D’autres enseignements seront sans doute tirés ici ou là des caucus de l’Iowa. J’entends ici indiquer les enseignements que j’en tire personnellement.
Du côté républicain, la victoire de Ted Cruz n’est pas nécessairement significative. Les vainqueurs républicains au cours des années précédentes n’ont pas été le candidat choisi à la fin du processus. Ce qui est bien plus significatif est l’échec profond des candidats de l’establishment républicain : Jeb Bush obtient moins de 3 pour cent des voix, John Kasich, moins de 2 pour cent, tout comme Chris Christie.
84 pour cent des voix sont allées aux 4 candidats arrivés en tête, et aucun d’eux n’est issu de l’establishment. Outre l’échec de l’establishment républicain, ce qui doit être noté est que les 4 candidats arrivés en tête incarnent un renouvellement profond, puisque 2 d’entre eux sont des hispaniques âgés de moins de cinquante ans, issus des tea parties, un est un Afro-américain conservateur venu de l’extérieur du sérail politique, et le quatrième un entrepreneur capitaliste.
Trois de ces quatre candidats sont ceux qui vont continuer à faire la course en tête et c’est sans doute l’un d’entre eux qui sera le candidat. Cruz l’a emporté, de 4 pour cent, parce qu’il avait une organisation considérable et performante (cinq mille personnes mobilisées sur le terrain), parce qu’il connaissait bien le fonctionnement des caucus, qui impliquent de mobiliser des gens et de les amener vers le lieu de vote, et parce qu’il s’appuyait sur une base religieuse forte, dans un état où le conservatisme religieux est très influent. Rubio est parvenu à bien mobiliser, parce qu’il a appris à connaître le fonctionnement des caucus, et parce qu’il s’est adressé lui aussi à aux conservateurs religieux, de manière convaincante. Trump a pâti d’une moins bonne organisation de terrain, et d’une absence au dernier débat (sa stratégie sur ce point ne s’est pas avérée être la bonne) : il n’en a pas moins attiré les voix de la moitié des conservateurs religieux, ce qui est considérable.
Quel que soit celui des trois qui l’emportera, ce sera un conservateur au sens américain du terme : chacun des trois veut une baisse des impôts, un retour au dynamisme économique par l’allègement du poids du gouvernement, une Amérique plus forte militairement. Trump peut avoir des accents protectionnistes, là où ses deux concurrents sont plus libre échangistes, il peut être moins interventionniste, alors que des deux concurrents le sont davantage : ce sont des nuances.
Le candidat républicain sera un héritier de Ronald Reagan, qui prônait baisse des impôts, retour au dynamisme économique par l’allègement du poids du gouvernement, et une Amérique plus forte militairement.
Le candidat républicain sera porteur de la volonté de redonner aux Etats Unis leur dynamisme et leur grandeur. Trump, s’il ne gâche pas tout par quelque parole malheureuse, me semble plus à même d’attirer un spectre d’électeurs plus large incluant les « Reagan democrats » (ouvriers et employés paupérisés), il a su incarner la colère mieux que personne, et apparaître comme susceptible d’être un dirigeant fort.
Ce sont des atouts considérables. Ces atouts sont toujours là au moment où j’écris ces lignes.
Si Trump l’emporte nettement dans le New Hampshire, où il s’agira d’élections primaires, puis en Caroline du Sud, il restera en position de favori.
Pour garder ses chances, Cruz devra ne pas finir au delà de la troisième place dans le New Hampshire et pas au delà de la deuxième place en Caroline du Sud.
Pour avoir une chance, Rubio devrait arriver deuxième dans le New Hampshire et en Caroline du Sud. Rubio a toutes les chances d’être le candidat de rechange de l’establishment qui, ces derniers temps s’était rapproché de Trump et rejetait Cruz obstinément. Des ralliements se dessinent dans la direction de Rubio qui, pour l’heure, semble avoir le vent en poupe, davantage que Ted Cruz, qui risque d’avoir des difficultés pour attirer au delà de l’électorat conservateur religieux et conservateur en général.
Du côté démocrate, la victoire de Hillary Clinton n’en est pas vraiment une : elle est arrivée, en fait, à égalité avec Bernie Sanders. Il était important pour elle de paraître gagner, car chez les démocrates, le vainqueur en Iowa est souvent le vainqueur final.
Pour soutenir Dreuz financièrement, cliquez sur Paypal.Dreuz et choisissez le montant de votre don.
Ce qui est significatif, là, est que Clinton comme Sanders montrent une absence de renouvellement de personnes chez les démocrates, mais aussi une gauchisation des idées.
Obama a été un islamo-gauchiste tiers mondiste qui, pour être élu, a, en partie, caché son jeu. Bernie Sanders tient un discours de socialiste marxiste sans s’en cacher, et c’est sans précédent dans une campagne américaine. Hillary Clinton parle de manière plus opportuniste et moins structurée, mais a elle aussi des accents marxistes sur de nombreux points.
Ce qui est significatif, là aussi, est que Clinton incarne l’establishment démocrate, corruption et mensonges compris, et attire néanmoins des voix : des électeurs savent qu’elle est menteuse et corrompue, et votent quand même pour elle, ce qui est préoccupant. Bernie Sanders est un marxiste plus intègre, et le candidat anti-establishment chez les démocrates.
Le candidat démocrate sera soit un marxiste, soit une marxisante colorée d’opportunisme, de mensonge et de corruption.
Sanders devrait l’emporter dans le New Hampshire.
Dès la Caroline du Sud, Hillary Clinton devrait faire la course en tête, sauf si elle tombe sous le coup d’une accusation en justice, ce qui est très possible, dès lors que le dossier du FBI contre elle est accablant.
Si Hillary Clinton tombe, on évoque à Washington le retour de Joe Biden dans la course, et une candidature indépendante de Michael Bloomberg, cherchant à prendre des voix au centre gauche.
Le candidat démocrate quel qu’il soit sera l’incarnation d’une avancée des Etats Unis vers un socialisme marxisant, vers une indifférence au mensonge et à la corruption (car cette indifférence est déjà présente, et le restera, qu’Hillary Clinton aille jusqu’au bout ou non), et vers un déclin accentué et accéléré.
Un électorat est acquis aux démocrates dans tous les cas, on y retrouve les Afro-américains, les trois quarts des Hispaniques, les deux tiers des Asiatiques, l’immense majorité des pauvres, plus de soixante pour cent des gens de 18 à 25 ans.
L’électorat républicain est constitué de la grande majorité des membres chrétiens des classes moyennes de race blanche âgés de plus de vingt cinq ans.
L’accroissement numérique des minorités et des pauvres favorise les démocrates, qui partent avec l’assurance d’emporter 242 sièges de grands électeurs : il en faut 270 pour gagner, ce qui leur donne un avantage.
Les Républicains partent avec l’assurance d’emporter 179 sièges seulement. La décision se fera dans les états susceptibles de basculer dans un sens ou dans l’autre (swing states), Iowa, Ohio, Virginia, Caroline du Nord, Floride, Colorado, Nouveau Mexique, Nevada.
Une victoire républicaine reste difficile, mais possible. A condition que le parti républicain se rassemble autour d’un candidat.
Ce candidat, s’il est élu, aura à faire immensément, après les années Obama. S’il devait, le cas échéant, ne pas se montrer à la hauteur de la tâche, ce serait catastrophique.
Si c’est un ou une démocrate qui est élu, le pire est à venir. Je l’ai déjà dit. Je le redis.
Entre un héritier de Ronald Reagan, et un socialiste marxisant, la différence est absolue.
Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas seulement le futur des Etats-Unis qui est en jeu, mais le futur du monde.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
Oui vraiement d’accord avec votre analyse à gauche :
Blumberg est bien placé pour rafler la mise de 2 candidats de gauche fantaisistes ou corrompus, mais Biden pourrait être un outsider sérieux.
vraiment
Bloomberg n’est pas de gauche !! C’est un centriste au sens américain du terme.
Je rejoins Guy sur cette excellente analyse. Cruz est le plus constitutionnel & le plus conservateur, après lui Rubio vient en deuxième place. Mais Guy, il semblerait que l’attrait pour Trump s’est vaguement dégonflé suite à son refus de participer au dernier débat ; peut-être que l’électorat ne découvre plus rien de nouveau à son style (his brand) et commence à se lasser ? Il serait peut-être temps pour lui d’approfondir les détails de son programme économique, géopolitique. Ca va un peu le showbiz, les grands gestes et les belles paroles, mais il faudrait aussi élaborer, ses disciples ne sont pas tous des imbéciles – d’ailleurs je pense que la plupart ne le sont pas. Tous les entrepreneurs qui m’ont avoué leur préférence sont pro-Trump, et ça m’avait étonnée.
Reagan a remporté 44 états en 1980 et 49 en 1984, et il l’a fait grâce à sa positivité, son entre-gens, son talent d’orateur, et cet amour qui l’animait lorsqu’il ventait aux foules la grandeur de ce pays de cocagne et de liberté qui s’appelle l’Amérique.
Quant au parti démocrate, c’est ça http://thefederalistpapers.integratedmarket.netdna-cdn.com/wp-content/uploads/2015/11/meme4.jpg
Je pense que tu as raison, chere Annika. Trump va devoir se faire plus precis, ou il va s estomper. Le debat de samedi sera interessant a suivre. Mes preferences vont vers Cruz. Je crains qu il ne puisse attirer les Reagan democrats, mais je peux me tromper. Je crains que Rubio soit happé par l establishment, et perde les conservateurs pour cette raison. Je pensais jusqu a present que Trump pouvait attirer un eventail d electeurs plus large. Je ne pourrai continuer a le penser que s il ne commet pas d erreur majeure et s il etoffe son discours.
Pensez vous que le fait d’être qualifié d’Obama républicain puisse être un atout pour Rubio dans l’élection générale ? Je ne parle pas des idées (D.ieu l’en et nous en préserve) mais de la personnalité : même jeunesse, même charisme (que n’a pas Cruz), même incarnation du rêve américain (fils d’immigrés tous les deux) …
Je pense franchement que c’est lui qui a les meilleures chances de gagner l’élection générale car le plus rassembleur : suffisamment conservateur pour ne pas être boudé par l’électorat le plus à droite, mais suffisamment moderate pour ne pas rebuter les électeurs indépendants, voire les démocrates moderates, bien orphelins depuis la gauchisation du parti.
Sur les questions de société, je préfère Trump à Cruz tout de même, dont je n’ai vraiment pas aimé les diatribes contre les « New York values » … Ce genre de propos rebute les électeurs moderate.
Ally: “tell them to go ‘f##” themselves” http://www.redstate.com/absentee/2016/02/05/donald-trump-new-hampshire-tell-go-f/
http://www.cnn.com/2016/02/02/politics/donald-trump-ted-cruz-canadian-birth/index.html
On observe le f*** et le “s***” word de la part d’un candidat a la Maison Blanche. Ce genre d’expressions sans équivoque de la part d’un newyorkais explique la différence de culture entre les différentes régions du pays.
Le reste de l’Amérique n’aime pas New York, tout comme New York n’aime pas le reste de l’Amérique. Ça fait partie du folklore et si vous parliez à un américain qui ne vient pas de la Nouvelle Angleterre, il vous le confirmerait. C’est un vaste pays dont la culture n’est pas homogène (il y a beaucoup plus de différence entre un newyorkais et un texan qu’entre un parisien et un auvergna).
De plus, « Les électeurs moderate » ne pensent pas différemment.
Best regards.
J entends bien.
Je vous raconte une histoire tirée de ma vie personnelle. Une de mes bonnes copines la ou je vis est américaine (de Los Angeles). Elle a voté Reagan dans les années 80, puis Bush Sr., puis Bill Clinton, puis George Bush puis enfin Obama en 2008 et 2012. Rien d une horrible gauchiste donc. Venant de Californie, elle n aime pas particulièrement New York. Pourtant, c est le seul aspect positif qu elle voit en Trump, son côté New Yorkais (que Cruz lui reproche). Elle ne veut pas de Trump ni de Cruz à la Maison Blanche. En revanche, elle serait prête à voter Rubio en novembre. J en connais d autres comme elle qui votent tantôt républicain, tantôt démocrate.
Tout ceci pour dire que les américains qui ont voté Obama, dans leur très grande majorité, souhaitaient une alternance après 8 ans de Bush et ne sont pas des adeptes du socialisme à l européenne. Ce sont ces électeurs qui, une fois de plus, vont faire la différence en novembre. Ce n est pas avec des personnalités aussi clivantes que Cruz ou que Trump qu ils voteront de nouveau GOP. En revanche, Rubio peut les attirer, sans faire fuir en contrepartie les électeurs les plus à droite (comme l avaient fait en leur temps McCain et Romney). De plus, il a des atouts pour déclencher l engouement que n ont pas Trump et Cruz. Mais ce n est que mon avis.
Ally: Il y a plusieurs types de « conservatisme » aux E.U. Tels constitutional conservative, social conservative, fiscal conservative, néoconservatrice, paleoconservative, etc. GW Bush était plutôt neocon-progressiste, ou centre droite.
Je vote en tant que « constitutional conservative », car les valeurs ancrées dans la constitution américaine sont primordiales, c’est elle et les valeurs des pères fondateurs qui ont construit l’Amérique, et c’est sa disparition qui nous perdra. Ces valeurs ne sont pas là pour être disponibles ou non suivant les mérites du moment, ou l’air du temps. Elles favorisent expressément l’intérêt personnel et non pas le collectivisme, le droit individuel et non pas l’oligarchie étatiste; à travers ses lignes la constitution américaine désigne son intemporalité tout en rejetant le principe socialiste. Le 1er amendement est tout aussi précieux que le 4eme, tout aussi précieux que les limites imposées au pouvoir, etc.
Aussi je choisis un candidat suivant le respect qu’il accorde à la Constitution – et donc à la primauté du droit. Le plus « constitutional conservative » de tous les candidats c’est Cruz. Et quand on a des principes constitutionnels clairs, on ne peut voter pour Reagan un jour, pour Clinton un autre jour, puis réélire obama en 2012! Ce n’est pas seulement une question de gauchisme ou non mais plutôt un manque de clarté de motivation et manque de principes de base.
Jimmy Carter vient justement d’expliquer la différence entre Trump dont les principes sont « malléables » et ceux de Cruz qui ne le sont pas. Et Carter, en bon gauchiste qu’il est, s’est exclamé que puisque Trump est malléable, il préférerait Trump (plutôt que Cruz) a la présidence… You can’t make this stuff up!!
Pour en revenir au 4eme amendement, Rubio estime qu’il doit être bafoué pour des raisons de sécurité. C’est un big BIG point contre lui. Il a voté pour l’invasion de la Libye – une erreur monumentale – puis pour l’amnistie des illégaux-sans-papiers – une autre erreur monumentale. Je voterai pour lui au deuxième tour, mais pas au premier. It would offend my principles.
J avoue que les positions sociétales de ted Cruz me mettent très mal à l aise, de même que son côté ultra religieux. Vous l avez compris, je suis libérale de ce point de vue.
Cela étant, ce n est pas dirimant. Une fois élu, ted Cruz ne remettrait jamais en cause le droit à l avortement, tout comme Obama n a pas remis en cause le port d armes, inscrit dans la constitution. Il me semble que certaines choses sont désormais acquises pour les américains/américaines, comme le droit à l avortement ou le port d armes, qui ne peuvent plus être remises en cause. Mais peut être me trompe je.
Je suis comme vous. Si j étais américaine, je voterais ted Cruz au second tour mais jamais au premier. En revanche Trump jamais. Je m abstiendrais. Je reste cependant convaincue que ni l un ni l autre n auront l investiture.
Concernant les swing voters, c est la règle en démocratie puisque l élection se gagne à 50 pc et une voix. Une partie de l électorat change en fonction du candidat à chaque élection : marre de l administration précédente, envie de changement etc. Sinon il n y aurait jamais d alternance et ce n est pas une démocratie. Si le parti démocrate n était pas (re)devenu un immonde parti gauchiste et etait reste un parti centriste, ce ne serait pas bien grave : les changements auraient lieu à la marge mais il n y aurait pas remise en cause de l essence meme de l Amérique, comme on l a vu avec Obama.
Le débat sur l’avortement est loin – très loin – d’être résolu aux Etats Unis, et surtout chez les jeunes millenials. La jeunesse est de plus en plus pro-life, ceci dû aux avances dans la survie des prémis, et au fait qu’aux E.U. on peut se faire avorter legalement tard dans le troisième trimestre de grossesse. Sur la question d’avortement, c’est la gauche qui est radicale-extrémiste. D’ailleurs écoutez la réponse passionnée de Marco Rubio lors du dernier débat,
Rubio: « I would rather lose an election than be wrong on the issue of life »
http://injo.com/2016/02/531731-marco-rubio-says-the-issue-hed-rather-lose-the-election-on/?utm_source=email&utm_medium=owned&utm_campaign=morning-newsletter
Peut être ai je tort mais je ne vois aucun candidat, meme le plus férocement pro Life, remettre en cause l arrêt de 1973 Roe vs Wade ? George Bush etait pro life, il ne l a pas fait.
Quant au mariage homosexuel, même si un nouveau président le remet en cause, je ne le vois pas non plus annuler/dissoudre les mariages deja contractés. Ce serait particulièrement injuste dans la mesure ou les homosexuels mariés n auraient rien fait d illégal au moment de la conclusion du mariage et n auraient fait qu exercer un droit. La remise en cause du mariage homosexuel ne pourrait avoir lieu que pour l avenir.
Je suis assez libérale sur toutes ces questions, même si je ne suis pas une « intégriste ». Tout ceci relève de l intime donc je comprends tout à fait que l on puisse avoir des conceptions opposées aux miennes et, toutes conditions par ailleurs réunies, cela ne m empêcherait pas de voter GOP.
un peu pessimiste, Guy Millière … pourvu qu’il y ait un successeur à Ronald Reagan !!! le meilleur président américain de tous les temps !