Publié par Dreuz Info le 27 avril 2016

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« Le retour du peuple de la Loi sur sa terre est un défi sans précédent aux sociétés moderne, postmoderne, postcoloniale et multiculturelle, qui ne peuvent comprendre ou admettre le renouveau de cette nation vieille de plus de trente siècles et la brusque réapparition de référents religieux dans une vie sécularisée où le laïc est devenu la règle sacrée. Le rétablissement d’une souveraineté nationale par un peuple, dont on ne reconnaît que les individus et ne tolère que son culte, est le premier écueil pour les nations qui ont renoncé à la leur pour l’amalgamer dans un creuset européen flou et diffus.

Second obstacle, cette renaissance fait l’objet d’une lutte et devient une menace pour un continent qui vit depuis la fin de la seconde guerre dans l’illusion du pacifisme.

Troisième épreuve, le sionisme ravive le souvenir d’un affrontement entre l’Occident et l’islam, que l’on s’efforce d’occulter malgré les problèmes sociétaux liés à l’immigration, de la première à la troisième génération.

Israël est devenu le révélateur des enjeux politiques de notre temps, ce qui s’y passe prend souvent un caractère prémonitoire ou symbolique, et la posture prise à son encontre dessine le contour des crises qui déchirent l’Europe. »

Encore une fois, Michaël Bar-Zvi nous offre un livre salvateur, (Pour une politique de la transmission. Réflexions sur la question sioniste*)à méditer et à relire crayon à la main, qui irriguera pour longtemps la réflexion de qui veut voir l’avenir de la France et de l’Europe comme autre chose qu’un paysage ravagé par les forces de Mort qui menacent et frappent déjà.

Après Le Sionisme*, paru en 2002, Être et exil*, en 2006, et Israël et la France*, en 2014, le philosophe publie un nouvel ouvrage aux éditions Les provinciales. Dans ses livres passionnants et exigeants, à travers sa réflexion sur la nation et le peuple juifs, le disciple de Pierre Boutang renvoie son lecteur non-juif à sa propre conception de la nation : les notions récurrentes de fidélité, de vocation, et de souveraineté, telles qu’elles s’illustrent dans l’histoire du sionisme et d’Israël, viennent avec justesse ébranler quelques réflexes de (non) pensée inoculés aux Français depuis une cinquantaine d’années.

Identifier les ressorts et le rôle fondamental de la transmission dans l’histoire du sionisme et du peuple juif, c’est donc ce à quoi s’attelle l’ancien élève d’Emmanuel Levinas dans ces « Réflexions sur la question sioniste ».

Si certaines pages peuvent être un peu ardues dans leurs détails, l’ensemble de l’ouvrage est fort revigorant et ne découragera pas le profane. Au contraire, à la lecture de ses pages érudites et lumineuses, on ne peut que mesurer la force d’un peuple qui, malgré l’histoire, malgré le sang et l’exil, aura su transmettre non seulement un héritage précieux et insondable mais surtout une manière vivante d’appréhender celui-ci. L’acte de transmettre est une « relation au temps », nous dit  Michaël Bar-Zvi : le judaïsme – et, partant, toute tradition vivante – est une « tentative pour instaurer en l’homme une architecture du temps, à partir du sacré. ».

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En Europe, la dissolution des nations dans une fade mélasse bureaucratique est un des éteignoirs de toute possibilité réelle de transmission : là où il est interdit d’opérer de salutaires distinctions (souvent vilipendées sous le nom de « discriminations »), il devient impossible de bâtir dans le temps. Sous le règne du « J’vois-pas-pourquoi », l’on arrive à tuer, doucement mais sûrement, des peuples. Dans la France contemporaine, la vie même se heurte ainsi notamment à l’action pernicieuse et durable d’un relativisme aux ramifications mortifères.

« Le sang n’est pas la marque de la pureté mais celle de la vie, et c’est bien cela qui dérange nos sociétés aseptisées qui s’horrifient à la vue du sang, mais acceptent le meurtre par la technique dans l’indifférence ».

L’aseptisation et l’appauvrissement du langage sont des virus qu’il faut identifier et combattre avec constance. Si le détour par l’histoire est essentiel dans l’acte de transmettre, comment le faire à travers une langue dévaluée et amputée de ses nuances ?

« La construction d’une vie intérieure et l’acte de transmission peuvent-ils s’accomplir à travers une parole indigente ? Les mots ne sauvent pas toujours, mais la déliquescence du langage est le commencement du déclin d’une civilisation. »

L’état de notre langue, devenue un ensemble d’« éléments de langage » par l’action d’un usage médiatique démultiplié, est à l’image de l’état déplorable de notre école publique (rejeton monstrueux et dégénéré du gauchisme et du féminisme), d’où la figure du Père est à peu près absente. La destruction de la famille et de la filiation1 vient parachever la mise à mort de toute véritable transmission. L’Afrance est une coquille qui sonne creux, prête à être remplie par les premiers venus. Il n’y a plus de communauté.

Il faut dire aussi que le pacifisme, préalable à toutes les collaborations, continue de veiller au grain : l’histoire du sionisme nous invite à lire Jabotinsky, et à dépasser cette confortable couardise du refus de toute violence. L’usage courageux et non cruel ou lâche de la force est reconnaissance et acceptation de la Loi.

« Entre gêne et fascination, le Juif dérange aussi bien l’antisémite qui veut le détruire, que le bon démocrate qui nie sa spécificité. »

Aujourd’hui, l’on constate que le sionisme se trouve au centre de toutes les détestations démocratiques ; l’antisionisme, faux-nez d’un antisémitisme qui avance sous la bannière mitée de l’antiracisme, a fini par secréter ce que Bar-Zvi nomme le « palestinisme ». En lieu et place de la lutte des classes, on nous sert donc une fable islamiquement correcte dans laquelle la figure du Palestinien a pris la place du Lumpenproletariat et qui vient activer ou renforcer dans les esprits la haine millénaire du Juif.

Par ailleurs, au sortir de la deuxième guerre mondiale, une partie de l’Europe s’est crue hors de l’Histoire : pensant s’épargner ainsi de nouveaux conflits armés, elle réprouva la transmission de Soi et décréta obligatoire l’accueil de l’Autre. Cette folle volonté d’inclusion s’est transformé en désir de fusion, abolissant les frontières qui permettent la véritable rencontre. C’est pourquoi, au lieu de « surmonter le passé », voulant à tout prix l’oublier, l’Europe a créé les conditions pour que la guerre ne cesse jamais.

Ainsi, le vide idéologique engendré par la paralysie du mécanisme même de transmission a permis la situation tragique que nous vivons aujourd’hui et dont il faut à toute force sortir.

Israël, le sionisme et les Juifs peuvent-ils encore nous y aider ? Souhaitons-le en vérité et tournons notre intelligence et notre cœur vers Jérusalem.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gédéon Pastoureau pour Dreuz.info.

Pour une politique de la transmission. Réflexions sur la question sioniste, Michaël Bar-Zvi, Les provinciales, 152p.

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