Publié par Jean Vercors le 15 mai 2016

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L’Ukraine a remporté le 61e concours Eurovision de la chanson qui se déroulait à Stockholm, en Suède grâce à la chanteuse professionnelle Jamala.

“Merci l’Europe”, a-t-elle déclaré entre deux sanglots à l’annonce de sa victoire.

Sa chanson, 1944, porte sur la déportation des Tatars de Crimée ordonnée par le dictateur de l’Union soviétique Joseph Staline.

Utiliser l’Eurovision pour dénoncer le sort des Tatars de Crimée, l’Ukraine a “réussi son coup”. Une simple chanson de ce concours vient rappeler au reste du monde le sort des Tatars, dans une Crimée devenue territoire russe.

J’ai trouvé cette chanson angoissante, déprimante et surtout ennuyante. D’autres pays comme l’Australie méritaient la première place. Jamala ne chantait pas, elle pleurait, hurlait. Cette chanson n’aurait jamais du être acceptée par l’Eurovision car engagée politique.

La chanteuse commenca son morceau par les paroles :

«Quand les étrangers arrivent, ils viennent dans votre maison. Ils vous tuent et disent : ‘Nous ne sommes pas coupables».

L’Australie a remporté le vote du jury, la Russie celui des téléspectateurs, mais c’est l’Ukraine qui a gagné… Embarrassant, non ? Pour la première fois de l’histoire de l’Eurovision, les votes du jury de professionnels et des téléspectateurs ont été divulgués séparément, et il faut avouer que la divergence entre les deux était importante. A quoi bon participer à un concours truqué, et dont-on sait à l’avance qu’il est truqué.

Quels intérêts artistiques, économiques ou politiques poussent les pays à y participer ? L’Ukraine, pauvre économiquement, devra débourser au moins vingt millions d’Euros pour organiser l’Eurovision 2017.

Mais regardons cette chanson de plus près. Examinons l’année 1944…

En 1944, les Tatars de Crimée collaborent avec les Nazis pendant l’occupation allemande de la Crimée de 1941 à 1944. Le gouvernement soviétique expulse les Tatars de la Crimée, sur l’ordre de Joseph Staline et Lavrenti Beria.

Femme tartare de Crimée fournissant aide et réconfort aux nazis (1942)
Femme tartare de Crimée fournissant aide et réconfort aux nazis (1942)

L’Eurovision interdit que les candidats chantent des chansons politiques. L’Union européenne de radio-télévision (UER), qui organise le concours, a pourtant estimé que la chanson de Jamala ne contient pas un message politique, mais plutôt « un fait historique où Jamala parle d’une histoire qui est arrivée dans sa famille ».

Le 9 mai, un tweet de l’Union européenne de radiodiffusion confirmait “que ni le titre ni les paroles de la chanson Ukrainienne ne contenaient un discours politique», et donc qu’elle n’a violé aucune règle de l’Eurovision, lui permettant de participer à la compétition.

Pourquoi l’Union européenne de radiodiffusion a-t-elle voulu propulser cette chanson réquisitoire, au lendemain de la victoire des Alliés sur le nazisme, le 8 mai 1945, et la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe, marquée par l’annonce de la capitulation de l’Allemagne.

Les Européens aiment déféquer sur l’histoire, et celle de la Russie qui célèbre le 9 mai sa victoire de la Seconde guerre mondiale.

Les Tatars de Crimée, une histoire que les médias ont choisi d’ignorer

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La 162e division de la Wehrmacht était composée de tartars de Crimée (ici dans la région de Padova en Italie) et d’Azeris. Elle combattait la résistance italienne près de Spezia et la vallée du Taro.

Près de 100.000 Tatars de Crimée ont accueillis bras ouverts les nazis comme « libérateurs ».

«Nous sommes honorés d’avoir l’occasion de nous battre sous la direction du führer Adolf Hitler, le plus grand fils du peuple allemand … Nos noms seront ensuite honorés, ainsi que les noms de ceux qui préconisent la libération des peuples opprimés” Ainsi s’exprimait le président du Comité tatar Jaljala Abdurashidova lors d’une cérémonie, le 3 janvier 1942 à Simferopol.

Selon le Comité international pour la Crimée basé à Washington, les Allemands ont formé six bataillons et 14 compagnies de tatars de Crimée avec 1,632 hommes, le 15 Février 1942. Au total, près de 20 000 tatars de Crimée ont servi dans des bataillons organisés par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale.

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Tartars de Crimée entourant dans la joie un Nazi
Tatars de Crimée entourant dans la joie un Nazi

La déportation des Tatars de Crimée est une opération planifiée par le gouvernement de l’Union soviétique et exécutée en 1944 sur les ordres de Staline et Beria. Expulsés de la Crimée, les Tatars ont majoritairement été déportés vers la Sibérie, principalement en République socialiste soviétique d’Ouzbékistan.

L’Islam est la religion dominante chez les Tatars de Crimée.

Ils sont aujourd’hui environ 400 000 à vivre en Ukraine. Comme la plupart des ethnies turques, les Tatars sont sunnites.

L’islam telle qu’il se pratiquait au moment des khans a pratiquement disparu sous le coup de la russification du XIXe siècle d’une part, puis avec la déportation des Tatars de Crimée en 1944. Ils ne seront autorisés à revenir en Crimée qu’au milieu des années 1980 (début de la politique de Perestroïka).

Aujourd’hui, les mouvements nationalistes tatars se revendiquent généralement d’un islam « modéré » mais qui les différencie des Ukrainiens.

Les Ukrainiens de Crimée, majoritairement russes, ont choisis de soutenir Poutine suite à un référendum. La Crimée est donc, officiellement, rattachée à la Russie depuis le 18 mars 2014. Une désolation pour la minorité musulmane et l’Europe si peureuse.

Le 11 mars 2014, le Conseil suprême de Crimée approuvait un décret garantissant la restauration des droits des Tatars, et leur réintégration dans la société de Crimée, tout en reconnaissant le « sort tragique » du peuple tatar.

Les Tatars et l’Allemagne nazie

Lorsque l’armée allemande envahit la Crimée, le 22 juin 1941, un grand nombre d’habitants les ont accueillis comme des libérateurs. L’un des groupes ethniques qui se réjouissait le plus de l’arrivée des envahisseurs teutons étaient les musulmans soviétiques. D’ailleurs les tatars rejoignirent les arabes de Palestine sous la bannière nazie.

La collaboration entre nazis et nationalistes palestiniens, entre 1933 et 1946, fût conduite sous la houlette du mufti de Jérusalem, Amin al Husseini, qui déclarera :

« Nous admirions les Nazis. Nous étions immergés dans la littérature et les livres nazis. Nous fûmes les premiers à envisager de traduire Mein Kampf [en arabe]. Quiconque a vécu à Damas à cette époque était témoin de l’engouement arabe pour le nazisme. »

Les crimes de la Crimée

Les Tatars de crimée ont soutenu les massacres de juifs au 17e siècle

Le soulèvement de Khmelnytsky était une révolte des cosaques d’Ukraine contre la Pologne-Lituanie entre 1648 et 1657. Elle était menée par Bohdan Khmelnytsky. Les Cosaques zaporogues, alliés avec les Tatars de Crimée et la paysannerie ukrainienne locale, affrontèrent lors de plusieurs batailles, les armées et milices de la République des deux Nations.

Bogdan Chmielnicki (1595-1657), chef cosaque de l’insurrection paysanne contre la domination polonaise en Ukraine en 1648, a entraîné la destruction de centaines de communautés juives.

Riche, cruel et hargneux, toujours avide de puissance et de domination, il possédait une grande expérience de la guerre et du pillage, pour avoir fait avec les Cosaques plusieurs pogroms.

En 1646, Chmielnicki s’est impliqué dans une querelle avec le gouverneur de la province où il a vécu. Il a été arrêté, libéré sous caution, et en 1647, il fuit vers le centre cosaque de Zaporozhye sur le Dniepr, d’où il commença à fomenter la révolte contre la domination polonaise. Après une agitation sociale et religieuse, accompagnée de soulèvements répétés et l’échec de rébellion, Chmielnicki demanda le soutien du leader tatar Khan de Crimée, qui autorisa l’un de ses chefs militaires à se joindre à Chmielnicki.

Quand les Ukrainiens, les Cosaques et les Tatars décidèrent de chasser les Polonais hors de leur pays, des massacres de juifs commencèrent, à grande échelle.

En 1635, eu lieu en Ukraine la première grande explosion de violence contre les Polonais et les Juifs.

La tentative de soulèvement fut écrasée, mais elle reprit avec un surcroît de violence treize ans plus tard.

Cette deuxième révolte, en 1648, qui réussit à libérer l’Ukraine de la domination polonaise, était conduite par un Cosaque ukrainien sanguinaire : Bogdan Chmielnicki. Dans une large mesure, elle était dirigée contre les juifs.

Chmielnicki fit cause commune avec le Khan (roi tatare) de Crimée, s’engageant à lui livrer tous les prisonniers. À la tête d’une armée importante de Cosaques et de Tatars (ennemis mortels auparavant, et désormais unis par cette alliance dans une œuvre commune de pillages et de massacres), Chmielnicki partit en guerre au printemps de l’an 1648.

L’historien Nathan Nata Hanover, dans Yeven Metzula rappelle :

« Certains étaient écorchés vifs et leur chair jetée aux chiens. Les mains et les pieds d’autres étaient coupés et leurs corps lancés sur la route où des chariots leur roulaient dessus, et ils étaient piétinés par des chevaux… Des enfants étaient massacrés sur le sein de leur mère, et ils étaient découpés en tranche comme du poisson…. Aucune espèce de mort non naturelle dans le monde ne leur était épargnée »

Il n’est pas étonnant que les juifs, quand ils entendent le mot « cosaque », soient pris de dégoût. Ces gens ont tué 120 000 juifs et détruit 300 communautés juives de la manière la plus cruelle que l’on puisse imaginer. Des massacres atroces furent perpétrés en Volhynie et en Podolie.

Aujourd’hui encore, Chmielnicki est considéré en Ukraine comme un héros national, une sorte de « libérateur du territoire ».

A Kiev se dresse sur une des places principales une grande statue érigée en son honneur.

Après Hitler, Chmielnicki a été l’oppresseur le plus sinistre des juifs, l’initiateur des terribles massacres de 1648-1649 des juifs polonais et Ukrainiens.

Cosaques sous la bannière de la croix gammée

Au cours de l’été 1942, lorsque les Allemands pénètrent dans les territoires soviétiques, les cosaques voient en eux des libérateurs. Les habitants se rallient alors aux troupes de Hitler pour combattre les forces de Staline.

En été 1944, plus de 40,000 cosaques étaient stationnés dans le haut Frioul (Italie du nord). Pour les gens de la Carnie, sympathisants de la résistance communiste italienne, l’occupation cosaque représentera un martyre, aujourd’hui encore bien vivant dans la mémoire des anciens.

Si je ne vous racontais pas cette histoire tragique, les médias ne le faisant pas, qui l’aurait fait ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean Vercors pour Dreuz.info.

Sources :

stosstruppen39-45

fr.wikipedia.org

academia.edu

books.google.co.il

 

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