Publié par Magali Marc le 21 août 2016

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Le 10 juin dernier, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée a déposé à l’Assemblée nationale à Québec le projet de loi 62 sur la «neutralité religieuse de l’État» qui permettra à une fonctionnaire de servir le public couverte d’un tchador, à un policier d’être coiffé d’un turban et à un juge de se présenter en cour avec sa kippa.

Burkini, Tchador, symboles de l’émancipation féminine?

Québec a donc renoncé officiellement à interdire le port de signes religieux, même pour les personnes en position d’autorité ayant un pouvoir contraignant, comme les juges, les gardiens de prison, les policiers et les agents de la paix.

La loi exclura la possibilité pour les employées de l’État de porter la burqa (voile intégral qui recouvre tout le corps) ou le niqab (voile intégral qui recouvre tout le corps, comportant une fente pour les yeux); mais le tchador (voile intégral qui laisse voir l’ovale du visage) pourra être porté par une fonctionnaire, une éducatrice en garderie, une enseignante, voire une ministre, en toute légalité.
On voit que «neutralité religieuse de l’État» au Québec ne signifie pas laïcité!
En prime, la ministre Vallée a sottement affirmé que les femmes ont le droit de s’habiller comme bon leur semble, donc pas question d’interdire le burkini au Québec.
La députée péquiste Agnès Maltais n’a pas tardé à réagir :
« … ce genre de polémique entourant le burkini illustre encore une fois l’incapacité du gouvernement libéral à poser des actions claires pour la promotion de la laïcité, afin que tous sachent à quoi s’en tenir »
la réflexion de la ministre de la justice en a fait rigoler plusieurs dont le sociologue et chroniqueur au Journal de Montréal, Mathieu Boch Côté qui écrivait :
«On voit même certaines féministes, surtout les plus radicales, se porter à la défense du burkini, en disant que la société n’aurait pas à dire aux femmes comment se vêtir. Combattre le burkini relèverait d’une vision du monde patriarcal. (…) Par un retournement malsain de l’évidence, le burkini devient un symbole de l’émancipation féminine …»

Pour en revenir au projet de loi 62, d’aucuns ont remarqué que cette position du gouvernement libéral à Québec constitue un retournement important car lorsqu’il était dans l’opposition, Philippe Couillard s’était engagé, (en janvier 2014), à interdire le tchador dans tout l’appareil de l’État s’il formait le prochain gouvernement.
Il qualifiait alors le tchador de symbole « d’oppression de la femme, d’exclusion, et de retrait social, qui nous apparaît incompatible avec l’exercice des services publics ».
Le discours libéral a changé depuis. « Ce n’est pas un projet de loi qui légifère sur les vêtements », a dit mercredi la ministre Vallée, en point de presse, pour expliquer la volte-face.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, ne l’a pas trouvé drôle :
« M. Couillard est prêt à ce qu’un policier ait un turban, une kippa, qu’une policière ait un voile. Je ne comprends pas pourquoi M. Couillard est aussi frileux de défendre les valeurs québécoises », a-t-il commenté en point de presse.
M. Legault s’est montré surpris de voir le gouvernement renoncer à interdire les signes religieux pour les personnes en position d’autorité ayant un pouvoir contraignant, comme le recommandaient dans leur rapport Gérard Bouchard et Charles Taylor, au terme des travaux de leur commission.
Au Collège de Maisonneuve, un semblant de lutte contre la «radicalisation»

Mais il y a plus rigolo.
Le quotidien Le Devoir, annonçait le 18 août dernier que le collège de Maisonneuve va se doter d’une équipe anti-radicalisation!
Le Collège de Maisonneuve s’apprête à embaucher cinq professionnels dans l’espoir de désamorcer les idées « radicales » des étudiants.
Selon ce que Le Devoir a appris, la direction du collège prépare l’embauche de trois travailleurs de corridor et de deux autres spécialistes de la radicalisation en vue de la rentrée scolaire.
Il s’agit d’un projet-pilote qui va coûter 400 000 $ aux contribuables québécois afin de permettre à des «travailleurs de corridor» d’être présents sur le terrain dans le but de « recueillir la parole des étudiants».
«Leur défi est de se faire accepter, de gagner la confiance des jeunes pour les aider », a dit Line Légaré, la porte-parole du Collège de Maisonneuve.
En plus des trois travailleurs de corridor, deux autres professionnels seront embauchés pour appuyer les étudiants et le personnel du collège. Ces experts, formés en relations interculturelles ou qui ont un profil de psychologue ou de travailleur social, aideront la communauté du collège à comprendre et à réagir aux idées « radicales ».
Cette intervention de personnel de couloir pour dialoguer avec des djihadistes en herbe survient après qu’une série de cas de radicalisation d’étudiants du collège ait fait les manchettes en 2015.
Certains étudiants ont tenté d’aller faire la guerre en Syrie pour le groupe armé État islamique, classé comme terroriste par le Canada.
Sabrine Djaermane et El-Madhi Jamali, deux anciens élèves du collège de Maisonneuve arrêtés en 2015, font face à la justice pour avoir planifié un attentat à Montréal, en plus d’avoir cherché à aller faire le djihad en Syrie.
Des tensions, des bagarres sont aussi survenues entre des groupes du collège au cours des derniers mois.

D’après la direction du Collège, ces problèmes viendraient du fait que certains jeunes musulmans se sentent exclus et stigmatisés!

« Les travailleurs de corridor auront clairement le mandat d’aider les élèves et non de faire du profilage pour la police, a assuré la porte-parole du collège de Maisonneuve.
Les « travailleurs de corridor» auront donc pour rôle de désamorcer les tensions, en permettant aux jeunes de s’exprimer sans contraintes.

Ils devront écouter les élèves sans les juger afin de mieux les comprendre et les aider à canaliser leurs frustrations et leur colère.

En France, après les attentats de janvier 2015, les élèves qui affirmaient « Je ne suis pas Charlie » se faisaient rabrouer, rappelle Cécile Rousseau, pédopsychiatre et directrice de l’Équipe de recherche et d’intervention transculturelles (ERIT) de l’Université McGill.
« Pourtant, les jeunes qui ont un discours radical ont justement besoin de cela: de parler. Ça ne veut pas dire qu’ils préparent quelque chose de dangereux».

Et si jamais un étudiant confiait qu’il prépare « quelque chose de dangereux », comme un attentat à la bombe, le collège de Maisonneuve avertirait bien sûr le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, précise Line Légaré, la porte-parole de l’établissement.

Parce que bien sûr, les étudiants islamisés vont se précipiter vers des adultes qui arpentent innocemment les corridors du Collège pour leur faire des confidences sur leur mal de vivre, leurs frustrations et leur colère!
Cette initiative est tellement bête et naïve que j’en ris encore!
Voilà ce qui arrive quand on est gouverné par des médecins et des psychologues. Les djihadistes en herbe sont des malades qu’on va soigner comme on va soigner l’islamophobie des Québécois à coup de pasdamalgame!

Conclusion
Le premier ministre Couillard semble incapable de faire face à la vérité des attentats islamistes contre les Occidentaux.
Christian Rioux, écrivait le 22 juillet dernier dans Le Devoir:
« … Notre premier ministre a étrangement repris les termes exacts de Justin Trudeau et qualifié le geste de Mohamed Lahouaiej Bouhlel d’« insensé ». Si les mots ont un sens, cela signifiait que, contrairement à ce que disait le gouvernement français, qui parlait clairement d’un attentat terroriste islamiste, il ne servait à rien de perdre un temps précieux à tenter de comprendre ce qui pouvait motiver son auteur, quelle idéologie l’inspirait et d’où il prenait ses ordres.
Un acte insensé, évidemment, ne saurait être un attentat islamiste.
Le premier ministre québécois s’est ensuite empressé de faire la leçon aux Français… « Nous devons continuer de fonctionner de façon ouverte, répondre à l’horreur par une ouverture constante et un désir de tisser des liens », a insisté le premier ministre. Pour lutter contre les terroristes, il suffirait donc d’avantage d’accueil, davantage d’intégration et« davantage de célébrations de la citoyenneté partagée ».
Cette réaction aux accents évangéliques vaut la peine qu’on s’y arrête, car elle illustre la plupart des préjugés que l’on colporte dans le monde anglo-saxon sur la France et le combat qu’elle mène contre l’islamisme. Il n’était pas besoin d’être un expert pour comprendre que, sans même attendre qu’elle enterre ses morts, Philippe Couillard se permettait de laisser entendre que la France était au fond le premier responsable de cet attentat par son manque d’« ouverture ». Même Justin Trudeau n’a pas eu cette impolitesse.

N’en déplaise au dieu « Ouverture », que bénissent aussi bien Justin Trudeau que Philippe Couillard, le terrorisme islamiste ne disparaîtra pas à coups de génuflexion et d’eau bénite multiculturelle. Si les Français ont quelque chose à reprocher à leur gouvernement, c’est justement de ne pas l’avoir compris suffisamment tôt et d’avoir hésité à nommer l’ennemi.

Cet ennemi, quel est-il ? C’est l’islamisme rampant qui gangrène aussi bien le monde arabo-musulman que les pays occidentaux. Couillard et Trudeau font mine d’oublier que, si cet islamisme ne doit évidemment pas être confondu avec l’islam, il demeure le terreau sur lequel se développe le terrorisme. Certes, les djihadistes sont parfois des êtres fragiles, comme le sont souvent les adeptes des sectes et des idéologies extrémistes. Cela ne veut pas dire que ces sectes et ces idéologies n’existent pas et que leurs protagonistes ne doivent pas être combattus pour ce qu’ils sont. Au contraire.

Dans le Journal de Montréal du 18 juillet dernier, le journaliste Michel Hébert, dans un article intitulé La contrition des impuissants, s’en prenait, lui aussi, à la tiède réaction du premier ministre Couillard après l’attaque terroriste de Nice:
«Les propos bienséants du premier ministre Couillard à la suite du carnage de Nice prouvent à nouveau que les politiciens occidentaux ne savent que dire de l’islam radical.

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Ils n’osent d’ailleurs pas le nommer, préférant les formules creuses pour éviter de faire ce qu’ils appellent des amalgames.
D’une certaine façon, ils présentent les choses comme si les sociétés comme la nôtre étaient responsables des barbaries dont elles sont victimes.
Les attentats de Paris, de Bruxelles et de Nice seraient le résultat de sociétés qui ne sont pas encore suffisamment «inclusives».

Pour Philippe Couillard, il faut ouvrir les bras davantage afin de démontrer que les barbares ont tort. Il sous-entend que les islamistes font la guerre à l’exclusion. Ce qui n’est évidemment pas le cas.
«Encore une fois, la réponse à ça, c’est davantage d’accueil, davantage de célébrations de la citoyenneté partagée», a dit Philippe Couillard, laissant la plupart des Québécois bouche bée.
Mais pourquoi et, surtout, pour qui «davantage d’accueil»? Et pourquoi «davantage de célébrations de la citoyenneté partagée»? Les mots sont parfois choisis pour leur imprécision, pour dissimuler l’impuissance. À moins que ce ne soit tout simplement que de l’incohérence.

Nos élites semblent se plaire dans la génuflexion. Elles prônent «davantage d’ouverture» parce que l’inverse les effraie… conclut Michel Hébert.

Je souscris au point de vue de ces deux journalistes québécois.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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