Publié par Alon Gilad le 13 septembre 2016

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Hier matin, la chaîne télévisée France Ô faisait parler un sociologue antillais, au sujet du massacre du onze septembre 2001.

Le spécialiste a tourné autour du pot : les mots islam et islamisme n’ont pas été prononcés une seule fois ; par contre, on a eu droit à la mise en cause des victimes. On nous a vendu que si le groupe de Ben Laden avait tué trois mille personnes, sur leur lieu de travail le onze septembre 2001… « C’était la faute aux survivances colonialistes ».

Ah, la faute aux survivances colonialistes…

Ça arrange bien les choses, ça : c’est nous qui sommes coupables des crimes d’autres, les « descendants des colonisés ». Si demain je m’en vais assassiner des Italiens, est-ce que je peux dire que c’est de la faute de Jules César ?

En d’autres termes, le onze septembre 2001, les Mexicanos américains et autres latinos, les Juifs venus des shtetl ukrainiens ou polonais, les Natifs, les Afro-américains, les enfants de Chinois, Japonais et autres asiatiques, ils avaient quoi à voir avec le colonialisme et les « survivances » ?

En d’autres termes, les victimes étaient, pour partie, coupables, et les tueurs de masse, foncièrement innocents de leurs crimes ; le programme politique mahométan n’y étant pour rien. Mieux valait donc ne pas en parler, ce qu’a fait le « sociologue » invité par France Ô.

La base du raisonnement exprimé sur cette chaîne consiste à établir des liens atténuant ou supprimant la responsabilité des djihadistes et du djihadisme : le monde occidental serait foncièrement le coupable.

Ce raisonnement consiste à isoler, déconnecter, les massacres du onze septembre 2001 de l’idéologie fanatique façonnant des tueurs et leurs devanciers depuis 14 siècles. 

Le onze septembre serait une tuerie apparaissant comme une sorte de génération spontanée ; il est ainsi présenté comme une déclinaison de luttes armées dites anticolonialistes et anti-impérialistes. Bref, l’islam est innocent et l’occident est le coupable.

Le décérébrage est total ; Il vise à effacer des pans entiers de l’Histoire des deux siècles passés

Du début des années 1950 jusqu’en 2008, les chrétiens et les animistes du Soudan ont subi une vaste offensive armée, de chaque instant, destinée à leur imposer la charia intégrale. Avec des phases d’accalmie, ce djihad s’est traduit par plusieurs millions de victimes civiles soudanaises non-musulmanes (au total, il a coûté entre 5 et 7 millions de vies d’hommes de femmes et d’enfants). Mais pour notre sociologue, comme pour ses semblables, il n’y a pas de lien entre ce vaste génocide djihadiste contre les animistes et les chrétiens soudanais durant un demi-siècle et les massacres du 11 septembre 2001.

On veut, au passage, nous faire oublier que Ben Laden fut l’invité et le protégé des djihadistes gouvernementaux de Khartoum ; que c’est là, depuis Khartoum, que fut organisé un massacre de centaines d’Africains de Nairobi périssant dans l’attentat à la voiture piégée contre l’ambassade US.

Quelques rappels

En 1882, le Soudan n’était pas encore tombé sous le contrôle colonial ; il sera le théâtre de vastes tueries djihadistes. Le chef du djihad, qui s’était proclamé « Mahdi », envahira l’Ethiopie ; il s’y livrera à des massacres contre les Ethiopiens coptes et surtout contre les Juifs locaux (les « falashas ») ; ces Juifs paieront cette guerre fanatique d’un prix très, très lourd. Lors des descentes meurtrières des hordes fanatiques et sanguinaires, pas moins sanguinaires et fanatiques que les bandes d’ISIS ou que les fils de l’élite wahhabite jetant des avions sur les tours jumelles, deux Beta Israël sur trois furent massacrés.

Le futur colonialisme — le partage de l’Afrique sorti du congrès de Berlin (1885) — pouvait-il être la cause de vastes tueries fanatiques se produisant trois ans auparavant ?

Le partage colonial ne vint qu’après plus d’un siècle de djihadisme haoussa

En 1835, cinquante ans avant le congrès de Berlin, la majorité de l’Afrique de l’ouest subissait ce « militantisme » guerrier voulant à imposer à tous la charia.

Ce djihadisme, comme celui soudanais de la seconde moitié du 20e siècle, est intimement lié à la traque négrière des Négro-Africains animistes (chamanistes). Boko Haram ne peut être isolé de cette continuité, il en est un avatar parmi d’autres.

Mais pour notre sociologue antillais, comme pour ses collègues besognant dans les médias parisiens, tout cela n’existe pas ; ou si cela existe, n’en parlons surtout pas et ne nous interrogeons pas pour savoir si cela a un lien quelconque avec le wahhabisme et une de ses déclinaisons, le benladisme utilisant l’affrontement entre les USA et l’URSS pour se faire armer par les services US.

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Le wahhabisme combattant n’est pas né avec le conflit soviéto-américain en Afghanistan

Le fanatisme wahhabite n’est pas apparu avec le colonialisme européen : il précède d’un siècle et demi le partage colonial de l’Afrique, et de presque deux siècles le partage des dépouilles du califat ottoman vaincu comme allié de l’empire austro-hongrois et du Reich allemand des Hohenzollern.

Notre sociologue ignorait-il les événements soudanais ?

N’avait-il jamais entendu parler des tueries à répétition, des traques négrières djihadistes se traduisant par des centaines de razzias chez les animistes Dinkas et Noubas du centre et du sud-ouest Soudan ? Ça n’aurait rien à voir avec le onze septembre 2001, veut-on ainsi nous faire croire ?

Le déni est total

Après les chrétiens et les chamanistes (animistes), le djihad basé à Khartoum s’en est pris aux habitants du Darfour : ils ne seraient pas de vrais musulmans ; ils seraient en réalité des apostats n’appliquant pas la charia intégrale.

En quoi le colonialisme ou ses résidus seraient-ils fautifs ?

Trois cent mille habitants du Darfour (chiffres 2005), femmes, enfants, hommes de tous âges, ont subi le djihad jusqu’à la mort, par le poignard, le fusil d’assaut, l’incendie, le bombardement. Depuis, Khartoum a fait d’autres victimes au Darfour.

Les Fours (Bafours ou Bafors) ont déjà payé le prix fort, lors du vaste djihad almoravide (10e siècle). Leur civilisation a été détruite, leurs archives ont été brûlées ; tout a été anéanti. Les survivants ont été soumis au djihadisme et contraints à la conversion. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi qu’ils récitent la shahada et s’infligent la dictature absolue de chaque instant (la charia intégrale).

Mais pour nos spécialistes, tout cela n’aurait aucun lien avec le onze septembre ; le onze septembre n’aurait rien à voir avec les djihads l’ayant précédé. C’est ce que l’on a encore voulu nous faire croire, ce matin, pour protéger le djihadisme en s’employant à culpabiliser les Occidentaux, les Français en particulier.

Effacer, pour tout embrouiller

C’est ainsi aussi, que pas plus cette interview qu’aucun journal d’information n’a rappelé cet homme courageux nommé Jeremy Glick. Ce Juif ne s’était pas laissé intimider par les tueurs fanatiques wahhabites. Avec trois autres passagers, il tentera de reprendre le contrôle du vol 93, un des quatre avions détournés le onze novembre 2001.

Décontenancés par la riposte qu’ils n’attendaient pas, les djihadistes s’en iront jeter l’avion détourné dans un champ du comté de Somerset, dans le Vermont. Une cérémonie a eu lieu dimanche, dans le comté de Bergen (New Jersey) ; elle inaugurait un mémorial dédié à cet homme.

Jeremy Glick avait pu prévenir sa femme (avec son téléphone modulaire), qu’avec trois autres passagers ils se précipiteraient contre les terroristes. Leur courage ne les sauva pas, il réaffirma la dignité, le courage vrai ; il empêcha une des opérations de guerre totale prévues par les assassins fanatiques wahhabites ; il sauva de nombreuses vies humaines.

Mais cela, visiblement, n’intéresse ni France Ô, ni A2, ni Obama-Clinton…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Alon Gilad pour Dreuz.info.

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