul moyen efficace pour éviter les attentats, c’est le renseignement. Permettre au FBI et aux agences de contre-espionnage de surveiller les djihadistes, cela permet de déjouer leurs projets, et d’éviter des morts.

Vie privé ou vie humaine, on ne sait pas protéger les deux, il faut choisir.

Apple a choisi de protéger la vie privée.

Pour l’instant, le Congrès américain, l’opinion publique américaine penchent du coté de la vie humaine, et approuvent l’ordre donné à Apple. A gauche, les associations civiques, les sites spécialisés en informatique et les sites politiques, évidemment, sont du coté de la vie privée.

Et vous, de quel bord penchez-vous ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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