Publié par Abbé Alain René Arbez le 3 octobre 2016

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Après vingt siècles de christianisme, et de longues périodes d’antisémitisme, la plupart des chrétiens ont perdu de vue l’origine hébraïque de leur foi.

Les développements culturels de la foi issue d’Israël en terre païenne, les conséquences de l’antijudaïsme séculaire, tout a joué dans le sens d’une amnésie spirituelle tragique.

Pourtant, que cela plaise ou non, tout ce qui structure notre identité et notre pratique chrétiennes est issu du judaïsme : “chrétien” vient de “christ“, mot grec pour l’original biblique “messie“, (mashiah) terme qui n’aurait aucun sens en dehors de l’histoire d’Israël.

Nos Ecritures saintes elles-mêmes intègrent telle quelle la Bible hébraïque, à laquelle s’ajoutent les écrits du Nouveau Testament, midrash et conclusion définitive de l’étape précédente.

Pendant le premier siècle, la communauté des disciples de Jésus le Nazaréen était encore massivement juive; ce n’est qu’au cours du 2ème siècle que les païens arrivés en force dans l’Eglise ont changé, parfois brutalement, le profil initial de leur communauté de foi au Dieu d’Israël.

Le terme même d’Eglise, “ecclesia”, est une reprise du mot biblique “qehal”, l’assemblée des fidèles convoquée par Dieu. (Dans l’épître de Jacques, on trouve même le terme grec “synagogue” pour désigner le rassemblement des chrétiens.) Le terme “paroisse” lui-même, qui vient du grec “paroikia“, était déjà utilisé pour désigner les regroupements de Juifs en diaspora, c’est à dire en Perse, en Egypte ou à Rome!

Vers la moitié du premier siècle, Paul le Pharisien devenu familier du Christ ressuscité, écrit à la jeune communauté des Romains: “ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte!” (Rom 11.18). Quelques décennies plus tard, l’évangile de Jean résumera la démarche en une formule simple: “le salut vient des Juifs !” (Jn 4.22).

C’est un fait que les premiers disciples et apôtres, tous juifs, comme Jésus, ont poursuivi naturellement leur pratique spécifique : prière, offrande, liturgie, interprétation de l’Ecriture, recherche d’une éthique en prise avec la vie; c’est bien en tant que croyants juifs qu’ils se sont ouverts à l’universel, et que pour cette raison, quelques décennies après l’expérience de la résurrection, ils ont reçu à Antioche, avec d’autres sympathisants du monothéisme juif, le nom de christianoï, c’est à dire messianistes. Après s’être désignés eux-mêmes comme les « viatores », les disciples de la Voie, ils ont été progressivement reconnus comme croyants à “l’avènement des derniers temps”.

D’où le rite du miqvè, chez les Juifs comme chez les Chrétiens du 1er siècle, l’ablution d’eau accompagnant la circoncision, tous deux signes d’appartenance au peuple de Dieu; on appelle même “baptême des prosélytes” une purification spéciale pour les païens sympathisants du judaïsme mais non circoncis, désirant marquer leur attachement à cette foi.

Peu à peu, seul le baptême subsistera chez les Chrétiens, afin d’assouplir les conditions d’entrée des non-juifs dans la communauté. Après la destruction du Temple de Jérusalem en 70, Juifs et Chrétiens, qui auparavant y priaient ensemble, vont se réunir dans des lieux de prière de remplacement, conscients les uns et les autres d’être finalement eux-mêmes la “demeure vivante” de Dieu qui n’abandonne pas les siens; ils deviennent le “sanctuaire” communautaire et itinérant de la Présence divine, la Shekhina.

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