Publié par Magali Marc le 5 novembre 2016

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Nous sommes nombreux à nous interroger sur les rapprochements récents entre Israël, la Chine et la Russie, ainsi que sur les «bonnes relations» de Benyamin Netanyahou avec Vladimir Poutine. Comment comprendre que, malgré cela, ces deux pays aient voté en faveur de l’abominable Résolution du 13 octobre dernier à l’UNESCO ?

J’ai traduit pour les lecteurs de Dreuz ce texte du Major général (réserviste) Yaakov Amidror*, publié le 2 novembre 2016.

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La récente résolution de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui nie le lien juif avec le Mont du Temple et le Mur occidental à Jérusalem est si absurde et détachée de la réalité qu’il est difficile de croire qu’elle ait été adoptée par ce qui est supposé être l’un des organismes internationaux les plus respectés au monde.

L’adoption de cette résolution a l’avantage de clarifier certaines réalités : comme le fait que les revendications arabes sont dépourvues de logique et que la communauté internationale capitule facilement devant les caprices palestiniens en raison de sa propre lâcheté.

Le bloc arabe-musulman formait une partie importante des États qui ont voté en faveur de la résolution, prouvant, une fois de plus, l’affirmation des Israéliens selon laquelle un partenariat avec les Palestiniens pour d’éventuelles négociations est impossible. Après tout, si c’est ce que croient les Palestiniens et les Arabes, à quoi bon discuter ?

Si Israël et le peuple juif n’ont aucun lien historique ou religieux avec le Mont du Temple et Jérusalem, les Palestiniens pourraient ensuite passer à une tentative de démystifier la revendication d’Israël sur d’autres parties de sa terre d’origine. Cela ferait en sorte que toute négociation à laquelle ils parviendraient par la suite ne serait rien d’autre qu’un piège visant à éliminer l’État juif.

A priori, si les Palestiniens peuvent obtenir des réalisations internationales telles que les résolutions de l’UNESCO, ils n’ont pas besoin de négociations de paix.

Parmi les pays qui ont voté en faveur de la résolution, les façon de voter de la Chine et de la Russie se démarquent.

Pékin est une puissance économique mondiale en croissance qui essaie de rivaliser avec les États-Unis, alors que Moscou tente de s’extirper de sa mauvaise posture internationale causée par l’effondrement de l’empire communiste de l’Union soviétique.

Ils poursuivent chacun une politique étrangère dynamique visant à faire pression sur les États-Unis.

La Chine fait pression sur les États-Unis dans la mer de Chine méridionale, et la Russie exerce des pressions sur eux en Europe orientale et au Moyen-Orient.

Toutefois, dans le cas de la résolution de l’UNESCO, les voix chinoise et russe, contrairement à celle des États-Unis, étaient un signe de faiblesse et non de force.

Beaucoup d’Israéliens voient le vote de l’UNESCO en termes d’antisémitisme, mais cela ne semble pas être le cas ici.

Bien que la Russie ait une longue tradition d’antisémitisme, on ne peut pas sans conteste porter une telle accusation contre le président Vladimir Poutine.

La Chine

La Chine ne peut pas se permettre de perdre 57 pays du bloc islamique sur 193 membres de l’ONU, même si les Chinois croient qu’Israël a raison sur certaines questions

Ce serait aussi une erreur d’attribuer le vote de la Chine à de l’antisémitisme.

En discutant récemment avec des experts chinois sur le Moyen-Orient, je leur ai demandé d’expliquer l’écart entre la volonté de Beijing d’améliorer les relations avec Israël et la realpolitik qu’elle poursuit.

À en juger par les votes de la Chine sur la scène internationale, où elle cède toujours automatiquement aux pays arabes, on pourrait penser que rien n’a changé dans les relations entre Jérusalem et Pékin au cours des 40 dernières années.

Dans le cas du vote de l’UNESCO en particulier, on peut dire que la Chine s’est tirée dans le pied.

Ses prétentions sur la mer de Chine méridionale sont basées sur une carte dont l’exactitude historique est douteuse et que beaucoup refusent d’accepter comme authentique.

Le vote de la Chine sur la question de Jérusalem, une ville enracinée dans une histoire et une tradition bien plus anciennes, a potentiellement ouvert la porte à des résolutions similaires de l’ONU qui, à l’avenir, pourraient venir saper les revendications historiques chinoises concernant la mer de Chine méridionale et même le Tibet.

Mes interlocuteurs se défaussaient quand je les confrontais à une comparaison entre les Palestiniens et le Tibet, prétendant qu’il ne s’agissait pas de la même chose.

Ils proposaient deux explications possibles pour le vote de l’UNESCO, une politique et une sociologique.

D’un point de vue politique, expliquaient-ils, la Chine est un pays faible qui tente de grimper au sommet de l’échelle mondiale malgré une opposition farouche, et il a besoin de tout le soutien qu’il peut obtenir sur la scène internationale.

L’appui du bloc islamique, qui représente 57 des 193 membres de l’ONU, est donc crucial. La Chine ne peut pas se permettre de le perdre, même si les Chinois croient qu’Israël a raison sur certaines questions.

La Chine n’a rien contre Israël et voudrait améliorer ses relations dans tous les domaines, mais ne peut ignorer le pouvoir que le bloc musulman exerce à l’ONU. C’est pourquoi elle ne peut changer sa façon de voter. Cela n’a rien à voir avec de l’antisémitisme ou avec les liens diplomatiques réels entre Israël et la Chine.

D’un point de vue sociologique, il y a un écart entre la sympathie que les jeunes Chinois ressentent pour Israël et les opinions de la génération plus âgée, qui est encore enracinée dans des perceptions dépassées et des obligations historiques désuètes.

On m’a laissé entendre qu’une fois que le leadership chinois passerait entre les mains de la jeune génération, la position d’Israël en termes de politique chinoise s’améliorerait probablement.

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La Russie

L’explication politique des Chinois coïncide avec le processus décisionnel en Russie.

Là aussi, tout ce qui compte, c’est le nombre : le bloc musulman est plus grand que le bloc de pays qui soutiennent Israël, c’est donc le bloc qui reçoit un soutien constant.

La Chine et la Russie partagent des inquiétudes sur les extrémistes islamiques, et il est donc important qu’ils évitent de créer des tensions dans leurs relations avec les pays musulmans.

Ni l’un ni l’autre pays ne semble capable de s’élever au-dessus de la tradition, si dépassée soit-elle.

Ce n’est pas un signe de force, mais de faiblesse.

Tout comme la revendication de Pékin sur la mer de Chine méridionale, celle de Moscou concernant la Crimée n’est pas aussi historiquement solide que la revendication d’Israël sur le Mont du Temple. Pour cette raison, la Russie prend également un risque en soutenant le mouvement palestinien à l’UNESCO.

Conclusion

Les Israéliens qui cultivent le rêve de substituer au lien à long terme d’Israël avec les États-Unis, une alliance avec la Chine et la Russie, devraient examiner longuement les votes de Moscou et de Pékin à l’UNESCO où ils se sont joints au déni des liens des Juifs avec Jérusalem.

Les politiques russe et chinoise n’ont pas la base éthique, prévalente en politique américaine, et les chances de forger un lien similaire à long terme avec l’un ou l’autre sont plutôt minces.

Israël sera toujours un petit pays et manquera toujours d’États-frères sur la scène internationale.

L’État juif est plus naturellement enclin à favoriser des liens profonds et contraignants avec les États-Unis qu’avec des pays comme la Russie et la Chine, qui restent captifs de traditions désuètes, du moins en ce qui concerne leur conduite sur la scène mondiale.

*Le Major général (res.) Yaakov Amidror est chargé d’études pour Anne et Greg Rosshandler au Begin-Sadat Center for Strategic Studies.

(Centre BESA, Document No. 375— une version de cet article a été publiée dans Israël Hayom le 28 octobre 2016.)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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