Publié par Guy Millière le 1 juillet 2016

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L’attentat djihadiste qui a frappé l’aéroport d’Istanbul a été abject, comme tous les attentats djihadistes. Outre les morts, il laissera des blessés et des mutilés.

L’État islamique, pour autant, n’est pas près de disparaître : il est implanté dans vingt pays environ, et des militants prêts à tuer sur toute la planète.

Il va être très nuisible au tourisme en Turquie, secteur déjà sinistré en raison d’autres attentats perpétrés sur le territoire turc et à Istanbul. Il va être délétère pour cette part de la population turque qui est ouverte à l’Occident, et qui prédomine encore à Istanbul. Il va être délétère pour le transit aérien en direction d’Israël : Istanbul est un lieu de passage pour des centaines de milliers de passagers se rendant en Israël.

Les causes de l’attentat souvent énoncées ces derniers jours sont le rapprochement entre la Turquie et Israël après une longue période de relations glaciales. C’est là, peut-être, l’une des causes de l’attentat. Mais c’est loin, très loin d’être la seule.

Le chef de l’État turc, Recep Yayyip Erdogan, a pris ces derniers mois quelques distances avec l’État islamique, sous la pression de la Russie, et, plus récemment des États-Unis. L’État islamique voit dans le changement d’attitude d’Erdogan une forme de trahison, à juste titre. Erdogan s’est longtemps conduit comme un allié tacite de l’État islamique, qui a pu exporter le pétrole qu’il extrait des régions qu’il contrôle par le territoire turc, et qui a pu, longtemps, recevoir argent, marchandise, armes, nouvelles recrues au travers de la frontière turque. Erdogan a aussi facilité l’invasion de l’Europe par des « migrants » partant des côtes turques en direction de l’Europe, tout en sachant pertinemment que des djihadistes de l’État islamique étaient disséminés parmi les « migrants » et que le mouvement de migration faisait partie des projets de l‘État islamique.

L’État islamique exerce des représailles. Il peut d’autant plus aisément les exercer qu’il a eu amplement le temps d’implanter militants et terroristes djihadistes en Turquie, pendant les années où Erdogan était son allié.

Erdogan récolte ce qu’il a semé. Le malheur est que ce n’est pas Erdogan lui-même qui est directement touché, mais des civils innocents. Une fois de plus.

Attendre d’Erdogan qu’il reconnaisse sa responsabilité serait beaucoup trop attendre. Erdogan est un islamiste, et il restera un islamiste.

Il a joué la carte de l’État islamique. Il a perdu. Il voulait le renversement du régime Assad à Damas, il ne l’a pas obtenu. Il voulait s’affirmer comme chef de file de l’islam radical sunnite, il n’y est pas parvenu.

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Présentement, l’État islamique recule sur le territoire irakien. Ce recul est présenté comme une victoire de l’armée irakienne : c’est en réalité une victoire de l’Iran et, derrière l’Iran, de la Russie.

L’État islamique, pour autant, n’est pas près de disparaître : il est implanté dans vingt pays environ, et il ne faut pas l’oublier. Il a des militants prêts à tuer sur toute la planète, et pas seulement en Turquie. Ses militants viennent de la terre entière (ceux qui ont agi à Istanbul étaient russe, ouzbek, kirghiz). Le péril islamique reste intense et peut frapper à tout instant, en des centaines de lieux, comme il vient de frapper à Istanbul. L’ombre délétère du djihad n’a pas même commencé à refluer. L’État islamique est au cœur de cette ombre. Erdogan n’est pas très éloigné du cœur de cette ombre, et les victimes de l’attentat d’Istanbul ne l’ont pas rendu davantage fréquentable.

Si l’État islamique devait disparaître, ce qui n’est pas au programme dans l’immédiat, une autre entité du même type ne tarderait pas à voir le jour, et des hommes tels qu’Erdogan seraient là pour la financer et pour l’armer.

L’accord passé entre la Turquie et Israël est un simple accord tactique dans le cadre complexe d’un Proche Orient en proie à la décomposition et au chaos, les dirigeants israéliens le savent et n’ont aucune illusion.

Les accords entre l’Union européenne et la Turquie, négociés par Angela Merkel, sont porteurs d’un aveuglement qui pourrait être très lourd de conséquences, tout comme l’incapacité persistante chez tant d’Européens à percevoir que le djihad a de multiples visages et de multiples apparences.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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