Publié par Ftouh Souhail le 20 juillet 2016

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Aujourd’hui c’est le 72e anniversaire (20-21 juillet 1944) du coup d’État raté de Von Stauffenberg contre Hitler.

Ce colonel, issu d’une famille de la noblesse allemande, est l’une des figures centrales de la résistance militaire contre le nazisme.

Alors qu’il était chef d’état-major auprès du commandant de l’Armée de Réserve et de l’Intérieur, Von Stauffenberg a fomenté un complot contre Adolf Hitler, organisant un coup d’État militaire, qui a avorté, connu aussi sous le nom d’opération Walkyrie.

Il avait planifié, avec des conjurés militaires, le renversement du régime nazi afin de pouvoir négocier la fin de la Seconde Guerre mondiale avec les puissances alliées.

La première phase du coup d’État consistait à l’assassinat d’Adolf Hitler.

L’opération échoua, car la bombe déposée par le colonel Claus Von Stauffenberg dans une des salles de la Wolfsschanze explosa, mais Adolf Hitler ne fut que légèrement blessé. La survie d’Hitler permit aux partisans du Führer de faire échouer la seconde phase du coup d’État, qui consista à la prise du pouvoir et la mise en place d’un nouveau régime.

L’échec du complot, suivi par une répression particulièrement féroce, accrut le rôle de Heinrich Himmler, l’un des plus hauts dignitaires du Troisième Reich, et renforça la méfiance de Hitler à l’égard du corps des officiers, à l’exception de ceux de la SS (1).

Himmler, qui fut chef de la police allemande et ministre de l’Intérieur du Reich à partir de 1943, porte la responsabilité la plus lourde dans la liquidation de l’opposition en Allemagne nazie.

Von Stauffenberg est mort fusillé le lendemain du complot du 20 juillet 1944 (2).

Les corps des autres fusillés sont enterrés avec leurs uniformes et médailles. Hitler les fait exhumer et donne l’ordre de les brûler. Leurs cendres sont dispersées au-dessus d’un champ d’épandage de Berlin. Hitler a envisagé de faire assassiner les familles des conjurés et d’effacer leur nom de famille, comme la famille Stauffenberg qui fut détruite jusqu’au dernier membre.

Mais il me semble que la répression qui a suivi le complot de juillet 1944 en Allemagne hitlérienne (épuration de l’armée, arrestations, interrogatoires et procès expéditifs des officiers) est moins intense en nombre de personnes arrêtées que celle du régime de « l’islamiste-nazi-modéré » Erdogan, suite à la tentative ratée du coup d’État du 17 juillet 2016.

Des proportions plus grandes que celle de l’Allemagne nazie

Vendredi 1er janvier, un média turc citait Erdogan expliquant que le système présidentiel de l’Allemagne sous Hitler est brillant exemple d’efficacité.

45 000 personnes ont été arrêtées ou limogées en Turquie en moins d’une semaine, depuis la tentative avortée de coup d’État. C’est plus que le score de la Gestapo.

Quelque 15 000 fonctionnaires de l’Intérieur, 20 000 fonctionnaires de l’éducation, 6 000 militaires, 3 000 juges, 1 500 fonctionnaires du ministère des Finances… Au total, ce sont près de 45 000 personnes qui ont été soit arrêtées, soit limogées par le régime des Frères musulmans, soit tuées, égorgées, décapitées sans que le comptage ne soit encore disponible.

Des purges impressionnantes, saluées par la presse pro-gouvernementale qui appelle à poursuivre le « ménage » — expression utilisée par le Premier ministre Binali Yildirim — tandis que le président Recep Tayyip Erdogan a évoqué un « virus, comme un cancer, qu’il faut éliminer des institutions d’État ».

Au sein de l’armée, ce sont 103 généraux et amiraux (sur un total de 358, soit 1/3 de toute l’armée), jusqu’au premier aide de camp du Président qui ont été mis aux arrêts, sans compter des centaines de militaires, colonels ou simples soldats.

Même les nazis n’ont pas autant purgé les comploteurs.

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Les forces spéciales de la police ont fait des dizaines de raids dans les bases militaires, au sein de l’Académie de l’air d’Istanbul, près de l’aéroport Atatürk, tandis que la base aérienne Incirlik, dans le sud du pays et utilisée par l’OTAN et la coalition anti-État islamique, était perquisitionnée par des procureurs et des policiers, après avoir été fermée.

Rappelons que la répression organisée par le général Friedrich Fromm, suite au complot de juillet 1944 en Allemagne, n’avait concerné que cinq mille personnes, arrêtées et connues comme étant des adversaires du régime nazi.

Dans le pays d’Erdogan, les purges ne se sont pas limitées aux militaires et aux juges, comme lors des premiers jours suivant le putsch raté, mais elles semblent désormais viser l’ensemble de la fonction publique, des universitaires et journalistes critiques du pouvoir, qui sont évoqués comme les prochaines cibles de la vague de nettoyage sans précédent, visant à limoger ou mettre aux arrêts les éléments jugés proches de l’imam Fethullah Gülen, cet ancien allié d’Erdogan devenu son ennemi intime, et considéré par les autorités d’Ankara comme le cerveau de la tentative de renversement.

Le pouvoir turc a également annoncé l’interdiction de sortie du territoire pour tous les fonctionnaires du pays, soit au moins trois millions de personnes.

Visiblement, par crainte de voir des éléments gülénistes quitter le pays.

Les congés annuels des fonctionnaires turcs ont été annulés jusqu’à nouvel ordre, tandis que les citoyens turcs doivent désormais obtenir un document supplémentaire du ministère du Travail pour quitter le territoire.

Dommage que l’historien britannique Liddell Hart, qui fut un témoin du complot de juillet 1944 contre le IIIe Reich, ne soit plus de ce monde pour témoigner de l’ampleur de ce nouveau nazisme initié par le Sultan musulman Erdogan que les dirigeants européens et Angela Merkel portent dans leur cœur politique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Souhail Ftouh pour Dreuz.info.

(1) La Wehrmacht et l’état-major perdent ainsi le peu d’influence dont ils disposaient encore, mais la SS acquiert une influence prédominante. Le régime, déjà radical, se radicalise encore plus, verrouillant ainsi l’issue de la guerre.

(2) De nos jours, il est célébré comme un héros et un symbole de la résistance allemande au régime nazi, mais son personnage reste mal connu du grand public en général.

theguardian.com/erdogan-hitlers-germany-example-effective-government

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