Publié par Gaia - Dreuz le 30 juillet 2016

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Yossi Lempkowicz, conseiller de Media Europe Israël Press Association (EIPA) explique pourquoi l’attentat de Nice ne se serait pas produit en Israël et ce que la France aurait dû faire et n’a pas fait.

En Israël, tout rassemblement de foule en plein air est systématiquement précédé par un bouclage total de la zone avec blocs de ciment ou de poids lourds

Certains peuvent cracher sur Israël. Tant qu’ils veulent. Mais ils ne peuvent cracher sur le fait qu’Israël aurait évité les attentats de Nice ou de l’aéroport de Bruxelles.

L’horrible carnage de Nice le 14 juillet montre que le phénomène terroriste est en pleine mutation et que nous devons plus que jamais évoluer dans notre approche pour y faire face.

Pourtant, si l’on a vécu sur la Côte d’Azur une forme inédite et non-conventionnelle de terrorisme – un homme qui attaque au camion une foule pour tuer massivement -, un pays la connaît bien et la côtoie presque au quotidien, Israël. Depuis septembre 2015, à plus de quarante reprises, des terroristes palestiniens ont utilisé des véhicules pour tuer délibérément des gens qui attendaient à un arrêt de tram, de bus ou qui simplement traversaient la rue…

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Israël est confronté depuis plusieurs années à une réinvention permanente des modes opératoires terroristes. Ce qui lui a sans doute permis de devenir une référence dans la lutte antiterroriste et d’avoir une expérience sans égale. “Les leçons s’apprennent par le sang versé”, note Yoram Schweitzer, un ancien des services de renseignements et l’un des meilleurs experts mondiaux dans le domaine des attentats suicides.

En Israël, tout rassemblement de foule en plein air est systématiquement précédé par un bouclage total de la zone avec l’installation de blocs de ciment ou de poids lourds en travers des axes pour interdire tout accès aux lieux. Tout est fait pour dissuader toute attaque au moyen d’un véhicule comme un poids lourd de 20 tonnes. A Nice, le terroriste a eu le temps de parcourir une longue distance dans une foule estimée à 30 000 personnes avant de se faire stopper, ce qui en Israël est impensable.

Prévoir le pire au lieu d’être nonchalant avec la sécurité

Pas de blocs de béton, ni de contrôle des véhicules avant l’entrée de la zone piétonne sur la promenade des Anglais… Pourtant, la ville voisine de Cannes avait déjà pris les devants après les attentats de Paris de novembre 2015, en faisant appel aux services d’un ancien brigadier général de l’armée israélienne, Nitzan Nuriel, pour aider les autorités locales et les équipes d’intervention d’urgence à se préparer à une éventuelle attaque lors du Festival du cinéma en mai sur la Croisette.

Selon le quotidien français Les Echos, Nuriel, un ancien directeur du bureau du contre-terrorisme du Premier ministre israélien, avait même simulé une attaque terroriste au Palais des festivals pour tester les mesures de sécurité dans la ville. Il avait préconisé la sécurisation du front de mer ainsi qu’un contrôle renforcé de tous les accès de la ville de Cannes, y compris par la mer.

Pourquoi à Nice – où l’on organisait un feu d’artifice attirant des milliers de personnes – un tel scénario catastrophe n’a-t-il pas été envisagé, alors qu’il l’avait été à Cannes et quelques jours plus tôt lors de l’Euro de football ?

Si des blocs de béton avaient été placés à l’entrée de la promenade des Anglais, cela aurait sans doute dissuadé Mohamed Mahouaiej Bouhlel de commettre ce massacre de cette façon. On aurait évité des dizaines de morts et de blessés. Ceci vaut aussi pour tout gros événement de foule à Bruxelles, Paris, Londres ou Madrid…

L’implication de la société civile

Nous Israéliens l’avions déjà conseillé au lendemain de l’attentat à l’aéroport de Bruxelles en mars : venez voir ce qui est fait à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, l’un des plus sûrs du monde, et adaptez vos mesures de sécurité, notamment autour des zones d’aéroport. Que l’on ne vienne pas me dire que les actes terroristes en Israël sont différents en raison de la situation géopolitique. Quelle différence entre deux terroristes ouvrant le feu sur une terrasse de café du marché Sarona à Tel Aviv et d’autres terroristes mitraillant des terrasses de cafés et de restaurants à Paris ?

Un autre aspect essentiel de la lutte antiterroriste auquel nous devrons nous habituer et qui devra évoluer et se développer au fur et à mesure, est l’implication de la société civile.

Pour reprendre le modèle d’Israël, la sensibilisation au risque et la résilience de la population sont des éléments essentiels à côté des mesures préventives mises en place par les pouvoirs publics : fouilles et détecteurs de métaux à l’entrée des grands magasins ou des gares, agents de sécurité dans les transports et les gares qui patrouillent armes à la main, unités antiterroristes à moto prêtes à réagir à n’importe quel endroit de la ville… Bien sûr, il y a le service militaire obligatoire qui aide, mais la réponse n’est pas uniquement sécuritaire.

“Tenir bon”

Bon nombre de spécialistes affirment que l’on n’est pas arrivé au pic de la vague de terrorisme en France, Belgique et ailleurs en Europe

“Nous essayons de faire valoir dans les entreprises, dans le secteur associatif comme au niveau des pouvoirs publics le devoir de ‘tenir bon’ dans l’épreuve sans basculer dans la contre violence”, explique Yoram Schweitzer qui ajoute : “Cela doit impérativement s’accompagner de moyens dans le suivi traumatique des victimes et dans le soutien à la cohésion sociale, ce qui a un prix.”

La vigilance du public et des gardes de sécurité a permis de déjouer tout récemment un attentat de grande ampleur à bord du tram traversant la ville de Jérusalem. Un jeune Palestinien d’une vingtaine d’années qui allait embarquer a été arrêté alors qu’il transportait des bombes et des couteaux dans son sac. Voici le message du maire de Jérusalem Nir Barkat au public : “Il faut continuer à vivre normalement, être alertes et ne pas céder au terrorisme…”

Alors que bon nombre de spécialistes affirment que l’on n’est pas arrivé au pic de la vague de terrorisme en France, Belgique et ailleurs en Europe, il faut que les pouvoirs publics entament une campagne de sensibilisation à la prévention qui suppose que tout citoyen soit vigilant, attentif à ce qui se passe et réagisse en cas d’acte ou comportement suspect.

Mais il faut aussi restaurer la confiance du public dans les mesures qui sont prises pour déjouer des actes terroristes, explique Boaz Ganor, fondateur et directeur de l’Institut international pour le Contre-terrorisme (ICT) à Herzliya, près de Tel Aviv. Car l’un des premiers objectifs d’un acte terroriste est d’entamer la confiance des citoyens et leur donner un sentiment de constante insécurité.

© Gaïa pour www.Dreuz.info

Source : Lalibre

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