Publié par Eduardo Mackenzie le 27 octobre 2016

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Eduardo Mackenzie, journaliste, membre de l’Institut d’histoire sociale, a fait parvenir le courrier suivant à Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris. Nous le reproduisons intégralement, car nous avons la sourde impression que les médias traditionnels ne vont pas se précipiter pour exiger le respect de la liberté d’expression dont la gauche se gausse d’être le garant suprême, contrairement aux affreux extrémistes de droite.

Madame la Maire,

L’Institut d’histoire sociale organise chaque année un colloque sur un thème touchant à la critique du totalitarisme et à la défense de la démocratie. En 2016, le thème choisi concernait l’islamisme et le problème posé était : « L’islamisme conquérant : une nouvelle offensive totalitaire ? ».

Il devait se tenir le 19 octobre à la Maison de l’Europe où nous avons organisé déjà une douzaine de colloques sans que cela pose la moindre difficulté.

Il n’a pas pu se tenir, la direction de la Maison de l’Europe nous annonçant « l’impossibilité absolue » de nous recevoir et sa Présidente expliquant par téléphone au directeur de l’Institut d’histoire sociale vers 18 h, la veille de la tenue de ce colloque, que la Mairie de Paris, propriétaire des lieux, était intervenue pour que la rencontre soit empêchée de se tenir.

A ce jour, l’Institut d’histoire sociale n’a toujours pas reçu de la part de la Mairie de Paris la moindre explication ni la moindre justification écrite de sa décision, prise de manière pour le moins inélégante, à quelques heures de l’ouverture du colloque.

De conversations téléphoniques, de confidences et d’un article dans Le Monde du 19 octobre, donc de sources indirectes à manier avec prudence, il semble ressortir que la présence parmi les intervenants de M. Jean-Gilles Malliarakis ait été la cause de cette opposition tardive. M. Malliarakis n’a jamais caché des engagements anciens avec lesquels il a rompu depuis longtemps. Les textes qu’il signe aujourd’hui sont favorables à l’Union européenne et à la démocratie libérale ; ils ne sont entachés d’aucune forme de racisme ou d’antisémitisme. Nous n’avions donc aucune raison de refuser sa présence.

Notre rencontre du 19 octobre était un colloque scientifique et non on ne sait quel meeting :

  • M Philippe Raynaud, professeur à l’université de Paris-Panthéon-Assas, spécialiste de l’histoire de la pensée politique, y traitait des « ressorts communs de la tentation totalitaire » et examinait « l’idée de radicalisation ».
  • M Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite au CEE de Sciences-Po, s’interrogeait sur « l’utilité discutable d’une approche totalitaire de la question islamiste » et n’avait pas été invité, comme l’écrit Olivier Faye dans Le Monde du 19 octobre, pour « défendre des opinions qui n’étaient pas » celles de l’Institut d’histoire sociale.
  • M Bernard Bruneteau, professeur à l’université de Rennes 1, historien des idées, devait parler de « la naissance de l’islamisme politique à l’ombre du totalitarisme ».

Les huit intervenants venaient apporter leur concours à une journée de réflexion en commun.

En quoi la « tonalité » du colloque était-elle contraire aux valeurs de la démocratie, comme cela semble avoir été dit par la Mairie à la direction de la Maison de l’Europe ?

On ne le voit pas. A moins qu’on assimile une réflexion sur l’islamisme conquérant à un racisme antimusulman, ce qui serait céder à ceux qui brandissent le terme pervers d’islamophobie pour interdire toute critique de l’islamisme. A moins encore que notre critique du communisme, celle de Boris Souvarine, le fondateur de l’Institut d’histoire sociale, et de Jean-François Revel, un de ses derniers présidents, soit incompatible avec la démocratie. Nous ne le croyons pas.

Bref, dans cette affaire, seuls les islamistes militants pourront se réjouir : la Mairie de Paris semble trouver normal de s’en prendre à la liberté d’expression dès lors que des citoyens, réunis en un colloque scientifique, réfléchissent ensemble à la nature de l’islamisme.

C’est pourquoi, par cette lettre ouverte, nous attendons, Madame la maire, des excuses et, à tout le moins, une notification écrite des motifs de cette interdiction de fait.

Les intervenants au colloque :

Sylvain Boulouque, Bernard Bruneteau, Gérard Grunberg, Alain Laurent, Jean-Gilles Malliarakis, Philippe Raynaud, Pierre Rigoulot, André Senik.

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© Eduardo Mackenzie pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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