Publié par Jean-Patrick Grumberg le 28 mars 2016

Michel Taubmann Hyper Caché © Dreuz info

S’il n’y avait pas eu Charlie Hebdo, il n’y aurait pas eu des centaines de milliers de personnes dans les rues. L’Hyper Cacher se serait inscrit dans la liste des attentats antisémites de ces dernières années… Ilan Halimi… Mohammed Merah….

C’est une évidence : les victimes de l’Hyper Cacher sont passées au second plan, après l’attentat de Charlie Hebdo.

Hyper caché* est donc un livre en hommage aux victimes de l’attentat terroriste de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes qui s’est produit le 9 janvier 2015.

C’est à la fois “quatre heures dans la tête d’un otage”, où Yohann Dorai raconte non seulement les faits, c’est à dire le terroriste qui entre, la panique, les gens qui hurlent, qui hurlent pendant des dizaines de minutes ; mais aussi le courage des deux vrais héros de la prise d’otages.

  • Le premier est Yohav Hattab, un étudiant de 21 ans, fils du Grand rabbin de Tunis. Yohav est abattu par Coulibaly alors qu’il s’empare d’une mitraillette.
  • Le deuxième est Zarie Sibony, la jeune caissière qui a risqué sa vie pour les autres, en mentant au tueur, les yeux dans les yeux.

Yohann Dorai, lui, a manifesté un sang-froid incroyable en faisant le clown et a raconté des histoires pour remonter le moral des gens.

“Dans notre livre, Yohann raconte les dilemmes des otages : ‘est-ce qu’il faut obéir au terroriste’, ‘est-ce qu’il faut prendre le risque de ne pas lui obéir’… des dilemmes Shakespeariens, comme on en voit dans les tragédies antiques.”

La fausse légende, Lassana Bathily, le malien présenté comme un héros, et qui n’en est pas un

Michel Taubmann a également été confronté à la fausse légende du malien Lassana Bathily, présenté comme un héros, et qui n’en est pas un, et il s’est trouvé obligé d’évoquer cette fable.

Michel Taubmann :

“Comme tout le monde**, après la prise d’otage, j’ai entendu dire qu’un jeune musulman sans papier qui travaillait à l’Hyper Cacher avait sauvé des juifs, et j’ai trouvé ça formidable : qu’il soit musulman ou pas, c’est quelqu’un qui sauve des gens.

Mais quand on a fait le livre, que j’ai rencontré les témoins, ils m’ont dit que ce n’était pas vrai.

Progressivement, nous nous sommes aperçus qu’aucun otage ne parle de Lassana Bathily : il n’est pas un acteur de la prise d’otages. Des 23 personnes qui ont été otages, un a été moins otage que les autres. Les autres ont été otages 4 heures et 20 minutes, lui a été otage une trentaine de minutes. De tous les otages, employés et clients, un s’est enfui avant tout le monde : Lassana Bathily. Tant mieux pour lui ! Mais il n’est pas représentatif de la prise d’otages.”

** Dreuz.info a été le seul média francophone qui a enquêté auprès des otages, et a révélé, 3 jours après les faits, que “l’employé malien n’est peut-être pas le héros qu’on croit”.

Michel Taubmann :

“Je peux dire aujourd’hui : personne n’a été témoin des actes héroïques imputés à Lassana Bathily. Tout est faux, imaginaire.”

“Par quel miracle, de cette prise d’otages, qui est un acte antisémite incontestable, est-il ressorti un héros musulman !

Si c’était vrai, pourquoi pas… mais ce n’est pas vrai et c’est très problématique en ce que cela montre l’incompréhension de la France face au phénomène islamiste.

Les médias se sont raccrochés à cette légende merveilleuse : “un Malien [Coulibaly] a piétiné le drapeau malien, et un autre malien [Bathily] l’a ramassé et l’a sauvé” a déclaré le président du Mali. Lassana Bathily est un héros national sur Facebook. Le président Obama l’a donné en exemple aux peuples du monde entier. La fondation Simon Wiesenthal l’a honoré comme un Juste parmi les Nations : on est arrivé à une espèce de délire !

Seulement Yohann Dorai me dit : “je l’ai pas vu”. Alors j’ai appelé d’autres otages, qui m’ont dit l’avoir vu sans le voir.

Je peux dire aujourd’hui – et c’est la parole de tout le monde, de tous les otages – que personne ne peut témoigner, que personne n’a été témoin des actes héroïques imputés à Lassana Bathily.

Tous les actes qu’on a imputé à Lassana Bathily sont : FAUX, IMAGINAIRES.”

Il convient de noter que Michel Taubmann, qui arrive à la conclusion, comme Dreuz, que Lassana Bathily n’est absolument pas un héros, nous a confirmé ne pas avoir eu connaissance de notre article du 12 janvier 2015 et des témoignages d’otages que nous citons.

Michel Taubmann a fait sa propre enquête, indépendamment de Dreuz, sans connaitre son existence, et il est arrivé à la même conclusion que nous, et il l’explique point par point dans son livre.

Le livre parle aussi de la vie de Yohann Dorai

Michel Taubmann :

Au travers du récit de Yohann Dorai, on assiste à la communautarisation, la séparation des gens issus de l’islam

“Je raconte sa vie, la vie de ce jeune juif, dont les parents sont originaires d’Algérie, et qui, comme beaucoup de jeunes juifs qui ont 30 ou 40 ans aujourd’hui, vivait dans un quartier modeste, parmi des enfants d’immigrés, arabes ou africains, avec qui il avait une communauté de vie de gens défavorisés, et qui ne correspond pas à la caricature antisémite ni aux préjugés sur les juifs.

Yohann est un gosse des cités, il fait les mêmes conneries, c’est un petit délinquant qui a arrêté l’école en 5e. Il est membre de ce qu’on a appelé la bande des “black beurs feujs”, et anti-chinois de Belleville.

Quand il se retrouve au sous sol de l’hyperCacher, caché dans le congélateur, il comprend que le terroriste, là haut, est un musulman, un islamiste, et il se dit : “on est de la même espèce”, baigné à la même culture du rap, dans le même terreau.

Sauf qu’il y en a un qui s’en est sorti…

Yohann Dorai, arrêté par la police à 13/14 ans, se livrant à la petite délinquance, des tags dans les rues, poursuivi par la police, les attaques des Chinois… à un moment donné, il s’est mis à travailler, il est devenu chauffagiste, il a gagné sa vie, il a monté une entreprise, il a plutôt bien réussi, également grâce à sa femme, qui l’a tiré de là.

Yohann sait que parmi les Karim, les Hakim qu’il a connus, certains heureusement s’en sont sortis, mais, comme il dit : “mes potes de jeunesse, soit ils sont morts soit ils sont en prison”.

“Au travers du récit de Yohann Dorai, on assiste à ce qui s’est passé depuis 20 ans en France, la communautarisation des milieux populaires, la séparation des gens issus de l’islam et des gens issus d’autres cultures, notamment les juifs.

Et puis, surtout, entre les juifs et les musulmans, une histoire très ancienne – ils étaient frères, frères ennemis en Algérie, puis au Moyen Orient, et frères ennemis à Paris, avec des proximités, des cultures proches, et en même temps, sur le plan politique, un fossé qui s’est creusé depuis le 11 septembre 2001.

Yohann Dorai, par exemple, raconte cette anecdote assez pathétique : quand il sort de l’Hyper Cacher, quand il regarde ses textos – plein de textos qui le félicitent d’être vivant – il n’y en a pas un seul de ses copains Karim, Hakim, Kader …

Pourquoi ?

Ses copains, il les croise encore dans la rue. Sa relation c’est on allume une clope, on parle football, mais personne ne lui dira “on est content que tu as échappé à la prise d’otages”.

Il y a un mur invisible, très très douloureux pour Yohann.

L’histoire de Yohann Dorai n’est pas seulement son histoire. Il raconte des choses très concrètes à propos de ces bandes qui s’entretuent à Belleville, de ces jihadistes qui tiennent des rues entières, de sa peur à la sortie du livre.”

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Hyper caché n’est pas seulement l’histoire des otages, c’est aussi une partie de l’histoire de France, de cette communautarisation, de cette islamisation qui monte et qui est très importante dans les quartiers, de cet antisémitisme qui progresse en France, et c’est pourquoi sa lecture est indispensable à toute personne qui veut mieux comprendre ce que les étiquettes “zone de non droit” et “banlieue islamisée” veulent dire, lorsque le politiquement correct, comme dans le livre, ne vient pas s’interposer pour brouiller les pistes.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : propos recueillis par Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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