Publié par Jean-Patrick Grumberg le 23 novembre 2016

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Pour quel Alain Juppé croyez-vous voter ? Pour Ali Juppé ?

Ce surnom lui a été donné par la fachosphère après deux de ses plus stupides déclarations sur l’islam.

La première, lors de son déplacement en Egypte pendant le printemps arabe, où après avoir été roulé dans la farine à taqiya par des représentants des Frères musulmans, ce simple esprit a déclaré que l’islam était compatible avec la démocratie et qu’il fallait sur cette religion apporter un regard nouveau. Sauf que, et ce fut la bourde qui fit déborder la jupette, on le vit face à Michel Onfray défendre l’islam, et avouer à ce dernier qui se demandait sérieusement si Juppé savait de quoi il parlait, qu’il n’avait pas lu le coran. Juppé dévoilait alors le tempérament superficiel de celui qui parle de ce qu’il ne connaît pas, et dans le cas de l’islam, les conséquences sont très graves. Après Hollande, la France ne s’en relèverait pas.

Ne laissons pas la réacosphère, de Libération à l’Obs en passant par Le Monde et France Inter noyer dans l’oubli la doctrine des Frères musulmans dont Alain Juppé est proche :

«Les croyants sont nos frères, l’Islam est la solution et Allah est notre objectif. Le Coran est notre Constitution. Le prophète notre leader, le jihad notre voie ; la mort pour Allah est notre souhait»

Et Juppé déclare : «il faut imaginer un pacte avec les musulmans»

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C’est de sa part malvenu de se plaindre d’être attaqué sur l’islam…

 

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Vous croyez voter pour Alain Juppé le candidat «droit dans ses bottes» (avec lesquelles il passe d’une idée à l’autre) :

  • «Je continue à penser qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère», écrit Juppé dans son livre paru en 2011, «La politique, telle qu’elle meurt de ne pas être»*)
  • En 2012, il confirme sa position sur son blog : «pas d’accord pour l’adoption (a fortiori pour le droit à la procréation médicalement assistée) parce que je continue à penser qu’un enfant doit grandir entre un père et une mère»,
  • Puis en 2014, voyant le vent tourner, il retourne sa veste :” Je suis favorable à l’adoption par les couples de même sexe» déclare-t-il en 2014 sur RTL, puis en 2016, dans une interview dans La Croix.

Juppé est le politicien typique dont les peuples ont ras-le-bol : sans conviction sur les sujets essentiels, qui fait de la politique politicienne, c’est à dire qui adopte les idées non pas auxquelles il croit (mais croit-il en quelque chose), mais celles qui semblent pouvoir lui apporter la victoire, sans même chercher à donner l’impression qu’il veut se mettre au service des Français.

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Mais peut-être voterez-vous pour le candidat de droite préféré de la gauche parce que la gauche a compris qu’Alain Juppé n’est pas de droite (et vous pas) ?

Et pas n’importe quelle gauche : Christiane Taubira l’internationaliste, Taubira qui protégeait les criminels en qui elle voit des victimes, au détriment des victimes qu’elle méprise, faisait dans Le Figaro son éloge en 2015, et disait :

«Je trouve que c’est vraiment de la hauteur d’homme d’État et moi je le considère comme un homme d’État»

Et Alain Juppé sait renvoyer l’ascenseur :

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«Si j’étais électeur du Doubs, je voterais PS» disait-il en février 2015.

Oui, c’est cela un homme de conviction…

Si vous ne vous méfiez pas, quand une politicienne très à gauche vous encourage à voter, alors je vous recommande Mélenchon, sans hésiter. Je n’ai, on le sait, pas d’opinion politique, que des opinions de bon sens. Je ne suis d’aucune tendance politique. Mais tout électeur de droite devrait avoir pour objectif de faire échouer la gauche. Ou alors il doit changer de psy.

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A moins que vous aimiez l’Alain Juppé grossier et insultant qui sur France 3 disait :

«à ceux qui me trouvent ennuyeux : je les emmerde ! S’ils se font chier avec moi, qu’ils aillent voir ailleurs !»

Une autre avant lui a ainsi insulté les électeurs qui ne votent pas pour elle : Hillary Clinton, qui a traité la moitié de l’Amérique de «panier de gens déplorables, racistes, xénophobes, homophobes, islamophobes, et irrécupérables». On connaît la suite. Alain Juppé, lui, ne semble pas la connaître : les gens n’acceptent plus de voter pour quelqu’un qui méprise plus de la moitié des Français.

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Mais le plus dramatique est sans doute possible sa responsabilité dans le génocide rwandais.

Alain Juppé était ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995, puis Premier ministre de 1995 à 1997, des moments clés dans la gestion du génocide, pendant lesquels Juppé “a pris, pendant cette période, des décisions qui ont eu une influence sur la perpétration du génocide au Rwanda” expliquait dans Jeune Afrique Jean Damascene Bizimana, Secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre le génocide.

  • Le 5 avril 1994, détaille Bizimana, soit deux jours avant le début du génocide, la diplomatie française dirigée par Alain Juppé a soutenu au Conseil de sécurité des Nations unies les revendications du parti extrémiste rwandais, Coalition pour la défense de la République (CDR). Il a demandé son entrée dans le gouvernement de transition, alors que les accords d’Arusha ne le prévoyaient pas. En soutenant le radicalisme ethnique de la CDR, Juppé soutenait son idéologie génocidaire.
  • Le 8 avril 1994, poursuit le Secrétaire exécutif, Alain Juppé préside une réunion interministérielle au cours de laquelle il décide d’envoyer une compagnie de parachutistes et des forces spéciales françaises au Rwanda, discrètement, sans en informer les Nations unies ni les autres membres du Conseil de sécurité. C’est l’opération Amaryllis. Elle permit à la France d’acheminer à Kigali des armes destinées aux forces armées rwandaises qui commençaient ouvertement la perpétration du génocide.
  • Le 21 avril 1994, lors des débats aux Nations unies portant sur la qualification juridique des tueries en cours au Rwanda, l’ambassadeur français Jean-Bernard Mérimée, aux ordres d’Alain Juppé, effectue un gros travail de lobbying pour éviter que le Conseil de sécurité n’utilise l’expression « génocide ». Ce refus de qualification permettra au Conseil de sécurité de ne pas prendre de mesures pour sauver les civils innocents, exterminés.
  • Le 27 avril 1994, Alain Juppé reçoit une délégation du gouvernement génocidaire : deux extrémistes notoires, Jean-Bosco Barayagwiza et Jérôme Bicamumpaka. Alain Juppé ne condamnera pas les actes criminels qu’accomplissait ce gouvernement. Pire, une aide politique et militaire leur sera promise.
  • Le 28 avril 1994, Alain Juppé ne parlait toujours pas de génocide dans ses dépêches diplomatiques, mais de « combats et de massacres d’une très rare violence [qui] se poursuivent dans ce malheureux pays déchiré par une guerre tribale ». À cette date, il n’y a pourtant aucun doute possible. Nous sommes en présence d’un génocide, et Alain Juppé le couvre tout en refusant la moindre responsabilité.
  • Le 16 mai 1994, Alain Juppé, dans le journal Libération, signale qu’un génocide se commet au Rwanda, sans dire de quel génocide il s’agit. Certains ont pensé qu’il reconnaissait enfin l’évidence.
  • Le 16 juin 1994 cependant, dans un autre article, il parle d’un “double-génocide” au Rwanda.
  • Du 22 juin au 22 août 1994, pendant l’opération Turquoise, un comité restreint de gestion comprenant Édouard Balladur, Alain Juppé, François Léotard, Bruno Delaye et le général Quesnot prend la décision de ne pas désarmer les milices Interahamwe, autrement dit, de les laisser poursuivre le massacre des Tutsis.
  • Le 4 juillet 1994, dans un procès verbal, on peut lire : « instructions données à nos forces de s’opposer dans cette zone à toute pénétration de groupes armés et à toute activité militaire. Il n’est pas envisagé dans l’immédiat de désarmer les FAR et les milices qui s’y trouvent ».
  • Le 13 juillet 1994, toujours pendant l’opération Turquoise, Alain Juppé donne l’ordre de protéger les membres du gouvernement intérimaire responsable du génocide. Le général Jean-Claude Lafourcade l’écrit dans une note du 13 juillet 1994 :

« J’ai posé la question à notre diplomatie de la conduite à tenir vis-à-vis de membres du gouvernement intérimaire qui viendrait [sic] se réfugier dans la Zone Humanitaire Sûre. A priori, sauf menaces directes sur les populations, nous n’avons pas à arrêter ni à séquestrer personne ».

“Ce soutien permettra au gouvernement génocidaire et à son armée de poursuivre en toute impunité l’élimination des derniers Tutsis encore en vie dans cette zone,” conclut Bizimana dans Jeune Afrique.

Alain Juppé a qualifié ce génocide de “parenthèse”, lors d’une réponse aux journalistes de France culture qui l’interrogeaient, le 1er avril 2016, sur sa responsabilité et celle de la France dans le génocide des Tutsi.

Voilà la parenthèse : 500 000 à 1 million de personnes ont été massacrées en 100 jours, du 7 avril à la mi-juillet 1994. 70% étaient Tutsi, 20% rwandais. Vous pouvez vomir.

Conclusion :

Les médias accusent la fachosphère d’être responsable du mauvais score d’Alain Juppé.

Comprenez que s’ils pouvaient, ces défenseurs de la diversité leur retireraient le droit à leur diversité d’opinion. Comprenez encore qu’ils ont failli. Ils ne connaissent pas le monde qui les entoure. Ils ont prédit l’échec de Trump et se sont trompé. Ils n’ont pas été capables d’anticiper, et encore moins de comprendre, la victoire de Fillon et se sont encore trompé. Ils parlent, écrivent, mais dans le vide car ils sont vidés.

Que les sites qui se reconnaissent dans la flatterie des médias les remercient de cet encouragement à continuer.

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Pour ma part, je dois dire que vous n’avez pas, en France, de bon choix à faire. Mais certains sont plus mauvais que d’autres.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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