Publié par Nancy Verdier le 29 mars 2016

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Le Bureau israélien du Contre terrorisme met en garde les israéliens contre une menace terroriste imminente et concrète en Turquie et les incite à quitter ce pays le plus vite possible ou à ne pas s’y rendre.

Hana Levi Julian rapporte dans The Jewish Press que le bureau du contre terrorisme pour la sécurité nationale d’Israël (NSCCTB) a relevé son niveau d’alerte pour la Turquie ce lundi en relation avec “une menace concrète de haut niveau.”

Le bureau du contre-terrorisme vient d’avertir les israéliens de ne pas voyager dans ce pays, et demande à ceux qui y sont déjà de partir le plus vite possible :

“L’attaque suicide mortelle du 19 mars 2016 à Istanbul, dans laquelle un groupe de touristes israéliens a été visé et touché souligne la menace que fait peser Da’esh (ISIS) contre les cibles touristiques à travers la Turquie et apporte la preuve de ses capacités à conduire de nouvelles attaques.

Les infrastructures terroristes en Turquie continuent de progresser et visent à présent des cibles touristiques – dont des touristes israéliens – à travers tout le pays” précise la mise en garde.

Cet avertissement s’adresse aussi aux résidents turcs de confession juive : des menaces pèsent sur les écoles maternelles, les centres de loisirs et les yeshivas.

L’Etat Islamique a lancé des menaces précises contre les institutions chrétiennes et juives et contre les chrétiens de Turquie à l’occasion des Fêtes de Pâques chrétiennes et les forces de sécurité turques ont été fortement mobilisées à cette occasion.

Mais la menace demeure pour les Fêtes juives de Pessah qui ont lieu à partir du 23 avril.

Nouvelle vidéo de l’attaque mortelle du 19 mars 2016 à Istanbul :

Bien que la plupart des attaques soient le fait de Da’esh et que le PKK des travailleurs du Kurdistan en ait quelques une à son actif, pour les israéliens, l’organisation terroriste du Hamas représente aussi une grande menace.

Le siège international du Hamas est basé à Istanbul, et pourtant personne, en Europe, ne dénonce son existence, en dépit de sa vocation à annihiler Israël et ses citoyens juifs – ou peut-être parce qu’il a vocation à annihiler Israël et les juifs. Le parti AKP du président turc Recep Tayyip Erdogan a accueilli le Hamas, déclaré organisation terroriste par l’UE ; Erdogan est un soutien sans faille de la mouvance des Frères Musulmans qui a donné naissance au Hamas.

Ce fait est fortement contradictoire avec les promesses récentes d’Erdogan de “combattre les terroristes aux côtés d’Israël,” et on peut se demander où se situe la réalité.

“Comme suite à l’évaluation de la situation par le Bureau israélien NSCCTB, il est décidé de relever le niveau d’alerte sur la Turquie, de le faire passer d’une menace de base concrète à un haut niveau de menace et de réitérer notre recommandation au public d’éviter de visiter ce pays – et pour les israéliens actuellement en Turquie – de partir aussi vite que possible.”

Beaucoup d’israéliens vivent en Turquie, très souvent mariés à des citoyens turcs. Certains sont là parce qu’ils aiment simplement la beauté du pays, sa musique et son art. D’autres y sont pour des raisons d’affaires ou des préoccupations artistiques.

S’il est possible de trouver quelques spécialités Cashers ici ou là à Istanbul, on doit vraiment se lever tôt pour les découvrir. Il n’existe pas d’agence locale de supervision des produits Cashers. La seule exception est le hechsher fourni par le Grand Rabbinat de Turquie sur quelques produits touristiques comme les confiseries “Turkish Delight”.

Pour le voyageur Casher, il y a possibilité de commander les plateaux repas de La Casa, identiques à ceux que l’on trouve sur Turkish Airlines sous le hechsher du Grand Rabbinat de Turquie. Il se trouve que La Casa crée et fabrique les meilleurs mets industriels conditionnés qui puissent exister. Les voyageurs juifs y ont recours quand ils visitent la Turquie car à part un restaurant et une boucherie Casher qui stocke des produits surgelés, il n’y a pas d’autres options.

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Et il n’y a pas que le terrorisme qui menace la Turquie, bien que ce soit le danger le plus imminent. Au-delà, se profile pour l’avenir, une crainte existentielle encore plus grave.

  • The JewishPress.com a mené récemment une enquête auprès de quelques juifs qui vivent dans le pays, et en exclusivité, leur donne la parole :

Aucun des juifs turcs qui se sont entretenus avec la rédaction de ce journal n’a voulu être identifié et la plupart ne voulait pas entrer en contact. La tension et la peur étaient palpables chez ceux qui ont accepté l’entretien. Même après avoir certifié que les conversations ne seraient pas enregistrées, et avant qu’une pleine confiance ne soit établie, il a fallu des promesses répétées qu’aucun nom ne serait utilisé.

  • Le reporter ayant promis de protéger les identités, voici la synthèse anonyme des entretiens :

“Nous ne sommes pas en sécurité” dit un témoin juif, un thème qui revient sans cesse au cours des entretiens avec JewishPress.com.

“En fait, personne n’est vraiment en sécurité en ce moment – mes amis musulmans sont tout autant exposés au danger que je le suis. Da’esh (ISIS) les considère comme des infidèles parce qu’ils boivent du café avec moi, que nous sommes en relation. Le PKK nous vise tous. Le terrorisme est une plaie qui ne connaît pas de frontières. Mais pour les juifs, il y a d’autres dangers outré l’antisémitisme, qui prolifère ici.

“Ceux d’entre nous qui se souviennent de qui nous sommes et ce que nous sommes et veulent rester juifs, doivent considérer soigneusement la situation qui est la nôtre. Certains sont déjà partis – la majorité en fait – tranquillement, en prenant bien soin de tout régler. On les regarde de travers car nous sommes des turcs loyaux ; mais notre loyauté n’est plus appréciée par notre gouvernement et par la plupart de nos concitoyens.

“La plupart des synagogues sont fermées. Il n’existe plus de magasins Cashers. Nos voisins sont partis. Ceux d’entre nous qui veulent se marier ont très peu de chances de trouver un conjoint juif. Chaque fois qu’Israël est impliqué dans une guerre, des extrémistes nous accusent quoiqu’il se passe — or nous ne sommes responsables de rien ! Mais au fond d’eux-mêmes, nos voisins nous détestent.

“Ceux qui décident de partir, finissent par le faire; ils sont autorisés à emmener avec eux une fraction de ce qu’ils possèdent, rien de plus — exactement comme n’importe quels autres juifs quand ils quittent une région.

“Mais les juifs turcs se trouvent devant le choix suivant : survivre en tant que juif ou choisir l’islam.”

Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction, adaptation © Nancy Verdier pour Dreuz.info.

Image à la Une: Inscription en Hébreu au dessus du portique d’entrée de l’ancienne synagogue Ahrida dans le quartier Balat d’Istanbul. La synagogue a 500 ans “mais comme les juifs ne viennent plus y prier en semaine” elle n’ouvre que le Shabbath, selon les responsables turcs. Photo Credit: Hana Levi Julian

 

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