Publié par Guy Millière le 25 mars 2016

7f822fc0-5fe7-4c8e-b075-e047883a6d44

Le résultat des élections primaires du mardi 15 mars est sans appel : Donald Trump l’a emporté dans quatre Etats sur cinq. Sa victoire en Floride a été si écrasante que Marco Rubio, sénateur de l’Etat, n’a pas eu d’autre choix que se retirer.

Le seul Etat qui lui a échappé, l’Ohio, n’a vu le gouverneur de l’Etat l’emporter qu’avec une marge de dix points, après que Marco Rubio se soit quasiment désisté en sa faveur, et que tout l’establishment républicain se soit déplacé pour le soutenir.

Le seul candidat à même d’inquiéter Donald Trump, Ted Cruz, ne l’a, pour l’heure, c’est un fait, emporté que dans les Etats où les primaires étaient fermées, et où les indépendants et les démocrates déçus ne pouvaient voter.

Dans le contexte actuel, Ted Cruz n’aurait une chance d’avoir assez de délégués pour devenir candidat qu’en obtenant environ 70 pour cent des délégués restant à désigner. On peut douter qu’il y parvienne, surtout dans un contexte où John Kasich reste candidat. Il lui sera difficile d’y parvenir même si, pure hypothèse, John Kasich se retirait.

Donald Trump pourrait l’emporter lui, en obtenant un peu plus de la moitié des délégués restant à désigner : cela semble a priori plus facile, mais cela ne l’est pas nécessairement.

Le parti républicain fera tout pour qu’il n’y parvienne pas.

Le parti républicain ne semble pas prêt à soutenir Ted Cruz non plus.

L’establishment républicain préfère présentement la victoire de Hillary Clinton plutôt que celle de Donald Trump, ou, même, celle de Ted Cruz

John Kasich (qui n’a aucune chance) ne reste dans la compétition que pour empêcher Donald Trump et Ted Cruz d’obtenir une majorité de délégués, et n’a pas renoncé à une convention arrangée au terme de laquelle un candidat choisi par l’establishment du parti serait désigné : ce candidat perdrait face à Hillary Clinton, mais l’establishment républicain préfère présentement la victoire de Hillary Clinton plutôt que celle de Donald Trump, ou, même, celle de Ted Cruz.

d70e6d12-e7d7-483f-a747-14ad8847ec7b

Le moins que l’on puisse dire est que son attitude est suicidaire.

Ted Cruz et Donald Trump incarnent tous deux un rejet du parti républicain tel qu’il a été ces dernières années : un rejet, en particulier, de la tiédeur, de l’esprit de conciliation qui a imprégné le parti républicain.

Le parti républicain se conduit comme un parti hostile à ses propres électeurs et à sa propre base, ce qui, en démocratie, ne mène jamais loin.

Ted Cruz a dit son hostilité à une convention arrangée, car il comprend que cela déboucherait sur une colère intense de l’électorat républicain. Il se présente comme le seul candidat à même de battre Donald Trump. Certaines de ses critiques de Donald Trump peuvent sembler pertinentes, la plupart ne le sont pas.

Si j’avais la nationalité américaine, je pourrais voter Ted Cruz. Je douterais, cela dit, tout en espérant me tromper, de la possibilité qu’il soit élu. Car je douterais de la possibilité qu’il attire des électeurs qui ne sont pas strictement conservateurs.

Donald Trump a dit lui-même son hostilité à une convention arrangée destinée à l’éliminer, à faire perdre le candidat républicain et à confisquer leur volonté aux électeurs et à la base. Il a prédit des émeutes en cas de convention arrangée, et il y aurait effectivement un risque d’émeute.

Il y a moins de quatre ans, après la défaite de Mitt Romney, le parti républicain a procédé à un bilan. Le résultat de ce bilan a été de dire que le parti républicain devait attirer de nouveaux électeurs, des indépendants et des démocrates déçus : c’est ce que fait Trump.

Le résultat de ce bilan a été de dire aussi que le parti républicain devait s’adresser davantage à l’électorat hispanique : de ce côté là, Trump a un déficit.

Si plutôt que d’attaquer Trump de manière hystérique, en adoptant parfois un discours de gauche ou d’extrême gauche, en s’en prenant avec violence et mépris à l’électorat de Trump, le parti républicain s’était ouvert à ce qu’incarne Trump, en discernant que sur l’essentiel des thèmes, il est conservateur, la situation serait différente.

df91b2dd-8b19-4de8-a216-699b44ed37c9

Ce n’est pas ce qu’a fait le parti républicain, et pour la deuxième fois depuis l’élection de Barack Obama, le parti républicain trahit : ses électeurs, sa base. La première fois était la trahison des tea parties.

Si j’étais américain, tout comme je pourrais voter Cruz, je pourrais voter Trump sans problème majeur.

Je constaterais que la vague qui porte Trump est immense, profonde. Je penserais que tenter de briser cette vague serait briser bien davantage que cette vague.

Je penserais que le mouvement conservateur américain, tout comme le parti républicain, est en train de disjoncter, voire a déjà disjoncté.

Je penserais que la vague qui porte Trump est susceptible de lui permettre d’être élu, face à un parti démocrate en piteux état.

Je penserais qu’en faisant tout ou presque pour faire élire Hillary Clinton, je jette dans la poubelle de l’histoire mes propres convictions, je contribue à détruire mon propre pays, et je prends la très lourde responsabilité de prolonger le désastre Obama de plusieurs années, et je cours le risque de rendre le désastre Obama irréversible.

Si Donald Trump devait l’emporter et être élu dans ces effroyables conditions, le parti républicain ne survivra pas intact : il se sera tué lui-même. le mouvement conservateur ne survivra pas intact non plus.

Si Donald Trump devait être éliminé par des manœuvres d’appareil, ou battu parce qu’il aurait du faire campagne face aux démocrates, aux républicains et aux conservateurs, le parti républicain se tuerait lui-même plus vite encore, et le mouvement conservateur se tuerait plus vite encore lui aussi.

Pour soutenir Dreuz financièrement, cliquez sur : Paypal.Dreuz, et choisissez le montant de votre don.

Quand je lis des articles de républicains ou de conservateurs porteurs d’une forme d’angoisse, feinte ou non feinte, face au fait que Donald Trump pourrait être aisément battu par Hillary Clinton, ma réaction consiste à me dire que si républicains et conservateurs ne crachaient pas sur Donald Trump comme ils le font, et ne faisaient pas le travail des démocrates, ceux-ci auraient la tâche moins facile. Ma réaction consiste à me dire aussi que si républicains et conservateurs ne discernent pas ce qui se passe présentement en Amérique, s’ils estiment logique de faire cause commune avec démocrates et gauchistes, ils sont aveugles, et méritent de disparaître.

9c370239-a0b2-4d9a-81dd-d4747f72755f

Donald Trump est-il responsable des assassinats d’Américains commis à Benghazi ? La réponse est non.

Est-il responsable de la transmission de plus de deux mille emails classés Secret défense, qui ont pu être intercepté par des puissances ennemis du monde occidental, ce qui constitue un acte de haute trahison ? La réponse est non.

A-t-il créé une fondation qui a longtemps fonctionné comme une arme de corruption massive ? La réponse est non encore.

A-t-il frayé avec des gens tels que Sydney Blumenthal et son sinistre fils antisémite, Max Blumenthal ? La réponse est non, toujours.

7f822fc0-5fe7-4c8e-b075-e047883a6d44

Et c’est à l’élection à la présidence d’une personne qui a fait tout cela que nombre de républicains et conservateurs se consacrent ? Et c’est Donald Trump qu’ils insultent et voient comme un danger, pas la personne qui a fait tout cela ? Honte à eux !

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous