Publié par Hildegard von Hessen am Rhein le 4 août 2016

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Hamed Abdel Samad est né en 1972 à Giseh en Egypte.

Il est le fils d’un Imam sunnite. Il quitte l’Egypte pour l’Allemagne en 1995, à l’âge de 23 ans. Samad a étudié le japonais, le français et l’anglais au Caire. Il est désormais devenu un écrivain célèbre en Allemagne. Il est l’un des plus virulents islamo-critique du pays. M. Samad n’est pas un apostat, d’où son immense courage. Il est constamment invité dans les médias pour évoquer l’islam. Il s’est livré aux questions de Hildegard von Hessen am Rhein en allemand.

Interview de Hamed Abdel Samad de Hildegard von Hessen am Rhein pour Dreuz Info

Parce que le chiffre 7 a une signification particulière, si bien dans le judaïsme, dans la chrétienté, dans la culture babylonienne, dans la Grèce antique et la Rome antique et qu’en islam on va au 7e ciel, je me permets de vous poser 7 questions sur les événements mondiaux d’aujourd’hui :

HvHaR : Qu’avez-vous retenu de 2014 ?

On déclarait que j’exagérais et que j’étais un propagateur de panique

HAS : C’est début 2014, j’ai publié mon livre : Le fascisme islamique (Der islamische Terror: Mit einem Vorwort von Hamed Abdel-Samad*), dans lequel j’alertais que nous rentrions dans une nouvelle dimension du djihad et que la terreur allait se répandre en Europe. J’ai été submergé de critiques à sa sortie. On déclarait que j’exagérais avec mes propos alarmistes et que j’étais un propagateur de panique. Quelques semaines plus tard, le monde a pu observer l’avènement de l’Etat islamique et toute la brutalité qui l’accompagnait. Soudain, l’on découvrait que des milliers d’Européens combattaient en Irak et en Syrie à leur côté et que certains revenaient pour importer le combat en Europe. Désormais mon livre est lu avec un autre regard.

HvHaR : Que pouvez-vous nous dire sur les circonstances en France, concernant l’antisémitisme islamique qui s’étend comme l’éclair, qui provoque chez grand nombre de juifs français le désir de faire leur Alyah, à savoir leur départ vers Israël, parce que les Arabes hurlent désormais librement « mort aux juifs » dans les rues.

HAS : Dans un chapitre de mon livre, j’évoque également l’antisémitisme arabe. Je raconte comment un rabbin, à Berlin, se fait tabasser par de jeunes musulmans, parce qu’il portait la kippa, que les juifs de Malmö doivent quitter la ville, et que les juifs de Paris sont victimes d’agressions antisémites pendant que les salafistes et les djihadistes sont libres et font la propagande de leur idéologie de haine. Là aussi j’alerte que si l’Europe continue à tolérer cette situation, ce sera bientôt la catastrophe. L’attentat de Paris me plonge dans un deuil profond. 230 ans après Voltaire, c’est Satire que l’on condamne à mort. Et c’est à Paris que ça se passe. Des êtres humains sont massacrés dans un supermarché seulement parce qu’ils ont le tort d’être juifs. Depuis longtemps, l’Europe fait la politique de l’autruche et maintenant, elle paye le prix. Hélas, ce n’est que le début !

HvHaR : Quelle est votre opinion sur le gouvernement français qui appelle l’interdiction d’un auteur, interdiction demandée, de manière surprenante, par des associations de journalistes ? Il s’agit du livre du célèbre journaliste-écrivain-polémiste, Eric Zemmour, d’origine juive, au comportement très patriotique. Son livre qui fait polémique s’intitule : Le Suicide français*. Son ouvrage rencontre le même succès que celui de [Thilo] Sarrazin : L’Allemagne disparaît*. Lequel Sarrazin, sur intervention de Angela Merkel, dû démissionner de la Bundesbank. Estimez-vous que la liberté d’expression est en grand danger, si bien en Allemagne qu’en France ?

HAS : Ce que je vais exprimer va peut-être créer la polémique, mais c’est ainsi que je le ressens. Les seuls bons islamo-critiques sont des islamo-critiques morts. L’on doit d’abord devenir victime pour que les politiciens et la presse expriment leur solidarité. Avant cela on est seulement conspué comme un diviseur islamophobe. Les politiciens traitent Zemmour, comme ils l’ont fait plus avant avec Charlie Hebdo concernant l’islam. Garder le silence ne résout pas les problèmes.

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HvHaR : Que pensez-vous de PEGIDA qui s’étend sur toute l’Allemagne, comme en Autriche et certainement prochainement dans toute l’Europe ?

Hier, tous étaient « Charlie » et marchaient pour la liberté d’expression. Aujourd’hui, ils veulent imposer les opinions.

HAS : PEGIDA est bien entendu le résultat d’un manque de débat ouvert et sincère sur l’islam et de l’échec d’une politique d’immigration et d’intégration.

C’est une question de temps pour que la politique prenne à bras le corps ces problèmes. Alors il est normal que des citoyens engagés prennent la parole et protestent. Il est évident que quelques radicaux de droite défilent avec eux, mais la grande majorité sont des citoyens normaux de la classe moyenne. 50 % de la population voit l’islam comme un danger, alors que les politiques répètent de manière récurrente que la terreur et la violence n’ont rien à voir avec l’islam. Avec quoi alors ?

La politique traite mal Pegida. D’abord le phénomène a été ignoré, ensuite ils ont été traités de xénophobes. Maintenant, la ville de Leipzig interdit carrément aux adhérents de Pegida de défiler avec les caricatures de Mohamed. Quand d’autres politiques veulent carrément interdire la manifestation. Hier, tous étaient « Charlie » et marchaient pour la liberté d’expression. Aujourd’hui, ils veulent imposer les opinions qui auront le droit de cité et celles qui n’en auront pas le droit.

Charlie Hebdo est la victime d’une double morale. Si tous les journaux avaient eu le courage d’imprimer leurs caricatures, le risque aurait été partagé. Comme les autres ont tous eu peur, Charlie Hebdo est resté seul et fut attaqué.

HvHaR : Estimez-vous que la peur de l’islam en Europe et dans le monde est justifiée ?

Evidemment qu’il faut avoir peur. Lorqu’un même jour se tiennent des attaques terroristes en Syrie, en Irak, en Somalie, au Sinaï, au Nigéria…

HAS : Evidemment qu’il faut avoir peur. Lorqu’un même jour se tiennent des attaques terroristes en Syrie, en Irak, en Somalie, au Sinaï, au Nigéria et à Paris, qu’il y a des centaines de victimes, bien sûr qu’il faut avoir peur. La tendance est au développement.

HvHaR : Quelle serait votre solution contre cette peur ?

Les associations musulmanes sont plutôt les causes du problème

HAS : Il existe deux sortes de peur. Une peur qui entrave et paralyse, qui empêche toute action. Une autre peur, laquelle nous encourage à oser, à changer les choses. Cependant, il doit y avoir un juste milieu au-delà de la peur et l’apaisement. Aussi terribles que soient ces attentats, on devrait les observer comme une chance. Les politiques sont désormais contraints de présenter des concepts clairs. Non seulement sur la lutte contre le terrorisme, mais aussi sur l’immigration et l’intégration. C’est la seule solution pour que le bon vent arrête de souffler dans les voiles des radicaux. Pour ce qui concerne les questions d’intégration, ce n’est plus suffisant de se fier aux associations musulmanes et aux collectivités de croyants, qui sont plutôt les causes du problème. L’on doit exiger des représentants et des théologiens musulmans de reconnaître sincèrement les éléments authentiques de l’islam qui amènent à la haine et à la violence et non de se préoccuper de l’image de l’islam. C’est la solution pour isoler les fanatiques musulmans.

HvHaR : Et enfin, comment voyez-vous le proche avenir de l’Europe et du monde et quel est votre sentiment sur les derniers attentats à Paris ?

Ceux qui déclarent que les attaques terroristes n’ont rien à voir avec l’islam ne sont pas intéressés à trouver de solution

HAS. : L’Europe doit se repenser et se recréer. L’islamisme est le fascisme du 21e siècle, il peut être vaincu comme le fut jadis le fascisme. Ce qui signifie la défaite militaire et morale des fanatiques, sincérité et autocritique du côté des musulmans. Ceux qui déclarent que les attaques terroristes n’ont rien à voir avec l’islam ne sont pas intéressés à trouver une solution. Si l’on veut guérir une maladie, il faut émettre le bon diagnostic.

Par manque d’autocritique ou par peur de la propagande de l’extrême droite, le diagnostic est toujours faux et le problème est toujours dévié ailleurs. Tantôt ce sont les politiques de l’Occident qui sont mises en accusation, tantôt ce sont les problèmes sociaux et la marginalisation des jeunes musulmans qui sont désignés. Ce ne sont que des accélérateurs du feu et non le feu. Le terrorisme n’est pas une réaction, mais la réalisation politique qui est intégrée dans la théologie islamique. Ce qui est inscrit dans le Coran n’est pas l’important. L’important est comment la majorité des musulmans se situent par rapport au Coran. Ce n’est pas Mohamed le problème, mais le fait que beaucoup de musulmans le prennent comme exemple moral et politique absolu au 21e siècle. Et c’est bien là que se situe le plus grand défi pour beaucoup de musulmans. L’Occident doit être plus vigilant et non, au nom de la tolérance, se livrer aux intolérants.

Propos recueillis par Hildegard von Hessen am Rhein. Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hildegard von Hessen am Rhein pour Dreuz.info.

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