Publié par Guy Millière le 1 mars 2016

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Je ne sais au moment où j’écris ces lignes si Trump va l’emporter lors des élections primaires du mardi 1er mars. Celles-ci vont avoir lieu dans douze Etats, dont le Texas.

Pour l’heure, Donald Trump est en tête dans huit Etats sur douze et pourrait se doter d’un avantage plus décisif que celui dont il dispose déjà. Je pense que Ted Cruz va l’emporter au Texas, et seulement au Texas. Si Ted Cruz perdait au Texas, ce serait la fin de sa campagne. Si quinze jours plus tard, Marco Rubio perd en Floride, sa campagne aura beaucoup de plomb dans l’aile, et Marco Rubio, lui, risque de perdre en Floride : les sondages prédisent présentement une avance de vingt pour cent à Trump.

Si Trump l’emporte dans huit Etats, les dés seront jetés. Je pense, en fait, qu’ils le sont déjà.

La gauche, qui a longtemps ironisé face à Trump commence à prendre sa campagne au sérieux, et commence à mener, par spots télévisés, une attaque massive contre Trump qui ne va cesser de monter en puissance. Pour la gauche américaine, Trump est un crétin, un monstre, un fasciste, un escroc, une réincarnation d’Hitler et de Mussolini, voire pire. Les campagnes menées contre George Walker Bush apparaitront comme très douces au vu de ce qui s’annonce. La presse internationale se joindra à la vague vociférante et bilieuse qui se dessine : le dernier numéro du magazine Le Point, en France, donne le ton. A un article digne d’Ici Paris ou de Gala, avec moins de style encore, mais avec beaucoup d’éléments faux (il y a, au moins, une ineptie ou un mensonge par paragraphe), succèdent deux texte emplis de rage rédigés par deux Américains bien pensants, Richard Ford et Robert Paxton : ce dernier était un homme sérieux lorsqu’il était historien, il fait montre, là, d’une forme de démence qui devrait inciter ses proches à s’inquiéter et à l’inciter à consulter un médecin.

A droite, ce n’est pas mieux. Des gens tels que Rush Limbaugh se livrent à des analyses sensées et dignes de ce nom. Un magazine que je lis depuis plus de trente ans, la National Review, est atteinte d’une forme de démence proche de celle de Richard Ford et Robert Paxton. Après avoir publié un numéro spécial anti Trump (mais aucun numéro spécial anti Hillary Clinton), la National Review a continué, et ces derniers jours, un de ses rédacteurs proposait une opération de type utilisation de l’arme atomique pour abattre Trump. L’auteur de l’article regrettait que Cruz et Rubio ne puissent pas utiliser de mitraillette pour réduire Trump en charpie et, faute d’arme atomique, l’éliminer physiquement. Un magazine en ligne que je lis régulièrement, PJMedia, a publié, sous la plume de Roger Simon, des articles peu ou prou aussi sensés que les commentaires de Rush Limbaugh, mais publie aussi des articles délirants : l’un d’eux voici deux jours décrivait Trump comme la gauche le décrit, utilisait le mot « fasciste » et publiait une photo plaçant côte à côte Trump et Mussolini.

Outre Rush Limbaugh et Roger Simon sur PJMedia, échappent à la folie qui vient, Jeffrey Lord sur American spectator.org, Charles Hurt et Monica Crowley sur le Washington Times, et l’essentiel des rédacteurs de breitbart.com.

Les conservateurs orthodoxes (si je peux employer cette expression) accusent Trump d’hérésie schismatique, et semblent souhaiter une élection d’Hillary Clinton : certains le disent d’ailleurs explicitement. A leurs yeux, Trump est un imposteur, le principal danger qui pèse présentement sur le mouvement conservateur américain. Ils pensent que si Trump est le candidat républicain et, pire, s’il est élu, ce sera la mort du mouvement conservateur.

L’establishment républicain pense, essentiellement, la même chose, ou presque, et pense que Trump, s’il est élu, représentera la mort du parti républicain.

Lors du plus récent débat télévisé entre candidats républicains, Rubio et Cruz se sont conduits comme s’ils s’étaient concertés pour s’en prendre à Trump avec violence, et l’ont attaqué sans relâche et sans énoncer leurs propres propositions.

Une attaque massive contre Trump, venant des conservateurs et du parti républicain se met en place sur des thèmes qui rejoignent ceux utilisés par la gauche.

Que la gauche vocifère contre Trump est logique : Trump incarne désormais tout ce que la gauche déteste : de la défense du port d’armes au refus de l’immigration illégale, de la fierté d’être américain à la volonté de restaurer la grandeur des Etats Unis.

Que conservateurs orthodoxes et establishment républicain vocifèrent aussi peut sembler moins logique, mais n’en est pas moins logique aussi : Trump n’est pas un conservateur orthodoxe et pourrait faire bouger les lignes qui définissent le conservatisme américain depuis des décennies. Il n’est pas non plus un républicain orthodoxe.

Il incarne un patriotisme économique, politique et culturel porteur d’entorses au libre échange et d’un non interventionnisme qui n’est pas isolationniste, mais n’en rompt pas moins avec le conservatisme teinté de néo-conservatisme qu’a pu incarner George Walker Bush et qu’incarnent Rubio et Cruz.

Tout en parlant de baisses d’impôts pour les entreprises et les classes moyennes aujourd’hui laminées, il parle de hausses d’impôts pour ceux qui se sont enrichis par la finance, qui font précisément partie de l’establishment républicain.

Il est, cela dit, sur toutes les positions qui font que la gauche le déteste, un conservateur.

S’il l’emporte, le conservatisme orthodoxe semblera appartenir, pour partie, au passé, et le parti républicain tel qu’il a été semblera lui aussi apartenir au passé.

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S’il devait être battu à cause des conservateurs orthodoxes et de l’establishment républicain, ceux-ci pourraient apparaître superficiellement avoir sauvé l’intégrité de leurs positions, ils n’en apparaitraient pas moins surtout comme ayant été les artisans de la victoire de ceux censés être leurs ennemis, et ceux qui se tournent présentement vers Trump ne leur pardonneraient pas.

D’un côté, ces dernières heures, Mitt Romney, le perdant trop soft de 2012, a procédé à des insinuations assez viles concernant Trump. Des articles de conservateurs orthodoxes en ont rajouté dans leurs propos anti Trump, faisant courir des rumeurs pas très fondées et utilisant les mêmes poubelles que la gauche pour y chercher des salissures.

D’un autre côté, Chris Christie a rejoint la campagne de Trump, tout comme Jan Brewer, qui fut gouverneur d’Arizona jusqu’en 2015. Rudy Giuliani se rapproche de Trump, tout comme Newt Gingrich.

D’un côté, les conservateurs orthodoxes et l’establishment républicain essaient désespérément de se sauver eux-mêmes en faisant perdre Trump, et ils semblent ne pas voir qu’en faisant perdre Trump, ils se perdraient eux-mêmes de manière suicidaire dans un pays glissant vers une sorte de troisième mandat d’Obama.

D’un autre côté, des gens discernent que pour sauver le conservatisme, il faut voir que le « conservatisme du sens commun » qu’affirme défendre Trump reçoit présentement un massif soutien, et que pour sauver le parti républicain, il faut regarder en face ce massif soutien, comprendre qu’il incarne un élan venu de quasiment toutes les catégories du peuple américain, et que cet élan est à même de venir surmonter le désastre Obama.

Si, mardi,Trump l’emporte dans huit Etats, disais-je, les dés seront jetés. Je pense, ajoutais-je, qu’ils le sont déjà. Nous serons fixés mardi soir.

Ce qui se joue est bien plus que le futur des Etats-Unis, c’est le sort du monde. J’y reviendrai.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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