Publié par Mireille Vallette le 31 août 2016
une partie de l'équipe de collaborateurs du centre dont deux de ses trois co-directeurs, Hansjörg Schmid et Serdar Kurnaz. Ce dernier est Turc, élevé en Allemagne, il a suivi une formation d'imam, puis académique.
Une partie de l’équipe de collaborateurs du centre, dont deux de ses trois co-directeurs, Hansjörg Schmid et Serdar Kurnaz. Ce dernier est Turc, élevé en Allemagne, il a suivi une formation d’imam, puis académique.

À partir d’une recherche sur les besoins en formations continues, le Centre suisse islam et société dévoile ses plans. Faire participer les bénévoles des mosquées à des formations, valoriser et parfaire leurs compétences, les faire intervenir dans un maximum de secteurs de la société.

Le saviez-vous ? Une kyrielle d’acteurs bénévoles s’activent dans les mosquées et leurs associations. Enseignants de langues, de religion, animateurs de groupes de jeunes, animatrices de groupes de femmes, dispensateurs de services divers (outils pour l’emploi, prise en charge des nouveaux réfugiés, médiations, etc.)

Ces ruches nous font déjà profiter de leurs activités. « Un certain nombre d’associations musulmanes (…) développent un catalogue d’activités orientées vers la société. Si initialement ces activités ont été pensées à l’attention des membres de leur communauté, aujourd’hui il n’est pas rare que des non musulmans bénéficient aussi du soutien des associations musulmanes. »

unnamed-1

Ces activités sont données par des militants de l’islam dont le centre tente de faire oublier ce caractère profondément religieux. La gomme passée, il s’agit d’enrichir leurs compétences et de professionnaliser leurs activités ou encore de les faire éclore en experts de l’islam qui interviendront dans un maximum de formations, celles du centre et de secteurs privés et publics.

Le Centre islam se charge avec avidité de cette tâche avec la complicité des autorités qui l’ont déjà adoubé. D’ailleurs, et quelle merveilleuse coïncidence : « Il existe dans ce domaine de la formation continue un degré élevé de correspondance entre les attentes des acteurs de l’État et les musulmans eux-mêmes. »

Valoriser, former, infiltrer. Créer un bassin d’emplois où se désaltéreront tous ces acteurs religieux en invoquant leur contribution à notre société. Non seulement nous sommes priés de célébrer cette vaste opération d’islamisation, mais aussi de la financer !

« … ainsi une femme par exemple, après avoir été formée par le CSIS, pourrait s’engager ailleurs [dans la société] pour l’islam et les musulmans. Par exemple dans le travail auprès des jeunes. Chaque ville a un service consacré aux jeunes, par exemple dans la ville de X, dont la population est maintenant à majorité musulmane. »

Les radicaux se sont évaporés

Un axiome implicite parcourt les 114 pages du rapport : les centres islamiques sont au service exclusif de l’intégration. Les imams sont des « bâtisseurs de ponts », des médiateurs, des religieux ouverts et progressistes. Un but majeur du centre est donc logiquement d’améliorer l’image de l’islam dans le grand public, de « déconstruire les préjugés », d’aider les religieux à mieux communiquer.

A l’horizon de ce riant paysage, pas un bouton de veste de Frère musulman, pas l’ombre d’un imam turc soumis à son islamiste sultan, pas la moindre babouche wahhabite. Tous les littéralistes, intégristes et autres radicaux se sont dissous comme par enchantement dans la grande marmite à former du CSIS.

Les associations musulmanes qui gèrent les mosquées sont déjà sollicitées dans les hôpitaux et les prisons. Cette modeste contribution est promise à une riche diversification dans les secteurs publics : « Les centres fédéraux de requérants d’asile et, dans une moindre mesure, les établissements médico-sociaux, les centres d’animation socioculturelle pour les adolescents et jeunes adultes ainsi que les écoles, deviennent aussi des secteurs publics concernés par la thématique. »

Une facette de la formation théologique des aumôniers de prison est étonnante. Le CSIS envisage l’enseignement d’un « fiqh facilité ». Le fiqh (enseigné dans les grandes mosquées) désigne le droit positif issu de la charia, qui regroupe tous les aspects de la vie, religieux, politiques et privés, droit défini par les « juristes » de l’islam. Ceux-ci sont de grands pourvoyeurs de jurisprudences. Sommes-nous désormais dans un État de droit ?

Les deux auteurs principaux, le co-directeur du centre Hansjörg Schmid et sa collaboratrice Mallory Schneuwly Purdie, sont des habitués de la complaisance face aux mœurs musulmanes. Ainsi, les groupes de femmes sont qualifiés de « groupes de genre », ce qui fait souffler un vent de modernisme sur ce qui représente la régression sexiste majeure de ce siècle, observée dans la quasi-totalité des associations musulmanes. Les auteurs utilisent par ailleurs avec le plus grand naturel des termes inventés pour et par cette religion : islamologie, islamophobie, sciences islamiques…

Savoir que des services du ressort de l’État sont assurés par des dévots devrait inquiéter. Le CSIS au contraire veut renforcer leur contribution. Et pourquoi ne pas invoquer des activités religieuses pour reconnaître des compétences récompensées au final par des diplômes permettant de travailler hors des associations islamiques ?

Le rapport donne des exemples de cours organisés par les mosquées à l’intention des jeunes. Ceux-ci, obligés de vivre dans une société où ne domine pas la religion musulmane, planchent sur leur « condition de minoritaire » et leurs « défis dans une société laïque ». Ils représentent un grand souci, car les tentations non islamiques sont légion. Aider à leur organiser des loisirs modernes et des activités qui les empêchent de s’éloigner des associations est un grand objectif des formateurs.

Les associations traitent aussi d’un thème millénaire : les droits et devoirs de la femme en islam. Mais aussi « les enjeux » pour les pratiquantes d’aujourd’hui. On devine que l’un de ces enjeux est notre rejet des voiles et autres camouflages sexistes. Il faut que ça change ! Une collaboratrice du CSIS porte le foulard, c’est déjà un argument fort, et le premier colloque du centre a confirmé que son but est de faire avaler le couvre-chef aux professionnels qui travaillent avec des musulmans.

De précieuses recrues : les réfugiés

Dans ces associations, les nouveaux réfugiés et les demandeurs d’asile sont accueillis à bras ouverts, ce qu’il faut encourager. Des ressortissants arabophones illettrés apprennent à lire et à écrire dans leur langue, se font traduire des documents administratifs. Certains centres islamiques deviennent « des lieux privilégiés de passage et d’apprentissage de certains flux de migrants », notamment Afghans et Somaliens.

Les associations sont « des partenaires de l’action sociale » et pour cela méritent aussi formations et financement. Ce qu’en termes choisis les auteurs expriment : « Les champs d’activité des organisations qui sont à l’interface de l’islam et de la société ne sont pas encore intégrés aux arrangements existants entre l’État et les communautés religieuses. Les bénévoles souhaitent une reconnaissance sociale de leur engagement et une stabilisation de leur activité, en particulier dans le domaine de l’action sociale. Il peut ainsi en ressortir de nouvelles perspectives professionnelles dotées de ressources financières propres, notamment dans les aumôneries hospitalières carcérales. »

Les associations se sentent surtout de l’appétit pour des formations telles que communication institutionnelle et médiatique (comment répondre aux vilains médias qui nous critiquent et convaincre nos autorités de notre ouverture), pédagogie, didactique des langues, gestion de conflits, management associatif. Toutes disciplines destinées à renforcer l’efficacité des prosélytes et l’extension de l’islam.

Des imams surmenés

Les imams, surmenés, exercent « des arbitrages et de la médiation ». Un interlocuteur des rapporteurs illustre : « … par exemple, j’ai reçu quatre personnes qui avaient des problèmes avec leurs épouses… » Autre exemple : des parents craignent que leurs enfants fréquentent des non-musulmans ; ou encore : l’école appelle un imam, car un père ne laisse pas sa fille participer à certaines activités.

Si on comprend bien, l’imam est appelé pour résoudre des problèmes issus de l’enseignement de sa doxa, et nous devrions nous prosterner pour le remercier. En espèces sonnantes et trébuchantes si possible. C’est une pilule que font passer habilement les auteurs : « Des activités de médiation (…) propulsent aussi parfois les imams au cœur des institutions suisses et soulignent leur rôle de passeur culturel et religieux. »

Les associations musulmanes forment elles aussi. Elles organisent des activités consacrées à la religion, à la langue arabe, à la formation à la toilette mortuaire, au rôle de guide de mosquée (accueil de groupes, souvent des classes d’écoliers), à l’approfondissement de la jurisprudence d’une école juridique. En quoi ces formations ne sont-elles « pas totalement religieuses » ? Réponse des auteurs : parce qu’elles exigent une présence régulière, voire une validation du « cursus » par un examen.

Le rapport donne un exemple assez ébouriffant de ces formations internes, celles qui sont organisées par La Fondation islamique turque, la représentante du Ministère des Affaires religieuses (Dinayet). Ses imams sont envoyés et salariés par l’État d’Erdogan. Ils s’activent dans nos pays pour une période de cinq ans, sans connaissance préalable de la langue locale. Leur site est d’ailleurs en turc. Et le gouvernement d’Ankara finance le déplacement en Suisse de formateurs : théologiens, pédagogues, psychologues, etc.

La fondation convoque chaque mois ses imams, une quarantaine, pour une journée de bilan. Différents thèmes sont au menu, dont l’éducation religieuse dans une société multiculturelle. Décidément, nos sociétés égalitaires posent beaucoup de problèmes aux pieux musulmans.

Ce contrôle par un pays dont le dirigeant considère l’assimilation comme un crime contre l’humanité n’émeut pas le moins du monde nos rapporteurs qui n’en disent pas un mot. Pas de problème non plus avec le Centre islamique suisse de Lausanne qu’ils décrivent brièvement, en fait l’un des plus radicaux de Suisse, dont le porte-parole et l’imam ne serrent pas la main des femmes et dont le site s’en prend régulièrement aux « mécréants ».

Toute allusion à des questions critiques serait malvenue. Par exemple celles que se posent tant de citoyens en observant ce que produit l’islam aujourd’hui, dont l’épais nuage d’obscurantisme et de barbarie qui a atteint nos rivages. Les formateurs prennent d’ailleurs soin de préciser qu’ils traitent de l’islam « en Suisse », sans importation des « débats étrangers à l’islam et aux musulmans en Suisse ». Et l’on nous donne comme exemple de cours « Qu’est-ce que la charia ? Sens et portée du terme pour les musulmans en Europe. »

Le but : concocter aux musulmans une vie où des mœurs et conceptions du VIIe siècle sont promues et financées par notre société sans la moindre exigence. Un vaste projet de formations est déjà en cours, sponsorisé entre autres par le Service de lutte contre le racisme.

La Suisse généreuse et suicidaire, mais en douceur et sans douleur, s’attache ainsi à favoriser l’infiltration de l’islam et de ses prosélytes partout où une opportunité se profile.

Quant au peuple des mosquées, son avidité pour un encadrement religieux et identitaire est inépuisable. Est-il si déstabilisé par les libertés et l’ouverture dont il jouit dans nos sociétés ?

P.S. Le CSIS co-organise pour le 1er octobre prochain un colloque sur la charité musulmane. Les intéressés peuvent s’inscrire sur le site www.lasuissenexistepas.ch

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Un centre islam bien conseillé

Le casting du Conseil consultatif du CSIS est éloquent. Parmi ses 14 membres :

  • Khaldoun Dia-Eddine, directeur scientifique du Musée des civilisations islamiques de La Chaux-de-Fonds. A participé activement à l’essor des Frères musulmans en Europe. Membre jusqu’en 2010 d’une organisation « charitable » au côté de Youssef Al-Qaradawi.
  • Dilek Ucak Ekinci de l’Association islamique turque, représentante officielle de la Diyanet, ministère d’Erdogan. Membre du comité directeur de l’Association des organisations islamiques de Zurich (VIOZ), qui compte une brochette de fondamentalistes.
  • Rehan Neziri, imam de la mosquée de La Nouvelle Lune à Kreuzlingen. Elle fait partie de la radicale Union des imams albanais de Suisse (UIAS).
  • Rifaat Lenzin, théologienne musulmane et membre d’un « Think Tank interreligieux ». Favorable aux prières des élèves musulmans dans les établissements scolaires. A longtemps appartenu au comité directeur du VIOZ.
  • Sakib Halilov, imam de la Communauté islamique bosniaque à Zürich-Schlieren. Il a été invité par le Département fédéral de l’intérieur avec le grand Mufti Husein Kavazovic de Bosnie-Herzégovine. Celui-ci a signé en février 2015 un vaste accord de coopération avec la Ligue islamique mondiale d’Arabie saoudite.
  • Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes, élu Vert. Favorable au foulard des femmes dans toutes les professions, au foulard des écolières, à l’autorisation de la burqa. Le conférencier privilégié de ses congrès : Tariq Ramadan.
  • Montassar BenMrad, président de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS) qui regroupe quelque 150 mosquées. Il veut « faire entendre la voix du milieu, la voix de la modération ». Favorable lui aussi à tout le vestiaire islamique. A Arena (TV alémanique), il n’a pas réussi à condamner le refus des ados de Therwil de serrer la main de leur enseignante. Il a dû se reprendre.
  • Isabelle Chassot a dirigé le Département de l’instruction publique de Fribourg de 2002 à 2013. Parmi ses directives aux enseignants : congés pour des fêtes religieuses (trois à cinq jours), autorisation du burkini et du foulard des fillettes, souplesse dans les cours de sport durant le ramadan jusqu’à « dispenser les élèves qui suivent le jeûne ». Les fêtes d’origine chrétienne « sont autorisées », mais attention à « ne pas porter atteinte aux sentiments religieux des élèves d’autres confessions ».
  • Michele Galizia, directeur du Service de lutte contre le racisme. On connaît un des buts majeurs de ces mouvements : combattre les esprits critiques et imposer les revendications musulmanes.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading