Publié par Guy Millière le 17 avril 2016

chaos_in_the_city_the_end_of_world_wallpaper

Il m’arrive d’avoir l’impression que nombre d’observateurs, du côté européen de l’Atlantique, ou en Israël, ne mesurent pas l’importance de l’élection présidentielle américaine de novembre 2016.

Pour les États-Unis, c’est une élection de la dernière chance, ou presque. L’endettement du pays atteint une hauteur vertigineuse et place celui-ci au bord d’une crise financière majeure. Les tensions au sein de la population noire sont à un point proche de l’incandescence. L’immigration incontrôlée ou très mal contrôlée de ces dernières années a des conséquences lourdes en matière de crime, de chômage et d’explosion de la redistribution. L’impôt sur les sociétés incite de grandes entreprises à délocaliser leur siège social en nombre croissant. L’assistance fédérale versée aux entreprises installe peu à peu un système d’interdépendance entre administration fédérale et secteurs entiers de l’économie. La Constitution est bafouée sans cesse par un Président irrespectueux des institutions. La Cour Suprême risque de basculer en direction de juges gauchistes.

Pour l’ordre du monde qui fut appelé pax americana, c’est aussi une élection de la dernière chance ou presque. La liberté de commercer et d’aller et venir, l’absence de guerres majeures, ont pu exister parce qu’il y a eu la domination, puis l’hégémonie américaine, or l’hégémonie américaine est présentement très ébranlée. La puissance militaire américaine est à son plus bas niveau depuis la veille de la Seconde Guerre Mondiale. La doctrine stratégique impliquant que les États-Unis pouvaient mener deux guerres à la fois a été abandonnée il y a deux ans. De multiples côtés, des signes indiquent la montée d’un chaos très envisageable. La menace islamiste n’a jamais été plus élevée, et si l’État Islamique recule, un peu, en Syrie et en Irak, il avance ailleurs : en Libye, dans le Sinaï, en Afrique saharienne et subsaharienne. L’Europe n’a jamais été aussi menacée et n’a pas les moyens de se défendre, d’où les discours très ambigus de nombre de ses dirigeants politiques. La Chine affirme son hégémonie régionale sur l’Asie et est confrontée à des difficultés économiques propices aux fuites en avant. Son allié nord-coréen est d’ores et déjà dans la fuite en avant et accentue sa coopération avec l’Iran des mollahs fanatiques, que seule la Russie de Poutine est à même de juguler, et la Russie de Poutine est un régime autoritaire, allié de la Chine, de l’Iran, de la Corée du Nord. Des signes de décomposition marquent l’Amérique latine : du Brésil au Venezuela ruiné par la doctrine Hugo Chavez, de l’Argentine à la Colombie. Israël se rapproche des pays sunnites du statu quo, confrontés comme Israël aux immenses risques constitués par l’État Islamique et l’Iran des mollahs fanatiques, tout en se rapprochant, faute d’alternative, de la Russie.

196344_5_

Une élection de Hillary Clinton (ou pire encore, de Bernie Sanders, ce que je n’ose imaginer, même si je vois Bernie Sanders gagner élection primaire après élection primaire et se rapprocher des scores de Hillary jusque dans l’État de New York) signifierait que les maux qui rongent les États-Unis de l’intérieur s’aggraveraient et deviendraient difficilement réversibles, et que le monde serait, à terme, dominé par l’alliance Chine-Iran-Russie.

Pour soutenir Dreuz financièrement, cliquez sur : Paypal.Dreuz, et choisissez le montant de votre don.

La myopie de nombre d’observateurs, du côté européen de l’Atlantique, ou en Israël, me consterne, et le mot est faible. Elle me semble suicidaire : je l’ai déjà écrit, je dois le répéter.

L’aveuglement de divers de mes amis conservateurs, aux États-Unis même, m’afflige.

Les conservateurs américains débattent pour savoir comment arrêter Donald Trump, en ajoutant que celui-ci n’est pas conservateur. Ce faisant, ils épargnent Hillary Clinton (et Bernie Sanders), voire les servent. Discernent-ils que ni Hillary Clinton, ni Bernie Sanders ne sont conservateurs, et discernent-ils qui est Hillary Clinton ? Discernent-ils qui est Bernie Sanders, l’homme qui a des sympathies pour le Hamas ?

Les apparatchiks républicains réfléchissent eux aussi aux moyens d’arrêter Donald Trump, pas aux moyens d’arrêter Hillary Clinton (et Bernie Sanders).

14148251835_9f4e03f448_z

Ils espèrent une convention arrangée. Après avoir voulu Jeb Bush, s’être tournés vers Marco Rubio, ils se tournent maintenant vers Ted Cruz, qu’ils ont longtemps fait profession de détester, et Ted Cruz use de la situation jusqu’à en abuser.

Ted Cruz a, intellectuellement, toute ma sympathie, mais il n’a pas gagné les élections primaires dans plusieurs états essentiels. Il a remporté moins de voix et moins d’états que Donald Trump. Il rassemble, c’est un fait, un électorat au spectre moins large que Donald Trump. Il essaie présentement de l’emporter sur Donald Trump en usant de stratagèmes d’appareil.

S’il parvenait à ses fins, c’est un fait encore à mes yeux, il perdrait, car les électeurs de Donald Trump considèreraient que leur vote a été volé, à juste titre, et ceux qui parlent en sophistes en insistant sur la nécessité de bien connaître les stratagèmes d’appareil pour l’emporter savent, j’en suis certain, qu’ils parlent en sophistes.

Si un autre candidat que Donald Trump est désigné désormais, ce sera un candidat perdant, et ce sera un cataclysme, je l’écris et je prends date.

Si Donald Trump est désigné dans le tumulte et si les discours hystériques à son encontre persistent, il perdra lui aussi, et ce sera un cataclysme là encore, je l’écris et je prends date là encore.

Donald Trump n’est pas un conservateur orthodoxe et à un degré de pureté absolue. Mais lorsqu’il se définit aujourd’hui comme un common sense conservative, conservateur du sens commun, je comprends son discours. Je n’approuve pas l’intégralité de ses positions, mais j’approuve suffisamment de ses positions pour le préférer infiniment à Hillary Clinton (et à Bernie Sanders).

3574571224

Donald Trump subit un taux d’opinions négatives élevé présentement, mais si, plutôt que contribuer à ce taux d’opinions négatives, un certain nombre de gens ne regardaient pa la paille dans l’œil de Trump, mais la poutre dans l’œil de Hillary et de Bernie, un changement serait envisageable, et j’aurais moins l’impression que des gens tels que Karl Rove, George Will ou Charles Krauthammer jouent de la musique sans discerner qu’ils sont sur le pont du Titanic.

J’ose encore espérer, parce que j’aime les États-Unis et parce que je sais qu’ils sont (comme l’a dit une démocrate autrefois) la « puissance indispensable » que le pire sera évité, que nombre d’aveugles retrouveront la vue, et que nombre de ceux qui jouent de la musique discerneront qu’ils sont sur le pont du Titanic.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous