Publié par François Préval le 9 mai 2016

Trump Sarkozy

Il est désormais établi que Donald Trump va gagner la délégation pour l’élection présidentielle américaine de cette année. Ses deux ultimes rivaux, Ted Cruz et John Kasich se sont retirés de la course, faisant de lui le vainqueur technique, et probablement numéraire, de cette primaire.

Il sera donc le candidat républicain a l’élection présidentielle américaine. Reste à connaitre le personnage.

Trump a bâti son succès sur un langage direct, parfois brutal, battant en brèche le politiquement correct le plus élémentaire et prenant à contre-pied nombre de dogmes établis en politique américaine, y compris au sein du parti qu’il compte représenter. Il n’a pas hésité à prendre à bras le corps des sujets aussi sensibles que l’immigration, l’islam, l’avortement ou le droit au port d’arme. Cela l’a fait instantanément haïr de l’ensemble de l’élite de gauche ainsi que du monde des médias et du spectacle qui est soumis à cette élite, mais aussi plébiscité par une large partie du peuple américain.

A ce niveau, une question centrale se pose : Donald Trump est-il réellement sincère dans ses prises de position et engagements politiques ?

Elle vaut réellement d’être posée au vu du parcours et des positionnements antérieurs de l’homme. Notamment sur l’immigration, ce dernier a initialement défendu des positions extrêmement dures avant d’effectuer un rétropédalage et de nuancer ses propos en disant accepter une certaine immigration, puis de revenir à ses positions antérieures, le tout à quelques semaines d’intervalle. Par ailleurs, à cote de mesures relativement raisonnables telles que le durcissement de la législation existante ou les renvois de migrants irréguliers, il prône également des initiatives irréalistes comme notamment l’idée de ce mur sur la frontière américano-mexicaine qui serait financé par…le Mexique.

Autant dire que le projet n’a aucune chance réelle d’aboutir, il est donc inutile et même potentiellement nuisible.

De même, Donald Trump semble avoir changé d’opinion sur plusieurs sujets sociétaux, tels que l’avortement auquel il se dit opposé (alors qu’il y était favorable il y a encore une quinzaine d’années), la répression contre le trafic de drogue (alors qu’il était ouvert à une légalisation en 1990) ou le pseudo-mariage homosexuel (au sujet duquel il n’avait exprimé aucune opinion publique). De tels revirement peuvent laisser sceptique d’autant plus que notre homme, avant de devenir un soutien des républicains, changea très souvent de parti : démocrate jusqu’en 1987, puis républicain jusqu’en 1999, puis de nouveau démocrate entre 2001 et 2009, encore républicain en 2009-2012.

Un tel changement d’opinion peut très bien être sincère et résulter d’une réelle évolution d’esprit, mais rien ne le prouve à l’heure actuelle. En revanche, il existe des sujets sur lesquels il n’a pas changé d’opinion, comme la peine de mort ou le droit au port d’arme dont il est partisan.

En attendant, Donal Trump fait bien figure de prétendant mais aussi d’outsider au sein même du parti républicain. Et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, il ne vient pas de l’establishment politique américain mais du milieu des affaires, ce qui lui confère plusieurs avantages. Magnat de l’immobilier, il a bâti sa fortune seul et peut compter sur son parcours pour assurer sa crédibilité et s’assurer une bonne organisation de campagne.

De plus, sa fortune le met à l’abri de toute pression et lui assure une totale indépendance de discours et de position. Ensuite, il n’est pas un militant chevronné du parti républicain, ayant même été, comme on l’a vu, un ancien soutien des démocrates. Cette non-appartenance aux deux partis politiques dominants lui donne des allures de non-partisan et d’indépendant, donc nouveau et intéressant. Enfin, il n’a pas le langage policé, convenable et terne des politiciens professionnels, républicains comme démocrates. Lui est direct, frontal, voire brutal et cogneur.

Il n’a pas peur de la polémique ou des jugements moraux du politiquement correct et n’hésite pas à aborder de front des sujets sensibles, quitte à aller parfois dans l’excès. Sur le plan purement idéologique, s’il défend l’essentiel du credo conservateur en politique intérieure, ses positions sur la politique extérieure sont très différentes de celle du parti de l’éléphant et prennent même le contrepied de la politique de Georges W. Bush, puisqu’il se dit hostile au renversement des dictateurs des pays arabes tels que l’Irak, la Libye ou la Syrie, s’opposant ainsi de la même manière à la politique de Barack Obama. Il s’est prononcé très nettement contre l’immigration hispanique illégale alors que le parti républicain est plutôt hésitant, voire compréhensif envers cette immigration potentiellement pourvoyeuse de main d’œuvre bon marché.

De telles positions à rebours sont à double tranchant, elles ont jusqu’ici assuré le succès de Trump mais pourraient en marquer ses limites.

Ainsi, ses positions sur la politique internationale, couplée à sa préférence pour de faibles taxations, pourraient lui valoir les faveurs des libertariens, minoritaires mais bien organisés médiatiquement aux Etats-Unis. De même, sa défense des valeurs conservatrices pourraient rassembler la base chrétienne et patriotique, encore importante aux Etats-Unis et désabusée par les précédents candidats John Mc Cain et Mitt Romney, un peu ternes. En revanche, son opinion sur l’immigration illégale pourrait lui coûter irrémédiablement l’électorat hispanique ou une grande partie de celui-ci, numériquement très important. Il se pourrait bien que l’homme d’affaire rectifie le tir dans les jours à venir, en vue de compenser cette perte.

La question se pose aussi de savoir s’il ira jusqu’au bout de son défi électoral, complètement fou il y a encore un an.

Aura-t-il les ressources, le courage et l’honnêteté de le faire ? Ou va-t-il se désister finalement en faveur d’un de ses anciens challengers actuels perdants (Ted Cruz semblerait alors le mieux placé). Un tel cas de figure n’est nullement impossible, surtout aux Etats-Unis.

Il y a trente-cinq ans, un autre candidat républicain arrivait à la Maison Blanche. Lui aussi était un outsider, qui sortait du sérail politicien. Ancien acteur de cinéma, lui aussi ancien démocrate, il adopta des positions peu orthodoxes pour son parti, notamment une politique extérieure plus interventionniste et musclée, une promotion des valeurs morales et familiales sans précèdent et une défense du libéralisme économique décomplexé. La suite est connue : Ronald Reagan, élu deux fois de suite, est devenu le fossoyeur de l’URSS et a relancé les Etats-Unis comme superpuissance mondiale.

Pour soutenir Dreuz financièrement, cliquez sur : Paypal.Dreuz, et choisissez le montant de votre don.

Il y a près de dix ans, un homme politique de l’UMP accédait à la présidence en France.

Il avait été élu en axant sa campagne très à droite, promouvant les valeurs familiales, le patriotisme, fustigeant l’immigration et le laxisme de la justice, promettant une remise en cause sans concession des décisions de la gauche.

Le résultat est également connu : Nicolas Sarkozy n’a pas tenu promesse, n’est en rien revenu sur les décisions de la gauche, et lui a même ouvert son gouvernement. Les électeurs de droite s’en souviendront et le sanctionneront pour cela en 2012.

Donald Trump sera-t-il le Reagan du XXIe siècle ou le Sarkozy des Etats-Unis ?

Seul l’avenir nous le dira, mais il vaut mieux souhaiter pour l’Amérique et le monde qu’il soit le premier et non le second.

Un Trump élu, honnête et volontaire peut encore, malgré ses excès et ses erreurs, impulser un changement profond et positif, d’autant plus qu’il est hors du sérail politicien, terne et pusillanime. Bien qu’il ne soit pas clair sur certains sujets et qu’il ait profondément divisé le parti républicain, il a incontestablement les meilleures positions sur les sujets importants, notamment la dénonciation de l’immigration illégale, de l’impérialisme islamique et la persécution des chrétiens d’Orient, ainsi que la coupable compromission de l’administration Obama sur ces sujets.

S’il va jusqu’au bout de sa campagne, il faut souhaiter qu’il l’emporte sur son adversaire démocrate, que ce soit Hilary Clinton (le plus probable), une politicienne de gauche corrompue, anti-chrétienne et islamophile, ou Bernie Sanders (le challenger), socialiste déclaré, admirateur de régimes totalitaires et partisan de trahir les Etats-Unis et l’Occident.

Et s’il l’emporte, il faut souhaiter qu’il applique son programme dans sa partie la plus réaliste. Ainsi, il faut prier pour que Trump devienne le Ronald Reagan du 21e siècle jusqu’au bout.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Préval pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading